Voile dans le sport : Jean Messiha décrypte le duel entre Rinner et Monshipour

Faute de pouvoir subvertir l'école, protégée par la loi de 2004, les Frères musulmans surinvestissent d'abord le sport.
Capture d'écran
Capture d'écran

Joint par BV, ce 25 mars, Jean Messiha éclaire d’une lumière crue le débat qui surgit entre deux champions français. D’un côté, le judoka Teddy Rinner, quintuple champion du monde, ânonne les mièvreries aveugles du politiquement correct : « Dans certains pays, tout se passe bien avec le port du voile et ça n’emmerde personne, dit-il. Je crois qu’en France, on perd notre temps. Pensons plus à l’égalité plutôt que de s’acharner sur une seule et même religion. » Le boxeur champion du monde des poids super-coqs WBA Mahyar Monshipour, né en Iran, conseille charitablement à Teddy Rinner de « la fermer ». « Tu ne connais pas le sujet, ne t’en mêle pas ! », lui conseille-t-il.

Pour Jean Messiha, président du cercle de réflexion Vivre français et porte-parole de Reconquête, rien d’anecdotique. Il s’agit d’une question existentielle. « Dire qu’on débat sur un bout de tissu, c’est ne rien comprendre à ce qui se passe en France, fulmine Messiha, économiste et haut fonctionnaire, lui-même né en Égypte et qui connaît parfaitement ces sujets. C’est être l’idiot utile d’un suprémacisme religieux dont l’objectif est la conquête et la soumission. »

Les innocents, les ignorants et les cyniques

Comme Mahyar Monshipour, Jean Messiha décèle, derrière la position de Rinner, l’influence des Frères musulmans qui ne cachent pas leur stratégie : imposer une présence visuelle en France, habituer les Français à côtoyer des femmes voilées ou des hommes en qamis, « faire avancer l’agenda jusqu’à la soumission totale de la France à leur pensée », énumère Messiha. Un but théorisé par le fondateur des Frères musulmans égyptien en 1927.

Le but est fixé, mais la stratégie s’adapte pour contourner les obstacles nationaux. « Les Frères musulmans rêveraient d’investir les écoles pour que, dès le plus jeune âge, les petites filles se voilent, explique Jean Messiha. Il s’agit de les conditionner à porter le voile tout en prétendant qu’elles le portent parce qu’elles sont des femmes libres. » Mais voilà, la loi française de 2004 sur l’interdiction du port de signes religieux protège et sanctuarise l’école. « Donc, que font les Frères musulmans ?, interroge Messiha. Ils surinvestissent les autres sphères de la société, en commençant par le sport car, après la famille et après l’école, vous inscrivez votre enfant au judo, au karaté, à la boxe… »

Cet entrisme très bien décrit par l’anthropologue Florence Bergeaud-Blackler ne fonctionnerait pas sans l’épaisseur de naïveté de Teddy Rinner et consorts, de la gauche LFI et de quelques évêques. « Face au péril islamique, il y a trois catégories de gens, résume Jean Messiha. Les innocents, les ignorants et les cyniques. »

« Harceler la société d'accueil »

La société française doit entrer en résistance. « Teddy Rinner omet de dire que l’acharnement que met la France à refuser ces revendications suprémacistes n’est rien d’autre qu’un acte de résistance par rapport à une tentative de conquête et de soumission religieuse », poursuit Messiha. Y a-t-il, en Algérie, en Tunisie ou au Maroc, une loi qui interdise de porter un costume de croisé pour se balader dans la casbah, interroge Messiha. « Personne n’ose le faire, car on sait que c’est un acte de provocation qui ne sera pas admis par la population locale. » Ainsi, on peut trouver agressif de croiser des individus déguisés en bédouins du VIIIe siècle dans la France du XXIe siècle, tranche-t-il.

Utile, donc, la loi de 2004 n’a peut-être pas fini sa carrière. Jean Messiha est convaincu qu’elle mériterait de s’étendre aux bâtiments publics qui portent le drapeau français : hôpitaux, ministères, mairies, préfectures, conseils départementaux ou régionaux, universités, etc. Puis d’être imposée partout. Un début, avant d'interdire les Frères musulmans, comme l’ont fait l’Égypte et les Émirats. Il veut « démonter le cœur de cette organisation et ses faux nez », empêcher les élus de donner des terrains, créer un observatoire de l’islamisation de la France « qui fasse remonter toutes les tentatives d’entrisme islamiste » à la police et la justice.

