[Une prof en France] La trahison du sens de la laïcité à l’école

Les informations tournent en boucle, en ce moment, et l'une de celles qui font parler est la question de la laïcité. Ceux qui me lisent depuis plusieurs mois savent que je suis souvent perplexe… Je me pose peut-être trop de questions, mais il me semble qu'on a tendance, aujourd'hui, à beaucoup parler sans jamais se mettre d'accord sur le sens des mots. En leur donnant des sens assez vagues et flous, on permet au discours de s'enfler, aux chroniqueurs de remplir leur espace médiatique, et on noie un peu le réel, comme la vérité, sous ce flot continu d'approximations orientées.
J'ai entendu, hier, les invités d'un plateau télé très écouté s'exclamer avec véhémence qu'il est inacceptable que des élèves demandent à choisir leurs enseignements en fonction de leur religion ou qu'ils contestent la parole de leur enseignant, au nom des deux totems sacrés de 2023 : la laïcité et les valeurs de la République. Ils parlaient, entre autres, des cours de natation, des cours de SVT et des cours d'histoire. Savoir nager est-il devenu un prérequis républicain ? Ou alors serait-ce le fait d'accepter d'exhiber son corps en petite tenue qui en serait un ? Ou bien, simplement, le fait d'obéir sans poser de questions aux ordres donnés ? Considérer que ceux qui s'opposent aux contenus dispensés à l'école et aux méthodes pédagogiques appliquées s'excluent de ce fait du nouvel « arc républicain » paraît bien hasardeux, si l'on ne prend pas la peine de regarder de près ce que sont ces contenus et ces méthodes, et les biais idéologiques qu'ils véhiculent. Le procès que l'on fait aux musulmans est le même que celui que l'on fait aux écoles indépendantes : on leur reproche essentiellement de ne pas accepter les dogmes moderno-wokistes qui ont remplacé depuis peu les vraies valeurs républicaines, sans cesse bafouées par nos dirigeants, qui distribuent les 49.3 comme on distribue les cartes au tarot et entravent toutes les libertés, à commencer par la liberté d'opinion.
Pour revenir à la laïcité, on s'en sert comme d'une férule qui obligerait tous les croyants à baisser la tête et rentrer le cou. Pourtant, ce n'est pas dans cet esprit qu'elle a été introduite à l'école. Rappelons-nous : lorsque le ministère de l'Instruction publique échoit à Jules Ferry, figure dont se prévalent tous les soi-disant défenseurs de la laïcité scolaire, celui-ci ajoute la laïcité à la triade déjà en place bien avant qu'il ne soit aux manettes. En effet, l'école était depuis longtemps publique, gratuite et obligatoire. Si l'on relit la lettre fameuse qu'il a adressée, en 1883, à tous les instituteurs, on comprend combien l'esprit de la laïcité a été subverti : « Vous êtes l'auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille ; parlez donc à son enfant comme vous voudriez que l'on parlât au vôtre ; avec force et autorité, toutes les fois qu'il s'agit d'une vérité incontestée, d'un précepte de la morale commune ; avec la plus grande réserve, dès que vous risquez d'effleurer un sentiment religieux dont vous n'êtes pas juge. » Et notre figure tutélaire de la laïcité poursuivait : « Si parfois vous étiez embarrassé pour savoir jusqu'où il vous est permis d'aller dans votre enseignement moral, voici une règle pratique à laquelle vous pourrez vous tenir : avant de proposer à vos élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s'il se trouve, à votre connaissance, un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez- vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant, pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu'il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire. […] Vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée, qui est la conscience de l'enfant. »
« Demandez-vous si un seul père de famille pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu'il vous entendrait dire. » Cela laisse rêveur, quand on sait combien l'école est devenue une machine de guerre idéologique devant formater les esprits des enfants, sur le plan religieux comme sur le plan moral ou politique.
Je ne soutiens pas les revendications des activistes musulmans - car c'est d'eux que l'on parle à chaque fois que l'on brandit le drapeau de la laïcité -, mais je maintiens qu'on ne pourra pas agir efficacement tant que l'on ne nommera pas les choses et qu'on essaiera de se cacher derrière des mots qui ne peuvent pas servir de bouclier face à ce qui nous attaque.
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40 commentaires
Merci Madame. Quel bel exemple d’honnêteté intellectuelle. Comment ne pas comprendre que pour un vrai croyant dont la foi est profonde et guide sa vie, la loi de Dieu sera toujours au dessus de celle des hommes, et ceci quelle que soit sa religion. Et même si cela nous nous contrarie, à juste titre !
Dans certains cas ça tombe bien. Et dans d’autres beaucoup moins ou même pas du tout. Les dix commandements ne sont nullement en contradiction avec nos LOIS républicaines …. qui d’ailleurs en sont (très largement) issues. Pour la Charia, il faut qu’on discute un peu, non ? N’oubliez pas non plus de rendre à César ce qui lui appartient, Dieu s’occupera très bien de TOUT le reste.
N’est-il pas possible de demander simplement aux enseignants de tout enseigner, jusques y compris ce qui touche aux religions, de manière historique, et sans ne jamais imposer un point de vue spécifique ?
Regardez déjà comment ils enseignent l’Histoire. Et c’est bien parce que leur enseignement est devenu NUL que les élèves ignorent ce qu’ils auraient du apprendre de l’Egypte ancienne (la fuite des Juifs, l’histoire de Moïse) de la Rome antique (la naissance du christianisme, la condamnation de Jesus, de la conversion de Constantin, Saint Augustin) du Moyen âge (émergence de l’Islam, conquêtes des Arabes, extension du monde islamique, chute de Constantinople, antagonisme en Méditerranée, reconquêtses, croisades, le Grand Schisme d’Orien de 1054, les Guelfes et les Gibelins, les grand schisme d’Occident, etc, etc, etc Et ne parlons pas d’une Histore plus moderne
Quant aux problématiques théologiques, elles sont (du moins l’étaient elles « de mon temps ») abordées en classe de Philosophie (les croyances, la Foi, les vertus théologales, les preuves de l’existence de Dieu, etc, (Et je puis vous dire que je n’étais pas scolarisé dans l’enseignement privé ou confessionnel.
Quand la mairie de Paris fêtait le ramadan, les laicards furibards furent d’une tolérance exemplaire.
» la laïcité, on s’en sert comme d’une férule qui obligerait tous les croyants à baisser la tête et rentrer le cou. »
Sauf lorsqu’il s’agit d’allumer la première bougie d’Hanouka à l’Elysée. Là, tout le monde doit applaudir et basta de la loi de 1095!
Apprendre aux filles à nager, faire un cours sur la reproduction en SVT, parler de Charles Martel, de la traite négrière arabo-musulmane ou de l’esclavage des blancs en terre ottomane, ce n’est pas du moderno-wokisme. Mais c’est ce que de plus en plus de musulmans tentent d’interdire.
Est-ce à l’école qu’on doit apprendre à nager ? Et apprend-on à nager d’ailleurs pendant les cours de natation à l’école, à 32 dans un bassin avec un seul prof ? C’est peut-être une question qu’on doit se poser.
Si je vous comprends bien, Madame, il faut dire aux petits musulmans de rester sagement à la maison le jour de cours d’histoire, de SVT, de natation, de …. musique et que sais je encore d’autres interdits par une religion sectaire et archaïque restée au 7iéme siècle !! C’est encourager la partition que de penser cela. Ou alors leur offrir sur un plateau des écoles et un enseignement à la carte, à la demande.
Les musulmans doivent s’adapter à notre civilisation, notre société, notre culture… Personne ne les retient si ils ne sont pas d’accords
Le problème, c’est qu’ils n’ont nullement l’intention de partir, mais celle de nous asservir, malheureusement je pense qu’ils sont bien partis pour. Ce n’est pas leur faute mais la notre, par lâcheté!
Je ne pense pas que ce soit le propos de l’article. En tout cas ce n’est pas comme ça que je l’ai compris. On fait comme si, dans les enseignements, rien n’était contestable dans ce qui est contesté. Et l’idée générale de l’article est que ce n’est pas au nom de la laïcité qu’on peut réagir. On déplace le problème pour ne pas affronter les questions centrales, qui sont de l’ordre de la civilisation.
Il existe une solution a mon sens radicale c’est que ceux qui contestent la laïcité en milieu scolaire nationale ou ceux par exemple les élèves qui seraient choqué par certains sujets tel le tableau de femmes nues au collège de J. Cartier pour des raisons religieuses n’ont rien à faire dans l’éducation nationale seraient donc obligé de les inscrire dans une école religieuse qui leur serait mieux adapté. L’éducation Nationale est faite pour tous abstraction de cas personnels qui refusent des cours pour cas personnels.
Enfin on inscrit aussi ses enfants dans le privé catholique pour éviter un certain nombre de dérives du public, entre autres la confrontation des enfants à un certain érotisme, amle sexualisation de tout, la promotion de certaines idées, etc… Plutôt que de promouvoir ces stratégies de repli, ne pourrait-on attendre de l’éducation publique qu’elle nettoie tout ça et qu’elle adapté les contenus à l’âge des enfants ? Dans les années 30, dans les années 50, on ne confrontait pas les enfants à tout et n’importe quoi, même sous couvert d’art et de culture. Et ce n’était pas plus mal.
On est en droit d’estimer aujourd’hui que l’histoire de France se résuma à deux dates-clés : le baptême de Clovis aux alentours de l’an 500, pour son début, et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905, début de la fin.
Les profs, la plupart gauchistes, récoltent ce qu’ils ont semé ! Et en plus, ce sont des pleutres ! Mais ce « wokisme ambiant » favorise une certaine religion qui défend ses valeurs, on ne saurait le leur reprocher !
On va pas vous plaindre les profs, vous qui avez toujours privilégié le multiculturalisme, et la discrimination positive à outrance,vos petits anges vous font des misères, rassurez-vous ce n est qu un ressenti, ça va aller vous allez vous y habituer, bon courage quand même ce n est que le début
La Laïcité n’a jamais été qu’une Loi anticatholique. Elle ne fût exploitée qu’à cet effet et nulle Mosquée, nul Temple ni Synagogue n’eût jamais à en souffrir. Les « suppléants du Père de Famille »l’ont toujours compris ainsi et ont obtenu 30 ans plus tard que leur Ministère change de nom dans ce but, passant d’Instruction à Education, pour mieux enfoncer le clou. Comme à Moscou, les enfants appartiennent à la Nation, plus à leur Famille. Ça n’a fait qu’empirer depuis .
La laïcité a été faite pour mettre un fin à une dictature religieuse qui prenait le pas sur la république, exemple il n’y a pas si longtemps dans les petits villages ceux qui ne se rendaient pas à la messe du Dimanche étaient montrés du doigts par la population dirigé par le curé mais aussi avec des conséquences non négligeables, la liberté ne s’y retrouvait pas.
Il n’y a pas si longtemps, dans les petits villages… C’est à dire ? J’ai vécu dans les années 50-60 dans un village breton ;plutôt catho ;surtout les femmes… mais ceux qui bouffaient du curé y avaient droit de cité sans problème.
Mon oncle, coco notoire distribuait l’humanité et prenait souvent l’apéritif avec le distributeur du Pèlerin. Ce n’était pas la guerre.
bel article!
Tout a fait d’accord : qu’est-ce que la laïcité ? Une arme politique pour museler des clones ou la liberté de chacun d’être respecté dans ses convictions et de respecter celles d’autrui ?
