Pour les amendes, la RATP cible les gens bien élevés

Les contrôles au faciès existent, et ce ne sont pas ceux habituellement dénoncés.
faire les poches

C’est une petite bombe que lâche le JDD, dans un article en ligne publié le 20 mai. La RATP a des objectifs chiffrés, en termes d’amendes, et ses agents verbalisent donc plus volontiers ceux qui ont des têtes à pouvoir payer. Nos lecteurs se souviennent peut-être de la mésaventure d’une certaine Salomé qui, il y a quelques semaines, avait écopé d’une amende de 150 euros… parce qu’elle transportait une plante verte dans le métro. « Très surprise d’apprendre que porter une plante coûte plus cher que de frauder le métro », la jeune femme était tombée sur une contrôleuse que le JDD qualifie pudiquement de « particulièrement zélée » - une façon polie de parler de harcèlement administratif.

Le journal révèle dans son article que les agents qui verbalisent dans le métro ou le RER perçoivent, chaque mois, 10 % du montant des amendes réglées sur place. Par ailleurs, la carrière des agents qui verbalisent le plus décolle, sans parler de primes qui vont jusqu’à 500 euros par mois… Bref, il y a toutes les bonnes raisons, pour un agent ambitieux et vénal, de coller des « prunes » aux contrevenants… mais attention, pas n’importe lesquels.

Des contrevenants ciblés

Un agent révèle, sous couvert d’anonymat, quelles sont les proies les plus faciles. « On cible ceux qui sont susceptibles de payer tout de suite. Une personne bien habillée, qui a probablement une carte bleue sur elle : on va faire le maximum pour ne pas la lâcher, la faire sortir de ses gonds pour qu’elle paye. » En revanche, quand les gens refusent de payer ou se montrent agressifs, « la plupart du temps, c’est "merci et au revoir" ». En d’autres termes, la prochaine fois que vous prendrez le métro sans ticket, portez un sweat à capuche, hurlez sur les agents, refusez de payer et votre cinéma paiera. Malheur à ceux qui ont des têtes à avoir une carte bleue, c’est-à-dire ceux qui sont « bien habillés » : les agents les harcèleront pour qu’ils paient. C’est eux qui le disent.

Des lois qui ne s'appliquent qu'à ceux qui les respectent

Jean-Yves Le Gallou, il y a quelques années, a trouvé un mot pour qualifier le pays dans lequel nous vivons : une anarcho-tyrannie. Au fur et à mesure que la déliquescence de la France se fait plus irréversible, les lois finissent par ne s’appliquer qu’à ceux qui les respectent. Ces braves gens, on les tracasse, on les harcèle, on les fait crouler sous les taxes, on les verbalise pour non-port du masque pendant le Covid-19, on leur fait payer des excès de vitesse minimes et, donc, on les cible en priorité lors des contrôles de titres de transport.

Au fond, on pourrait se dire que les « bons clients » n’ont que ce qu’ils méritent. Ils sont les derniers à croire que quand on respecte la loi, on est protégé ; que quand l’État vous vole, avec divers stratagèmes, ce que vous gagnez honnêtement, c’est bien normal, afin que les services publics fonctionnent pour le bien de tous. Pour les narcotrafiquants payés en cash, pour les migrants qui ont des cartes bleues dotées de 400 euros d’argent public chaque mois (quand le salaire d’un agriculteur peut tomber à 700 euros mensuels), pour les racailles qui fraudent dans les transports, il n’y a pas de problème. Dormez tranquilles, bonnes gens : l’État vous fait les poches, puisque vous avez des têtes à raquer.

Mais au juste, n’est-ce pas cela, que l’on appelle un contrôle au faciès ? N’est-ce pas cela, que l’on appelle une discrimination ? C’est le dernier péché des braves gens : ils n’ont pas le réflexe de la pleurniche. Et ils ne brûlent rien quand on les assassine. Ils se contentent de subir en silence, jusqu’à la mort, dans un pays dont leur propre État les dépossède…

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

48 commentaires

  1. « On cible ceux qui sont susceptibles de payer tout de suite. » La justice aussi, qui fixe les amendes et les indemnités en fonction du revenu déclaré du coupable.

  2. Imaginez une jeune fille bien éduquée, qui ne vocifère pas, qui porte un pot de fleur et une jupe courte. Alors là, c’ est le treizième mois assurée!! Mais dans la ville où je suis; les contrôles fleurent un peu la même suspicion de « facilité de verbalisation ». Entre 9 h et 17 h le plus souvent, moins de cohue ni de gens à l’ incivilité facile, je suppose ? Et les agents descendent avant certaines stations où – peut- être – leurs contrôles seraient compliqués…

  3. L’état montre l’exemple ! Pour les impôts, il n’impose que ceux qui peuvent payer. Les autres sont exemptés et bénéficient de tout gratuitement. Il supprime la taxe d’habitation (pourtant seul impôt réellement juste), mais augmente la taxe foncière.

