[Tribune] Manifs : et si l’on inscrivait le droit de casser dans la Constitution ?

En marge de la manifestation parisienne du 7 mars dernier contre la réforme des retraites, c’est le saccage d’un véhicule appartenant à SOS Médecins, au niveau du boulevard de Port-Royal, qui semble avoir retenu toute l’attention de nombreux médias. Il est vrai qu’entre l’euphorie des organisations syndicales qui n’ont que le mot « historique » à la bouche quant au nombre de participants à cette sixième journée de mobilisation et les commentaires du préfet de police Laurent Nuñez selon lequel cette manifestation aurait quasiment été un modèle du genre, l’incident fait tache.
Voiture d’un médecin ( SOS MÉDECIN)
Tellement triste de voir ça . Comment casser la crédibilité d’une manif … #stopàlaviolence pic.twitter.com/gIM2hU32fx— Ludovic ♻️ (@ludovicf_off) March 7, 2023
Il faut cependant rappeler que ce type de comportements et les dégradations qu’ils entraînent venant de groupuscules incontrôlés sont des plus courants et relèvent désormais d’une rare banalité. En effet, il n’est plus aujourd’hui de manifestations de voie publique qui ne soient polluées par ce qu’il est convenu d’appeler les « Black Blocs », lesquels s’en prennent systématiquement à tout ce qu’ils trouvent sur leur chemin. Cette voiture appartenant à SOS Médecins, et pourtant identifiable, n’avait donc pas plus de raisons d’échapper à la folie destructrice de ces crapules vêtues de noir qu’un véhicule de police, des pompiers ou même d’un simple citoyen se trouvant, pour son plus grand malheur, au mauvais endroit au mauvais moment.
Si l’incident, qui fort heureusement en la circonstance n’a pas fait de blessé, relève donc de l’anecdote, il renvoie néanmoins à cette interrogation relative à l’incapacité de nos responsables du maintien de l’ordre de mettre un terme aux agissements dévastateurs d’individus parfaitement connus.
Systématiquement évalués entre 1.000 et 1.200, chiffres qui ne varient guère d’une manifestation à l’autre, les membres des Black Blocs sont, pour nombre d’entre eux, connus depuis plusieurs années des services du renseignement territorial. La question qui se pose est donc bien celle de savoir comment et pourquoi il semble aussi difficile d’anticiper leur participation aux différentes manifestations et de les mettre hors d’état de nuire par des mesures administratives ou judiciaires anticipées. Par ailleurs, pourquoi certaines unités de maintien de l’ordre, et ce fut encore le cas le 7 mars, ont-elles l’interdiction d’intervenir alors qu’elles pourraient, par des actions rapides et anticipatrices, empêcher les exactions de se commettre ?
Entre 1.000 et 1.200 black blocks étaient présents dans les rues de la capitale aujourd'hui.
Xavier Raufer, criminologue.
"Le problème des blacks blocks dans les manifestations peut être résolu à la minute" !
"La Préfecture de Police dispose d'une liste des individus concernés". pic.twitter.com/ZdFyeRIaUi— Barbara78 (@dragonduclos) March 7, 2023
Nous le savons, et ce n’est pas nouveau, la gestion de l’ordre public est un casse-tête pour tous les décideurs publics. Les différents incidents et accidents majeurs qui sont survenus au cours de ces dernières décennies ont eu pour effet d’affaiblir considérablement la capacité de l’État à intervenir, au besoin de manière énergique, lors des mouvements sociaux. À l’exception, peut-être, de l’épisode des gilets jaunes qui, à n'en pas douter, a bénéficié d’un traitement « spécial ».
Force est néanmoins de constater qu’aucun changement dans la doctrine du maintien de l’ordre ou dans l’emploi des forces de police et de gendarmerie n’a été en mesure d’apporter une quelconque amélioration. Une fois encore, on ne peut que s’étonner du nombre famélique des interpellations (43 pour Paris), lesquelles ne déboucheront vraisemblablement sur aucune condamnation sérieuse. En revanche, le nombre des membres des forces de l’ordre blessés restera quant à lui à un niveau toujours aussi élevé.
Les solutions pour améliorer cette situation qui fait à chaque manifestation de nombreuses victimes et qui occasionne des dégâts disproportionnés sont pourtant connues. Anticipation dans la mise à l’écart des individus dangereux grâce à l’exploitation des renseignements disponibles. Interventions précoces des forces de l’ordre et interpellations rapides des casseurs. Sanctions pénales à la hauteur des infractions commises et restauration d’une loi anti-casseurs. Mais pour l’heure, il semble plus facile à nos gouvernants de laisser le champ libre au chaos plutôt que de vouloir redonner au droit de manifester toute la sécurité qui devrait normalement l’entourer.
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45 commentaires
Voila le résultat de plus de 30ans de laisser aller, merci les bisounours
pourquoi du « laisser-aller » ? C’est réfléchi, voulu et accepté . la gouvernance par le chaos !
J’aimerais connaître le sentiment de ces policiers qui laissent faire, alors que dans d’autres circonstances on avait l’impression qu’ils s’en donnaient à cœur joie !
Je suis loin de condamner les forces de l’ordre dans leur ensemble,cependant il semble évident que ces policiers sont avertis par leur hiérarchie ,qu’ils reçoivent des ordres et sans aucun doute des primes ,depuis les Gilets Jaunes j’en suis convaincu .
C’est tout de même quelque chose d’étonnant que vous soyez obligé en tant que commissaire divisionnaire, même honoraire, de faire la remarque de cette incongruité. Si ces gens continuent à œuvrer en toute impunité, il n’y a pas trente six questions à se poser , c’est qu’ils ont leur utilité . Laquelle ? Pour qui ? Pour le gouvernement, pour les syndicats? Pour les entreprises de remplacement de vitrages et pare brise auto ? Ils permettent au gouvernement de décrédibiliser les luttes sociales ou sociétales , pour les syndicats cela leurs permet de garder une pression qui dépasse le simple fait de défiler avec une banderole , parce qu’il me semble bien que tous ces casseurs pourraient être exfiltrés par les services d’ordres syndicaux en collaboration avec les RG et pour ce qui est de la casse ,c’est entièrement pris en charge par les assurances qui reporteront les frais sur l’ensemble des cotisations ! Quant aux black bocks, pour eux , le risque est calculé, ils savent qu’ils ne feront pas l’objet de poursuites puisqu’ils font partie du rouage . Tout ceci est dangereux pour la démocratie . Ces groupes de casseurs autonomes et anonymes dont il ne filtre pas d’information et qui n’occasionnent pas d’investigation de la part des autorités et des médias, pourraient tout aussi bien servir de milices pour un régime totalitaire !! Il y a une violence en banlieue ou dans les rues pendant les manifs, dont on se demande si elle est simplement autorisée ou voulue ?
Disons habilement utilisée, sans rien ajouter…
Je me suis posée également toutes les questions que vous posez . Et je crains de connaître une partie des réponses que l’on pourrait y apporter..
Les « black blocs »…pour le pouvoir en place en France, c’est un peu comme le « groupe wagner » pour le Kremlin. C’est très utile pour maintenir une certaine pression de peur, voire de terreur. Le dit-pouvoir les laisse jalousement en vie…ils peuvent toujours servir un jour ou l’autre. Et puis s’ils prennent trop d’importance il sera toujours facile d’en diminuer les effectifs….à l’image des « wagner » privés de munitions s’ils en arrivent à déborder des lignes du pouvoir central.
Les renseignements généraux connaissent bien les blacks blocs qui pourraient très facilement être mis hors fonction.
