Pour Agnès Pannier-Runacher, « les moins riches n’ont pas de voiture »

Les ploucs ne se déplacent pas en voiture ; ils ne savent peut-être même pas ce que c’est.
Capture d'écran Public Sénat
Capture d'écran Public Sénat

À chaque fois que l’on croit les macronistes parvenus à un optimum de mépris du peuple et de déconnexion totale, tel ou tel ministre ou conseiller parvient encore à nous surprendre. Pourtant, nous ne devrions pas être surpris. Le Président lui-même n’a-t-il pas montré la voie, il y a bien longtemps, quand il disait aimer les gares parce qu’elles permettaient aux riches de croiser « ceux qui ne sont rien » ? Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, de la Pêche, de la Mer, de la Forêt (et d’autres lieux), a poursuivi dans cette voie lors d’une interview télévisée accordée à BFM TV, ce mardi 8 avril.

Agnès Pannier-Runacher ne sait pas compter

On sait que le sujet des zones à faibles émissions, décrétées dans les grandes métropoles et qui empêchent, dans les faits, les possesseurs de véhicules trop polluants d'entrer dans Paris ou Lyon (par exemple), a fait beaucoup de bruit. C’est bien compréhensible, car il s’agit, sous couvert d’écologie, d’empêcher les salariés qui viennent de la périphérie (cette zone qui se situe juste avant « les territoires » et pas encore « en région ») de rejoindre leur lieu de travail. Agnès Pannier-Runacher ne pouvait pas esquiver cette question. Elle ne le pouvait pas, mais elle l’a un peu fait quand même. Ne citant que les cas de Paris et Lyon, alors que plusieurs autres agglomérations sont concernées, elle a évalué à 650.000 le nombre de véhicules concernés. C’est oublier les millions de véhicules qui sont concernés à l’entrée d’autres villes.

Clou du spectacle : les journalistes lui ont rappelé que cette mesure était surtout préjudiciable aux Français les moins aisés (ceux qui n’ont pas les moyens d’habiter dans les grandes villes et de se déplacer en « mobilités douces », ceux qui n’ont pas les moyens de changer de voiture). La réponse du ministre était toute prête et a fusé sur le ton de l’évidence : « Les moins riches, ils n’ont pas de voiture. » On reste pantois devant tant de candeur. C’est pourtant simple comme bonjour. Les ploucs ne se déplacent pas en voiture. Ils ne savent peut-être même pas ce que c’est.

C'est quoi, un pauvre ?

Pour un peu, Agnès Pannier-Runacher, si elle avait été dialoguiste de cinéma, aurait pu parodier la célèbre tirade d’OSS 117 (« Vous savez ce que c’est qu’une dictature, Dolores ? »). « Vous savez ce que c’est qu’un pauvre, monsieur le journaliste ? Déjà, un pauvre, c’est quelqu’un qui n’a pas de voiture. Il roule en calèche ou se déplace à cheval, il vit dans une maison médiévale qui n’a qu’une pièce, un sol de terre battue, et toute la famille dort dans un grand lit couvert de paille. Ça commence par là. Les pauvres n’ont pas de dents, ne font pas d’études et sentent l’alcool à neuf heures du matin (comme disait Mélenchon des électeurs du nord de la France). Alors, voyez, quand on est pauvre, on ne sait même pas ce que c’est qu’une ville. On a le GPS pour aller acheter des frites surgelées chez Aldi, une télé et un abonnement à Netflix, mais à part ça, la technologie, on ne sait pas ce que c’est. Une voiture, je vous demande un peu ! Qu’est-ce qu’ils en feraient, ces cons de pauvres ! »

Et ça se dit ministre… Mme Pannier-Runacher oublie une toute petite chose : ces pauvres, dont elle dit qu’ils n’ont pas de voiture, ont versé leur sang et donné leur labeur depuis plus d’un millénaire pour que la France demeure, et, indirectement, pour que des parasites anonymes et interchangeables fassent pousser des réformes avec bien plus de facilité qu’ils ne feraient pousser des légumes. On a comme l’impression d’être au début du printemps 1789…

Picture of Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

186 commentaires

  1. Agnès Pannier-Runacher fait partie de cette classe politique qui nous dirigent sans rien connaître ; on peut certes être brillant et efficace après HEC, l’ENA et les Ponts, mais il faut une grosse dose d’ignorance de la réalité pour mépriser à ce point les prolos qui roulent en vieille Renault diesel pour aller au boulot.

