Toute honte bue, la SACEM taxe désormais les funérailles

Diffusion de musique ou non, toutes les familles endeuillées devraient être ponctionnées.
@The good funeral guide/Unsplash
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Des taxes, des taxes et encore des taxes ! La SACEM, la Fédération nationale du funéraire (FNF), la Fédération française des pompes funèbres (FFPF) et l’Union du pôle funéraire public (UPFP) viennent de trouver un accord pour que la diffusion de musique lors des obsèques soit payante. Officiellement, « grâce à cette collaboration, les familles pourront bénéficier d’une diffusion musicale respectueuse et adaptée à leurs souhaits, contribuant ainsi à la personnalisation et à l’humanisation des cérémonies d’adieu ». Évidemment, ce n’est que pour votre bien !

La SACEM voudrait nous faire croire que dans un moment pareil, il n’y a pas de plus grand réconfort que de se délester de quelques euros supplémentaires. Au cours des dernières années, il y a sans doute eu des plaintes de familles ayant diffusé de la musique gratuitement ne parvenant pas à faire leur deuil.

L'obole de Charon

Pour pallier ce problème, l’organisme et les fédérations des pompes funèbres ont trouvé une solution. Désormais, si un proche, récemment décédé, avait comme dernière volonté de s’en aller sur une chanson de son idole, Patrick Fiori ou n’importe qui d’autre, il vous en coûtera cinq euros. Avouez que vous vous sentez déjà mieux !

La société des pompes funèbres choisie par la famille du défunt se chargera de collecter la somme pour la reverser à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique. Après en avoir gardé une partie, la SACEM reversera à son tour des droits d’auteur à l’artiste diffusé. Une bonne nouvelle pour l’organisme comme pour les auteurs et compositeurs. Surtout pour certains.

Selon un classement établi par Le Choix funéraire et France Bleu, sans grande surprise, les chansons Les Sardines de Patrick Sébastien ou Happy de Pharell Williams ne sont pas les plus diffusées à l’occasion des enterrements. Céline Dion et Jean-Jacques Goldman sont, en revanche, les deux artistes susceptibles de gagner le plus d’argent grâce à cette nouvelle taxe. Les titres Puisque tu pars et Vole sont des incontournables des funérailles. Viennent, ensuite, Le Paradis blanc de Michel Berger et Mon vieux de Daniel Guichard.

Abus de faiblesse

D’aucuns diront qu’il est normal de payer les artistes. La SACEM use d’ailleurs de cet argument : « Cet accord assure une reconnaissance équitable du travail des auteurs, compositeurs et interprètes en veillant à leur juste rémunération. » Que dire, alors, de l’option à un euro qui pourrait être facturée à toutes les familles, même celles qui ne diffusent pas de musique, également comprise dans l’accord ?

Vol ou abus de faiblesse ? Peut-être les deux. D’une part parce qu’un enterrement n’est pas, à proprement dit, une manifestation publique et, donc, soumis au paiement de droits d’auteur, d’autre part car il y a fort à parier que dans un tel moment, les familles des défunts auront d’autres préoccupations que de se battre pour faire rayer la ligne SACEM de la facture des obsèques. En cet instant de tristesse et par conséquent de faiblesse, tout laisse à penser que beaucoup se laisseront taxer.

Une aubaine pour la SACEM qui prévoit ainsi de récolter entre 700.000 et 800.000 euros par an sur le dos des familles endeuillées. Pour ponctionner les Français, toutes les occasions sont bonnes, même la mort. La grande classe !

Vos commentaires

82 commentaires

  1. Faire son beurre sur la détresse des autres en voilà une idée qu’elle est bonne ! Honte à ces profiteurs qui bien évidemment se serviront au passage. Où va l’argent pour la musique militaire ? Peut on choisir celui qui va en profiter ? Qu’en pensent ces chanteurs qui régulièrement nous font la morale ? Un peu comme ces avocats payés par de l’argent sale du terrorisme ou/et de traffics maffieux ! Belle époque que je quitterai sans regret

  2. Pourrait on conseiller à la SACEM de taxer les marchands de pommeau de douche vu qu’il a été constaté que nous serions nombreux à chanter en nous livrant à cette cure de bien-être?

  3. On peut aussi avoir un organiste si on passe à l’Eglise….On le paie directement, et in the bab les profiteurs. Et c’est classe !

  4. Se faire du fric à toutes les occasions !!! Mais ce que je trouverais scandaleux ce serait la taxe forfaitaire pour tous. En effet pour les funérailles catholiques, on prend des cantiques et des antiennes chantées par les fidèles présents, les compositeurs n’étant pas rémunérés par la SACEM! Mais où va la FRANCE !

  5. Il n’y a pas de petits profits. On ne peut même que s’étonner que ces contorsions pour profiter de la détresse des familles de défunts n’ait pas été exploitée plus tôt par les requins de la finance, toutes origines confondues (Etat, SACEM, etc.).

    • Oui les oies sauvages de J-P Méfret excellent, j’ai d’ailleurs toute la collection en dvd dont l’un est dédicacé au feutre et même en cassette depuis les années 80. Sur les cassettes il y a même 3 chansons qu’il na pas réédité en cd.

  6. C’est pitoyable et en contradiction avec la loi, rappelant que la réunion d’adieu au défunt relève de la sphère PRIVEE ! Alors Mesdames et Messieurs les juristes, que diable, AU BOULOT.

  7. La SACEM collecte l’argent pour les auteurs-compositeurs. Vaste sujet. C’est devenu très difficile, le savez-vous, de vivre décemment dans de luxueuses demeures aux quatre coins du monde, afin de tenter d’éviter les affres d’un fisc français sans pitié, de devoir voyager en première classe pour ne pas croiser les gueux, toujours prêts à vous demander un autographe, de prodiguer, de la part de certains, des leçons de moralité à ces ingrats qui voteraient mal, paraît-il ; ne savent -ils pas, ces Français, que ce n’est pas simple de bien peu produire, sauf à faire le beau sur les réseaux sociaux et à gagner un maximum ad vitam æternam ?

  8. Et est-ce que les cortèges de certains mariages qui font partager des tubes de Khaled aux riverains devront aussi s’acquitter d’une indemnité à la SACEM…

  9. Et un « avec maria » ou autre musique religieuse, un grand classique….la Sacem fait payer aussi? Les droits d’auteur dans ces cas vont où ??

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