[SATIRE A VUE] À Bercy, Antoine Armand se dit chanceux « d’un tel bilan » !

Ministre de l'Économie depuis trois minutes, Antoine Armand est déjà en proie à l'ivresse des profondeurs.
Capture d'écran X
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Ministre de l'Économie depuis trois minutes, Antoine Armand est déjà en proie à l'ivresse des profondeurs. Par moins 3.000 milliards ! Le capitaine de l'épave apparaît merveilleux, l'équipage méritant. Et ces budgets déformés par la pression. Quelle beauté !

En retrait de la tribune où s'exprime son successeur, Bruno Le Maire se repaît des bulles de celui qui vient de le rejoindre tout au fond. Cette passation des pouvoirs restera gravée dans les mémoires de la Macronie maritime. Avant de rejoindre la surface, il est bon d'entendre dérouler les noms de ceux qui accélérèrent le naufrage. Il y eut « la ténacité d'Olivia Grégoire », qui sut maintenir la tête sous l'eau des centaines de PME. Sous le coup de l'égarement sous-marin, cela devient : « Les commerces de proximité, les très petites entreprises, les PME ont tenu bon à travers les crises, elles ont continué à se développer partout en France. » La Tribune peut bien crier que « les défaillances d'entreprises ont bondi de 23 % en 2024 », le son peine à parvenir jusque dans les abysses où se déroule la cérémonie.

Évoquant la lumière qui ne parvient pas non plus jusqu'à ces profondeurs, le nouveau plongeur n'oublie pas « les collaborateurs et collaboratrices qui ont travaillé d'arrache-pied, souvent dans l'ombre ». Par respect pour leur abnégation, Antoine Armand ne parlera pas de totale obscurité. Mais assez de félicitations abstraites, le temps est venu de donner les chiffres de l'une de ces réussites ahurissantes. Le pivot central de l'économie française a bondi : « Il y a sept ans, seuls 20 % de la France avaient accès à la fibre. Aujourd'hui, ce sont 90 %. » Grâce à cette accession vers la technologie, les citoyens ont pu suivre en direct la lente descente vers le plancher des poissons. À chaque centaine de millions engloutis, ils frissonnaient. À chaque nouveau déficit, ils exultaient.

Éviter les requins tueurs...

Le nouveau venu ne tient pas à noyer les journalistes présents sous un flot de chiffres. « Face à de telles réussites, j'aurais pu en citer beaucoup d'autres, je mesure la chance d'hériter d'un tel bilan. » « Et si on reparlait de la fibre ? », lance un assistant de l'ex-ministre. Non. Antoine Armand en a déjà trop dit. Dans le monde du silence, la baisse du pouvoir d'achat de 0,5 % dans le privé entre 2017 et 2023, évoquée par Marianne, passe sans bruit, le déficit public de 3,4 % devenu 5,6 % sous le règne de Bruno Le Maire se faufile discrètement entre les mailles du filet. Les journalistes qui espéraient remonter une bonne prise de conscience de « la situation budgétaire très grave » constatée par le Premier ministre rentreront bredouilles à leur rédaction. Le commandant Cousteau de l'économie a su éviter les requins tueurs qui guettaient les contre-performances de son prédécesseur.

Par téléphone, Michel Barnier a conseillé à son ministre de bien respecter les paliers de décompression avant de prendre connaissance de l'état des finances françaises. Il lui aurait également demandé s'il parlait bien de la France... On ne sait jamais... Monaco, la principauté d'Andorre, la Suisse.... Tout le monde peut se tromper.

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Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

Vos commentaires

64 commentaires

  1. De toutes les façons , « quoi qu’il en coute » ce ministre sera toujours rémunéré et recasé en cas d’échec, alors youpi !!!ne soyons pas morose

  2. Je viens de regarder une nouvelle fois le si beau et émouvant discours d’Antoine Armand et à nouveau, je n’ai pu m’empêcher de verser une larme, puis après avoir repris mes esprits, j’ai eu peur d’avoir à pleurer bien plus à la fin de son mandat, devant ce que sera sûrement devenu l’état des finances de la France.

  3. Si il trouve que le bilan de Lemaire est formidable à quoi doit on s’attendre avec son successeur ?
    Donc nous n’avons plus à nous inquiéter , l’UE devrait même nous restituer du trop perçu de contribution et les impôts ne seront pas révisés à la hausse prochainement .

  4. Une dette effarante et ce personnage semble heureux de la situation dont il hérite ? S’il en fallait encore, c’est bien la preuve que tous ces ministres, sous-ministres, élus, etc. sont tout à fait conscients que jamais ils ne seront mis en face de leurs responsabilités, pas comme le moindre ouvrier d’une entreprise privée …

  5. Ah! Si Macron avait nommé Jany Leroy à Bercy, nous n’aurions pas autant d’autosatisfaction… nous n’avons pas besoin des sourires d’Armand. C’est de la sueur et des larmes qu’il nous faut…

  6. Il y a Bruno, il y a Antoine et puis Olivia, ils sont tous là , et satisfaits ; au fond ils ont raison c’est 3 000 milliards de dette , ça aurait pu être 4 000 !

  7. Et malgré tout cela les Français n’ont pas voté pour ceux qui veulent quitter l’Union européenne, alors continuons

  8. D’une certaine façon, il a raison. Il a beaucoup de chance parce qu’il lui sera difficile, voire impossible de faire pire.

  9. Je ne sais si chacun mesure bien le niveau atteint … ce Môsieur est une synthèse aurait pu dire le regretté Bernard Blier

  10. Parlons un peu de la fibre, augmentation notoire des frais pas réellement de points positifs, coupures fréquentes dues à des chutes d’arbres sur la fibre aérienne dans les régions forestières (LANDES par exemple) ou par des concurrents déloyaux empruntants votre branchement pour un de leur client bref pour moi aucun intérêt par rapport à l’ADSL

  11. Avec un ministre des finances tel que celui ci, l’Union Européenne va laisser gentiment la descente en apnée profonde se poursuivre jusqu’à la noyade. Avec un premier ministre tel que Bardella, elle aurait immédiatement mis la France sous tutelle, comme autrefois la Grèce dont l’état n’était pas pire, et serait en train de ponctionner notre petite épargne individuelle…

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