[Tribune] Missions d’observation électorale de l’UE : l’autre diplomatie

Les missions d’observation électorale de l’Union Européenne lèvent le voile sur la stratégie politique d’Ursula von der Leyen. Après avoir participé à la quatrième mission électorale dans le cadre de mon mandat, cette fois-ci au Zimbabwe, le temps est venu de dévoiler les dessous de ces missions qui témoignent de l’accélération de l’offensive diplomatique de la Commission.
En quoi consistent les missions d’observation électorale ?
Tous les ans, l’Union européenne organise une dizaine de missions d'observation électorale (EOM) dans le monde et y consacre un budget annuel d’environ 38 millions d’euros. Officiellement, ces missions visent à soutenir le processus démocratique dans des pays émergents, à renforcer la confiance du public dans les processus électoraux, à mieux prévenir la fraude ainsi qu’à éviter l'intimidation et la violence en période électorale. Officieusement, on s’en doutait un peu, elles ont pris un caractère très politique.
Vu de l’intérieur, ces missions électorales prennent une dimension éminemment moins altruiste : déployer l’agenda idéologique de la Commission, mettre sa puissance financière au service des prétendus « droits fondamentaux universels » et s’imposer dans l’ordre de préséance aux dépens des ambassadeurs légitimes des pays européens.
Si on entend peu parler ou pas du tout de ces missions d’observation électorale dans les médias, c’est qu'il s’agit en réalité d’une des multiples facettes d’un vaste programme diplomatique piloté par la Commission, qui préfère certainement, de son côté, rester sous les radars tout en profitant de cette stratégie pour supplanter insidieusement les États dans leur compétence diplomatique.
Une diplomatie parallèle
L’Union européenne mobilise des moyens très importants pour étendre sa sphère d’influence au-delà de l’espace composé par ses États membres sur le Vieux Continent. Elle dispose, pour cela, de pas moins de 146 « ambassadeurs », répartis à travers le monde, auprès des gouvernements comme des organismes internationaux. Pour la période 2021-2027, elle consacrera la somme astronomique de 85,2 milliards d’euros à ses actions extérieures, un budget en hausse de 47 % par rapport à la période 2014-2020.
De plus, il n’est pas rare de voir la représentation française occuper des bureaux dans les locaux même de l’Union européenne dans le monde. On peut citer, par exemple, le Honduras, le Soudan du Sud ou encore le Paraguay, où c’est en effet le cas.
On assiste à une évolution inquiétante : au moment même où le gouvernement français est dépassé par les événements qui secouent le continent africain, la diplomatie européenne s’engouffre dans la brèche et y est en pleine expansion.
La diplomatie ne s’improvise pas
La France puise sa force diplomatique dans 1.000 ans d’expérience qui ont enrichi notre corps diplomatique non seulement en connaissances, mais aussi en courtoisie et capacité de rhétorique. Les grands pays le savent. La culture diplomatique de la France fut un exemple pour les États dans le monde entier. Ce n'est pas pour rien que jusqu'à il y a peu, la langue française était la langue utilisée par les diplomates. Les missions électorales auxquelles j’ai assisté ont également été tristement révélatrices de l’inexpérience, voire de l’amateurisme diplomatique de l’Union européenne. Il est affligeant de voir des responsables de mission se comporter comme des enfants qui jouent à la dînette et qui se prennent pour les meilleurs chefs cuisiniers du monde !
Quel contraste, dans le cas de la mission d’observation électorale au Zimbabwe, avec la conférence de presse des observateurs du Commonwealth, qui a cité les problèmes sans les juger, qui a critiqué tout en préservant la dignité des institutions et des élus du pays. Le Commonwealth s’efforce de construire des ponts là où l’UE les brûle.
L’image de l’Europe s’en trouve entachée, et l’image de la France d’aujourd’hui, qui se range derrière l’UE, s’en trouve d’autant plus dégradée.
Le monde en appelle à la France
Dans le monde d’aujourd’hui, en pleine mutation, la voix de la France s’estompe peu à peu au moment même où l'on a tant besoin d’elle. La voix diplomatique de la France est muselée. Et pourtant, on connaît tous le « pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde » (général de Gaulle). Dans la grande tradition française, de respect des États sans jugement moralisateur de leur régime, nous devons refuser l’amateurisme de l’UE mais surtout son attitude néocolonialiste qui impose son agenda idéologique à des pays et des peuples qui ont leurs propres culture et histoire.
Il est urgent de redonner ses lettres de noblesses à l’action diplomatique de la France pour ouvrir des perspectives de coopération fructueuses, pour trouver la paix et pour œuvrer à la prospérité des peuples et des nations du monde.

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17 commentaires
Elégant plaidoyer qui mériterait d’être claironné au moment de ‘ débats’ où s’affrontent de temps en temps, au sein de la Commission, les tenants d’une idéologie bruxelloise primaire et les héritiers de notre culture diplomatique autrement plus subtile dont l’efficacité fut mise à l’honneur au cours des siècles passés…
Que l’UE se limite à ses compétences et arrête de saccager les pays parce que pour l’instant elle agit contre la volonté du peuple dans bien des domaines . Les dégager aux prochaines élections .
