Macron fait appel à McKinsey pour définir sa politique éducative

Facturer pour la bagatelle de 496.800 euros ce qui traîne dans la plupart des rapports antérieurs peut sembler cher...
MCKINSEY MACRON
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 15/01/2023.

La France est éternelle, mais pas ses ministres. Le 20 juillet dernier, Pap Ndiaye quittait le gouvernement Borne. En attendant de voir si Gabriel Attal, qui le remplace rue de Grenelle, fera mieux que lui, on ne peut que constater que l'Éducation nationale est toujours aussi malade. Pas étonnant quand on demande à McKinsey de fournir l'ordonnance.

On savait depuis longtemps que les réformes successives de l'Éducation nationale, sous tous les gouvernements, s'inspiraient de rapports, toujours orientés dans le même sens, ou de directives européennes. Mais Macron pousse le bouchon plus loin : son programme éducatif semble obéir aux recommandations de McKinsey. L'hebdomadaire Marianne consacre un article à un rapport sur l'évolution du métier d'enseignant, commandée à ce cabinet de conseil. Un rapport de 200 pages (téléchargeable jusqu'au 25 janvier) très instructif pour comprendre les prétentions de mainmise du néolibéralisme sur l'enseignement et que l'on peut consulter après les démarches entreprises par David Libeau, développeur, membre de l’association Open Knowledge France, et Marc Rees, journaliste pour le site d'investigation L’Informé, comme le rapporte Marianne.

Macron, lors de sa campagne présidentielle de 2022, a présenté l'autonomie des établissements, les rémunérations au mérite et le fonctionnement décentralisé comme la panacée pour sortir l'enseignement du marasme dans lequel il est plongé. Eh bien, c'est du McKinsey ! Pas très original, au demeurant : facturer pour la bagatelle de 496.800 euros ce qui traîne dans la plupart des rapports antérieurs (Thélot, Meirieu, Pochard et tutti quanti), avec ces formules ronflantes qui signifient tout et rien, peut paraître un peu cher. « Rémunérations au mérite », par exemple, voilà qui sonne bien, qui paraît équitable : mais comment évaluer objectivement le mérite d'un professeur ? Demandez-le à McKinsey, il le sait !

Les professeurs « ne sont plus uniquement des "sachants" qui transmettent un savoir théorique »,  ce sont des êtres hybrides, mi-moniteurs, mi-animateurs, qui accompagnent l’épanouissement de l’élève, y compris en l’éduquant sur des sujets comme « le respect de la diversité, le développement durable, l'équité sociale ou l'égalité des sexes ». Il est vrai que pour ce faire, il n'est pas besoin de professeurs qui maîtrisent la matière qu'ils enseignent. Fini la crise du recrutement ! Il suffit d'embaucher des gens bien-pensants qui répètent, comme des perroquets, les slogans à la mode.

Ledit cabinet de conseil préconise également de faire évoluer les méthodes pédagogiques en développant, notamment, le numérique, mais pas seulement comme un outil au service de l'instruction. Ainsi, cette technologie pourrait aider le futur enseignant à « préparer les cours, automatiser partiellement la notation » ou encore le « seconder dans l’analyse des progrès réalisés par les élèves ». Comme l'écrit Marianne, il deviendrait « un simple gestionnaire, analysant courbes, graphiques et pourcentages au profit de la maximisation des résultats ».

N'employez surtout plus le mot de « professeur », encore moins celui de « maître ». C'est obsolète. L'adulte qui s'occupera de vos enfants – on n'a pas encore défini son nom – et qu'il conviendra de distinguer pour ses mérites, s'il répond bien aux normes définies, c'est celui qui sera un bon « manager » de ses élèves – pardon, des « apprenants » –, voire un chief happiness officer, ce « responsable du bonheur » qu'inventa la Silicon Valley. Lui-même sera « managé » par un chef qui aura davantage de prérogatives, un « leadership pédagogique », ignorât-il tout de l'enseignement, avec « des pouvoirs étendus dans l'allocation de ressources financières et humaines ».

Il n'est pas étonnant que cet esprit start-up de McKinsey séduise un Président pour qui les valeurs suprêmes sont la rentabilité et le profit, tandis que le peuple doit être formé à exécuter et à consommer docilement. Chez ces gens-là, on conçoit une société qui tiendrait à la fois du Meilleur des mondes de Huxley et de 1984 d'Orwell, où le conditionnement serait un mode de gouvernement. Une société où la normalisation est la règle, la servilité récompensée, la liberté honnie.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:19.
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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

60 commentaires

  1. Pour un prix bien moindre je lui fais un plan pour l’éducation nationale, ça tient en quelques mots: » que les enseignants enseignent et les étudiants étudient », c’est aussi simple que ça.

