Pro-migrants et pro-vie : les idées contrastées de Léon XIV

Léon XIV pape woke ? N'exagérons rien !
Capture d'écran Vatican News
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Progressiste ? Conservateur ? Ce que sera le pape Léon XIV, d’un point de vue politique et sociétal, il est trop tôt pour le dire. Mais ses prises de position en tant qu’évêque de Chiclayo ou préfet du dicastère pour les évêques - quand il n’était que « Mgr Prevost » - indiquent des tendances.

« Léon XIV, un pape américain critique des politiques du clan Trump », se réjouit d’ores et déjà Libération. Il y a quelques semaines, en effet, Mgr Prevost reprenait à son compte un article contre le vice-président américain disant que  « J.D. Vance a tort », à propos des migrants, car « Jésus ne nous demande pas de classer notre amour pour les autres » (et pourtant… Vance reprenait là l’« ordo caritatis » de saint Thomas d’Aquin). Le futur Léon XIV a aussi posté une tribune du cardinal Dolan intitulée « Pourquoi la rhétorique anti-immigrés de Donald Trump est si problématique » et, lors du premier mandat de Trump, un texte du président du Comité des évêques américains sur la question.

Entre George Floyd et doctrine sociale

Celui qui n’était encore qu’évêque a également pris position pour George Floyd et contre le racisme supposé à l’origine de sa mort, ou contre le changement climatique. Ce conformisme à quelques idées régnantes en fait-il un républicain ou un démocrate ? Une capture d’écran circule qui le montre comme « républicain inscrit ». Une information à prendre avec des pincettes. Selon Newsweek, « l'Illinois n'inscrit pas les électeurs par parti politique ; lorsqu'ils votent aux primaires, ils indiquent le parti auquel ils souhaitent participer », pas plus que cela.

À propos du parrainage de Léon XIII que suggère le nom qu’il s’est choisi, les commentateurs ont beaucoup parlé de la « doctrine sociale de l’Église ». Elle s’est constituée au XIXe siècle pour répondre au problème ouvrier. Cela ferait de Léon XIV un pape « progressiste », une sorte de socialiste. C’est aller trop vite en besogne. La doctrine sociale de l’Église s’est présentée comme une autre voie, justement, que le socialisme. Elle a par la suite inspiré - trop ou trop peu, suivant les points de vue - la politique sociale de Vichy.

Un évêque pro-vie

Libé omet de mentionner les prises de position nombreuses et régulières de Mgr Prevost en faveur de la vie. Certes, il a retweeté le cardinal Dolan contre la politique migratoire de Trump, mais aussi, du même Dolan, cette déclaration en 2017 : « L'avortement porte atteinte aux droits humains de tous. » Lorsque Mike Pence, alors vice-président de Trump déclarait aux pro-vie : « Gagnez les cœurs avec compassion et amour », Mgr Prevost approuvait. Et en 2012, il avait pris position contre l’administration Obama qui voulait forcer les employeurs catholiques à fournir des contraceptifs et des abortifs à leurs employés.

Idem sur l’euthanasie. Mgr Prevost a retweeté la déclaration de la Conférence épiscopale péruvienne en 2021 à ce sujet - il en faisait partie -, qui rappelait la dignité de chaque vie humaine, alors que, disait la Conférence, l’euthanasie est « un acte intrinsèquement mauvais en toute circonstance ». En 2017, il relayait le conseil des Belges aux Canadiens de ne pas s’engager dans la voie de l’euthanasie. Sans doute rattache-t-il à cette défense de la vie son opposition à la peine de mort (même si cela ne tombe pas sous le sens) : « La peine de mort n’est pas admissible », déclarait-il en 2022.

Et anti-gender

« Le gouvernement paraguayen rejette l'idéologie du genre : la famille est composée du père, de la mère et des enfants » : en 2017, l’évêque Prevost approuvait cette dépêche de l’agence catholique ACI Prensa. Selon le site lgnbtqnation.com, à propos de l’enseignement du genre dans les écoles péruviennes, il avait affirmé que « la promotion de l’idéologie du genre est source de confusion, car elle cherche à créer des genres qui n’existent pas ». En 2012, rapporte le New York Times, Mgr Prevost citait les « familles alternatives composées de partenaires de même sexe et de leurs enfants adoptés » comme « des pratiques contraires à l'Évangile ». Il déplorait que les médias, les films, fassent la promotion de ce mode de vie.

Alors, Léon XIV, « pape marxiste » et « woke », comme s’est insurgée la virulente journaliste et influenceuse américaine Laura Loomer ? Certainement pas. Le considérer comme « juste une autre marionnette marxiste au Vatican » est aussi réducteur que la vision qu’en a l'écologiste Marine Tondelier, pour qui « il a l’air pas mal, ce nouveau pape ». À l’image d’un monde marqué par le libéralisme et le relativisme, l’homme n’est pas tout d’une pièce et son pontificat sera sans doute à cette image.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

72 commentaires

  1. Espérons qu’il ne massacrera pas ce qui reste de la Tradition, car il faut être réaliste, c’est bien Vatican II qui a vidé les églises.

    • Hum…. Vatican II et non pas l’augmentation du niveau de vie, la préférence pour les escapades de Week end, le bétonnage anti-catho, la déification de son « Moi » ?

  2. Le pape François étant (théoriquement) le dernier de la liste des 111 papes, nous aurons bientôt (peut-être ?), l’occasion de vérifier la teneur de vérité des prophéties de saint Malachie. Jusqu’à présent, rien ne semble vraiment l’avérer.