Encore, Une lacheté des gouvernements, sur l*éducation du futur peuple. Aujourd*hui 80 balais, je me rappel de paroles catholique de mon époque, dans des cantons de cette religion. Plus on tiens le peuple dans l*ignorance, plus on peu en profiter.
» Chassez le christianisme et vous aurez l’islam » phrase prémonitoire de Chateaubriant. Obsession laïcarde de ces idiots utiles à l’islamisation de notre France.
C’est évidemment faux. Il y a de moins en moins de catholiques pratiquants, de moins en moins de prêtres, et si on n’avait pas importé des millions de musulmans on aurait juste un pays athée, où la notion de laïcité, crée pour ne pas se laisser contrôler par les curés n’aurait même pas besoin d’être mentionnée. Il n’y a que très peu de catholiques ou d’athées qui sont passés à l’islam. C’est bien parce qu’il y a eu une immigration massive qu’il y a autant de musulmans en France. Un certain nombre de personnes ici semblent oublier qu’à l’époque féodale, le pouvoir était tenu par une « noblesse » (un peu beaucoup consanguine) et un « clergé » qui avaient tous les pouvoirs. Il suffit juste aujourd’hui de réagir, et de déclarer que l’islam est incompatible avec la République, parce qu’à la base anti républicain (vu qu’eux aussi souhaiteraient nous imposer une monarchie/théocratie) et qu’étant homophobe, misogyne, raciste, belliqueux, il n’a rien à faire en France au 21eme siècle. A partir de là, fermer les mosquées, en commençant par les plus arriérées, remigrer tous ceux qui ne sont pas près de signer un pacte républicain, comme il a été fait avec les curés à l’époque de la révolution et avec les juifs durant l’empire. L’islam doit se plier aux lois qui sont les nôtres, ce n’est pas négociable. Il suffit juste de voter pour des politiciens non corrompus par les petro monarchies.
Qu’il s’agisse de nos coutumes , de nos traditions ou de notre éducation ce n’est pas aux musulmans de donner leur avis ou d’exiger des changements . Avant de venir dans ce pays ils savent tout ça , ils sont libres de ne pas venir subir ce qu’ils détestent . Qu’ils nous citent un seul pays musulmans ou des étrangers oseraient critiquer et exiger des changements dans leurs moeurs , leur façon de vivre . Donc stop ou ils acceptent et suivent le mouvement ou ils rentrent chez eux , c’est pas plus compliqué que ça . Nous ne changerons pas notre façon d’être , nous avons déjà accepté trop de choses , ça suffit , la ligne rouge est franchie .
Très bien dit ne peux faire mieux
Oui, la ligne rouge a été franchie par le président français qui a allumé la première bougie d’Hanouka à l’Elysée, résidence publique et appartenant à tous les français à mon sens!
Pas sûr que nos gouvernants actuels adhèrent à vos propos que, personnellement, je trouve parfaits
D’un autre côté, les catholiques ne donnent plus leur avis depuis longtemps, ni sur l’infiltration de l’école par les idéologies transgenre ou homo, ni sur l’éducation sexuelle à l’école, ni sur la perversion morale véhiculée par les textes choisis en français par exemple, ni sur les contenus enseignés en SVT. On peut être contrarié que ce soient les musulmans qui montent au créneau et qu’ils le fassent pour des raisons que nous ne partageons pas, mais on n’aurait peut-être dû le faire nous-mêmes avant…
Vous croyez ? Lisez certains bons sites qui pétitionnent ( « Avenir de la culture », VIA, etc…)
Ils viennent donner leur avis et exiger des changements. Mais bien plus encore ! Ils veulent imposer leurs LOIS. La charia. Une minorité active est à l’avant garde, on les appelle les islamistes, et certains les suivent de près ou de loin, de diverses façons, quand d’autres se taisent et laissent faire par crainte ou intimidation. Et l’on vient d’apprendre que leur « immense majorité » 78% trouve que la laïcité est discriminante. Belle adhésion à la République.