  4. J’avais lu l’article, on appelle ça « le privilège blanc », tu es solvable enfin d’après eux, ils te contrôlent, cherchent bien sur la petite bête, photo soit disant non reconnaissable …ils savent qu’ils ne risquent rien et exigent que l’amende soit payée sur le champ. Ne rien céder,, ne présenter aucune carte d’identité et dire qu’on n’a aucun moyen de paiement, ça peut marcher ! Bien sur ils ne contrôlent pas les « divers » , même s’ils savent qu’ils ne sont pas en règle, mais ne veulent pas se prendre de coup et puis souvent les contrôleurs et les fraudeurs sont de la même ethnie, on ne contrôle pas ses « cousins » !!! Bref ils se font du fric sur les gens honnêtes , qui payent et ne posent pas problème, idem à la SNCF ceci dit en passant, faire du chiffre c’est leur crédo

  5. Mon dernier fils s’est fait arrêter souvent à la Station Etoile. Blondinet aux yeux bleus, il ne paraissait pas bien dangereux.

  6. Ce sont les chefs d équipe de contrôle dans les bus qui perçoivent un pourcentage sur les amendes. Le simple contrôleur ne touche rien!

  7. De toute façon la majorité des amendes ne sont pas payées . les contrôleurs sont sans doute avares de leur temps , et vont à l’essentiel : faire payer ceux qui veulent bien se laisser faire .

  8. Vieille pratique déjà constatée il y a plus de 20 ans sur une ligne de bus, démarrant de la banlieue où montaient un tas de fraudeurs, et où, bizarrement, on voyait monter des contrôleurs lorsque le bus arrivait au coeur des quartiers bourgeois parisiens !
    Mais qu’attendre d’un pays où un maire qui refuse, en voulant appliquer la loi, de marier un OQTF est traité comme un délinquant, où une septuagénaire à la modeste retraite ne peut plus payer sa taxe foncière parce que les tribunaux ont ordonné le maintien dans son logement de squatteurs guinéens ?

  9. Le fait de percevoir un pourcentage des PV plus des primes et de bénéficier d’avancement de carrière pose deux problèmes :
    1) Moral : cela conduit à des comportements répréhensibles, mais à éviter les problèmes.
    2) juridique : quand ces contrôles se font dans ces conditions (« on va faire le maximum pour ne pas la lâcher, la faire sortir de ses gonds pour qu’elle paye. ») il y a rupture d’égalité des contrevenants selon la couleur de leur peau. Leur âge,etc…selon les témoignages et déclarations cités ici…
    Mais une fraude reste une fraude, non ?

  10. Je fois que je passe les contrôles pour l’avion j’ai droit à la fouille, les mains, le dessus de mon bagage, etc… Bizarre non ? évidemment un contrôle de plus sans aucun risque ! J’ai vu pire un ami avec un attaché-case, fouillé de fond en comble alors que de gros sacs passaient juste à côté…

  11. les gens bien habillés aiment ils se faire tondre…. apparement oui ….quand on a vu le niveau de soumission aux mesures grotesques du gouvernement pendant le covid…..

    • Non ! On n’aime pas se faire tondre pas plus que vous ‘yoyo’. Mais seul(e), on ne peut pas protester de la même façon que tous rassemblés. Est-ce que tous les Français qui ne voulaient pas se voir appliquer ces obligations ridicules étaient prêts à se lever d’une seule voix ? Non plus. Alors, non par soumission mais plutôt par déception, ceux-ci n’ont pas assumé les amendes que ce gouvernement « de mes deux » infligeaient aux personnes solvables. Les autres ne l’étant pas, ils auraient été exonérés du paiement. Et ça, c’est aussi une réalité de notre cher pays.

  12. Comme si on avait besoin du JDD pour s’en être aperçu. Ceci dit, cela n’enlève rien à ce journal, ni à cet article, qui se font le relais de cette triste réalité. Mais oui ! Que ce soit en train ou en voiture, certains policiers sont très promptes à vous en « coller une » si cette dernière sent l’entretien ou si vous montrez une politesse qui fait penser à une bonne « poire » qu’on peut pressuriser jusqu’à plus soif. On dirait que la bonne éducation les excite et fait monter d’un degré supplémentaire la rancœur qu’ils éprouvent vis-à-vis de tant de gens qui les ont humiliés en mettant en cause leur autorité. Cela fait longtemps que nous subissons, nous honnêtes citoyens, d’autant plus que nous sommes solvables, les aigreurs provoquées par ceux qui ne le sont pas. La justice penche toujours du côté desdits précaires comme si elle se consolait de ne plus pouvoir la rendre justement.

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