Solignac : le pari bénédictin déclenche les foudres anticléricales

Paisible commune rurale du Limousin de quelque 1.600 habitants, Solignac est depuis quelques mois le théâtre d’un mauvais remake de Don Camillo.
L’abbaye bénédictine de Flavigny-sur-Ozerain, en Bourgogne, souhaitait depuis longtemps essaimer en France, la cinquantaine de moines se trouvant à l’étroit dans ses murs. À l’heure où la majorité de nos compatriotes n’a qu’une vague idée de ses racines chrétiennes qui imprègnent pourtant l’histoire et la géographie françaises, il y a de jeunes Français qui font le pari bénédictin, pour reprendre l’expression de l’écrivain Rod Dreher. Cette communauté a donc acheté au diocèse de Limoges l’abbaye de Solignac pour y installer une dizaine de moines… et y restaurer la vocation bénédictine du lieu, dont la fondation remonte au grand saint Éloi.
Tollé dans le village, nous dit-on ! Scandale, une abbaye ne devrait pas être « arrachée » à des villageois et retrouver sa vocation première, d’autant que l’église du village, l’abbatiale, dont la commune est propriétaire mais le diocèse l’affectataire exclusif, selon la loi de 1905, l’abbatiale, donc, va retrouver pleinement son rôle : un lieu de culte où les moines pourront, sept fois par jour comme le veut la règle bénédictine, célébrer leurs offices ad orientem. « L'abbaye est de base un lieu cultuel et non pas culturel », rappelle tranquillement Mgr Bozo, évêque du lieu.
Une jolie histoire me direz-vous, qui va à rebours de cette déchristianisation galopante que connaît l’Occident chrétien : qui ne reconnaît pas le caractère et l’élan missionnaire d’une communauté religieuse non pas mourante mais en pleine expansion ? Comme l’explique au Figaro Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges qui a vendu aux moines l’abbaye, « la tendance est davantage à la fermeture des monastères qu’à leur fondation, chacun, croyant ou non, peut se sentir fier. La vie bénédictine, initiée en ce lieu par saint Éloi en 638, interrompue par la Révolution française, y reprendra donc. »
Une minorité de villageois ne l’entend donc pas de cette oreille : lors de l’installation du nouveau prieur de l’abbaye, le 28 novembre dernier, dans une église comble et en présence de l’évêque de Limoges et de celui de Dijon, ce petit groupe a accueilli les moines qui n’en demandaient pas tant par un concert de casseroles… Une minorité qui fait feu de tous arguments pour contester ce retour des moines bénédictins. En effet, l’un des terrains de l’abbaye était depuis 2018 prêté par le diocèse : compétitions sportives, vide-greniers et autres fêtes de l’huître s’y déroulaient. Le diocèse a donc décidé, en cédant l’abbaye aux moines, de revenir sur cette tolérance. Comme l’explique Mgr Bozo au micro de France 3 : « Il ne faut pas qu’on nous reproche d’avoir prêté ce terrain à la mairie. Est-ce que cela veut dire qu’on n’aurait pas dû le prêter ? Dans ce cas, il n’y aurait eu aucun problème ! »
Des paroissiens en colère
D’autres, comme Noëlle Gilquin, membre de l’ancienne équipe liturgique paroissiale, déplore : « Si nous voulons aller à la messe, il faudra aller à la messe des moines, en latin, le dos au peuple. » Elle poursuit : « Le Moyen Âge est passé, ce n’est pas acceptable. » Celle qui est aussi une figure de la défense du patrimoine local s’exclame encore, dans les colonnes du Figaro : « Là où on a un problème, c’est leur mainmise sur notre église paroissiale. Nous, on souhaitait des moines amis, pas des moines conquérants ! Cette église, c’est là où on a enterré la grand-mère, baptisé le petit, où j’ai fait ma première communion, là où on vient se marier de tout le Limousin. Et voilà que tout est fini ! L’église sera réservée aux Solignacois, le samedi entre 15 heures et 17 heures ! » Et de conclure : « Et notre concert de Noël aux chandelles, qui était devenu une institution, comment on va faire, maintenant ? »
Une rancœur qui trouve écho, rapporte Le Figaro, dans le collectif Soli Niaque qui s’élève contre « l’arrivée à Solignac du fondamentalisme chrétien, du repli sur soi et de tout son cortège d’adorateurs que compte l’extrême droite traditionaliste ». Rien de moins !
Il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que cet avis n’est pas partagé par tous, loin de là. L’arrivée de moines dans une abbaye, outre une foi locale revigorée, raffermie, signifie prosaïquement l’émergence de tout un écosystème catholique : l’arrivée de fidèles, de familles à l’abbaye, pour des vacances à l’ombre des murs antiques où résonnent les offices grégoriens, pour une retraite et, pourquoi pas, pour s’établir durablement dans la proximité des moines. Au Barroux, à Lagrasse, partout où vivent et renaissent des abbayes, les villageois pourront vous en parler !
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37 commentaires
je suis catholique pratiquant chaque dimanche
On constate que certains catholiques n’ont pas compris ce qu’est la vraie religion dans la spiritualité
Oui, de fait rien de bien nouveau dans notre France profonde, ce type d’opposition voit le jour à chaque implantation ou réimplantation d’une communauté chrétienne, il en est de même pour contrer le dynamisme de l’Abbaye de Lagrasse dans l’Aude, etc., etc., tous ces gauchos et autres anticléricaux sonnent l’halali, mais tous ces braves gens sont prêts à accepter et même parfois à encourager toutes formes de communautarisme, donc de division sociétale, au nom d’un multiculturalisme de mortifère.