  3. Bien normal que chacun veuille voir le pape à l’aune de ses idées. Et tout aussi naturel que l’Eglise ne soit pas d’un bloc, elle est aussi de ce monde, si temporel. Mais je dirais que la première impression n’est pas mauvaise. Déjà, ce n’est sans doute pas une tête brûlée. Il nous soulage de son prédécesseur. Le choix de son nom ravit Libération, mais la puissance des réalités terrestres le conduiront sans doute â ne pas idéologiser plus que de raison. Après tout, il incarne la foi, source d’un ciel qui a ses raisons.

  4. L’ex pape François a bien préparé sa succession, toujours autant de luxe ostentatoire au Vatican, pourtant d’après les écritures le derniers repas du Christ c’était sans tiares et sans chasubles, loin des apparats, alors comme voulez-vous que cette Eglise se préoccupe du quidam.

    • Incroyable mais vrai = Elle s’en préoccupe beaucoup et plus efficacement que l’ensemble ONG + Psychologues et autres prometteurs de bien être perso.

  5. Les contraceptifs et les abortifs ,ce n’est pas la même chose .Je ne crois pas que l’Eglise interdise les contraceptifs.

  6. Le principal est que Léon ne réduise pas tout le travail de réforme mené par François. Il nous faut un Pape tourné vers l’avenir. Le mariage des prêtres, le rôle des femmes dans l’église, les abus sexuels constitueront quelques uns des thèmes pour lesquels nous souhaitons tous une évolution.

    • Vous avez oublié un mot: « destruction » ! Le « travail de destruction de l’Eglise mené par françois » !

    • VOUS souhaitez une évolution sur les points que vous citez. Vous n’êtes probablement pas le seul, néanmoins, ayez l’amabilité (et la prudence) de ne pas considérer que VOTRE avis est celui de TOUS ! Il y a au moins une exception, la mienne, et je crois pouvoir affirmer que je ne suis pas le seul…

    • Préoccupations certes honorables mais qui sentent tout de même leur « monde ». La raison d’être de l’Eglise déborde tout cela de beaucoup.

  7. Ne rentrant pas dans le jeu la paranoïa des réseau sociaux, tout peut être sorti de son contexte au jour j.
    Prions pour le saint père, son discours est depuis hier le discours du pasteur, chef de l’Eglise Catholique.
    Écoutons avec un esprit de conversion

    • La conversion est toujours une bonne idée. Prions donc pour que tout intervenant sur le sujet via son « réseau social » fasse auparavant une station dans une église…

  8. La discussion n’est pas l’amour mais de prendre conscience de la volonté de faire disparaître nos racines Chrétiennes .

  9. Ce que pense ou dit cet homme,je le respecte..tout autant,que ce que peut dire ma mere ou mon oncle Paul.. c’est son avis,
    Pour autant ce n’est qu’une infime partie de ce qui pourrait ,éventuellement m’influencer..Nous ne vivons pas dans le même monde ni avec les mêlés contraintes quotidiennes..

  10. « Jésus ne nous demande pas de classer notre amour pour les autres »… Sans doute, mais je ne crois pas qu’il nous demande d’accepter que l’on vive à nos crochets. Je vous rappellerai la 2° lettre de Saint Paul aux Thessaloniciens: « Que celui qui ne veut pas travailler ne mange pas ». Et c’est un Saint qui le dit!

  11. En fait et sur ce qu’on en voit dans cet article, Léon se contente de marcher sur les traces de son prédécesseur, pro-immigration qui considérait l’IVG « comme un meurtre ».

    • Ce Pape a le droit de donner son avis qui n’est certainement pas plus valable que celui d’un citoyen lambda concernant notre vie en ce monde.Maintenant , concernant ses prises de positions politiques ( affaire Floyd,immigration, anti-Trump etc…) puisqu’il se prétend tant gentil,je suppose qu’il va accueillir chaleureusement des milliers et des milliers de migrants dans son sacro-saint Vatican, qu’il va faire en sorte en tant que « Saint-Père » tout puissant qu’il doit être certainement vu l’engouement qu’il suscite parmi les fidèles de son église,pour prendre totalement en charge financièrement le coût des nouveaux-venus sur son territoire et que pour faire bonne mesure qu’il supprime aussi ses gardes suisses pour le protéger lui et son État, car dans le fond,en tant que vicaire de Dieu,sa protection contre des malfaisants devrait lui être accordée non ? Pour moi,vu déjà ses positions anti-Trump,il n’est qu’un agent du système qui nous dirige, donc pour faire bonne mesure,je dirai que me concernant, » la messe est dite »et les leçons de morale religieuse, que ceux qui les prônent commencent eux-mêmes à les pratiquer et après peut-être on verra.

  12. Extrait d’un poème de Victor Hugo, l’amour d’une mère : «  Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier ». Personne ne niera qu’une mère chrétienne exemplaire aime d’abord ses enfants avant ceux des autres. Et personne ne niera que le pape doit aimer ses brebis avant celles du voisin. Mauvais point pour Léon, déjà idéologue plus que réaliste. Ça ne présage rien de bon.

    • Il n’y a aucun reproche à faire aux migrants, pas plus qu’aux politiciens, aux esquimos, aux bouchers, enseignants ni aux caravaniers, aux juifs ni aux coréens. Arrêtez de répéter n’importe quoi. Et il convient de respecter le choix d’autrui dans l’exercice de sa liberté. Seuls les nuisibles sont à réprimander et à remettre dans le droit chemin. Avec discernement et sans haine. Relisez la parabole de l’ivraie et celle de la femme lapidée : que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre! Laissons à Dieu le soin de juger chacun de nous car lui seul voit la vérité dans le cœur des gens.

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