Rixe au tribunal de Bordeaux : ces jeunes « n’ont plus peur de rien » !

Dans l'affrontement, des policiers ont été directement visés. Certains souffrent de blessures superficielles.
© Capture écran Sud Ouest
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La Guerre des boutons, version France Orange mécanique. Ce lundi 12 mai, en début de soirée, alors que l’audience du procès sur la fusillade des Aubiers venait d’être suspendue, une violente rixe a éclaté, au sein du tribunal de Bordeaux. Des jeunes, vêtus de survêtements sombres avec une casquette vissée sur la tête, se sont mis à distribuer des coups dans la salle des pas perdus du palais de justice, entraînant une violente cohue. Ils sont même allés jusqu’à se battre au sein de la salle d’audience. Du jamais-vu pour les avocats et forces de l’ordre présents sur place. Au cœur de l’affrontement, des policiers, qui tentaient de ramener le calme, ont également été visés. Certains « souffrent de blessures superficielles » au visage, à la tête ou encore à l’épaule, nous confie un policier. Une enquête a été ouverte pour déterminer l’origine de la bagarre et pour identifier les auteurs. Les vidéos prises lors de l’affrontement sont en cours d’examen.

Une fusillade mortelle

La fusillade des Aubiers, objet de ce procès ? Souvenez-vous. Huit hommes, âgés de 23 à 30 ans, sont jugés pour leur implication présumée dans cette fusillade survenue le 2 janvier 2021 au nord du centre-ville de Bordeaux, dans le quartier des Aubiers. Ce jour-là, vers 22 heures, Lionel Sess et un ami vendent devant leur immeuble des confiseries afin de financer un séjour au ski. Une berline sombre arrive dans la cité et s’arrête sur la place Ginette-Neveu. Les occupants du véhicule ouvrent rapidement le feu et tirent en rafales en direction des jeunes présents dans la rue. Quatre adolescents sont blessés. Lionel Sess, jeune garçon sans histoire, est retrouvé mort. Les accusés, présents au tribunal de Bordeaux ce 12 mai, nient tous les faits qui leur sont reprochés. Trois d’entre eux — Abdoulhadre S., Marwan S. et Yassine S — comparaissent pour meurtre en bande organisée et tentatives de meurtre en bande organisée. Les cinq autres hommes sont jugés pour des délits connexes, à savoir association de malfaiteurs en vue de préparer un crime ou encore violences aggravées.

Cette fusillade « s’inscrit dans un contexte de bandes rivales entre le quartier des Aubiers et le quartier Chantecrit-Saint Louis », explique Marouane Ziane, délégué zonal Aquitaine du syndicat Alliance Police nationale, contacté par BV. Une rivalité ancienne entre ces quartiers qui ne cesse de s’aggraver. Il y a d’abord eu une « battle » de rap qui a dégénéré en fusillade, en 2019. L’année suivante, un jeune des Aubiers, qui se rendait chez un ami à Chantecrit-Saint Louis, a été pris au piège et tabassé. Il doit son salut à l’intervention d’un certain Amir B. Et le soir-même, Amir B. était visé par une tentative de meurtre. Une escalade qui mène, trois semaines plus tard, à la mort de Lionel Sess...

Une rixe dans un tribunal : du jamais-vu !

Avec le règlement de comptes au tribunal, un nouveau stade a été atteint dans l’affrontement entre les deux bandes rivales qui, jusque-là, limitaient leurs exactions à leur quartier : « à l’issue de la première journée d’audience, des incidents graves ont eu lieu dans la salle d’audience et dans la salle des pas perdus », rapporte le tribunal, dans un communiqué. « Alliance Police nationale condamne fermement ces agissements intolérables dans un tribunal, déclare Marouane Ziane. Nous sommes extrêmement choqués qu’une rixe puisse se produire dans un palais de justice, temple de la République. » Le policier, qui apporte son soutien à ses collègues blessés, déplore que ces jeunes « n’aient plus aucune peur des autorités, ni même de la justice ». Il y a deux ans, BV avait déjà assisté à des tensions aux abords du tribunal de Bordeaux, lors du procès de militants antifascistes. Des soutiens des accusés avaient insulté les journalistes dans la salle des pas perdus et un groupe s'était réuni à l'extérieur du palais de justice. Le calme avait été maintenu au sein de la salle d'audience. Cette fois-ci, la violence n'a plus de limites...

Une surveillance renforcée a été mise en place, dès ce 13 mai, deuxième jour du procès qui doit se tenir jusqu’au 23 mai prochain. L’accès à la salle d’audience a par ailleurs été restreint. Au vue de la tension qui règne, la cour réfléchit à un huis clos.

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

49 commentaires

  1. Ce qui démontre, si besoin était encore. Sue les racailles ne craignent, ni les FDO, ni la justice, et pourquoi ? Parce qu’ils peuvent tout se permettre sans risque en toute impunité, nos politiques en responsabilités n’ont aucun courage, les FDO aucun moyen légal de combattre à armes égales

  2. Le plus navrant , c’est de s’en étonner. Darmanin doit déjà réfléchir à une brigade de protection des policiers ??

  3. Ces « gens » la ne respect déjà pas les lois républicaines de ce pays a l’extérieur, comment voulez vous qu’ils elles respect les institutions charger de les protégés ou punir en cas de non respect des dites lois.
    Un animal dangereux cela s’enferme définitivement.

  4. Le pire ..personne n’a été arrêté après la bataille. France 2025. Rixe dans un tribunal.. on voit des policiers se faire agresser et personne ne se fait arrêter dans une enceinte fermée. Cela montre bien que les responsables politiques ont peur des voyous..

  5. « Une rixe dans un tribunal : du jamais-vu ! » Et j’ajouterai : vous n’avez encore rien vu !
    Parce que notre société, à force de vouloir interdire d’interdire, de justifier les comportements les plus ignobles, d’excuser l’inexcusable, d’affirmer que l’autorité c’est mal, que la police est fasciste, que la prison c’est pas bien et qu’il faut être transgressif, parce que la transgression c’est cool. Eh bien la société a créé cela, un monde sans règles, un monde sans interdits, un monde sans moral, un monde sans barrières, un monde sans limites, un liberté totale … bref, la dictature !
    Ce que les juges du « mur des cons » sont en train de prendre en pleine poire, c’est le monde monde qu’ils ont voulu, le monde qu’ils ont vanté, le monde qu’ils ont créé. Ces « jeunes » encapuchonnés, sont leurs enfants, le produit de leur idéologie. Ce que la justice a subi aujourd’hui dans ses propres murs, c’est ce que les Français, ceux qui sont affichés sur le fameux « mur », les beaufs, les ringards, les fachos, ceux qui votent RN, subissent au quotidien depuis des années et c’est bien pour cela qu’ils appellent à l’aide, mais que personne n’entend, et surtout pas les juges du syndicat de la magistrature.
    Que la justice commence à ouvrir les yeux est une bonne chose. Mais que de temps perdu !

  6. Il y a pas que les capuches qui sont sombres.
    Quand on importe le tiers monde, il faut le système judiciaire qui va avec.

  7. Je me souviens d’un documentaire sur la justice aux usa, une rixe aussi devant un tribunal avec l’intervention décisive de la police, certains malfrats m’auraient plus l’occasion avant longtemps d’ennuyer la société.

  8. Si les magistrats sont de gauche ils ont du travail pour soutenir ceux qu’ils défendent habituellement…

  9. Le silence des médias de grand chemin sur le profil des belligérants est assourdissant! L’extrême droite bordelaise et girondine est de fait hors de cause!
    Aussi choquant que cette agression puisse être au 1er abord, est-ce que cela va ouvrir les yeux des magistrats, du moins de ceux qui ne sont pas complètement mélenchonisé idéologiquement? Si cela devait être le cas, cette bagarre générale aura été un bien pour mal! Car beaucoup de juges qui se croyaient sûr dans leur bunker, devront, à l’allure ou vont les choses, se dire qu’eux-même ne seront plus des planqués!

    N’en déplaisent aux macronards et aux enragés gauchistes, cette affaire « fera évidemment le jeu » de l’extrême droite…. Si les gauchistes sont stupides au point de penser que les exactions de leurs protégés » ne nourrissent pas l’exaspération des gens honnêtes, on ne peut rien pour eux! D’ici 2027 beaucoup de choses se passeront encore dans ce qui était la douce France!

    • Entièrement d’accord, en deux ans la situation peut encore dégénérer, et cela risque de s’accélérer. La situation se dégrade au fil des mois et tout peut désormais se produire en France, y compris de nouvelles émeutes ou un attentat. Quant aux magistrats, mélenchonisés ou non, ils ne sont pas stupides, s’ils commencent à être touchés ainsi leurs familles (comme les agents pénitentiaires), ils commenceront à s’agiter dans le bons sens et rangeront leur idéologie au placard. Ils ne voteront certes pas RN, mais peut-être que les réquisitions et les peines exécutées seront plus sévères. Se prendre le mur de la réalité en pleine face, ça peut remettre les idées en place. Comme on le disait jadis, un électeur du Front National, c’est un militant communiste qui a été cambriolé quatre fois.

  10. Syndicat de la magistrature…mur des cons…droit de la racaille…c’est votre monde! Et il tape juste à votre porte! Bienvenue dans la vraie vie.

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