RN et arc républicain : le chef a cheffé et Antoine Armand est allé à Canossa

Personne, il y a quelques jours, en dehors de la deuxième circonscription de Haute-Savoie, ne connaissait son nom. Mais il a aujourd’hui un surnom : Monsieur Volte-Face. En l’espace de 24 heures, il s’est fait remarquer par deux rétropédalages.
Monsieur Volte-Face
Comment le repérer dans la foule des nouveaux ministres ? C’est facile, il porte des lunettes. Des lunettes roses, très roses : il nous l’a montré, lundi, lors de la passation avec Bruno Le Maire. Ce fut un concert de louanges : il a voulu « évidemment » (sic) saluer l’action de Bruno Le Maire - « ton action, cher Bruno ». Il a même dit que pour lui, ce ministère était « l’une des plus grandes réussites de la dernière décennie », rajoutant qu’il « [mesurait] la chance d’hériter d’un tel bilan économique » (resic). Peut-être avait-il, dans l’émotion, retourné la feuille, pris le graphique de la dette à l’envers ? On s’inquiète un peu, forcément. Car tant de compliments laissent à penser qu’il aspire à suivre son exemple. Aïe, aïe, aïe…
Puis la nuit est passée, il a dégrisé, est retombé de son petit nuage, s’est remis de sa promotion inespérée… ou peut-être, tout simplement a-t-il mis, cette fois, la courbe dans le bon sens, car en 24 heures, le ton a changé : la France a « un des pires déficits de [son] histoire ». Jean qui rit est devenu Jean qui pleure. Premier changement de pied.
Antoine Armand : "Le gouvernement est sous surveillance du RN et du NFP : ce serait une trahison du front républicain, de la part de la gauche, de s'associer au RN [pour voter une motion de censure]" #le710inter pic.twitter.com/1XpIjrwwKp
— France Inter (@franceinter) September 24, 2024
Le deuxième est intervenu ce mardi matin. Contrevenant aux injonctions de Michel Barnier, il a communiqué avant d’agir. Parce qu’on imagine qu’il n’a pas eu le temps d’agir dans l'intervalle, sauf s’il dégaine aussi vite que son prédécesseur, qui écrit des bouquins entre 3 h et 4 h du matin.
Sur France Inter, on lui a posé la question de la censure. Il commence par dire, souriant et détendu, que, quand il se lève le matin, « il ne pense pas à la motion de censure ». Peut-être un peu trop souriant et détendu ? Dans un entretien paru dans Le Dauphiné libéré au moment des élections, Antoine Armand, candidat Ensemble en Haute-Savoie, avait confié au journaliste que, s’il devait être un animal, il serait une marmotte. Michel Barnier aurait dû se méfier. Tout porte à penser qu’il dormait quand Marine Le Pen a mis en garde contre un gouvernement qui ne respecterait pas le RN et ses onze millions d’électeurs. Et aussi pendant que Michel Barnier exhortait ses lieutenants avant la bataille.
Car Antoine Armand, quand on lui demande s’il est prêt à travailler avec tous les groupes politiques, de La France insoumise au Rassemblement national, est très clair : il rappelle qu’il a été élu, comme beaucoup d’autres, dans le cadre du front républicain, et que ce front républicain, c’est « son histoire, son héritage ». Il pense avoir une dette - à son poste, il sait ce que c’est, une dette ! - envers le Nouveau Front populaire. Sans le désistement du candidat du Nouveau Front populaire, il n’aurait pas été confortablement réélu, le 7 juillet.
Le plus étonnant reste sa définition de la démocratie - « Si un député a été élu par des électeurs et si on ne respecte pas la fonction, on n’a pas compris ce que c’est que la démocratie. Il ne faut pas commencer par dire avec qui on ne va jamais travailler » -, qu’il pulvérise en une minute : « ...pour peu qu’ils fassent partie de l’arc républicain », dont ne fait pas partie le RN. Voici ce qu’il faut faire quand on a compris ce qu’est la démocratie : « respecter tous les députés » : et voici ce qu'il ne ne fait pas : « respecter tous les députés ». Il explique donc très clairement qu’il n'a rien compris à ce qu’était la démocratie. Preuve qu’on peut faire partie de l’arc républicain mais ne pas en être la flèche bleue. L’esprit de finesse n’est pas l’esprit de géométrie, disait Pascal. On peut être un brillant esprit normalien et ne pas avoir d’intelligence de situation.
Rectificatif
Nombre de députés RN, chacun dans son style, ont fait savoir, ce mardi, qu’ils avaient reçu le camouflet cinq sur cinq. Thomas Ménagé rétorque que « si Antoine Armand laisse la porte fermée, c’est lui qui risque de la prendre » assez rapidement, et Matthieu Valet qu’il pourrait renvoyer le Savoyard à ses chères montagnes (en même temps que son moniteur de ski, puisque c’était, paraît-il, le surnom qu’avait donné Chirac à Michel Barnier). Quand te reverrai-je, pays merveilleux ? Peut-être plus vite que prévu. La maman d’Antoine Armand a omis de lui apprendre qu'il ne fallait pas jouer avec les objets tranchants : quand une épée de Damoclès vous tombe dessus, elle peut faire très mal.
Le premier communiqué de presse du ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie n’a pas traîné. C’est un rectificatif, mais en bon français, on appelle cela « aller à Canossa » : « Dans la ligne politique fixée par le Premier ministre et comme affirmé dans son discours de prise de fonction, Antoine Armand recevra toutes les forces politiques représentées au Parlement et conviera chaque président de groupe dans cet état d’esprit. » Visiblement, le moniteur de ski sait cheffer et Antoine Armand n’est pas près de décrocher son premier flocon (phrase librement inspirée de la prose de feu Jacques Chirac.)
C’est donc une première victoire pour le RN, qui avait posé le respect à son endroit comme une condition non négociable. Et c’est un bon point, bien sûr, pour Michel Barnier, qui a montré tout de suite de quel bois il se chauffait. Pour un moniteur de ski, les bonnes bûches dans la cheminée du chalet, c’est important.
« Quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent. » La phrase du film Cent mille dollars au soleil est célèbre et fonctionne aussi pour les millions d’électeurs.
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77 commentaires
Attention que les flèches de son arc républicain ne se transforment pas en boomerang. Ce petit monsieur a pris la grosse tête en moins de 48heures. Son rejet du RN soit 11 millions d’électeurs est une bourde professionnelle énorme. Il va en faire les frais plutôt tôt que tard. Encore un politicard de la bande . Les français ne veulent plus de ces profiteurs du système mais de vrais professionnels patriotes. Barnier l’ a recadre’ mais le mal est fait.
J’avais déjà vu cette personne à BFMTV, comme d’autres devenues ministres comme Anne Genetet, Othman Nasrou, Benjamin Haddad, Maud Bregeon, des macroniste langue de bois et éléments de langage, insipides donc insupportables
Encore un qui a raye le mot « dignite » de son dictionnaire. Er cela pretend representer la France ? Sait-il compter ?
Son arrière Grans-Père, Louis Armand, était un grand Monsieur aux multiples talents mis au service de multiples grandes fonctions et institutions. Monsieur Antoine Armand, lui, est un grand collectionneur de diplômes. Bravo. Bombardé politique par un hasard chanceux, il n’est pour l’instant qu’un tout petit ministre revêtu d’un costume beaucoup trop grand pour lui. Laissons lui sa chance de bien faire et vite pour le Pays…mais on doute vraiment.
L’arc lui a claqué dans les doigts …
Il a démontré sans mal qu’il n’était pas une flèche !
excellent !!
quand au tout mou de Hollande rétrogradé au niveau député, il se permet de donner des leçons à Barnier, en disant « il n’aurait pas du appeler Marine Le Pen, mais lui a su se ridiculiser avec Théo et Léonarda, quand on a un bilan pareil on se fait petit tout petit.
François Hollande n’est pas mou du tout comme il voudrait le faire croire.
sa copine devenu sa femme ?
Et ce matin ce ne sont que discussions relatives aux prochaines hausses d’impôts de la « justice fiscale » (c’est fou ce que les impôts n’arrêtent pas d’être « injustes » car insuffisants au pays de l’impôt canon) cependant que nous n’avons pas encore entendu parler, ne serait-ce que d’une miette, des économies envisagées de l’état. Ah, les impôts, là on se grouille toujours!
Le RN a beau faire des efforts pour essayer gouverner face aux errements de la Macronie le sectarisme de celle ci demeure triste engeance qui ne veut même pas reconnaître ses erreurs et surtout une alternance même intellectuelle sur le bien fondé de certaines mesures à prendre d’urgence Écoeurant.
Je me pose la question de savoir pourquoi on nomme des ministres aussi jeunes à des postes clés ? Je pense à Gabriel Attal qui n’a pas fait des étincelles et maintenant Antoine Armand qui commence sa fonction par une grosse bourde en marginalisant de fait, les 11 millions de français qui ont voté RN aux dernières élections .
Je ne suis pas ministre, j’ai juste été ouvrier mais je lui apprendrais les bonnes manières en lui expliquant qu’il n’est pas le ministre de ce pseudo arc républicain mais celui de tous les français qui accessoirement le payent pour remplir cette fonction . Et, pour cela ,les français sont tous égaux devant le fisc !
Si j’étais premier ministre ou président et que je veuille le bien de mon pays , je ne nommerais ni des ministres trop âgés , ni des ministres trop jeunes .
Je prendrais des gens dans la force de l’âge avec une certaine expérience de la vie , qu’elle soit professionnelle , politique ou sociale .
Si on prend un ministre trop âgé c’est en général pour services rendus , et non pas services à rendre à la nation, et quand c’est un trop jeune, c’est pour le lancer dans la politique tout en l’ayant à sa main . Et accessoirement cela fera joli sur son curriculum vitae.
Et si malgré tout on insiste dans le sens de choisir ses ministres parmi ces deux catégories c’est que l’on fait peu de cas de la fonction parce que toutes les grandes décisions sont prises ailleurs .
Pour faire un beau mot les initiales de Armand Arnaud , sont A A , il lui manque le troisième A des agences de notation pour pouvoir jouer dans la cours des grands .
Si j’étais premier ministre ou président et que je veuille le bien de mon pays , je nommerais des ministres honnêtes et compétents. Extrêmement difficiles à trouver, car ce genre de personnage se tourne plutôt vers un métier honnête.
C’est mal parti pour la succession de l’écrivain louangé par son successeur qui le même jour, après avoir fait une déclaration mettant en jeu « l’arc républicain » (pourquoi « l’arc » plutôt que la voûte, la charpente ou que sais je encore : seul Macron le sait ; quant à son contenu, permettant d’y être ou non…), doit dans les heures qui suivent manger son chapeau.
En matière d’arc républicain, on a trouvé la flèche pour en parler. Sera-t-il aussi pointu pour trouver des solutions à nos problèmes économiques sans une fois de plus faire les poches des français? Pas sur, pas sur.
Ce monsieur Armand n’est pas prêt à devenir un poids lourd de la politique ! Je note la grande culture cinématographique de Madame Cluzel…
Merci Gabrielle pour cette bonne mise au point.
Avec cet admirateur inconditionnel de Le Maire à Bercy, les finances de la France sont quasiment revenues à l’équilibre.
Si j’étais son avocat, je dirais qu’il a cru bon de répéter les niaiseries surinées inlassablement dans son camps pour montrer son zèle.