Vient de sortir : le guide pratique du PS pour stopper l’extrême droite en ligne

Bonne nouvelle : le Parti socialiste vient de pondre un petit guide pratique de « riposte numérique » à l’usage de ses militants pour « stopper l’extrême droite en ligne ». Un opuscule que vous attendiez tous avec impatience. Honnêtement, c’est pas mal fichu, ça se lit vite, tient facilement dans la poche si on veut l’imprimer (huit pages), histoire d’en faire son livre de chevet ou une cale sous la table de la cuisine. Et, en plus, ça peut être pompé par n’importe quel autre parti qui n’aurait pas envie de se fatiguer (selon ce principe vérifié par les scientifiques : « Le travail des autres ne nous a jamais fatigué »), à condition, évidemment, de bien prendre garde à éviter les copier-coller malencontreux.

L'extrémisme de gauche peut dormir tranquille

Objectif de ce vadémécum ? « Ne pas céder un pouce de terrain à la haine ou à l’extrémisme [de droite, bien sûr, NDLR], que ce soit en ligne et bien sûr hors ligne. » Vaste programme, comme dirait l’autre. Pas gagné d’avance, d’autant que du terrain, le PS n’en a plus beaucoup à lâcher. Juste de quoi planter quelques rosiers pour faire joli. Un programme ambitieux mais qui est d’emblée limité à l’hémisphère droit. Normal, ce document interne au PS est l’œuvre des secrétaires nationales à la lutte et à la veille contre l’extrême droite. Qu’on se rassure - ou pas -, il n’y aura sans doute pas de tome 2 sur l’extrémisme de gauche, vu qu’au PS, il n’existe pas de secrétaires nationaux chargés de la lutte et de la veille contre l’extrême gauche. À tort, peut-être. Car qui taille aujourd’hui des croupières à ce parti qui régna jadis sans partage sur la gauche française ? Passons.

Du cousu main

Donc, dans ce guide, tout un tas de petits conseils pratiques comme, par exemple : « Ne pas relayer, mais dénoncer intelligemment. » Des fois que des militants aient l’idée saugrenue de dénoncer bêtement. Ou encore : « Ne pas amplifier, mais construire des contre-narratifs puissants. » « Ne pas amplifier » : classique. On connaît le fameux triptyque « Répéter, amplifier, déformer » que le PS d’avant la révolution numérique avait un tout petit peu utilisé, par exemple dans l’affaire du cimetière de Carpentras. À force de répéter, d’amplifier et de déformer, on avait fini par faire croire à des millions de gens que le Front national était pour quelque chose dans cette triste affaire. Ça, on fait plus, au PS. Ne pas amplifier, donc, mais « construire des contre-narratifs puissants ». C’est beau, mais c’est pas évident, non ? Si si. Par exemple, en s’inspirant de ce que font concrètement les élus PS sur le terrain : « Demandez à vos élus socialistes des histoires positives à partager (écoles, solidarité, etc.) », nous conseille le guide. Illustration avec ce tweet d’une élue municipale de Marseille : « Avec Benoît Payan, nous agissons pour nos quartiers, nous continuons à recoudre la ville. » C'est joli. Du cousu main, en fait.

Surtout, ne pas « réagir à chaud sans réfléchir »

Encore un exemple de conseil intéressant, dans ce guide, qui peut être repris par n’importe quelle formation politique. Ce qu'il ne faut surtout pas faire : « Réagir à chaud sans réfléchir. » C'est possible, au PS ? En tout cas, c'est pas faux. D’abord, ça évite de faire des fautes d’orthographe. C'est tout bête, mais c'est des choses qui arrivent et qui la foutent mal. D’ailleurs, ça ne s’applique pas seulement au numérique. Prenez ce sénateur socialiste de la Somme, qui a sans doute lu attentivement le guide : il vient de s'empresser de signaler au procureur de la République les propos du député RN Jean-Philippe Tanguy sur CNews qui a affirmé que la préfecture de la Somme était réservée aux immigrés et aux clandestins. Sans doute, voulant « réagir à chaud », ce sénateur a laissé passer, dans la lettre signée de sa blanche main, une coquille (on va dire comme ça) assez monstrueuse : « Par exemple, la préfecture de la Somme, qui avant été ouverte à tout le public… »

Mais le chapitre le plus intéressant de ce petit guide très instructif est sans doute celui intitulé « Rire pour Résister : Désamorcer la Haine par l’Humour », car « rire, c’est résister autrement ». En effet, comme disait Jacques Villeret dans Papy fait de la résistance : « Ach, l’humour, c’est une des choses que je préfère avec l’infanterie et les pieds paquets. » Conclusion du guide : « Un militant qui rit est un militant qui gagne. » Alors, rions !

Pour consulter le guide, c'est ici : SeminaireExtremedroiteA5_V2

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