  2. PAUVRES SANS VOITURE

    Depuis l’avènement de Marcon, et même avant (Hollande) le mépris revient souvent.

    « Le fascisme, c’est le mépris. Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le fascisme. » Albert Camus – 1913-1960 – L’Homme Révolté, 1951

  3. Madame Agnès Pannier-Runacher, vraiment honte a vous pour sortir de telles Aneries , Vous ne connaissez rien de la vie d’un peuple. Les moins riches n’ont pas de voitures dites vous ! ! ! Hélas ce sont les seuls a en avoir besoin, Ils en ont besoin pour aller travailler, car les salaires qu’on veut bien leur donner, ne leur permettent pas de se loger près de leur travail, les loyer que votre caste leur impose sont trop élevés. Il leur faut une voiture pour aller acheter a manger, car il n’y a plus de commerçant en ville ou en village. Il leur faut une voiture pour aller voir un médecin, ou se faire soigner à l’hopital, car ils vivent dans un désert médical. Il leur faut une voiture pour mener leur progéniture a la crèche ou a l’école . Il leur faut une voiture pour se déplacer en France , car hors les lignes TGCV il n’y a plus de transport en France . Vous ne pouvez pas comprendre tout cela, vous la Parisienne de naissance, qui avez tout sous la main , transports, cantine de luxe a l’assemblée , choix des écoles et lycées dans la capital .Ces « pas riches », doivent ramer pour manger quelques pommes de terre a l’eau, alors que vous, vous vous gavez de langouste, homard et autre ores de Versailles, que nous payons avec nos impots. Mais vous , vous nous assassinez avec vos Z F E, afin de nous empêcher de faire tout ce que je viens de dire .Lisez Victor Hugo, Balzac, Voltaire et bien d’autres, pour savoir ce qu’est un peuple. Ainsi peut être que vous et vos confrères nous traitrerez mieux, nous qui ne demandons qu’à vivre tranquille, en sécurité, et pouvoir nous abriter correctement avec une assiette pleine…Allez a l’école du savoir vivre , apprendre a respecter les gens ! ! !

  4. Elle doit être très pauvre. La République a du mettre à sa disposition une voiture avec chauffeur. Elle n’a plus un rond. Son père a tout caché dans des paradis fiscaux.

  5. On se demande si ces élites sont déjà sorties de paris intra-muros pour visiter les territoires. Les zones anti pauvres existent déjà quand on voit le prix de la minute de parking à certains endroits

  6. Sidérant, la libre circulation en Europe, les OQTF et les pires peuvent se déplacer librement, on nous dit nous n’avons pas les moyens de contrôler, et toi dans ton propre pays tu as interdiction de circuler ou d’entrer dans une ville, et là nous avons les moyens de pister, de contrôler, interdire, sanctionner etstigmatiser. Ces gens qui puent la sueur qui transpirent d’angoisse de savoir comment faire, travailler, nourrir sa famille et gaver les élus et associations de leurs impôts et taxes. In fine être un honnête citoyen qu’on appauvrit et qui travaille n’est pas un bon plan, tu n’as pas d’excuses ni circonstances atténuantes, trop bien « rééduqué » pour te comporter en émeutier qui casse et crame, trop fatigué par les heures de routes et de travail. Ces élus sont décidément sidérants, le plus sidérant sont ceux qui réélisent années après année ceux qui les méprisent les appauvrissent et leur enlèvent chaque année un petit plus de dignité.

  7. quelle honte et quel mépris, elle va voir déjà aux municipales quel bulletin les pauvres vont mettre dans l’urne !!

    • Le pire, c’est que ce sont justement les gens du Nord (Pas de Calais) qui ne sont pas réputés pour être les plus riches, qui l’ont élue. Pourquoi se gênerait-elle ? Certains électeurs, plus on les méprise, plus il en redemandent… Et après, ils pleurent

  8. Et en plus ils y a beaucoup de ces « pauvres » qui ont voté Macron en 2017 ou participé à sa réélection . Elle ne devrait pas l’oublier……..

  9. Qu’elle lève son derrière et sorte de Paris, et surtout qu’elle étudie les grilles de salaire. Elle comprendra. Maintenant que les ZFE sont sur la sellette, elle s’attaque aux vieux pour leur supprimer le permis, pourtant ce n’est pas cette catégorie de personnes qui a le plus d’accidents. Tout contre la voiture.

      • A quel âge est on vieux ? Je connais des personnes qui sont vieilles à 30 ans et d’autres qui sont encore jeunes à 75 ans ! On peut être jeune de corps mais vieux d’esprit.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois