Racisme : Virginie Efira jugée trop blanche pour incarner Gisèle Halimi
L’appropriation culturelle n’est pas condamnée quand c’est un « racisé » qui incarne à l’écran un personnage blanc.
Un petit monde du cinéma en émoi. Depuis quelques jours, l’actrice Virginie Efira se retrouve au cœur d’une violente polémique dans les médias. Beaucoup ne lui pardonnent pas d’avoir été choisie pour interpréter Gisèle Halimi dans le premier long-métrage de Pauline Bureau, Hors la loi, adapté de la pièce de théâtre éponyme. Le motif ? Il semblerait qu’une Blanche ne saurait incarner une Arabe. « J’adore Virginie Efira, mais le rôle de Gisèle Halimi est pour une Maghrébine », déplore ainsi une jeune femme, sur X. D’innombrables commentaires du même acabit ont depuis été postés : « Ils ont pas trouvé de Tunisienne ? » ; « Bonjour le white-washing ! » ; « C’est une blague ? Prendre une jeune femme maghrébine, ça leur aurait arraché le cul ? » ; « C'est trop important que ce soit une personne d'origine maghrébine pour ce que Gisèle Halimi à représenter (sic) en tant que militante décoloniale et féministe »…
Virginie Efira sera l’avocate Gisèle Halimi au cinéma
Colère sur les RS où on aurait préféré voir Camélia Jordana ou Leïla Bekhti incarner cette «héroïne racisée plutôt qu’une actrice blanche, blonde qui n’a pas subi le racisme et le colonialisme» https://t.co/v4nPPSXfOM— Destination Ciné (@destinationcine) February 5, 2025
« Des actrices arabes, il y en a plein ! », dénonce un autre, évoquant l’invisibilisation de l’identité juive et tunisienne de Gisèle Halimi. Et l’internaute de proposer les noms de Sofia Essaidi, Alice Belaïdi, Leïla Bekhti, Camelia Jordana ou Lyna Khoudri… autant d’actrices d'origine algérienne, marocaine et musulmane, de surcroît ! Pour une représentation fidèle aux origines de l’avocate féministe, qui est née d'un père d'origine berbère et d'une mère juive séfarade, il faudra repasser.
L’effacement du Blanc
On voit bien que la défense de « l’identité juive et tunisienne » de Gisèle Halimi importe, en réalité, très peu aux racialistes. C’est l’idée qu’un Blanc incarne un non-Blanc qui les horripile. Notez que le phénomène inverse ne les indispose nullement. L’appropriation culturelle n’est pas condamnée quand c’est un « racisé » qui incarne à l’écran un personnage occidental. On est, au contraire, invité à applaudir la manœuvre. On l’observe dans maintes adaptations d’œuvres littéraires dont certains héros européens ont récemment été interprétés par des acteurs africains : Miss Moneypenny dans le volet Skyfall (2012) de la saga James Bond, le roi Arthur dans la série fantastique Cursed (2020), Arsène Lupin dans le programme Netflix du même nom (2021), La Petite Sirène d’Andersen (2023), la fée Clochette de Peter Pan & Wendy (2023), etc. Ce « black-washing » obstiné s’attaque également aux reconstitutions historiques : des acteurs « racisés » ont, par exemple, été choisis pour camper l’épouse d’Henri VIII dans la série britannique Anne Boleyn (2021), le mathématicien Isaac Newton dans la série Doctor Who (2023), la reine d’Angleterre Charlotte de Mecklembourg-Strelitz dans la série La Reine Charlotte (2023) ou encore le général carthaginois Hannibal dans un biopic réalisé par Antoine Fuqua (2024)…
« La Reine Cléopâtre » : des documentaires visant à faire croire qu'elle était noire prochainement sur Netflix (MàJ : Un avocat égyptien porte plainte contre la production et demande le blocage du site dans le pays)https://t.co/LWkgBpejYr pic.twitter.com/qKi4naPpHj
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Nul besoin de préciser que cet escamotage racial fait la joie des médias mainstream. Tandis que le « white-washing » est présenté comme l’incarnation même du racisme systémique qui rongerait nos sociétés occidentales, le « black-washing » constituerait, à l’inverse, « une réponse politique aux discriminations des acteurs non blancs lors de castings et participe d’une volonté de réhabilitation quantitative et qualitative des minorités raciales dans les représentations collectives ». Engager un Blanc pour jouer un personnage noir, c’est mal, c’est raciste. Mais engager un Noir pour jouer un personnage blanc, c’est bien, c’est inclusif. Logique.
La réécriture de nos imaginaires
Ce double standard prétendument antiraciste n’est pas sans conséquence. Pour commencer, il donne lieu à une raréfaction injuste des rôles auxquels peuvent prétendre les comédiens à la peau un peu trop pâle. Surtout, il encourage la colonisation de nos imaginaires et la falsification historique.
D’une manière plus accessoire mais non moins scandaleuse, il participe à la libération de la parole raciste, à l’image de cette masterclass du réalisateur américain à succès Jordan Peele au cours de laquelle il affirma, sous les applaudissements, qu’aucun Blanc n’aurait jamais de rôle principal dans l’un de ses films. Maintenant, essayez d’imaginer la même phrase dite par un réalisateur blanc au sujet d’acteurs noirs… Non, n’imaginez plus : c’est inimaginable.
