Tribulations de Macron en Chine : un nouvel échec sur la scène internationale

Qu’espérait Emmanuel Macron en entraînant Ursula von der Leyen avec lui dans ses tribulations chinoises ?
macron xi

Emmanuel Macron aura, une fois encore, contribué au rayonnement de la diplomatie française. Son déplacement en Chine n’était même pas achevé que la presse, en France et à l’étranger, annonçait déjà un échec. « À Pékin, Emmanuel Macron ne parvient pas à convaincre Xi Jinping de faire un geste pour l’Ukraine », écrivait Le Monde, ce vendredi. Aux États-Unis, Politico a fait le même constat, la veille, mais en ajoutant quelques détails sur les impairs du chef de l’État français qui, lors de son apparition conjointe avec le président Xi Jinping devant la presse, jeudi, a « parlé environ deux fois plus longtemps que son hôte ».

« Un faux pas protocolaire que les membres de l'entourage chinois de Xi ont remarqué », note le média américain, qui ajoute que le président chinois lui-même avait parfois « l'air impatient et agacé » et qu’il avait « poussé plusieurs soupirs profonds ». La logorrhée macronienne épuise donc jusqu’aux confins de l’Asie. On passera sur la séquence de la photo avec son hôte et la présidente de la Commission européenne au cours de laquelle un Macron main dans la poche a été manifestement interpellé par les photographes afin d’adopter une posture plus solennelle.

On voudrait partager les rires de ceux qui brocardent le Président français sur les réseaux sociaux, mais on se souvient du motif affiché de sa venue à Pékin : « Travailler dans le sens d’un retour de la paix en Ukraine. » Une ambition élyséenne qui s’est heurtée comme prévu au mur froid de la realpolitik. « Je sais pouvoir compter sur vous pour ramener la Russie à la raison et tout le monde à la table des négociations », avait dit le chef de l’État français à Xi Jinping, au début de leur rencontre. Y croyait-il lui-même ? On peut en douter.

À bien y regarder, en dehors des naïfs et des courtisans, personne ne s’attendait à un miracle, surtout de l’autre côté de l’Atlantique. Le premier jour de son arrivée en Chine, le Washington Post ne prenait pas de gants pour faire le constat suivant : « Peu de gens à Washington accordent beaucoup de crédit à la capacité de Macron à faire avancer une résolution du conflit en Ukraine grâce à ses discussions avec Xi. »

On pourrait s’étendre longuement sur ce nouvel échec élyséen, mais ce serait passer à côté de l’essentiel de ce qui se jouait là-bas. Pour Xi Jinping, la préoccupation première portait moins sur l’Ukraine que sur sa capacité à convaincre la France de l’aider à garder ouvertes les voies commerciales avec l’Europe au moment où résonnent à Bruxelles les menaces de mesures de restriction et de sanction.

Le discours prononcé par Ursula von der Leyen, peu de temps avant son déplacement à Pékin, avait toutes les raisons d’inquiéter le président chinois. Le cadre choisi par la présidente de la Commission pour s’exprimer était en lui-même symbolique, puisqu’il s’agissait de l’Institut Mercator, un think tank allemand placé sous sanction par le gouvernement chinois en raison de ses prises de position.

C’est à un véritable réquisitoire que s’est livrée Ursula von der Leyen, qui a déroulé une longue liste de griefs à l’encontre de Pékin. Était reproché à la Chine : son soutien à l’égard de Moscou, sa « démonstration de force militaire en mer de Chine méridionale et orientale », ses « graves violations des droits de l'homme au Xinjiang », l’« intensification de ses politiques de désinformation et de contrainte économique et commerciale » ou encore sa volonté de « changement systémique de l'ordre international ».

Après de telles déclarations, Macron avait sans aucun doute, auprès de lui lors de son déplacement, la partenaire idéale pour des échanges apaisés et fructueux. D’autant plus que la présidente de la Commission avait très clairement fait comprendre à la Chine, lors de son discours, qu'il fallait envisager la possibilité de l'enterrement définitif d’un accord commercial (CAI) conclu en 2020 mais bloqué par la suite et que Pékin souhaitait relancer. Sans parler des mesures annoncées afin de « réduire les risques » des économies européennes face à la Chine, notamment dans le secteur des technologies sensibles.

Des outils censés défendre les intérêts de l’Union européenne et renforcer son autonomie mais pris, en réalité, sous la pression de Washington qui, lentement mais sûrement, entraîne l’Europe dans une guerre économique et commerciale avec la Chine. Dans ce contexte, la presse occidentale elle-même reconnaît que l’administration Biden prend appui sur la présidente de la Commission pour s’assurer d’un alignement toujours plus prononcé des Européens.

« Ursula von der Leyen, tout à son atlantisme assumé, pousse désormais ouvertement l’Union à se ranger derrière la bannière américaine dans le conflit, de moins en moins larvé, qui oppose les États-Unis à la Chine », écrivait Libération/a>, en mars dernier, après un déplacement de la présidente de la Commission à Washington.

Qu’espérait alors Emmanuel Macron en l’entraînant avec lui dans ses tribulations chinoises ? Devait-elle jouer le rôle d’épouvantail ? Car, si l’on en croit le Washington Post, l’idée du Président aurait été de proposer à Xi Jinping un accord monnayant la résistance de la France aux pressions américaines pour se dissocier de la Chine contre l’investissement diplomatique de Pékin pour ramener la paix en Ukraine. Manifestement, une grande réussite. Comme lors de la Seconde Guerre mondiale, il ne reste désormais plus qu’à attendre que le conflit européen ne fasse plus qu’un avec celui qui progresse en Asie.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/04/2023 à 11:18.
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Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

56 commentaires

  1. Le voyage d’Emmanuel Macron en Chine c’est un peu comme l’épopée de Christophe Colomb aux Amériques mais en moins grandiose.
    Comme Colomb, en partant, il ne savait pas où il a allait mettre les pieds.
    Comme Colomb, en arrivant, il ne savait où il venait de mettre les pieds.
    Et de toute façon, comme Colomb, ne n’était pas avec son argent mais avec celui des autres !!!
    Une différence toutefois, et de taille. Face à des interlocuteurs de la puissance, de la compétence et de la subtilité des Chinois, Il serait surprenant qu’Emmanuel Macron rapporte autant d’or à la France que Colomb n’en a rapporté à la Castille et à l’Aragon.

