Recep Tayyip Erdoğan et les émeutes en France : ça perd la boule à Istanbul !

Les ancêtres de nos donneurs de leçons s’installèrent même en Grèce et dans les Balkans, avant de monter plus au nord.
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Le moins qu’on puisse prétendre est qu’entre ces deux présidents, Macron et Erdoğan, les rapports sont plus que tendus. D’humeur décidément taquine, le néo-sultan turc s’est donc fait un plaisir, ce lundi 3 juillet, de faire la leçon à la France.

En ligne de mire, les émeutes n’en finissant plus d’embraser le pays, évidemment ; mais aussi la tragédie du sous-marin Titan, perdu corps et biens au moment où il s’en allait explorer l’épave du Titanic. À propos des premières, Recep Tayyip Erdoğan exprime son « inquiétude », assurant que ces événements « conduisent à davantage d’oppression des musulmans et des migrants ». Pour le second, mis en regard avec le navire empli d’immigrés clandestins échoué près des côtes grecques, il y voit « le signe de la mentalité coloniale, arrogante, inhumaine basée sur la suprématie de l’homme blanc. […] Surtout dans les pays connus pour leur passé colonial, où le racisme culturel s’est transformé en racisme institutionnel qui se trouve à l’origine des événements en France. »

Rien que ça ! À croire qu’il puisse y avoir d’autres substances que la caféine dans le fameux café turc.

Pour commencer, il faudrait peut-être rappeler à ce président que les Maghrébins, au même titre que les Turcs, font partie de ce que l’on nommait autrefois la « race blanche ». Quant au « colonialisme », il doit s’agir d’humour local. Car après les grands empires musulmans, Omeyyades et Abbassides, vint le tour des Ottomans. Lesquels, non contents d’avoir conquis l’actuelle Turquie, dominèrent le sud de la Méditerranée, du Machrek jusqu’au Maghreb. Les ancêtres de nos donneurs de leçons s’installèrent même en Grèce et dans les Balkans, avant de monter plus au nord, menaçant de faire tomber Vienne.

Soyons justes, cette colonisation n’eut pas que des aspects négatifs. Le plus beau quartier d’Athènes demeure le Plaka, bâti par l’occupant ottoman. En matière de « colonialisme », les Turcs peuvent même nous en remontrer, leur empire ayant duré plusieurs siècles alors que le nôtre ne se compte qu’en décennies.

Quant au prétendu « racisme » et au respect des minorités, il doit s’agir, là aussi, d’une blague. Car notre homme ne se veut pas seulement héritier des sultans de jadis, mais également des kémalistes de naguère. Ceux qui, Kemal Atatürk en premier, théorisèrent une sorte de « Turc nouveau », ethniquement pur et ne pratiquant qu’une religion unique : l’islam sunnite. Son modèle ? La Révolution française ; comme quoi les apports français ne furent pas que négatifs, en Orient ; du point de vue d’Erdoğan, tout du moins.

D’où les persécutions incessantes de leurs propres compatriotes : les Kurdes qui, même sunnites, ne sont pas de la bonne ethnie, ou les Alévis, de la bonne ethnie, mais pas de la bonne religion : ils sont chiites.

Et ne parlons pas du sort réservé aux Arméniens, qui étaient pourtant là bien avant eux. De même, il suffit de voir comment sont traités les réfugiés syriens en Turquie pour comprendre qu’il ne porte pas exactement les Arabes dans son cœur.

Voilà peut-être ce qu’Emmanuel Macron ferait bien de lui rétorquer, au lieu de se rouler dans la fange du mea culpa permanent en matière d’Histoire de France. Ce serait peut-être un discours qui nous vaudrait plus de respect en cette région du monde ; là où on ne vit pas que dans le rapport de force, mais où cette même force est un préambule à tout dialogue.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Sans oublier l’occupation de la moitié de Chypre par la force… mais ça, si ce n’est pas de la colonisation… c’est la l’assistance humanitaire ? Ces gens n’ont aucune vergogne.

  2. Autre grief qu’on pourrait lui souffler dans les bronches : L’invasion du nord de Chypre, pays de l’OTAN mais que curieusement le secrétaire général Jens Stoltenberg, nouvellement réélu, se garde bien d’en faire la remarque au tyran turc. Il préfère « taquiner » Poutine.

  3. Erdogan encourageait ses coreligionnaires à enfanter non 2 fois mais 5 à 7 fois lors d’un discours à Strasbourg, en langue turque, Hollande regnante; on n’a pas entendu les Cazeneuve, Valls etc protester contre contre la dilapidation des allocations. il veut nos avantages et Macron et les autres plieront devant ses exigences.

  4. Voilà un cour résumé de ce que fut les paroles immondes de ce sultan. En définitif les premières heures de l’esclavagisme vite copié par les arabes et les sultanat, ils en sont les inventeurs. A t’il oublié le siège de Vienne par les Ottomans en juillet 1683, un massacre sans nom. Ne parlons pas de l’Arménie actuel, drame qui se déroule de la communauté internationale bien veillant envers la Turquie.

  5. Tout peuple s’est construit d’abord en se reproduisant puis en conquérant les territoires enviables . Les Turcs et leurs esclaves (slaves) l’ont fait sur la côte africaine mais sans jamais y avoir construit autre chose que des forts et des ports pour exploiter la piraterie sans jamais promouvoir les peuplades autochtones .

  6. Ces musulmans ne comprennent que la force et la détermination de l’adversaire, or ils ont en face en France un pays peureux à l’image de son président qui ne connait que la repentance. Au pays de Charles Martel, de Napoléon Bonaparte et de de Gaulle c’est un comble.

  7. Grâce à nos dirigeants nous avons honte d’être français. Les donneurs de leçons feraient bien de se regarder. Nous sommes tombés bien bas .

  8. « Ça perd la boule à Istambul » ou quand notre Nico national nous la joue à la Jean Bruce !
    Ceci étant, les ottomantismes rhétoriques d´Erdogan sont tellement convenus qu´ils ne nous prennent plus guère par surprise. Reconnaissez au moins cette vertu au calife d´Ankara: Il est toujours égal à lui-même.

  9. Que cela soit vis à vis de la Turquie ou de l’Algérie nos dirigeants laisent insulter la France sans réagir. Si l’exécutif avait encore une once de dignité il rappellerait son ambassadeur dans ces deux pays. Combien de temps allons-nous servir de paillasson à despotes orientaux?

  10. Que la Turquie, après l’Algérie vienne donner des leçons à la France a quelque chose de grotesque, de révoltant mais aussi d’inquiétant. Dans tous les domaines il est grand temps que la France redresse la tête et remette de l’ordre.

  11. Celui-ci est encore plus dangereux que Macron. A mettre dans le même panier, avec Mélenchon.

    Quant au panier, je vous laisse décider de la façon d’en disposer. J’ai bien une idée…

  12. Après l’Algérie , c’est la Turquie qui vient nous donner des leçons ! Réaction du président ? Rien Nada , Zéro, la France paillasson , la France Macron !

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