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société
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59 commentaires
Cette querelle est incompréhensible car Gisèle Halimi était 1° BLANCHE, 2° JUIVE !! Ce qui ne signifie pas du tout 1° NOIRE, 2° ARABE.
A quoi joue t ‘on ????
Pas besoin de gratter longtemps le site Geneanet pour découvrir que l’anthroponyme Efira est un marqueur juif. Mais Virginie est belle et blonde, c’est insupportable ! J’en connais un(e) qui a besoin de se racheter et qui pourrait faire l’affaire : Karla Sofía Gascón !
Si on faisait cela avec les opéras (Carmen, La Traviata, Tosca, Norma, les contes d’Hofmann…), Pretty Yende et Angel Blue vont être au chômage, car ne jouer qu’ Aïda va être lassant !!
Gisèle Halimi n’était pas arabe que je sache.
Ou comment Virginie Efira découvre le racisme anti Blancs.
Bientôt une femme noire pour interpréter Blanche-Neige et des hommes très grands pour jouer les sept nains ?
Des polémiques bien dérisoires !
Je trouve ça moins grave que de choisir Aya Nakamura pour représenter la chanson française à la cérémonie des JO (et oser la comparer à E Piaf !).
Non pour sa couleur de peau dont je me moque totalement (c’est même plutôt une belle femme) mais pour la nullité de ses chansons et surtout des paroles totalement inexistantes.
Wokisme lorsque tu nous tiens !!
Dans les rôles de cinéma roman fiction, la couleur, les origines et nationalité des interprètes ne devraient présenter aucune polémique… J’adore Efira, je dirais même qu’elle est l’une de mes actrices préférées (avec Catherine Frot) mais honnêtement pour incarner des personnalités dans les films historiques, pour les biographies, je trouve insensé de choisir des acteurs qui n’ont aucune apparenté physique avec le personnage…Franchement je ne comprends pas. Ca me dérange, je trouve que ca enlève toute crédibilité au récit. Le spectateur veut aussi pouvoir se projeter dans le film qu’il regarde… Gisèle Halimi aurait pu en effet être incarnée par une actrice ayant au minimum un physique typé évocateur …
Je ne verrais pas un Napoléon Bonaparte noir, tout comme je n’admets pas les figurants racisés dans certaines fresques historiques laissant imaginer qu’il y avait eu autant de noirs à la cours royale de France dans les siècles passés …
Je précise avoir longtemps vécu en Tunisie (enfance et jeunesse). J’apprends avec stupéfaction que Gisèle Halimi, dont j’ai bien connu les commensaux, n’était, selon les critères actuels, pas… »blanche », mais « racisée » !
c’est en lisant cela que l’ont ce rend compte que le Blanc est 1000 fois moin rasciste que le noir et l’arabe nous en avons encore la preuve avec ce film et Virginie Efira.
A la télé, je zappe de plus en plus, reportant mes choix sur les chaînes de la TNT qui proposent des films tournés il y a quelques décennies…. Quant aux pubs, c’est une indigestion ! Sans oublier les catalogues de mode, de vente par correspondance, où les mannequins sont majoritairement des noires ou des métissées. Les blanches sont franchement minoritaires ! Ce qui veut dire que nos décideurs considèrent déjà qu’ils s’adressent à une clientèle de remplacement, les autochtones n’ayant plus droit à la considération. C’est grave, c’est discriminatoire, c’est raciste envers les peuples d’origine ! Osons protester !
Pu…! pourvu que les Indiens ne tombent pas dans le gouffre du complexe racial. Ca ferait un autre monde dde participants aux matches de l’anti racisme.
Ce n est rien si l on regarde toutes les pubs a la télé ou au cinéma ou l on ne voit que des blacks et où d origine arabe vanter les produits. Pour faire bonne figure quelques acteurs blancs sont incorporés. Il en est de même pour les séries policières ou la aussi la diversité est de mise. Il semblerait que dans d autres pays européens ça ne se passe pas comme cela. Moins de diversité. Et je ne parle des pays africains ou le blanc n est pas présente du tout ou tres rarement
Effectivement je me fais souvent la réflexion de la sur-représentation de la diversité dans les pub et jingles télévisuels…
Un peu ça va, mais trop ça bourre !
C’est en effet un bombardement idéologique de grande envergure : regardez les publicités par exemple, où l’homme blanc a pratiquement disparu, ou incarne le ridicule, le soumis de la fable. Sur ma page bancaire personnelle apparaissent maintenant des photos de personnes que je ne connais pas, mais typées africaines ou arabes. Histoire de me contraindre ? Mais à quoi donc au juste ?
Dans « Le procès de Bobigny », téléfilm de 2006, Gisèle HALIMI était incarné par la belge Anouk GRIMBERG, et on n’a pas fait tant d’histoire… mais c’est vrai qu’à cette époque, la « juste guerre » anti-blancs n’était pas née!