  2. Il ne se passe pas une journée où ce «  français « ne soit en dessous de tout ….D Trump a bien compris macron lorsqu’il a dit «  tout ce que touche macron , il le transforme en …. »

  3. Finalement, on préférait son ex patron. Tout aussi remarquablement inefficace mais au mois sympathique et rigolo..

    • Si vous parlez de Hollande, celui qui parle de tout sans retenue à deux humoristes russes ! Et où l’on apprend leur traîtrise vis-vis de la Russie, ce qui permet de mieux comprendre le conflit russo-ukrainien et le coup d’Etat de Maïdan «  grâce «  au conseil avisé du va t-en guerre BHL ! Qui est heureux quand il y a un conflit guerrier, on se souvient de la Libye …..

  4. Encore une fois le couple infernal s’est ridiculisé et a ridiculisé ce pays . Ce type nous fait honte partout ou il passe . Lui accorder encore 4 ans et ce pays est foutu . destitution pour fautes graves et viré sans indemnités .

  5. Efficace le gars !
    Les résultats des initiatives Macroniennes à l’étranger, que ce soit avec le Chinois ou le Russe sont tout à fait comparables à ces initiatives nationales. Dans le premier cas, il suscite au mieux l’indifférence, voir l’agacement, dans le second, il n’est pas loin de déclencher une guerre civile.
    Heureusement qu’il est intelligent, sinon on pourrait se demander ce qui nous attend…

    • Intelligent? Je ne pense pas! Mais instruit sa oui! Se rappeler toujours et je le dit par expériences; Qu*il est plus facile de travailler avec un intelligent que d*un instruit.

    • Pas d’accord, il est instruit, beau parleur mais pas du tout intelligent. Il ferait bien de démissionner ce serait la seule preuve d’intelligence.

      • Il a un esprit obtus, un manque d’intelligence ! Instruit ! , il est loin d’avoir la verve d’un général de Gaulle ou même d’un Mitterand !

  6. « … C’est à un véritable réquisitoire que s’est livrée Ursula von der Leyen, qui a déroulé une longue liste de griefs à l’encontre de Pékin. Était reproché à la Chine :… sa « démonstration de force militaire en mer de Chine méridionale et orientale » … »

    Ils ont de l’humour ces Chinois. Von der Leyen et Macron n’étaient pas encore partis que la Marine Chinoise a encerclé l’ile de Taiwan. Histoire de dire foutez-nous la paix avec vos chamailleries anti-russes !!!

    Ce sont les américains qui vont faire la tête. Maintenant ils risquent de devoir réellement gérer ce point chaud rapidement où se déballonner … c’était pas prévu tout de suite … ;-)

    • Bonsoir Annie,
      De toute façon, les restes de la France n’ont plus de ministres que ceux d’affaires étranges …

  7. Avec Macron, notre pays est plus bas que terre avec l’enfer pavé de ses illusions. C’est dire !

  8. sous couvert de son identité allemande, vander leyen roule pour les USA, et pourtant son titre de présidente de la commission européenne ne lui donne aucun pouvoir diplomatique. Mais notre toutou de l’Elysées bien tenu en laisse s’est encore riciculisé et par lui la France, qui descend de plus en plus sur le plan international, le donneur de leçon toujours absent des conflits sur son territoire, et il envoi Sarko faire le service après vente au Congo, mais ce dernier n’a t-il pas un bracelet électronique du à ses sanctions pénales ?

  9. Macron est , à lui seul , la parfaite illustration des 4 cavaliers de l ‘Apocalypse : il nous aura tout apporté , la ruine , la maladie , la guerre et la mort certaine de notre pays ; cette pitoyable virée en Chine en compagnie de la belliqueuse UVDL en rajoute encore dans l ‘escalade du danger .

  10. Macron président de l’Europe – la Russie envahi l’Ukraine.
    Macron va négocier en Chine – elle encercle Taiwan.
    Comment peut-il encore se dire à la hauteur du poste de président ?
    N’importe qui aillant un peu d’honneur aurait déjà démissionné depuis 2019 à la place de Macron.
    Lui il reste, se représente dans des élections très louches (pour la seconde fois) et fait subir son incompétence au monde entier sans se remettre en question.

  11. Décidément, le loustic n’en loupe jamais une. Il y a le sketch de la main glissée de manière désinvolte dans la poche. François Asselineau nous montre également un autre grand moment de ce voyage en Chine et « curieusement » passé inaperçu des médias : Macron se livrant à des courbettes – au sens littéral du terme et preuve à l’appui – devant le président chinois. Ça en dit long sur le bonhomme. Dommage qu’il n’y avait pas pour lui de boite de nuit où s’éclater comme à Kinshasa. Pas à dire mais la France est particulièrement bien représentée. Encore toutes mes félicitations aux électeurs macronistes de tout poil …

    • Encore 4 ans d’une présidence qui va enfoncer un peu plus le pays devenu la risée au yeux de l’international.
      Plus écouté, plus respecté, plus envié !

      • Prions pour qu’il ne tienne pas encore quatre ans, partout où il passe il fait honte à la France.

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