En somme, la France doit écouter Mahyar Monshipour et contrer « ces stratégies de guérilla visant à harceler la société d’accueil non islamique pour la pousser dans ses retranchements en utilisant contre elle ses propres lois et son droit », propose Messiha. Un match de boxe... urgent.

Picture of Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

99 commentaires

  1. Tous ces héros musulmans nationalistes, arabes, perses, ottomans, au Maghreb, au Machreg, en terres mahométanes, qui ont combattu le port du voile : Bourguiba, Nasser, le schah d’Iran, Mustapha Kemal que penseraient-ils de nous et de nos balbutiements juridiques, de nos inhibitions aveugles, nous qui subissons l’entrisme islamique, transis de la peur macroniste de déplaire, rongés par l’accoutumance à des accoutrements médiévaux venus de mers lointaines et qui sont autant de banderolles et de banderilles plantées au coeur de notre Etat en figeant nos cerveaux ?
    Nous ne sommes plus, plus royalistes que le mufti royal, mais plus républicains que la république en burka : « Marianne à la voilette ». Un roman feuilletonesque, drame en cinq actes à l’étude à Sciences-po. A suivre : les olympiades coraniques en terres franques. Le triple saut de la roche tarpéienne, un bandeau sur les yeux. J’exagère ? Feuilleton à ne manquer sous aucun prétexte. Tous les jours que Dieu fait et même ceux qu’il ne fait pas, nous donnerons l’occasion d’être les tristes témoins de ce drame que nous ne voulons pas voir venir, spectateurs passifs de la fin d’une civilisation chérie que nous avons abadonnée aux barbares.

  2. J’attends avec impatience de voir une rugbyman jouer avec un voile, ou une nageuse performer avec un « hydrofrein ». La liberté s’arrête là ou commence celle des autres. Loi ou pas loi le vivre ensemble demande le respect des coutumes, on ne se promène pas en tenue SS à Tel Aviv ou entièrement nu à La mecque.

  3. Ceux qui veulent permettre l’existence du voile dans le sport plus loin qu’en mer chavirent à l’idée qu’on puisse l’interdire pendant que la majorité des sportifs opposés à cette extension du voile dans les sports terrestres préfèrent prendre le large.

  4. Comment est-ce possible que ce débat revienne toujours à la surface? Il n’y a pas à discuter! Le voile, la djellaba, le hijab et tout le reste c’est NIET.

  5. Avec la bande de pleutres politiques que nous avons et des sportifs qui n’ont rien dans le crâne la perte du pays va continuer allègrement.

  6. Rinner devrait faire ce qu’il fait le mieux le judo et se taire sur les sujets qui fâchent les français .

  7. Cela devient pénible toutes ces histoires de voile dont le fond est colporté par un islamisme latent, il ne faut pas se leurrer. Le ministre doit trancher sans s’occuper des déclarations de rigolos comme le judoka dont le QI semble inversément proportionnel à son poids.

  8. Laissons le soin aux sportifs de faire du sport et aux politiciens de faire de la politique. Teddy Rinner n’a pas plus de légitimité que quiconque, être un champion et gagner beaucoup d’argent ne donne ni une parole privilégiée sauf évidemment dans sa spécialité, ni une intelligence particulière comme un grand joueur de foot l’a démontré, ils vivent un plus dans un microcosme souvent loin des réalités quotidiennes.

  9. Il y avait longtemps qu’on avait pas entendu ce nomade de la politique, spécialiste du passage éclair d’un parti à l’autre.

  10. « Par vos lois républicaines ,nous vous coloniserons et par nos lois coraniques nous vous soumettrons » !qu’ils disent et çà se passe ainsi

  11. Incompréhensible qu’en France la confrerie des Frères musulmans ne soit pas interdite comme ont été interdites de nombreuses sectes.

  12. Quant à ces sportifs comme Riner qui se permettent de disserter, je l’ espère en méconnaissance de cause, sur des sujets tels que le port du voile, devraient s’abstenir. Car leurs prises de position sont hélas toujours en faveur d’ un dogme importé en France par des influences étrangères et qui sont plus que préjudiciables aux français là pour le coup imposer un bout de chiffon sur le corps des femmes. Qu’ ils prennent gardent tous ces sportifs, sociologues de pacotille, car la vindicte populaire peut leur tomber dessus. Un footballeur connu n’ en a t’il fait les frais?

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois