Projet Périclès : le bras droit de Stérin face à T. Cazenave et A. Léaument

Soupçonné d'« ingérence » par la commission parlementaire, P.-É. Stérin sera auditionné à son tour la semaine prochaine
Capture écran Assemblée nationale
Capture écran Assemblée nationale

Le projet Périclès est dans le viseur de l’extrême gauche. Son directeur Arnaud Rérolle était auditionné, ce mardi 6 mai, à l'Assemblée nationale.

À l’initiative du milliardaire catholique Pierre-Édouard Stérin, Périclès se veut un laboratoire « d’initiatives citoyennes en vue de constituer un écosystème politique et économique favorable au développement de la France ». Voici la définition qu'en donnait son directeur, Arnaud Rérolle, dans Le Figaro, il y a quelques semaines, invoquant Alexandre Soljenitsyne pour réveiller le « courage civique » qui a « déserté le monde occidental dans son ensemble ».

Le projet peut compter sur un investissement financier conséquent, puisque Pierre-Édouard Stérin projette de confier à cette structure 20 millions d’euros par an. À charge, pour elle, de « susciter, conseiller et financer » les initiatives d’aujourd’hui et de demain susceptibles de participer au redressement français.

Stérin, la bête noire de LFI

Depuis quelque temps, les activités de l’homme d’affaires sont dans le viseur de l’extrême gauche. L’Humanité a écrit, en quelques mois, pas moins de 26 articles sur sa nouvelle bête noire.

Mais désormais, au-delà du journalisme militant, avec la commission d’enquête parlementaire, La France insoumise a trouvé un nouveau moyen d'investigation. C’est donc au titre des travaux de la commission d'enquête concernant l’organisation des élections en France que Pierre-Édouard Stérin et le directeur de Périclès doivent passer au gril des questions des parlementaires. Ce mardi 6 mai, Arnaud Rérolle a donc subi 2 heures 50 d’auditions à l'Assemblée nationale, questionné par le député Thomas Cazenave (Horizons) et le député Antoine Léaument (LFI), respectivement président et rapporteur de ladite commission.

Arnaud Rérolle ne s’est pas démonté face aux questions de parlementaires qui, sous couvert de leur rôle au sein de cette commission, ne cachaient pas l’animosité certaine qui les anime envers toute l’œuvre du projet Périclès. Les parlementaires veulent « s’assurer que les règles en matière de financement sont bien respectées » et pointent du doigt la volonté de Périclès de peser sur la vie politique française. Le bras droit de Stérin répond avec calme et autorité : « Nous assumons notre positionnement à droite », soulignant le « caractère apartisan » de son projet qu’il décrit comme une « société d’intelligence politique » qui souhaite faire émerger de « nouveaux décideurs ». Ce ne sont pas moins de 600 dossiers qui ont été étudiés et 15 % qui ont été retenus. Les parlementaires cherchent à mettre leur interlocuteur en porte-à-faux sur la base d’un document dévoilé par L'Humanité qui contenait les réflexions élaborées à la naissance du projet Périclès : « Promouvoir nos idées de façon claire, argumentée et cohérente/Imposer nos thèmes », citent-ils. Arnaud Rérolle, ayant indiqué en être l’auteur, a répété à plusieurs reprises l’ancienneté d’une source, devenue donc deux ans après caduque.

« Produire des idées qui s’inscrivent dans le cadre légal »

Sur la question des élections municipales : avec le projet Politicae, l’objectif est de « former des élus locaux », « de constituer des cadres à exercer des responsabilités politiques », indique le directeur de Périclès. « Nous ne formons et ne finançons pas des candidats », insiste-t-il. Deux maires en sont à l’origine. Quelle origine, demande sournoisement le député LFI ? LR et Horizons. Raté ! Le fidèle de Jean-Luc Mélenchon n’en démord pas : « Avez-vous une relation de confiance et d’influence auprès du ministère de l’Intérieur ? » Autrement dit, Périclès aurait-il une influence sur Bruno Retailleau, Marine Le Pen ? « Ce serait faire injure à leur égard de laisser croire qu’ils puissent être influencés par nous », répond Rérolle, imperturbable, rappelant sans cesse l’objet de ses activités : « produire des idées qui s’inscrivent dans le cadre légal ». Le député Léaument cite alors l’acronyme de Périclès, pensant dévoiler son adversaire : « Patriotes - Enracinés - Résistants - Identitaires - Chrétiens - Libéraux - Européens - Souverainistes ». La réponse ne se fait pas attendre : au-delà de la référence à la sagesse de l’auteur antique, « je n’ai aucune difficulté à assumer que je suis patriote et que j’aime mon pays », répond le jeune père de famille de trois enfants. « Je n’ai pas la même définition des termes que vous. Pour moi, le patriotisme renvoie davantage au sans-culottisme », rétorque le député rouge, qui commence à blêmir dans un interrogatoire qui monte en tension.

« Le problème est-il que je suis chrétien ? »

À la question « Avez-vous des salariés qui travaillent dans des partis politiques », réponse : « J’ai deux salariés qui ont eu des engagements auprès du parti Reconquête [...] je suis heureux de voir que dans la société civile, des salariés s’engagent. » « Financez vous l'association Justicia ? » Réponse : « Oui, nous sommes favorables à une œuvre qui accompagne la sœur de Samuel de Paty dans son procès contre l’État. » Périclès fait-il un lien entre islam et insécurité ? Le projet participe-t-il à cette « tendance de mettre une ambiance délétère de guerre de religion » ?  Réponse : « Le problème est-il que je suis chrétien ? Sauf si vous estimez qu’il est interdit de réfléchir à cette question. » Une dernière question, pour le plaisir : « Participez-vous au financement de Boulevard Voltaire et Frontières ? » La réponse est non.

