[VIVE LA FRANCE] Le coq gaulois fait son grand retour au poulailler

Tandis que le Salon international de l’agriculture s’est ouvert à Paris ce samedi, ce rendez-vous annuel de la campagne avec les citadins continue de fermer ses portes aux poules, coqs et autres volatiles. En cause, la grippe aviaire, alors même que tous ces gallinacés de concours, qui dans le passé ont toujours connu un grand succès auprès du public, sont tous vaccinés et préservés de tout contact potentiellement contaminant, car ils sont bien trop précieux pour leurs éleveurs. Ceux-ci ne prennent aucun risque et continuent, dans l’ombre, à préserver les volailles anciennes comme notre cher coq gaulois dont le Conservatoire jouit d’un intérêt croissant.
Symbole de notre pays
On a en mémoire l’image de Philippe Villeneuve, l’architecte en chef de Notre-Dame de Paris qui, au lendemain de l’incendie, ramasse dans le caniveau d’une rue adjacente le coq miraculé qui trônait au sommet de la flèche de Viollet-le-Duc. Ce coq noirci et cabossé, mais entier, aujourd’hui remplacé par son semblable, doré à l’or fin, éclatant de fierté et dessiné par l’architecte lui-même, symbolise notre pays qui, au cours de sa longue histoire, a toujours su se relever de ses blessures. À l’image de cet animal courageux et combatif, et sans doute parfois un peu arrogant !
Ce coq gaulois, qui serait la plus antique race de volaille fermière française, s’est imposé comme le plus ancien symbole de la France. L’amusant, c’est que notre « gauloise saumon doré » (c’est sa dénomination officielle) descend en droite ligne du bankiva, petit coq asiatique apporté dans les bagages de nomades il y a 2.500 ans, époque à laquelle il n’y avait aucune volaille en Europe. Certaines sources évoquent le lien fait par les Romains entre le coq et le Gaulois, tous deux appelés gallus, en latin. Un rapprochement somme toute flatteur au regard de la silhouette altière du volatile au plumage exceptionnel et au ramage remarquable. Dans un rayon de soleil, le vert bleuté de la base de sa queue, agrémentée de quelques plumes blanches, scintille d’un bel éclat lumineux qui tranche avec l’acajou de son dos. Même les plumes noir geai de son panache sont lustrées comme son jabot. Quant à sa moitié, elle pavane sa poitrine saumonée surmontée, tandis que le coq se rengorge d’un camail doré. Une vraie boule de lumière, cet animal, dont le rouge éclatant de sa crête et ses crétillons se dresse avec vigueur.
S’il faut remonter au Moyen Âge pour évoquer son âge d’or, la race gauloise était largement répandue en France jusqu’au milieu du XXe siècle. Les rois appréciaient le coq gaulois, et même les révolutionnaires en firent un symbole de liberté et de citoyenneté. Au fil des époques, le gallinacé s’exposa sur les boutons des uniformes des gardes républicains, sur les timbres ou les pièces de monnaie, les monuments aux morts. Il est toujours présent sur les grilles du parc de l’Élysée, ce qui fait de lui un emblème d’unité de la nation, trait d’union entre le sabre et le goupillon. D’autant plus qu’il trône non seulement au sommet de Notre-Dame, mais aussi au-dessus de la plupart des clochers des églises de France.
« Sauvons le coq gaulois ! » : cela semble impensable mais l’espèce est bien menacée… des passionnés se mobilisent pour relancer l’élevagepic.twitter.com/9NOwFdtC4p
— Fdesouche.com est une revue de presse (@F_Desouche) January 4, 2024
Programme de sauvegarde
Comme les hommes, les volailles payèrent un lourd tribut aux deux guerres et la race fut progressivement délaissée au profit de souches de poules pondeuses plus productives. Sur 55 races de poules anciennes qui existaient en France, seules trois sont sauvées (la Bresse, la Marans et la Jersey). Les autres sont tombées dans l’oubli et notre splendide gallinacé était au bord de l’extinction quand Damien Vidart, passionné par les races de volailles anciennes, décida, il y a trois ans, de mettre en place un programme de sauvegarde.
La détermination de cet amoureux du coq gaulois fait doucement renaître l’emblème vivant de la France avec l’aide de Yannick Fassaert, propriétaire fondateur d’une ferme pédagogique à Méry-sur-Seine (Aube). Ce dernier, après avoir embauché Damien Vidart pour s’occuper de la centaine d’animaux de la ferme, a décidé, en 2023, d’abriter sur 1,5 hectare de ses terres le Conservatoire du coq gaulois imaginé par les deux passionnés. Avec, pour objectif, de préserver la diversité génétique de la race et d'étudier, avec l'Institut national de la recherche agronomique, l’évolution physique et physiologique des reproducteurs mâles et femelles.
Poussinière, boxes d’élevages et volières offrent un cadre favorable au développement des spécimens sélectionnés et à leur progéniture. Damien Vidart, éleveur depuis dix-sept ans, avait déjà, dans son poulailler, quelques Gaulois consacrés champions de France. Il fut récompensé, en 2019, au Salon de l’agriculture.
Pendant des années, notre passionné a sillonné la France pour trouver des spécimens préservés dans les basses-cours. Il a constitué un réseau d’éleveurs « référents » du coq gaulois. Il a ainsi pu constituer une base de 22 souches différentes, conformes au standard officiel, pour enrichir son élevage. Cette année, une centaine de poussins piaillent dans la poussinière de Méry, avant d’aller jouer du jabot dans les poulaillers de France et de Navarre, chez les éleveurs amateurs de plus en plus nombreux qui viennent s’approvisionner au Conservatoire.

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34 commentaires
Le coq a de la chance. Il peut encore féconder les poules naturellement. Ce qui n’est pas le cas du taureau tué à l »état de veau ou de génisse. La « PMA bovine » existe depuis maintenant 50ans et a remplacé la « menée de la vache au taureau » de mon enfance qui m’avait servi d’éducation sexuelle. Maintenant les quelques taureaux reproducteurs n’honorent plus que des poupées gonflables (avec réservoir adapté) et toutes les vaches de France n’ont plus que la visite du véto.
Quand on voit le coq que nous avons au sommet de notre pauvre Gaulle…
Bravo pour nous avoir fait connaitre d’ou vient notre Coq Gaulois.
Merci pour ce bel hommage à no gallinacés, malheureusement absents du salon de l’agriculture. Pendant ce temps, des coqs fourbes et traitres à la nation, se dandinent et font tout leur possible pour nous faire croire qu’ils aiment nos chers animaux. Malheureusement, certains cours de théâtre n’ont pas été très efficaces lorsque l’on voit comment notre président manipule les animaux.
Tant mieux. Je suis pour le retour des poulaillers dans les villages comme naguère ( abandonnés à cause de bobos qui se sont installés et plaints ! Non mais… ). Circuit court, écolo etc
J’avais posté un petit mot demandant — aimablement — une photo de la dulcinée dorée du coq gaulois. Alors ???
Bel hommage au coq gaulois.
A Jean Aymar : « préserver la diversité génétique » veut dire qu’à l’intérieur d’une même race de « Gallus » par exemple ( des coqs et des poules), l’éleveur doit veiller à choisir des reproducteurs de sang différent pour éviter la consanguinité et la dégénérescence de la race . C’est pour cela que l’éleveur en question a fait le tour de France des élevages pour enrichir et sauvegarder le patrimoine génétique d’une race pure définie par des critères zootechniques précis . Nous ne sommes pas dans le domaine de l’idéologie mais dans celui de la zootechnie . C’est pour cela qu’il existe des livres généalogiques . Il n’est pas question de faire de l’anthropomorphisme même si tout un chacun comprend qu’on ne se marie pas avec sa sœur ou sa cousine .
« seules trois sont sauvées (la Bresse, la Marans et la Jersey). Les autres sont tombées dans l’oubli » =
Chez nous, il y a énormément de « Noire du Berry » et de « Grise Limousine » (cette dernière pouvant être appelée Cendrée ou Bleue dans toute la France)
« préserver la diversité génétique » ? C’est tout le contraire : préserver la spécificité dans ce cas !!!
Une grande réussite à ces éleveurs, passionnés, un brin franchouillards, qui comme des artisans de talents pérennisent le savoir faire Gallus !! Bravo !!
un bon coq au vin
Ce serait dommage, c’est tellement beau un coq, même si ce n’est pas le Gaulois !
Pauvre bête! mes poules me sautent dans les bras pour faire un câlin et vous vous les manger au vin?
Pas forcément manger les coqs. Savez vous qu’il existe aussi, et c’est tant mieux, des défenseurs du règne végétal ! ( qui a sa sensibilité lui aussi ). Pas de quoi se pâmer devant ces vegans qui attentent au règne végétal si précieux.
Enfin un peu de bonheur , ça fait du bien . Merci à ces deux messieurs le coq fait parti de ce pays et c’est le meilleur « réveil matin » n’en déplaise aux râleurs (oui il y en avait un chez mon voisin mais une martre a massacré poules et coqs mais il va en reprendre ).
Affirmer qu’il n’y avait pas de vollailles en europe dans l’antiquité, relève de la désinormation !
Un article qui fait du bien.
Merci.
C’est bien joli tout ça mais c’est quand même au sommet du tas de fumier qu’il adore pavaner.
Celui du poulailler voisin m’embête chaque été. J’ai acheté des bouchons d’oreille !
Voyez ça comme une petite contribution patriotique :-)
Feriez vous partie de ces citadins qui viennent à la campagne deux fois par an pour se plaindre des odeurs et des bruits…. les cloches, les grenouilles, les vaches, les poules….
Les citadins aiment la campagne sans les campagnards !
J’adore le chant du coq à n’importe quelle heure. J’habite à la campagne et, quand je passe près d’un terrain où il y a poules et coqs, c’est un vrai plaisir de leur parler. Les poules me gloussent et les coqs me « cocoricotent ». De vrais dragueurs !
Comme je vous comprends, n’en déplaise à certains. Des citadins viennent se ressourcer à la campagne mais sans être dérangés par les bruits et les odeurs…. Des maoïstes quoi ! Mao qui a tué des milliers d’oiseaux dans les champs a fini par provoquer la famine ! CQFD
Le coq fait juste son travail. N’allez pas le lui reprocher, ou alors retournez vivre en ville (vous aurez le bruit des camions poubelles)
Vous avez entièrement raison
pauvre chou. Nous, nous trouvons ce chant si beau!
Que feriez vous si, comme chez nous, à partir du printemps, le rossignol arrivait dans votre jardin. Il chante de 22h à 4 ou 5h du matin et lorsqu’il se tait, ce sont les merles qui prennent le relais, accompagnés des mésanges, rouges gorge et autre mignons petits oiseaux, que je nourris ou qui vont carrément partager le repas de nos poules.
c’est purtant une musique bien plus agréable que le rap ou autre invention dite musicale moderne.
Moi aussi j’ai des petits pensionnaires chantants, et de plus gros comme les tourterelles et deux palombes. C’est un incessant froufrou d’ailes. Ça c’est sur le devant de la maison. Derrière côté terrain, corbeaux, corneilles et pies se régalent de noix que je garde pour eux et de margarine.