[SANTÉ] Nouveau ministre de la Santé : le dossier chaud de l’hôpital public

Le nouveau ministre de la santé, Mme Darrieussecq, devra gérer le déficit colossal des hôpitaux publics.
poches vides

Il y a quelques jours, le 18 septembre, Rémi Salomon, président de la Conférence des commissions médicales hospitalières, déclarait sur France Info : « L'hôpital public est en grande difficulté, on a un déficit qui est estimé à peu près à deux milliards à la fin de l'année, ce qui est considérable, on n'avait jamais atteint ce niveau-là. » Il ajoutait : « La santé a un coût, et ce coût augmente chaque année, notamment en raison de la population qui vieillit et des traitements techniques qui coûtent de plus en plus cher. » Et concluait : « Il faudra donc qu'on calcule le budget en fonction des besoins du secteur de la santé. » Il serait en effet temps de penser en termes de besoin plutôt qu'en termes de rentabilité comme on le fait sans résultat depuis des années.

Et si on calculait en fonction des besoins ?

Il faudra un jour, effectivement, arrêter de raisonner en technocrate pour raisonner en humaniste, car la santé n'a peut-être pas pour mission d'être rentable, pas plus que la défense nationale ou l’éducation. Les nouvelles techniques médicales coûtent très, très cher, mais sont indispensables au fonctionnement d'une médecine moderne comme on peut espérer en bénéficier en France. Pour ne pas avoir à sacrifier les dépenses liées à ces techniques, les dirigeants des hôpitaux publics sont tout naturellement tentés de rogner sur les frais de personnel, au détriment de la relation malade-soignant qui nécessite forcément un minimum de temps à accorder à chaque patient.

La France compte presque 3.000 structures hospitalières, dont environ 1.300 dans le secteur public et 1.600 dans le secteur privé. D’après un rapport publié en avril 2024 par la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), les hôpitaux publics français emploient plus d'un million de personnes, soit, selon La Croix, un effectif équivalent à ceux de Carrefour, La Poste et Peugeot réunis. Toujours d'après la DREES, entre 2020 et 2022, le nombre de salariés de la filière administrative a augmenté de 1,5 %, tandis que le nombre de salariés de la filière soignante a baissé de 1,3 %. Il va donc être difficile, si l'on veut faire des économies, de rogner encore sur le budget alloué au personnel soignant (médecins, infirmiers, aides-soignants) sans altérer la qualité des soins. En revanche, on pourrait se poser quelques questions sur le nombre pléthorique du personnel administratif dans les hôpitaux et leur réelle utilité.

Les hôpitaux publics dans une situation financière intenable

Dans cette crise financière que traverse actuellement l’hôpital public, les comptes des établissements ont rarement été autant dégradés, ce qui a fait dire à Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes : « Les hôpitaux publics ont connu une perte financière de 1,3 milliard d'euros en 2022, cette situation financière n'est pas tenable. » Hélas, elle s'est aggravée depuis, comme le rappelle Rémi Salomon, sur France Info. Parmi les multiples raisons de ce gouffre financier, certains économistes de la santé comme Jean de Kervasdoué, estiment que « le service public hospitalier se dégrade car il y a trop d'État, trop de normes et aucune incitation qui permette au gestionnaire de gérer et donc de reconnaître et de favoriser l'excellence ».

Parmi tous les dossiers « chauds » qui l’attendent, le nouveau ministre de la Santé, Geneviève Darrieussecq, aura donc beaucoup de travail pour essayer d'améliorer le fonctionnement des hôpitaux publics et faire en sorte, comme le souhaite Rémi Salomon, qu'on calcule le budget en fonction des besoins, ce qui, hélas, ne sera peut-être, une fois de plus, qu'un vœu pieux.

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Dr. Jacques Michel Lacroix
Médecin - Médecin urgentiste et généraliste

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Principe fondateur de la sécu :
    1) Assurance contre les accidents de la vie : maladie, maternité, invalidité, handicap, accidents du travail, maladie professionnelle, vieillesse, décès.
    2) Affiliation obligatoire
    3) Sa mission effective est claire : à tout moment, elle prend aux uns pour, si certaines circonstances « malheureuses » arrivant avec incertitude se réalisent, donner aux autres,
    4) Quiconque travaille ou réside en France et y touche des revenus est obligé (sous peine d’amendes) de verser à l’organisation des cotisations à raison de ses revenus.
    En contrepartie, il reçoit, le cas échéant, des Remboursements, Indemnisations, Réparations,
    Conclusions : la sécu ne doit pas rembourser tout ce qui n’est pas une maladie (esthétique, , transitions de genres, PMA, GPA) et tous ceux qui n’ont pas cotisé : fausses cartes vitale, clandestins (en dehors d’un risque vital immédiat comme hémorragie, péritonite, infarctus = AMU). Cela ne résoudra pas toute l’équation hôpital. Mais sans ces fondamentaux, il n’y a aucune chance d’y arriver.

  2. Il est remarquable de constater qu’à la question posée en conclusion de votre article ci dessus, L’ENSEMBLE DES COMMENTATEURS vous apportent les réponses nécessaires….Pourraient elles être transférées à la nouvelle ministre de la Santé, par souci de simplicité et…d’efficacité…! au lieu de continuer à tourner autour du pot sans fil conducteur (??)

  3. Le refus, depuis plusieurs décennies, des gouvernements successifs pour mettre fin à la fraude à la carte vitale, aux trafics de médicaments, et à l’AME, dénoncée, entre autres, par Charles Prats veut dire pour moi complicité de l’Etat, à l’instar de sa gestion des OQTF !

  4. Il faut savoir ce que l’on veut. Ou nous avons une sécu qui rembourse uniquement ceux qui ont cotisé, ou on accorde le bénéfice de la sécu à toutes les personnes se trouvant sur le territoire français et qui n’ont jamais versé 1 centime à cet organisme, comme c’est le cas actuellement…

    Ou nous nous occupons dignement de nos anciens, ou nous versons 750 euros par mois de pension de retraite à toute personne se trouvant sur le territoire français et qui n’a jamais cotisé.
    Quand on veut jouer les grands seigneurs, il faut mettre la main à la poche, c’est ça la solidarité tant vantée par la gauche.

  5. Quand on a commencé, à l’hôpital , pour l’infirmière, à passer plus de temps à rédiger un dossier de soin que d’être au chevet du malade , ça été le commencement de la fin.Et quand on a embauché plus d’administratifs que de soignants, ça a été cerise sur le gateau

  6. « le nombre de salariés de la filière administrative a augmenté de 1,5 %, tandis que le nombre de salariés de la filière soignante a baissé de 1,3 %. »
    Fatalement vu les logiciels concoctés par des cerveaux sans un soupçon de logique!
    La dernière année où j’ai travaillé avant ma retraite, c’était une horreur. De plus, les jeunes informaticiens croyant être des super héros étaient d’un mal aimable! L’in d’eux m’a dit, que oui, vu mon âge je ne pouvais pas comprendre. Ce à quoi je lui ai répondu (et c’était vrai), que dans le labo de recherche où je travaillais en 1974, j’avais utilisé un ordinateur (certes grand comme un congélateur ) et que mon mari lui, les fabriquait avec son équipe, et que, donc, sans nous, il ne pourrait pas travailler !

    Donc, cette dernière année où j’ai travaillé à l’hôpital, mon temps devant l’ordinateur avait quasi doublé! Alors que j’étais praticienne hospitalière et non administrative!

    • AH ah ! Même réflexion ici récemment de la part d’un jeunot ( dont le petit lait gouttait encore par le nez) : « Madame, compte-tenu de votre âge, vous n’êtes sans doute pas très à l’aise avec un ordinateur et un smartphone, je peux le comprendre ». A quoi j’ai répondu qu’il n’était vraisemblablement pas né – ni même conçu- que j’utilisais déjà un ordinateur professionnel quotidiennement en 1986, après avoir reçu des formations ad hoc en 1972 aussi et 1976* ( changé d’activités depuis et un peu oublié); Et que c’était la conception non fonctionnelle des logiciels d’utilisation par les « jeunots » qui pêchait sérieusement par manque d’ergonomie. Sidérée aussi de voir, dans les couloirs d’hôpitaux ces 18 dernières années , l’inattention totale aux patients des infirmières, vissées d’interminables quarts d’heures devant leur matériel informatique à roulettes comme des poules découvrant un couteau au néolithique !
      * les armoires ordi occupaient 3 murs complets d’une salle.

  7. Une société doit faire des choix et définir ce qui est prioritaire ou non. Une société qui viellit est elle viable? Une société exsangue peut elle tout se permettre? La société se place au niveau de ce qui est indispensable collectivement (éducation, sécurité par exemple) et non pas au niveau de l’individu. En dehors du fait qu’il serait possible d’avoir des gains de productivité, il serait bon de se poser courageusement la question de ce qui est collectif et de ce qui ne l’est pas dans le domaine de la santé (je connais des médicaments de confort pris à 100% alors qu’il ne devrait pas l’être).

  8. Déficit de l’hôpital deux milliards, déficit de la France trente trois milliards l’un est pour soigner la population, l’autre en éliminent les dépenses inutiles voir même néfastes il y a de quoi tout réviser.

  9. Le dégraissement administratif dans les hôpitaux c’est pour quand ? La suppression des ARS qui nous coûtent un « pognon de dingue » et pour rien (voir l’affaire du covid), c’est pour quand ? Ah oui, il vaut mieux augmenter les impôts des plus riches qui s’étendront, à n’en pas douter, à tous, plutôt que de supprimer le superflus et Dieu sait qu’il en y en a du superflu dans ce pays. Et pourquoi puisque nos administrations sont submergées par le trop plein de fonctionnaires, ne pourrait-on adopter un moratoire à l’embauche de nouveaux paperassiers, et ne plus remplacer « celles-z-et ceux qui partent « trop tôt » à la retraite ???

    • Bonnes questions. Mais tout le monde connaît la réponse : les fonctionnaires sont indispensables à une saine gestion, et si celle-ci se révèle désastreuse, il suffit de recruter. CQFD.

  10. Personnel non soignant plethorique,dépenses somptuaires (voitures de fonction…!),et en face ,aucun contrôle d’activité,le système favorise l’oisiveté et met des bâtons dans les roues à ceux qui voudraient travailler (blocs opératoires rarement fonctionnels avant 9h/9h30,quasi fermés à partir de 16h,etc etc…)

  11. Le mal de l’hôpital est là: j’ai commencé ma carrière de PHU en 1972 dans un hôpital qui comptait un peu plus de 1000 lits, dirigé par un directeur général,, ayant 1 adjoint et un assistant de direction, aujourd’hui dans ce même hôpital, il y a 16 postes de direction avec le personnel afférent et les notes de direction qui suivent, même activité et même nombre de lit, par ailleurs les médecins ont perdu tous les pouvoirs que nous avions à l’époque, voilà le problème de l’hôpital français.

  12. 35% de personnel administratif à l’hôpital,des 5 millions de cartes vitales de plus que de de français,des étrangers par milliers qui viennent se faire « soigner « en france.. y compris arranger le nez ,
    les oreilles ou placer un anneau gastrique et qui ne paient rien…car l’hôpital est déficitaire,mais la sécurité sociale aussi…

  13. Qu’ils suppriment l’AME et qu’ils fassent la chasse aux milliers de fausses cartes vitale qui circulent en Algérie et ailleurs, aux retraités de ce pays « qui ne meurent jamais », et les 2 milliards seront largement épongés !… Sinon, ils sont complices.

    • On en revient toujours à la même cause ou presque : l’absence de contrôle dans tous les domaines. La politique de l’autruche est tellement confortable et surtout déresponsabilise les responsables, les complices de ces gâchis !

  14. réduire la voilure des administratifs et supprimer les ARS réinjecter le tout dans l’hôpital pour recruter du personnel soignant

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