[Tribune] Violences urbaines : Borne ressort des recettes vieilles de… 40 ans

Cette approche du traitement des émeutes relève au mieux d’une grande naïveté et au pire d’une grave incompétence.
borne

Après les violentes émeutes survenues au début du mois de juillet dernier dans le prolongement de l’affaire Nahel, le gouvernement avait promis une réflexion d’ampleur sur la façon dont il comptait faire face, pour l’avenir, à de tels événements.

Rappelons qu’au cours de cet épisode particulièrement violent, 66 départements et 516 communes avaient été touchés. 24.000 feux de voie publique avaient été allumés. 12.000 véhicules avaient été brûlés. 2.500 bâtiments avaient été détruits ou fortement dégradés, dont 168 écoles et 105 mairies. En réponse à ces nuits de violences urbaines d’une intensité inconnue jusque-là, 4.164 auteurs avaient été interpellés, ayant donné lieu à 3.847 « réponses pénales », dont 1.498 comparutions immédiates. Un peu moins de 2.000 personnes ont été condamnées, dont 90 % à une peine de prison. L’histoire ne dit pas combien de ces casseurs sont, à cette occasion, effectivement passés par la case prison !

Élisabeth Borne jamais décevante!

Vendredi dernier, Élisabeth Borne a donc, depuis la Sorbonne et devant 500 maires très attentifs, présenté ses solutions. Il est évident qu’aucun professionnel de la sécurité un tant soit peu sérieux n’attendait de réponses miracles. En effet, depuis plusieurs années, toutes les formes de violences augmentent significativement dans notre pays et les réformes et tentatives d’ajustements de notre système sécuritaire conduites par Gérald Darmanin se sont toutes révélées, malgré une communication très soignée, comme autant de coups d’épée dans l’eau.

Pour autant, et même si les spécialistes de la sécurité n’attendaient pas grand-chose de ses annonces, le Premier ministre a quand même trouvé le moyen de surprendre les plus sceptiques. C'est ainsi que, dans la droite ligne de ce qui se faisait il y a quarante ans, à l’époque où certains sociologues prirent les commandes des politiques de sécurité conduites par la Place Beauvau, Mme Borne s’est lancée dans une litanie de mesures manifestement ressorties d’un placard où elles auraient mieux fait de rester.

Le temps des amendes miraculeuses

Ainsi, en dehors des 100 millions promis pour les reconstructions, puisque désormais rien ne peut se faire sans dépenser toujours plus d’un argent que l’on n’a pas, le Premier ministre a notamment annoncé la création d’une « force républicaine de sécurité ». En réalité, des équipes rassemblant des policiers, des magistrats, des éducateurs et des élus, dont l’efficacité à travers les différentes structures qui existent déjà n’a jamais été établie et dont les résultats face aux caïds des quartiers armés de fusils d’assaut sont largement prévisibles.

Puis est venu le temps des amendes miraculeuses, dont l’augmentation des tarifs « devrait » faire reculer les jeunes et moins jeunes encagoulés qui ne respectent pas les couvre-feux décidés par les autorités. Là encore, quelle portée vis-à-vis de ceux qui, bien souvent, sont insolvables ou ne paient tout simplement pas leurs contraventions ? Aucune. La responsabilisation des parents, sujet dont il est question depuis plusieurs mois, a également été évoquée. Mais comment sanctionner des parents le plus souvent dépassés par des enfants qu’ils ne contrôlent plus, quasiment toujours en situation de précarité financière et n’ayant que le RSA pour seule ressource ?

Un désastre sécuritaire bien établi

Cette approche du traitement des émeutes, qui deviennent récurrentes en France au moindre prétexte, relève au mieux d’une grande naïveté et au pire d’une grave incompétence. Au pouvoir depuis maintenant plusieurs années, il est évident que ce gouvernement n’a nullement l’intention de s’attaquer sérieusement à ce phénomène et continuera de faire preuve d’une complaisance coupable à l’égard de ceux qui, petit à petit, détruisent notre pays.

Face au désastre sécuritaire qui s’annonce, renforcé par une actualité nationale et internationale qui révéleront bientôt les impasses dans lesquelles les gouvernements qui se succèdent depuis quarante ans les a conduits, les Français n’auront bientôt plus d’autre choix que de compter uniquement sur eux-mêmes. Se protéger, se soigner, instruire et éduquer ses enfants deviendront bientôt des privilèges réservés à quelques-uns. Pendant ce temps, au nom du vivre ensemble, la vie sera devenue impossible pour des millions de Français.

