Suicide d’un vigneron : « Ce n’est plus de l’oubli, c’est du mépris froid »

Après le suicide d’un vigneron, l'eurodéputée Céline Imart dénonce la rupture entre l’État et le monde agricole.
Céline Imart, eurodéputée et agricultrice.

Dans un contexte de crise pour les agriculteurs, Christophe Blanc, viticulteur bordelais de 59 ans, s'est suicidé sur son exploitation alors qu'il faisait face à une situation financière désespérée. Devant ce drame qui touche les premiers acteurs du monde agricole, Céline Imart, députée LR au Parlement européen, réagit en dénonçant l'inaction de l'État qu'elle considère être un véritable « choix politique ».

 

Aliénor de Pompignan. Vous accusez Emmanuel Macron, dans un tweet récent, de ne plus écouter « la France profonde qui travaille et qui souffre ». Quand un vigneron se suicide dans ses vignes et que l’Élysée garde le silence, faut-il y voir une rupture définitive entre le pouvoir et le monde agricole ?

Céline Imart. Oui, il y a une rupture. Profonde. Quand un vigneron met fin à ses jours dans ses propres vignes, c’est tout un cri de détresse qui monte de nos campagnes. Et que fait l’Élysée ? Rien. Pas un mot. Pas un geste. Ce n’est plus de l’oubli, c’est du mépris froid. Emmanuel Macron n’écoute plus la France qui travaille, il se parle à lui-même. La France agricole, la France des terroirs, la France qui tient bon malgré tout : il ne la voit plus et n’en a que faire. Ce n’est pas une omission : c’est un vrai choix politique.

 

A. d. P. Christophe Blanc n’est pas un cas isolé : de nombreux agriculteurs parlent d’un mal-être alimenté par une avalanche de normes, une détresse économique et un isolement croissant. Face à cette urgence, qu’attendez-vous de Bruxelles et de Paris pour que ce type de drame ne se répète pas ?

C. I. Il faut arrêter de faire semblant de ne pas comprendre. Les agriculteurs ne demandent pas la charité : ils veulent juste vivre de leur travail et qu’on leur foute la paix avec des normes absurdes. Trop longtemps, le monde agricole a été étouffé sous une montagne de règles incompréhensibles. Et à ce sport, la France est la championne olympique incontestée des sur-transpositions : elle va très souvent plus loin que les règles européennes, souvent par posture idéologique. Un exemple concret ? L’acétamipride : l’Union européenne a fixé son interdiction pour 2033. En France, il est interdit depuis 2018, à cause de la loi Pompili. Résultat : nos agriculteurs sont pénalisés pendant que les autres producteurs européens arrivent sur le marché sans problème.

Pourtant, nous avons aujourd’hui une fenêtre de tir pour faire évoluer la réglementation vers plus de pragmatisme et de réalisme. La preuve : le nouveau commissaire à l’Agriculture lance à tour de bras des mesures de simplification qui vont dans le bon sens. Il faut poursuivre pour libérer les forces productrices et, enfin, laisser tranquilles ceux qui travaillent la terre.

 

A. d. P. Alors que les ventes de vin sont en berne et que les modes de consommation évoluent, certains dénoncent une politique hygiéniste qui pénalise nos terroirs. Comment défendre notre modèle agricole français dans un système qui semble privilégier l’aseptisation ?

C. I. On veut tuer la culture française au nom d’un puritanisme déconnecté. Le vin, ce n’est pas juste un produit : c’est un symbole, un art de vivre, un pan entier de notre identité. Mais aujourd’hui, entre les campagnes anti-alcool, les restrictions absurdes et les discours culpabilisants, on criminalise presque le fait de boire un verre. Cette logique hygiéniste, aseptisée, c’est une guerre culturelle déguisée. Le problème, ce n’est pas le vin, c’est la perte de repères. Défendre notre modèle agricole, c’est défendre un modèle de civilisation : celui du goût, de la transmission, du travail bien fait. Il faut remettre du bon sens dans nos politiques et redonner de la fierté à nos paysans. Ce n’est pas à la France de s’excuser d’être la France.

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Il y a une opération de désintégration du monde agicole, sans doute parce qu’il représente cette France que le pouvoir en place déteste. Mettre l’agriculture à bas c’est détruire la France. Les syndicats ont leur part de responsabilité.

