Scholz parle à Poutine : Zelensky est furieux, mais c’est un nouveau tournant

Scholz a compris depuis des mois que la négociation avec Poutine était la seule issue. L'élection de Trump l'y encourage
© European Union via Wikimedia commons
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Olaf Scholz ne sera peut-être plus chancelier, dans quelques mois. Mais l'Histoire retiendra que, parmi les dirigeants européens, c'est ce chancelier social-démocrate qui aura été à l'origine de la fin de la guerre en Ukraine. En effet, après toute une série d'initiatives tempérant les surenchères va-t-en-guerre des pro-Ukraine et souhaitant des négociations de paix avec la Russie, comme ses déclarations de début septembre commentées par Georges Michel, il vient de franchir un nouveau pas : il a téléphoné à Poutine, deux ans après la rupture des contacts. Le Monde souligne l'importance du geste : « Il s’agit du premier échange formel depuis deux ans, non seulement entre le chancelier et le président russe, mais aussi entre un dirigeant occidental et le chef du Kremlin. »

La teneur de l'entretien

Le chancelier a réitéré la condamnation de l'agression russe et la mobilisation de troupes nord-coréennes, mais ausi demandé à la Russie de démontrer qu’elle serait « prête à des négociations sérieuses avec l’Ukraine dans le but de parvenir à une paix juste et durable ». Un appel pour la paix, donc. De son côté, Poutine a mis en avant les « nouvelles réalités territoriales », avec une progression continue des troupes russes : « De potentiels accords doivent tenir compte des intérêts de la Fédération de Russie concernant la sécurité, se fonder sur les nouvelles réalités territoriales et, surtout, s’attaquer aux causes profondes du conflit », selon les propos du porte-parole du Kremlin rapportés par les agences de presse russes. Il a répété que la « crise en Ukraine était le résultat direct de nombreuses années de politique agressive de l’OTAN ».

Quoi qu'en pensent certains dirigeants occidentaux, il va bien falloir entendre enfin cette lecture des événements. Évidemment, Zelensky a condamné l'initiative allemande : pour lui, Scholz a « ouvert la boîte de Pandore » avec cette « tentative d’apaisement » envers Moscou, utilisant la rhétorique des années 30 face à Hitler. Il était dans son rôle.

Les raisons de Scholz

L'initiative de Scholz était prévisible et s'inscrit au carrefour de trois logiques convergentes, et convergentes vers des négociations de paix. D'abord, bien sûr, l'élection historique de Trump, et sa promesse de mettre fin rapidement à cette guerre. Zelensky lui-même l'a reconnu : « Il est certain que la guerre se terminera plus tôt avec les politiques de l’équipe qui va maintenant diriger la Maison-Blanche. C’est leur approche, leur promesse à leur société. » Même si Le Monde a raison de souligner que « personne ne sait encore ce que le 47e président des États-Unis veut réellement faire », il a probablement encouragé Scholz dans son initiative. Ensuite, le chancelier a été poussé par des considérations intérieures : le soutien à l'Ukraine, très coûteux pour l'économe allemande, y est moins populaire, et il va au devant d'élections difficiles, dans un contexte de poussée de l'Afd. Dans un pays longtemps dominé par l'idéologie pacifiste, il y a là un moyen de redorer une image dégradée. Enfin, il y a la réalité du terrain : celui du front, que l'armée russe grignote village après village ; et celui de la géopolitique : l'Allemagne a tout intérêt (et l'Union européenne, évidemment) à une pacification durable de cette Osteuropa indispensable à sa puissance. Avec cet alignement des planètes, en ces lendemains de 11 novembre, il n'est pas interdit de penser que Scholz ait aussi perçu à quel point un nouvel hiver de guerre - et d'une guerre qui ressemble parfois autant à 14-18, avec ses dizaines de milliers de morts et de blessés, qu'à la Guerre des étoiles - serait une nouvelle honte pour l'Europe.