Le directeur de Périclès a répondu « avec transparence » et sang-froid. LFI était sur les dents. Un avant-goût de l’audition, la semaine prochaine, de Pierre-Édouard Stérin, qui s’annonce comme un événement politique.

Picture of Yves-Marie Sévillia
Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

70 commentaires

  1. S’ils voulaient enquêter sur toutes les personnes, organisations – dont certaines « fratries », qui ont la « volonté de peser sur la vie politique française » nos députés ne suffiraient pas à la tâche. On aurait pu espérer que, dans un souci d’impartialité, la composition de la commission d’enquête reflète la diversité des élus de la nation. Ce sera pour la prochaine fois.

  2. Le terrorisme intellectuel de gauche est hégémonique. Il faut sans cesse se justifier et presque s excuser de penser clair et marcher droit. Vive la France résistante

  3. J’adore l’acronyme Périclès qui correspond avec ce que je pense et je m’amuse de la petite question innocente de la fin. Financez vous Boulevard Voltaire et Frontières . Tout
    un programme qui fait Frémir la gauche !!!

    • …. et même si c’était le cas !! A une époque où l’état finance, avec Notre argent, Libération, le monde ou France-info, je ne vois aucune honte à ce qu’un particulier finance, avec Son argent, BV ou Frontières

  4. … « Projet Périclès Stérin, la bête noire de LFI »…
    Et si Boulevard Voltaire montait un « Projet pour le publication de la (très longue) liste des bêtes noires de LFI » ?
    Il n’ont que ça pour exister, créer leurs « bêtes noires » !
    Surtout si ces dernières sont catholiques et de droite, extrémistes de droite évidemment !
    Les « bêtes noires » c’est le fond de commerce de la LFI.
    Mélenchon a toujours agi de la sorte, c’est son motto, c’est dans ces gènes.
    Les gauchistes en général, LFIstes en particulier, sont procéduriers, ils usent des lois, même de celles pour lesquelles ils votèrent contre, de toutes les arcanes dont ils bénéficient politiquement, pour détruire leurs adversaires.
    Peut-être serait-il temps que « les nôtres » usent des mêmes méthodes à l’égard des gauches allant du rose pâle au rouge vif en passant par le vert-de-gris ?

      • Ces personnes sont une constante dans notre histoire récente. La Révolution a connu « les Enragés » et les « Tricoteuses ». Leurs petits enfants se sont signalés pendant la Commune. Les abominables réactionnaires ayant progressé en humanité, leurs descendants risquent beaucoup moins sinon rien.

  5. Évidemment, quand on parle « d’intelligence politique » ça fait tousser la gauche.

  6. La semaine prochaine, ce sera l’audition de Matthieu Pigasse pour les mêmes motifs d’ingérence revendiquée.
    j’attends avec confiance de M.Léaument la même volonté de faire taire Le Monde et Libération…Si, si, j’y crois !
    Tout est possible tout es réalisable, c’est le jeu de la vie….

  7. Et voilà ce que les bobos ont gagné en voulant faire obstacle à la montée naturelle et légitime du RN ..l’intrusion de petits bolchevique au sein de l’assemblée nationale parfaitement rodés pour mettre en œuvre des proces staliniens..! Encore une chose qui n’aurait pas été possible avec la proportionnelle intégrale avec répartition au plus fort reste ! C’est gars d’extrême gauche ne seraient pas passés et lfi aurait eu bien moins de députés. Par contre , vouloir réformer la société française dans un cadre légal, avec notre conseil constitutionnel relève de la pensée magique .Ce milliardaire , avec tout le respect qu’on peut lui devoir pour son ascension remarquable ne va pas tarder à comprendre que le système est totalement verrouillé. Bref de l’argent et de l’énergie dépensés en pure perte ….

  8. Y’aura-t-il une commission d’enquête sur LFI ?
    Après le succès de dernier « Frontières », le « Complément d’enquête  » sur LFI et le livre « La meute » il y a des questions à leur poser.

  9. Cette gauche ne s’arrête jamais sauf si on s’en occupe sérieusement mais la droites semble frileuse, a raison ou a tord. l’avenir … .

    • D’accord mais c’est pour le bien du Peuple et la Démocratie. Quant aux Droites il y a tant de différences entre elles et tant d’égo que je finis par me désespérer.

  10. Ceci, comme l’affaire Frontières, rappelle la prise de pouvoir par Lénine. J’ai peur qu’on ne soit pas loin d’un coup d’état à apparence légale par la gauche qui est devenue hystérique depuis l’élection de Trump.
    Ce n’est pas les LR qui feront quelque chose, voir l’élection au 2ème tour de Merz par le Bundestag.

  11. Léaument ou … Fouquier-Tinville ? Heureusement « la grande faucheuse » a été remisée ….

  12. Vous ne vous demandez pas qui à mis ces personnes là à la commission d’enquéte,lors des dernières législatives,ils ont voter pour eux,horizon,LFI,PS,Renaissance,mais surtout pas de RN,EDR.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois