Rapatriement de migrants en Colombie : Trump invente l’OQTA. Et ça marche !

Pour la France, les solutions existent, encore faut-il avoir de la volonté. Et du courage !
United States Senate - Office of Dan Sullivan, Public domain, via Wikimedia Commons
United States Senate - Office of Dan Sullivan, Public domain, via Wikimedia Commons

Une semaine et quelques minutes. Une semaine de mandat de Donald Trump, qui a déjà été plus efficace que quatre ans de Biden, et vingt minutes chrono pour tordre le bras du président colombien, qui refusait de reprendre ses immigrés illégaux. En signant des executive orders (l’équivalent de nos décrets) à tour de bras, le président nouvellement élu a dynamité la structure de l’État profond qui avait tout tenté pour l’empêcher de gouverner entre 2016 et 2020. Parmi ces décrets présidentiels, il y en a quelques-uns sur le rapatriement forcé (qui se dit deportation, sans accent, en anglais, mais n’a pas grand-chose à voir avec le Vel' d’Hiv', désolé les gars) des immigrés illégaux. Et c’est là que ça devient drôle.

Un avion américain devait se poser à Bogota, capitale de la Colombie, du narcotrafic et des règlements de comptes à la tronçonneuse, pour y déposer des migrants, renvoyés des États-Unis par la volonté expéditive du nouveau président américain. Le président colombien (de gauche) Gustavo Petro, après s’être indigné sur X du traitement réservé aux migrants, avait refusé d’accueillir l’avion de l’Oncle Sam, alors que celui-ci avait déjà décollé. Une sorte de jurisprudence algérienne, si on veut. Mais justement… ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu. Donald Trump a immédiatement imposé des droits de douane exorbitants de 25 %, prévoyant de les faire passer à 50 % une semaine plus tard. Le train de sanctions américaines comportait également une interdiction d'entrée aux États-Unis et une révocation des visas pour les responsables du gouvernement colombien, ses alliés et ses partisans ainsi que des « inspections renforcées » à l'entrée pour tous les ressortissants colombiens et les marchandises en provenance de ce pays, selon la déclaration officielle du Département d’État. Voilà !

Macron n'est pas Trump

Une heure plus tard, le président Petro envoyait son avion présidentiel aux États-Unis pour s’assurer que les expulsions de migrants se dérouleraient avec humanité. Il levait son interdiction pour que l’avion puisse se poser. Et, en dépit de la publication d’un discours anticolonialiste de carnaval, destiné à son électorat, et de sanctions risibles (« nous aussi, nous allons vous taxer à 25 % »), la Colombie a plié. Trump, en guise de signe de victoire, a publié une photo de lui, générée par IA, où on le voit en costume trois pièces de flanelle rayée, coiffé d’un Borsalino marron (pour ceux qui se demandaient à quoi ressemblait la garde-robe d’un chef d’État solide…). Message reçu 5 sur 5 : on a compris qui était le patron.

Alors, bien sûr, on aura beau jeu de dire que l’Amérique n’est pas la France. On aura, surtout, compris que Macron n’est pas Trump. Il y a des noms cliniques, pour qualifier le goût, chez ceux qui sont chargés (mais par qui, au juste ?) de présider à nos destinées, de se faire humilier. On a tendance à oublier que tous les États, et surtout certains d’entre eux, ne connaissent que le rapport de force, généralement habillé en diplomatie - mais de moins en moins… Pour la France, les solutions existent : fin des visas, fin de l’aide au développement, fin de l’AME, dénonciation des accords bilatéraux, droits de douane (nous aussi, on peut !)… Il n’y manque qu’une seule toute petite chose : la volonté. Et la source de cette volonté, elle, semble perdue depuis longtemps sous nos latitudes. Autrefois, on appelait ça le courage.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

72 commentaires

  1. Le petit président qui « préside » la France ne veut et ne peut. Ceux qui ont voté pour lui sont responsables de tout ce qui ne va pas depuis cette fatale élection en 2017. La France rabaissée, la France insultée, la France méprisée. Est-ce bien cela que ses électeurs ont voulu ? Ils l’ont. Et pour faire bonne mesure, ils s’autorisent à vilipender le nouveau Président outre-atlantique, Donald Trump. Rien ne nous sera épargné.

  2. L ‘exemple est clair et irréfutable ! Qu’attendent nos dirigeants français pour le suivre ???? Honte à ces lâches…

  3. POURQUOI ?
    je voudrais que l’on m’explique pourquoi les migrants à venir sont une chance pour la France – et les autres pays européens par exemple – alors que lorsque ces migrants sont bloqués à la frontière d’une Nation souveraine cela devient un vrai drame sanitaire, humain, social ? voire presque un « génocide » puisque ce mot ne veut lus rien dire aujourd’hui !
    Ah si nous avions un leader de trempe de Trump ….

  4. Notre problème, c’est notre soumission à l’Europe. Tant que nous n’aurons pas rétabli la prééminence de la loi française sur les lois européennes, nous serons coincés. Dès que ce sera fait, alors nous pourrons jouer les Trump…..

  5. Toutes les forces de l’ordre savent que les OQTF pourraient être exécutées vite. Quand on veut on peut. « Ils » ne veulent pas.

    • et si on suivait l’exemple de l’Italie …
      1 – en matière de lutte contre les trafics de drogue,
      2 – pour le renvoi des migrants hors du sol national ? aujourd’hui, une petite 50aine de migrants ont été transférés en Albanie. c’est peu mais c’est un début encourageant compte tenu des barrages de l’UE contre le gouvernement Meloni. elle, elle le veut !!!!

  6. « Trump, en guise de signe de victoire, a publié une photo de lui, générée par IA, où on le voit en costume trois pièces de flanelle rayée, coiffé d’un Borsalino marron (pour ceux qui se demandaient à quoi ressemblait la garde-robe d’un chef d’État solide…). Message reçu 5 sur 5 : on a compris qui était le patron. » çà m’a bien fait rire je dois dire ! qu’on aime ou pas Monsieur Trump, il a le sens de la mise en scène approprié !

  7. Quelle est la raison de l’attitude de nos gouvernants face à cette inertie concernant l’immigration en général ? Il serait temps de se poser la question. Pour moi cel fait partie d’une vaste opération de destabilisation de l’Europe pour des raisons idéologiques et c’est très grave.

  8. Merci Monsieur

    j’espère que Monsieur macron et son gouvernement vont prendre exemple sur Monsieur Trump.
    La France a tius les moyens d’être aussi efficace au lieub de tourner autour du pot. Tolérance zéro doit être le mot d’ordre dans tous les domaines.A.Lerte

  9. en effet mais l élément principal est que les états unis sont souverains ; la france ne l est plus et ne peut pas faire ce qu elle décide de ses droits de douane puisque c est bruxelles qui a la main ….tant que nous resterons dans l ue rien ne sera possible ; les politiciens qui disent le contraire mentent.

  10. De la « volonté ET du courage » ça s’appelle des C***** ! Mais bon ceux aux manettes ne sont pas équipés !

  11. En fait les présidents colombiens et algériens craignent un effet « pied noir ». Non pas que la situation des expulsés est comparable à celle des rapatriés d’Algérie, mais elle va générer des déséquilibres démographiques et politiques comme ce qu’a connu la France au lendemain de la guerre d’Algérie.

  12. Nous avons des dirigeants, arrivés grâce à des élections litigieuses, dont les intérêts sont ailleurs.

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