Et ce sont « ces gens là » qui vomisse le christianisme, mais accueille avec le plus grand plaisir l’islam!!! le comité machin aurait il préféré que leur eglise paroissiale soit transformée en mosquée???
La Gilquin est une grande ignorante. Le Moyen Age fut une période de foi intense, et un peu de latin, notamment dans les chants, nous rattache à la tradition bimillénaire (et donc au Christ), à la communion des Saints, sans laquelle nous ne sommes que de grotesques bobos.
L’immense abbaye de Bonnecombe (en Rouergue) à est à vendre
Cathos de droite-les tradis -contre cathos de gauche- adeptes de Vatican II
Ce n’est pas si tranché et ce n’est pas si simple tant qu’il restera des vieux qui ne s’habituent pas à la modernité et qui préféreront toujours une messe de Mozart aux accords rythmés d’une guitare de rock.
Ce qui perdure et ce qui attache c’est une forme de pérennité où chaque génération retrouve la précédente dans une Foi immuable et dans des rites inchangés ….des racines en somme.
Cette brave dame qui parle de la messe dos au peuple sait elle au moins pourquoi la messe traditionnelle de Saint Pie V se célèbre ainsi, tout simplement parce qu’à l’origine dans les Eglises, l’Autel était tourné vers le tombeau du Christ, lui, lui dit peut être quelque chose.
par vers le tombeau du Christ mais la représentation du Christ sur la croix , l’hôtel et le tabernacle contenant les hosties . La messe étant dite face au Christ et non face à la foule .
Autrement dit, on se tourne vers le « Saint des Saints » Corps du Christ, nouvelle Alliance, dans le tabernacle, comme autrefois l’Arche d’Alliance dans le Temple (de Jérusalem)!
Quand » le cordonnier Pamphyle (eût) élu domicile (en ce lieu archaïque) bien il s’en trouva » dit la chanson . Je suis porté à le croire aisément .
Encore des incultes de villageois qui nous « emmerdent »
Ce ne sont peut être pas des villageois, mais des gauchistes faisant partie des destructeurs de notre civilisation, vous savez, ceux qui ne supportent plus les calvaires et les diverses statues sur le domaine publique reniant de ce fait l’histoire de notre France .
En tant que non vacciné comment dois-je le prendre?
Cela ne dérange que les gauchos de la République, ceux qui à petits feux ont détruit la France qui doit beaucoup aux moines du passé en terme de richesse alors que les gauchos n’ont fait que des dettes.
Oui, le Limousin est une terre socialiste gaucho, ceci explique sans doute cela ! Sans doute regretteront-ils les moines, quand l’abbaye sera transformée en mosquée, comme Ste Sophie de Constantinople !!!
Les moines et la communauté chrétienne ont le devoir de s’entendre. C’est aussi et surtout ça être chrétien. Les évêques et les élus municipaux doivent montrer l’exemple aux citoyens. C’est ce qu’on attend d’eux.
Je serais bien surpris si les villageois ne trouvaient pas un terrain d’entente avec les moines, pour continuer leurs quelques fêtes locales importantes… Et pour avoir droit à une messe le dimanche matin…
C’est bien le seul commentaire intelligent que j’ai lu. Bravo
Ce sont de drôles de paroissiens que vous nous décrivez là madame d’Armagnac. Où est le retour au moyennage si la messe est célébrée en Latin, car comme le chantait feu Charles Brassens: « sans le Latin, la messe nous em…de »!
Depuis trente ans, je suis orthodoxe tant je ne comprends pas justement « l’esprit paroissial catholique » depuis que le latin est perdu ! le Sacré n’a pas de mode et ce christianisme occidental de mises en scène multiples en chaises vides montre bien l’absence « d’Adoration, de Vénération » ! Trop triste.. Seuls, oui, les monastères portent le goût de l’absolu, du Don total… Que Dieu aide !
Si Dieu est Dieu, Il ne peut être qu’immuable . Vous avez raison . Pourquoi Rome court-il après le monde de Satan depuis les années 50 ?
J’apprécie votre raisonnement, merci.
Bonjour, envie d’ajouter ceci : l’étonnant ici est l’incompréhension villageoise alors que la règle de St Benoit inclue l’Eglise abbatiale, « offerte »au village, ce qui n’est pas le cas des Cisterciens et des Chartreux par exemple. Quant à l’Orthodoxie, trois ans en Bulgarie, du temps des soviets, m’ont bouleversée au point de me dire si j’ai la foi à nouveau c’est là où j’irai (rue Daru, Paris !). L’Eglise baillonnée fut une Eglise martyr pendant plus de cinquante ans.
J’ai la chance d’avoir une Abbaye bénédictine pas très loin de chez moi et
c’est un véritable plaisir de retrouver la messe chantée en grégorien et le rite presqu’inchangé que j’ai connu dans ma jeunesse !
Voilà un beau cadeau pour vous ! un jour, j’ai voulu lancer un désir médiéval : une chaine d’amour, de prières, autour de nos monastères !Que chaque jour, un (au moins un) fidèle passe une heure dans une abbatiale pour prier pour.. la France !! pas d’écho.. cela aurait été joli : tous les monastères de France avec un « adorant » anonyme, mystérieux mais pourtant.. Com-Union !! Ce qui est simple est devenu « compliqué ».. Sourire !