  2. Laisseriez vous prendre le volant de votre voiture à quelqu’un qui n’a pas le permis et qui n’a jamais conduit? C’est pourtant ce qu’ont fait 66% des électeurs français en 2027. Malgré les nombreux accidents survenus et un véhicule cabossé de toute part, en 2022 58% d’entre eux ont tout de même laissé piloter leur véhicule au même néophyte qui malgré quelques leçons de conduite prisent à la va vite, n’est toujours pas titulaire de ce permis de conduire. Certes ils ont probablement été bernés par celui qui se prétendait pilote de rallye, mais de la à vouloir la destruction complète de la voiture. Nous voici donc dans une descente vertigineuse embarqué dans une voiture à pédale sans frein, drivée par un mal voyant.

  3. Et si c’est pour copier ce qu’il se passe aux U.S.A., merci bien ce n’est pas un bon exemple….Il vaut mieux être milliardaire aux U.S.A….85 % de sa population cherche par tous les moyens à devenir riche, et sans grand résultat pour la plupart. En Europe arrive 20 ans après tout ce qui ne va pas aux U.S.A.
    La France par Lafayette a aidé les U.S.A. à prendre leur Indépendance envers l’Angleterre, ce n’est pas pour nous amener le pire de leur civilisation. Le Wokisme on en veut pas, et de Macron qui est allé en Californie, il peut avec Pap NDiaye y retourner…

  4. L’esprit général de la réforme proposée par Mc Kinsey et appliquée avec zèle par nos gouvernants depuis déjà un certain nombre d’années est que finalement point n’est besoin de longues formations disciplinaires pour les enseignants ou les directeurs d’établissements scolaires. Il suffirait d’une courte formation managériale, les directeurs n’étant plus que les managers d’équipes d’enseignants, ces derniers étant eux-mêmes chargés de coacher ou gérer un
    une classe, leur mission n’étant plus d’instruire mais de leur inculquer les bonnes façons de penser et de se comporter,
    le principal étant que tout se passe sans trop de vagues. Le modèle devient ainsi celui de l’entreprise privée, le groupe Education Nationale fonctionnant comme un grand groupe disposant de franchises autonomes (les établissements) avec à leur tête un directeur manageant une équipe de chefs de rayon (les enseignants) qui gèrent une certaine quantité de produits (les élèves), le tout au moindre coût.

  5. Combien nous a déjà couté McKinsey pour rien . Gestion du covid nul et leurs conseils pour l’éducation de nos petits une honte . Encore de l’argent dilapidé pour rien et qui aurait été bien utile ailleurs .

      • La meilleure méthode pour apprendre à lire ….remplacée par la méthode globale qui fait des ânes qui ne savent ni lire ni écrire.

    • Oui, mes filles, à 5 ans. Maintenant, les enseignants passent la consigne aux enfants et aux parents de ne pas aider leurs enfants, afin de ne pas perturber « les apprentissages ». Ma fille, d’ailleurs, me le répète à chaque fois. Mais ce n’est pas grave, je l’aide quand même ou par des moyens détournés. Voilà où on en est … (Bourdieu, bien avant « Mac qui ne sait », doit être bien content)

    • Moi idem ; mère juste aimante et attentive; cadre favorable ( les grandes affiches parisiennes du cercle Saint-Augustin et les menus des bistrots et hôtels du quartier St Lazare, ainsi que le prix des croissants chauds)

  6. mac kingsey recevoir des conseils de cette societé criminelle responsables du desastre de la gestion du covid mais le pire ils ont ete condamnés aux usa a des amendes de plus de 500 millions de dollars pour leur gestion calamiteuse dans la crise des opioïdes ou ils sont responsables de 500 000 morts
    elle aurait du etre disssoute et démantelée pour tous ces crimes ,mais macron adore tout ce qui se fait de plus ignoble et infame on en peu plus de ce fleau qui devaste et detruit la france

  7. En tout cas, ça devient usant de devoir tempérer sans cesse la propagande dispensée à nos enfants.
    D’autant qu’elle a toujours un temps de retard sur la propagande officiel : dernièrement ma fille avait encore un cours anti- nucléaire. Il avait probablement été créé avant que Macron retourne sa veste.
    Bref, les parents doivent disséquer chaque sujet étudié à l’école pour pouvoir expliquer aux enfants ce qui relève de la propagande à court terme.
    C’est fatiguant.

    • Oui désolant, ils s’en prennent à nos enfants de manière éhontée. Le rôle de l’école ne devrait être que d’instruire pour apprendre à réfléchir et à se faire son propre avis, l’éducation étant de la responsabilité des parents.

  8. Tout cela est épouvantable et confirme que nous sommes vraiment très mal partis …Destruction destruction …ça continue .

  9. Il était prévisible que Macron renverrai l’ascenseur à ceux qui avaient participé au financement de sa campagne 2017. Ce ne sont que magouilles. Pour en revenir à l’Education Nationale. Notre dirigeant, que ses électeurs veulent qualifier d’intelligent, nous parait sérieusement handicapé cérébral. L’E.N. , dans le passé, savait très bien remettre à la société civile des élèves parfaitement formés dans les matières fondamentales. Il suffit de revenir à ce qui se faisait de bien, de l’adapter aux outils récents, et surtout, d’écarter tout ce qui n’a rien à faire en milieu éducatif primaire. Puisqu’ils sont pratiquement tous en études supérieures, il sera toujours temps de les éduquer sur les faits sociétaux évoqués. Mais le mammouth fait de la résistance, beaucoup de résistance. Car lui…….il sait…! Il sait tellement bien qu’à la suite de plusieurs décennies de déconvenues, donc de possibilités de remédier, le mammouth en est toujours à rechercher Sa bonne solution. Alors qu’elle lui est tendue, qu’il suffit de la saisir. Non…car lui……..il sait ! Le cerveau du mammouth ? Ces syndicats qui mettent des bâtons dans les roues. Le dernier bâton ? La dictée ne servirait à rien. Voilà, voilà, voilà le niveau de ces cancres qui occupent le terrain syndical. Et vous pouvez être certain que si vous les soumettez à une dictée de leur niveau, d’une dizaine de lignes, ils vous feront 5 à 6 fautes. La crème !

  10. Toujours la même chose, dans une SOCIÉTÉ d’aveugles, Le Borgne est roi. On infantilise les gens, les enfants on les élèvent dans l’indolence, les Parents pensent qu’ils ont fait la huitième merveilles du monde, beau, intelligent, mais oublient l’effort d’abord en étudiant, et en travaillant, continuer à s’instruire. Donc une formation professionnelle continue. Un chirurgien, un ingénieur, un polytechnicien ont reçu une formation de base, mais chaque jour naissent d’autres technologies. Un expert comptable, un avocat, un juriste chaque jour naissent de nouvelles lois, c’est pour cela qu’il y a spécialisation, c’est pour cela que même l’ouvrier, l’agriculteur, doivent chaque jour suivre l’évolution des technologies, comme l’on dit rien n’est acquis. Quand la retraite arrive, chacun prend son chemin, et la descente aux enfers commence, car l’usure du temps a fait son œuvre par pour tous, mais pour la plus part des métiers rudes, certaines professions plus élitistes y échappent, mais les abus les rattrapent. L’égalité n’existe pas.

  11. C’est le corollaire de départ qui est erroné : l’école n’est pas faite pour éduquer nos enfants mais pour les instruire.

  12. Simplement le résultat de faibles d’incompétents et de fainéants. C’est tellement plus simple de faire travailler les autres à sa place d’autant que la mise en pratique de ces conseils reste encore un travail dont ils en sont incapables. Le résultat on le connait et ce n’est pas fini le trou se creuse encore

  13. Ca fait mal de penser que nos impôts, fruits de notre travail, servent à financer de pareilles « conneries » et on peut se poser la question de savoir à quoi sert un président qui ne pense qu’au travers des agences de communication et pourquoi le rémunérer pour un travail qu’il ne fait pas.

  14. La suite logique et en cohérence avec l’actuel nâvrant recrutement de pseudo-professeurs serait un « enseignement » dispensé par des militants d’associations subventionnées triées sur le volet et correspondant à la doxa progressiste.

    • N’est ce pas ce qui existe lorsque des associations LGBT++ et autres nébuleuses du même genre vont dans les établissements scolaires dispenser leurs modes de vie particuliers ?

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