Comme tout organisme qui veut a minima survivre et se développer, l’Union européenne mobilise des moyens pour étendre sa sphère d’influence… Ce n’est pas étonnant, ni choquant en soi. Le problème, c’est surtout l’idéologie de l’UE dont la finalité semble bien être la destruction de la souveraineté des nations. Mais l’ambiguïté sur la finalité de l’UE (fédération ou confédération) ne date pas d’hier ! Il appartient aux nations de l’UE, si elles veulent encore avoir leur « diplomatie » et leur « politique internationale » », d’avoir les moyens de leurs ambitions. On ne supprime bien que ce que l’on remplace.
L’UE ne devrait pas s’occuper de diplomatie, ce n’est pas son rôle, et elle n’a d’ailleurs pas été créée pour ça.
De plus, mettre cette monstrueuse lubie dans les mains de Von der Leyen, c’est donner à la Germany la haute main sur les objectifs cachés de cette UE, redonner à la Germany sa puissance perdue sur l’Europe en 1945.
De construction organisée.
Il est claire que l’idéologie de l’UE et de nous faire avaler le faite que nous serions bientôt que des européens avec des racines régionale et non plus nationale. La destruction des nations est le but in fine. Pourtant, nombreux sont ceux qui l’on bien compris et voudraient en finir avec cette organisation malsaine. Si seulement les tenants d’un FREXIT pouvaient être autorisé dans les débats politique. Hélas, à part les faire passer pour des complotistes, des illuminés et autres oiseaux de malheur, aucune personnalité du camp du FREXIT ne peut du coup présenter la vérité aux citoyens. Dire qu’ils y en a qui sont prêt à abandonner leur nationalité pour une chimère. L’UE, n’est et ne sera jamais un pays.
Faites l’exercice de réécrire cette chronique du point de vue d’un europeiste convaincu Macron par exemple. C’est la réussite d’une stratégie de développement vers un monde meilleur.Pour qui?
« Il est urgent de redonner ses lettres de noblesses à l’action diplomatique de la France » croit savoir la député RN. C’est un gag ou quoi ? Avec le paltoquet de l’Elysée qui ridiculise la France matin, midi et soir, c’est comme si c’était fait. Quand à la pseudo-opposition qui ne moufte pas sur les envois d’armes en Ukraine mais réclame une conférence de la paix à Paris, la décence – et la censure – m’interdisent de dire ce que je pense d’elle …
Le rejet des dirigeants de l’UE doit être massif aux prochaines élections. Ils agissent contre la volonté des peuples.
A vouloir faire beaucoup de choses, néfastes pour la démocratie, les « irresponsables » qui dirigent « l’union européenne », risquent d’en faire trop, attention à la goutte qui fait déborder le vase.
Les lettres de noblesse de l’action diplomatique françaises ont pris fin avec McRond. Encore une de ses « réussites » au dépend de la France.
La France est aujourd’hui un Etat gouverné par des lâches et des faibles. Par conséquent c’est un Etat faible dont la voix ne peut plus porter…C’est un Etat livré à l’insécurité, à la violence et au chaos…Sa justice est faible, étant faible, elle affaiblit les forces de l’ordre dont on met les membres en prison. Son système éducatif est faible, son économie surendettée est faible et le plus grave, sans doute, son peuple est faible…Il n’y a aucune chance actuellement que les godillots qui la gouverne puissent faire acte de souveraineté…
Tout à fait d’accord avec vous. Mais question: que faire quand le malade est dans un tel état, soins intensifs ou soins palliatifs ? Je suis pessimiste quand à pouvoir rétablir les choses démocratiquement en France, j’ai bien peur que nous n’ayons à passer, par des évènements extrêmement violents, pour remettre notre pays DEBOUT.
Qu’il est triste de constater à quel point la France descend et ne représentera bientôt plus rien. Qu’il est triste de réaliser que ceux qui annonçaient cette décadence avaient raison. Qu’il est triste de ne pouvoir croire en un redressement tant les électeurs sont pour la plupart consentants.
Comment voulez-vous que ces institutions se comportent à l’étranger alors que en Europe elles manifestent un tel mépris pour les états qui crachent au bassinet de leur gabegie.
Macron s’est comporté une fois de plus comme le bons élève de l’UE, avec le doigt sur la couture du pantalon , je dirais presque joué au « fayot » de l’UE en supprimant purement et simplement, le corps diplomatique , »le massacre d’un outil que le monde entier nous enviait » comme aurait dit Damien Regnard sénateur LR en apprenant cette funeste mesure .
Un pays comme le nôtre qui a le deuxième espace maritime du monde , sur lequel lorgnent les pays du Commonwealth qui a pris soin ,lui ,de conserver sa diplomatie ! Cela peut toujours servir !