  2. avec cette politique de lâcheté et le mensonge qui est devenus leurs langages sans notre réaction on vas disparaître sous peu

  3. Du mépris, sûrement, mais aussi de l’embarras devant une situation anxiogène qui doit s’étendre à tous les viticulteurs. Quelle tragédie de se suicider, acculé tout en travaillant, alors que tant d’argent est distribué à ceux qui ne font rien.

  4. Personne et surtout pas « les escrologistes », ne m’empêchera de boire un petit verre de vin au cours du repas de midi et du soir … Vive la vigne et les vignerons.

  5. Quelle est la différence entre un paysan et un fonctionnaire ? Il y en a un qui travaille dure toute l’année et qui n’est pas certain d’avoir un revenu pour en vivre et l’autre qui peut glander mais qui est certain de recevoir un salaire confortable !

    • Fonctionnaire retraitée, avant, ceux qui n’étaient pas très courageux au travail pouvaient se cacher ds les administrations, puis les services ont soustraité avec le privé, début du changement ; puis les services ont été « dégraissés » avec les départs à la retraites non renouvelés… Avec toutes les entrées d’étrangers à forciori les illégaux je doute que les fonctionnaires glandent…. il faut arreter de les stigmatiser !

  6. Bien sûr que c’est du mépris ,les ploucs,les sans-dents,les bas du front…au plus haut de l’état et ce n’est pas d’aujourd’hui, j’ai quarante récoltes derrière moi…je sais de quoi je parle (le troc de Michel Debré des moteurs électriques CEM avec l’Argentine déjà) je m’en souviens. Et ce mépris aujourd’hui s’est transformé en non-assistance à personnes en danger.Et du côté de Bruxelles ,c’est plutôt de la maltraitance:on continue de sacrifier l’agriculture et celà se transforme en désespoir chez certains et en haine chez d’autres .Gare aux survivants

  7. mais qu’est ce qu’attendent les députés pour virer ce macron ?
    il faut le virer, licenciement sec sans indemnité. Il s’est assez rempli les poches. il faudrait même qu’il rendent des comptes, lui le maire( les deux mozart de la finance…).
    Le licencier et quitter l’ue.

  8. C’est bien entendu le monde politique mais aussi celui du public, devenu prétentieux et bêtes au point de ne plus savoir qui les payent. Mais aussi les médias, même tous ces parigots qui interviennent dans Cnews sont à côté de la plaque leur seule référence reste leur mode de vie de grandes villes. Tout ce monde littéraire bien trop payé pour le peu de travail fourni est devenu bien trop nombreux et le privé méprisé en commençant par les retraités du privé ceux qui ont trimé pour les autres et pour faire encore un peu de richesse ceux qui ont travaillé et payés sur bien plus d’heures que toute cette nouvelle prétention et qui aujourd’hui sont moins bien traités que les migrants et fainéants d’ici ou d’ailleurs, ceux que l’on veut faire disparaître une fois qu’ils ne rapportent plus de fric à toute cette politique de tous poils car à bien regarder ce qui se présente pour les prochaines élections locales et nationales il y a de quoi avoir envie d’entrer en résistance.

  9. Si macron est méprisable, l’ensemble de cette caste médiatico-politique est sont corollaire, ils sont tous méprisables, lâches, serviles.

  10. Que ce soit la mort d’un agriculteur ou celle d’un jeune, macron n’en a strictement rien à faire car la FRANCE et les français sont ce qu’il répugne au plus profond de son existence ! …
    Les quelques phrases qu’il a vomis encore ce mardi 13 mai 2025 en ont encore donné la preuve …
    Le « Monde paysan français » est en grand danger car l’UE ne veut plus aucune souveraineté même alimentaire dans chaque pays étant dans l’UE ! …

  11. Lors d’une émission de radio, il y a qq années, j’ai gardé le souvenir des paroles d’un médecin à propos du vin: « on n’ose pas dire que c’est bon tellement l’excès est mauvais. » Il serait temps de redécouvrir ce qui est bon en écartant ce qui est mauvais et que la profession le fasse savoir. Chaque bouteille devrait en faire mention. Et les représentants de cette profession devraient le clamer haut et fort et souvent!

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