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

43 commentaires

  1. BORNE a signalé « des intentions », mais n’a pas annoncé le calendrier de la mise en place des sanctions annoncées par le biais d’un DECRET AD HOC , concernant par exemple l

  2. Il y a environ 25 ans, le Sous Préfet de Bonneville (Haute Savoie) et le Procureur de la République dans l’enceinte officielle de la Mairie d’un chef lieu de canton et la présence de l’Edile des lieux, avaient mis en place ce que l’on pouvait appeler un système identique de rappel à la Loi pour certains jeunes délinquants mineurs qui déjà à l’époque pourrissaient ces petites villes. Déjà issues à cette époque majoritairement de l’émigration ( les familles (père ou(et) mère) convoquées officiellement et solennellement le plus souvent ne daignaient même pas se présenter ni faire connaître les raisons de leurs absences. Celles qui se présentaient ne comprenait pas toujours les raisons de leurs convocations de parents d’enfants ,certes turbulents, mais qui comme tous les enfants font des « petites bêtises » . Le bilan des retours, impossible à évaluer réellement (c’est d’ailleurs l’intérêt principal du procédé pour madame BORNE avec de telles « innovations »), aucune sanction à la clef, c’était à se demander l’intérêt d’une telle mise en scène dont les trois acteurs principaux, débordés par ailleurs avaient suffisamment de travail dans leurs domaines respectifs . Résultat le projet expérimenté fut vite abandonné. « Errare humanum est, sed perseverare diabolicum »

  3. C’est curieux ! Il y a 40 ans il n’y avait pas de violences urbaines et pas d’insécurité. Qu’est-ce qui a donc bien pu changer dans la population de notre pays ? Il ne serait pas politiquement correct de donner la réponse. En attendant le politiquement correct tue et assassine, et interdit qu’on y change quoi que ce soit…….les morts ne les dérangent pas !

  4.  » Au pouvoir depuis maintenant plusieurs années, il est évident que ce gouvernement n’a nullement l’intention de s’attaquer sérieusement à ce phénomène et continuera de faire preuve d’une complaisance coupable à l’égard de ceux qui, petit à petit, détruisent notre pays. » Pourquoi donc voulez-vous qu’il s’oppose à ses complices objectifs?

  5.  » L’histoire ne dit pas combien de ces casseurs sont, à cette occasion, effectivement passés par la case prison  » très peu voire aucun. Pourtant la solution est là.

  6. Le 49-3 ne devait être utilisé que parcimonieusement…il est devenu un mode de gouvernance permanent. A quoi servent les Assemblées ? Comment peuvent-elles accepter d’être traitées comme négligeables, comme les moutons de Panurge ? Une dérive à l’opposé de la démocratie.

  7. (…..toujours en situation de précarité financière et n’ayant que le RSA pour seule ressource. ) Il me semble que vous sous-estimez les capacités de prospection de ces familles : allocations de logement, prestations familiales, primes de rentrée scolaire, prime de fin d’année, etc . , et restos du coeur et autres associations bienfaisantes, le tout ajouté aux travaux au noir, aux trafics, et aux profits des activités normales. La non solvabilité , une notion à explorer.

    • Pardonnez moi, c’est bien plus subtile, ils se rendent insolvables aux yeux de nos Lois et règlements. Ils sont très forts et disposent d’associations subventionnées et spécialisées pour leur fournir tous les renseignements utiles pour bénéficier de notre générosité. Je crois et je crains que nous voyons hélas la même chose. La fin d’une civilisation.

  8. Borne devrait se souvenir de ses illustres prédécesseurs qui n’ont pas hésité à tirer à balles réelles sur les émeutiers!

  9. Il faut supprimer les députés, les sénateurs, les partis, les ministères.
    Tous inutiles, désormais nous avons Borne et son 49.3
    Bien suffisants

  10. Elle le déçoit absolument pas ! Attendu qu’on n’en attend si peu. C’est une techno qui accomplit des tâches, des missions, qui parle, enveloppe etc Le comble _ je trouve _ c’est que la politique se fait au sommet. Le Conseil ( du mercredi) semble un lieu où l’on vient prendre la feuille de route. Pour filer l’analogie _ pas la ressemblance _ c’est un peu du pouvoir absolu ( absolutus : accompli, parfait, complet, qui forme un tout ).

  11. Je pense que dans les prochaines émeutes, qui ne manqueront pas de se produire, la racaille ne s’arrêtera pas à la dégradation de bâtiments ou de voitures brulées. Et là, que fera Macron ou Darmanin, ou Dupont-la joie, ou….. ?

  12. Constat accablant de l’impuissance ou plutôt devrais je dire de l’incompétence de nos politiques.

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