Pourquoi cette autorisation à casser, sinon venant du pouvoir ? La méthode a été employée avec les gilets jaunes : « voyez ces vilains gilets jaunes terroristes qui cassent tout ! ». Et voilà comme on jette l’opprobre sur un mouvement.
Mais la formule commence à être éventée et usée jusqu’à la corde. En fait, les Blacks Blocs où autres antifas, gauchistes de tout poil sont les alliés du pouvoir en place. La seule question primordiale que l’on puisse se poser est : « est-ce qu’ils sont employés en CDD ou en CDI ? Y aura-t-il plus tard pour les meneurs une promotion légion d’honneur pour service rendu au gouvernement ?
Dans la constitution il faut inscrire le droit de casser du voyous c’est une priorité vu ce que font les casseurs .
quiconque a vu la vidéo a pu constater l’extrême proximité de la police qui lorsqu’elle charge (une fois la voiture détruite ) s’arrête 5 mètres au delà de cette voiture sans chercher à rattraper aucun prédateur ! si on n’appelle pas cela de la connivence il faudra chercher un autre terme pour définir cette attitude !
Le droit de manifester que tout le monde proclame à tous bout de champ est une immense connerie,
Des négociations salariales oui mais au sein de chaque entreprise , et non cette prise d’otage de tout un pays
Ou encore une fois les plus démunis font encore les frais . Avec ces journalistes faux culs qui n’interview
la plupart du temps que eux qui sont satisfait des grèves .
Bien sûr que Xavier Raufer a parfaitement raison, mais nos gouvernants ne veulent pas agir, puisqu’ils estiment que la délinquance est avant tout un outil qui leur est profitable politiquement. Mais quand donc ces « élites » seront-elles punies pour leur impéritie ?
Baptisez-les « gilets jaunes ». Vous allez voir comme les gourdins et munitions quasi létales vont fleurir.
Quelques coups de matraque devraient faire l’affaire. Malheureusement les temps bénis de 68 et après sont bien lointains. Et pour cause. Les black blocks sont les idiots utiles de la macronie, ils sont trop fanatisés pour s’en rendre compte. Il est bon pour le pouvoir de laisser dégénérer des manifestations sociales qui sont les plus calmes. Quel silence dans les rangs des ministres. Darmanin le pourfendeur des voyous est muet comme par hasard, Nunez un peu moins mais pas convaincant, il doit être bien embarrassé. Les casseurs de vitrines et de mobilier urbain ont de beaux jours devant eux. Ces imbéciles font marcher le marché de la réparation ; comme quoi tout a du bon.
je ne serais pas surpris que les black block soient convoqués pour animer les manif lorsque des besoins spécifiques de com se font sentir …
La raison pour laquelle ces casseurs bénéficient d’une indulgence coupable ou complice ne serait elle pas que l’on trouverait dans leurs rangs nombre de fils à papa ?
Plus probablement des services spéciaux de l’Etat
Les actions violentes des Black Blocs semblent arranger le gouvernement qui compte sur les casseurs pour briser la mobilisation et le soutien du public envers les manifestants. Cela ressemble à quelque chose de préparé.
Résumons : autorisation de déconstruire, ce qui cadre avec l’objectif inavouable de Macron. Ce qui peut effectivement justifier une inscription du « droit de casser » dans la constitution, un acte bien moins dramatique que le droit à l’IVG. Pour en revenir à cette manifestation qui a été très loin d’être spectaculaire compte-tenu de la puissance d’un certain système médiatique consacrée à assurer la promotion de cette grève. Du jamais vu. Des heures d’antennes pour inviter à la grève. Résultat , un très gros échec pour ces médias dont le résultat n’a pas été à la hauteur de leur engagement.
Ne doit entrer dans la constitution que les droits fondamentaux. Cependant, un Etat peut définir une limite comme c’est le cas pour l’IVG acceptable pour les premiers temps de la grossesse. Rien en revanche ne doit engager le gouvernement de rembourser quoi que ce soit. Ce n’est pas une maladie.