Pour Attal, le RN « passager clandestin » au Salon de l’agriculture

Voilà qui équivaut donc à prêter au RN des pouvoirs occultes qu’il n’a certainement pas.
Jordan Bardella Salon Agriculture

Un Président venu faire son numéro de claquettes chez les paysans et qui s’y fait huer, même si réfugié derrière ses gardes du corps, voilà qui aurait dû mettre la puce à l’oreille des brillants stratèges élyséens. Ou, tout au moins, les pousser à mieux réfléchir quant à la stratégie médiatico-politique de leur patron. Mais non. Pour Gabriel Attal, sémillant Premier ministre, venu le soir, en catimini, quand les risques de contradictions étaient moindres, il n’y avait qu’une seule explication plausible au drame diffusé en direct sur les chaînes d’information : « Le Rassemblement national est le passager clandestin de cette crise agricole… »

Et le même de poursuivre : « Ce qu’on a vu samedi, c’est certains qui instrumentalisaient probablement certaines forces syndicales. » Le ou la coupable ? Marine Le Pen, donc. Mais bon sang, mais c’est bien sûr, qui d’autre qu’elle ? Un Macron qui n’a besoin de personne pour se fâcher avec tout le monde…

À ce niveau d’autosuggestion, on atteint des sommets quasiment hallucinogènes que même un Gérard Miller n’aurait osé franchir ; c’est dire. Comme si le gouvernement avait besoin de la figure lepéniste aux atours méphitiques pour se mettre la quasi-majorité à dos. Récapitulons. Depuis 2017, notre Président jupitérien aura donc réussi à hérisser les pêcheurs, les policiers, les paysans, les pompiers, les chauffeurs de taxi, les infirmières, les retraités, les médecins, les diplomates, les militaires ; et encore doit-on en oublier. Ne reste plus qu’à attendre que les boulistes et les collectionneurs de timbres, les barbiers et les adventistes du septième jour descendent dans la rue et ce sera carton plein.

Cela étant dit, voilà qui équivaut donc à prêter au RN des pouvoirs occultes qu’il n’a certainement pas ; ce qui est le syndrome même de ce « complotisme » visant à surestimer le pouvoir de l’adversaire.

Il est vrai que Jordan Bardella avait versé le premier sang en affirmant, le jour même : « C’est Emmanuel Macron qui, depuis sept ans, soutient la stratégie "de la ferme à la fourchette" qui prévoit la baisse des rendements agricoles de 20 à 15 % et qui met en concurrence notre agriculture avec des produits du bout du monde qui ne respectent aucune des normes auxquelles sont soumis nos producteurs et agriculteurs français. » Première salve.

Bardella prend Attal à son propre jeu

Puis, second tir d’artillerie : « Je pense qu’Emmanuel Macron sombre dans une forme de paranoïa, de complotisme et d’extrémisme qui m’apparaît extrêmement inquiétante au regard des fonctions qui sont les siennes. » Pour finir, cette dernière frappe, n’ayant rien de chirurgical : « Voilà qui rappelle les heures les plus sombres de l’extrême droite… » Et de l’humour, avec ça ! Certes, il y a le duel non avoué entre Gabriel Attal et Jordan Bardella, en vue de la prochaine élection présidentielle de 2027, voir 2032, qui peut éventuellement expliquer cet échange des plus virils. Pourtant, ce dernier, s’il avait lieu, n’obéit pas aux mêmes règles.

D’un côté, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter. Marine Le Pen, si. Gabriel Attal demeure donc le dernier espoir de la Macronie, tandis que Jordan Bardella n’incarne qu’une armée de réserve pouvant éventuellement suppléer à l'éventuelle peine d’inéligibilité d’une reine l’ayant fait prince. Le parallèle entre ces deux jeunes pousses n’est donc que relatif.

Ce, d’autant plus que si le binôme Macron-Attal n’est que conjoncturel, son vrai-faux frère jumeau Le Pen-Bardella est autrement plus structurel. D’où, peut-être, l’actuel nervous breakdown semblant contaminer à la fois Matignon et l’Élysée. Et poussant ces deux autorités de moins en moins suprêmes à proférer les dingueries plus haut évoquées.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

55 commentaires

  1. Passagers clandestins de la crise agricole que Attal et les macronistes ont créés eux-mêmes. Mieux vaut être clandestin d’une crise plutôt que d’en être le coupable !

  2. Ben voyons, la preuve en est la venue sans dispositif sécuritaire visible, l’accueil chaleureux réservé à ces membres du RN au salon de l’agriculture. Je suppose que l’effrayant et pléthorique, inédit, dispositif sécuritaire mis en place pour la venue de Macron, était là pour éviter que Machiavel ne soit étouffé par les bisous, les gestes d’amour, de reconnaissance, qui animaient joyeusement ce salon lors de sa venue. Comment ces gens là peuvent-il croire que les Français mordent encore à l’hameçon de leurs mensonges. Qu’ils continuent donc à nous prendre pour des cons, mais ça ne marche plus. J’espère que les prochaines échéances électorales le prouveront clairement.

  3. Tous les commentateurs qui ont éprouvé une jouissance orgasmique à la nomination du génial Attal, record battu pour l’écharpe rouge du barbant en chef et son « archange Gabriel », doivent bien déchanter puisqu’ils sont bien obligés d’admettre que notre sémillant premier ministre n’est peut-être pas si génial que ça puisqu’il n’a rien trouvé de plus original que la grosse ficelle usée du dangereux RN. Ce serait comique si la situation n’était pas si grave. Chaque jour, les ministres doivent éteindre l’incendie que le président a allumé la veille mais, au bout du compte, c’est quand même la faute du RN !

  4. Toute ces agitations, grossièretées pour qu’on ne parle pas de leur bilan catastrophique pour notre pays dans tous les domaines, hélas. De quoi s’inquiéter pour l’avenir de nos enfants. On reste à la merci des prochains votes. Pas de quoi donner envie de laisser des enfants dans ce monde. Attal très petit personnage qui s’est découvert, rien de bon à attendre de celui là non plus.

  5. Attal s’enfonce, le vernis tombe, il adopte la voix de son maître. Chassez le naturel il revient au galop. A l’image d’E.Macron, ce n’était que comédie, du « prêt à paraître » . La façade se délabre, les infrastructures se dévoilent. Elles sont poreuses. Dommage mais en quelques sorte, une continuité, nous sommes habitués par natures avec la valse des ministres de l’Education.

  6. Telle un animal blessé la macronie devient agressive, c’est normal. Ne lui en voulons pas, elle va mourir la pôvre! A nous de tout déconstruire ce qu’elle a mal fait et de remettre tout d’aplomb. Ce ne sera pas simple

  7. C’est une grande continuité que nous offrent ce gouvernement du chef de l’état au premier ministres en passant par les sous-fifres qui peinent à rejoindre leur mentors de se rendre à une médiocrité crasse en invectivant le Rassemblement Nationale avec Marine Le Pen et Bardella. Certainement pouvons nous y voir une jalousie de ne pouvoir se hausser à leur niveau mais sans le vouloir leur attitude est improductif.

  8. Quelle déchéance ce gouvernement ! Toutes et tous programmés Macron ! Rien sur l’avenir de notre pays. L’enseignement, l’hôpital, l’armée, l’agriculture, la médecine, l’industrie, les finances etc… tout cela c’est la faute du RN si c’est dans cet en état plus que lamentable. Mais les français sont des moutons pour voter, comme disait mon père. Alors le changement n’est pas pour demain !

  9. Il est plus facilecde taper sur le RN que faire campagne et défendre son bilan si bilan il y a. Comme aux dernières présidentielles

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