Évidemment, pour nous Français, ce coup de fil Scholz-Poutine souligne douloureusement l'absence de la France : un chancelier allemand, même affaibli intérieurement, pèse donc plus sur la scène européenne et mondiale que notre Président français, aux positions erratiques et à la parole démonétisée. Comme le redoutait Georges Michel, il y a deux mois, on peut craindre « que la France, [...] n’ait à se contenter d’un strapontin à la table des négociations et de miettes lorsqu’il s’agira de penser reconstruction et gros sous ».

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

67 commentaires

  1. La Trouille que Trump lui coupe le cordon de la bourse, Zelensky semble admettre d’un seul coup que la paix pourrait être possible !! Il serait temps qu’elle advienne cette paix après les centaines de milliers de morts (des deux côtés) et la destruction d’une grande partie de son pays dont la reconstruction se fera avec … les deniers de l’Europe, bonne fille !! Quand à l’abonné absent, Macron, lui, se contente de voyager autour du monde. Les conflits, les guerres, tout cela lui passe au-dessus de la moumoute. Il semble attendre avec impatience 2027.

  2. Au nom de quoi Poutine s’arroge le droit d’envahir un pays et de s’approprier des terres ? Quoiqu’on puisse penser de Zelenski, c’est Poutine l’agresseur.

    • Je crois que les US entre autre la famille Biden et black rok ce sont appropriés une bonne personne du foncier Ukrainien avec des dollars made in US. N’est t elle pas belle la vie?

  3. On constate une fois de plus que la France n’est plus rien à l’échelle internationale.
    Nos derniers Président n’ont pas plus brillé dans ce domaine que dans les autres et ont mis la France très bas avec leur inexpérience et leur incompétence et le dernier s’accroche pour nuire un peu plus chaque jour.
    Les allemands qui dirigent deja l’Europe et nous font payer leurs erreurs notamment au niveau énergie vont réorganiser l’Europe a notre détriment.
    Les anglais l’ont vu venir, bien sûr pas nous.

  4. La France cocue grâce à un Macron démonétisé, ridiculisé, déconsidéré à l’étranger, mais dangereux pour son peuple qu’il a ruiné. Actuellement, il doit manger son chapeau puisque la guerre qu’il voulait tant n’aura pas lieu.
    Mais en parlant de bruits de guerre, aurons-nous droit, grâce à lui, à une guerre de Troie sur notre propre sol ? telle est la question angoissante, mais réaliste…

    • Il faudra lui offrir le guide du routard lorsqu’il partira et voter une loi qui le prive de son viatique d’ancien président .

  5. L’Allemagne aurait dû s’allier à d’autres pays pour entamer des discussions avec Poutine mais ce monsieur espère gagner des électeurs .

  6. Curieusement quand des soldats chinois ont servi au Yémen avec des saoudiens contre les rebelles Houtis , en 2017.
    On a pas entendu les USA protester

  7. L’Allemagne a absolument raison d’agir, enfin, pour ses intérêts. Pourquoi n’en faisons-nous pas de même? Nous sommes les seuls au monde à ne pas le faire. Vivement la fin de l’UE et de l’Euro. Les pays européens s’entendront mieux entre eux sans cette calamité qu’est l’UE : appauvrissement, guerre, totalitarisme bien-pensant et woke, folie immigrationniste, tyrannie des minorités, pass liberticide, injection inconnue forcée, pompe à « fric »… Et pourtant beaucoup en veulent encore. Désespérant.

    • L’UE nous nuit et tente de démolir tout ce qui peut faire obstacle à ceux qui la dirige: les allemands.
      Quittons vite cette organisation nuisible et rappelons nous que nous avions voté contre, nous croyanteen démocratie.

      • Oui, les français avaient voté contre mais aujourd’hui, malgré la preuve du monumental échec de l’UE, ils voteraient « pour ». Les cerveaux sont tellement endoctrinés de bien-pensance progresso-gauchiste que le « oui » à l’UE l’emporterait largement. Les partis pro Frexit font en tout 2%…(Le RN étant devenu au fil du temps pro UR, pro euro, pro Otan…macroniste en fait)

    • Nous avons un président le plus stupide de l’Histoire. Encore deux ans à subir et la France sera devenue un pays du quart-monde à moins de le virer avant suite à une nouvelle censure

  8. C’est très bien qu’un dirigeant  » europeen »renoue le dialogue avec M Poutine..et il est dommage que ce soit pas comme porte parole des autres pays.
    Par contre, il est gênant qu’il l’ait fait tout seul,et pour des raisons de pure politique interne à son pays..juste pour son electorat et pour plaire à M.Trump..comme d’habitude l’allemagne n’agit que pour ses interets: mercosur, frontieres immigration.et aide a mettre fin aux hostilités en Ukraine…Même si c’est extrêmement souhaitable…

    • L’Allemagne défend ses intérêts contrairement à la France, la réalité nous revient comme un boomerang et cette fois-ci Poutine ne se laissera « rouler dans la farine » comme Gorbatchev , il aura bien raison.

  9. L inconstant Macron est en train de rater un episode. Il court le monde ( Amerique Latine, moyen orient) pendant que l Allemand se positionne vis a vis de Poutine et Trump pour installer l Allemagne au coeur de la reconstruction de l Ost. La politique de Macron vis a vis de la Russie a ete aussi claire que sa politique vis a vis d Israel

  10. Donner du « crédit diplomatique » aux dirigeants allemands depuis des millénaires fallait oser ! …
    Que ce soit scholz ou n’importe quelle autre girouette placée à la tête des RFA/RDA associées ou pas, ils ont tous fait une chose : privilégier die Großdeutschland envers toute autre nation européenne ! …

    STOP à cette UE avalisée par l’allemagne et son industrie ! … « Chacun chez soit et les vaches seront bien gardées ! … »

    • En allemand, le nom propre Deutschland » est neutre. Il fallait donc écrire « DAS Grossdeutschland » ! Et le proverbe dit « Chacun chez SOI » (sans « t »).
      Pour monter au mât de cocagne, disent les Vendéens, il ne faut pas avoir la caleçon braineux.

      Quant au fond de votre propos, il ne mérite aucun intérêt.

  11. Ni Poutine, ni Zelensky ne veulent perdre cette guerre et perdre la face. Nous sommes donc face à une guerre d’usure qui peut se prolonger des années, avec les drames que l’on connait, de part et d’autre. Une négociation doit s’engager pour y mettre un terme. Scholz saisit l’opportunité de l’élection US et devance le programme prévisible. Bien joué, quand nous autres sommes disqualifiés. On devine les paramètres de la négociation: Redéfinition de la frontière russo-ukrainienne et neutralité de l’OTAN…

  12. Voilà que le quasi sortant chancelier Scholz fait carrément du Trump et reprend même les positions de l’Afd ! Essaie-t-il de se refaire la cerise in extremis ? Mais il est vrai que l’Allemagne n’a pas du tout les mêmes intérêts que la France en Europe. L’effet domino va gagner progressivement toute l’Europe et Zelensky a bien du souci à se faire.

  13. Il est urgent qu’un certain E.M. doit être démissionné ou démissionne, pour permettre de nouvelles élections et mettre à la tête de l’état un homme à poigne, qui aime la FRANCE !

    • Tout à fait, je pense à Zemmour, le seul qui pourra s’imposer et qui appliquera son programme, ce qui surprend un certain Hollande d’où son adage « les promesses n’engagent que ceux qui y croient » (sic)

  14. Cette guerre coûte 3 millions d’euros par jour au contribuable .
    Entre les subventions de l’UE a L’Ukraine et l’hébergement des réfugiés.
    L’aide militaire

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