[Point de vue] Lyon : un pèlerinage interdit à cause de… la « messe en latin » !

Un groupe de fidèles laïcs avait décidé d’organiser un pèlerinage régional, Via Lucis. Le primat des Gaules a dit non.
Basilique de Fourvière Lyon
https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a8/Basilique_de_Fourvi%C3%A8re_-_lyon.jpg

Il y aura, en ce dimanche de Pâques, près de 18.000 baptisés, adultes et adolescents. Ce renouveau de la foi est explicable par plusieurs causes : catéchisme sur les réseaux sociaux, réaction à l’écrasement sociétal qu’est l’islam conquérant ou encore conversion par la beauté du rite, comme c’est le cas de ces pèlerins de Notre-Dame de Chrétienté, chaque année plus nombreux sur les routes de Chartres. Mais, sur ce dernier point, il semble que les évêques de France préfèrent une église vide à une messe célébrée selon le rite ancien - une « messe en latin », comme disent les journalistes.

Des « tradis » pas « comme tout le monde »

Le dernier exemple en date remonte à dix jours et se situe à Lyon. Dans la capitale des Gaules, un groupe de fidèles laïcs avait décidé d’organiser un pèlerinage régional, s’inspirant de modèles qui fonctionnent très bien ailleurs (Feizh e Breizh en Bretagne, Nosto Fe en Provence, par exemple). Leur projet s’appelait - s’appelle encore - Via Lucis. Son itinéraire partait de Vienne pour rallier Lyon à pied, au mois d’octobre prochain. Il prévoyait - c’est là que les choses se corsent - une célébration traditionnelle, selon le rite lyonnais. Ce rite fut celui du saint Curé d’Ars. Il comporte certaines particularités, que détaillent obligeamment les missels, mais surtout, il est, lui aussi, en latin… On devrait passer outre, dans une Église où il y a « de la place pour tout le monde », comme disait le pape François aux JMJ de Lisbonne, en 2023, non ? Eh bien, non. Il y a de la place pour tout le monde, mais les tradis ne sont pas considérés comme des catholiques, à ce qu’il semble.

Mgr de Germay, archevêque de Lyon et primat des Gaules, a donc interdit la célébration de la messe dans le rite lyonnais. Le cœur lourd, les organisateurs ont alors pris la décision, dans un courrier daté du 10 avril et adressé aux participants, d’annuler cet événement pour l’année 2025 (Messe interdite pour le pèlerinage Via Lucis à Lyon - Le Salon beige). Mais, au juste, qu’est-ce qui dérange nos évêques ? Ca ne peut pas être la foi. Ca ne peut pas être l’enthousiasme des laïcs. Et ça ne peut pas être la messe, « source et sommet de toute la vie chrétienne », comme dit le concile Vatican II… ou alors c’est grave.

Le Coran mais pas le latin

Dans une église, en 2025, on peut tout faire : musiques audacieuses, concerts totalement profanes (voire profanateurs), notamment avec récitation du Coran (un concert à Saint-Louis des Invalides suscita l’émotion), mais pour le latin, on repassera. Pourtant, les vocations sont chez les tradis, tandis que les séminaires sont presque vides : les évêques haussent les épaules en parlant d’un effet de mode. Les conversions sont (beaucoup) chez les tradis : les évêques parlent de « prosélytisme » comme si c’était un vice. La jeunesse, aussi, est chez les tradis, caractérisés par des taux de fécondité subsahariens et un engagement précoce pour le bien commun : les évêques s’en foutent. Ce qu’ils veulent, c’est qu’aucun pèlerin ne vienne poser ses croquenots boueux sur le lino beige de leurs salles polyvalentes désertes. Quitte à ce que le peuple de Dieu n’existe plus que dans leur souvenir.

Quel spectacle cela donne-t-il aux yeux de ceux qui ne croient pas ? Pourquoi la haine vient-elle des clercs et non des infidèles ? Mystère d’iniquité. Un évêque qui interdit un pèlerinage catholique : elle est pas mal, celle-là ! Bon courage aux Lyonnais de Via Lucis et honte à ceux qui les persécutent.

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

83 commentaires

  1. Dans une église on ne peux réciter la messe en Latin, interdit, on peut lire le Coran autorisé, demain la messe sera peut être en Anglais ou arabe.

  2. Je n’ai pas la foi, mais j’envie ceux qui l’ont, et je les respecte toutes.
    Le fait du Prince. Vous avez raison : honte à ceux qui les persécutent, et je crains qu’un nouveau pape ne fasse la différence.

  3. je suis un infidèle indigné. Ma rue, rue de la Procession, porte mal son nom, ou du moins il s’est perdu dans la nuit des temps modernes. Quelle joie serait la mienne de voir passer sous mes fenêtres un joyeux cortège de chasubles et encensoirs psalmodier en latin. Bénie soit la la force qui redonne à la France le goût d’elle-même. Bénis soient les temps retrouvés du latin universel reliant les âmes dans une chaleur solidaire.
    Ma laïcité appelle à une résurrection, à une reconquête, à une reviviscence tant désirées.
    Ces temps abominables que nous vivons qui ont laissé le terreau de nos racines et de nos coeurs gangrenés par cette submersion antagoniste apparentée aux forces du mal. Elles ont maintenant pignon sur rue et s’affichent, soutenues par des suicidaires qui ne savent pas que la fin est proche d’une civilisation qui les a nourris. Oui, je suis un infidèle indigné.

    • Hélas!… je ne puis que te donner raison. Que Dieu te protège. Amen.
      Je ne suis pas prophète, mais dans mes visions je vois s’approcher à pas de loups, une nouvelle guerre de religions. Je refuse de mourir pour une religion qui trahi les Saintes écritures, mais je suis prèt à mourir pour Le Christ et la Vierge Marie, comme le firent nos pères traditionnels: Les Chevaliers Templiers.

  4. décidément certains de nos évêques ne comprennent pas qu’il y a divers chemin pour aller à Rome. Interdire une messe en latin qui est souvent plus respectueuse du sacré que les messes modernes où l’on fait applaudir n’importe quoi. Il serait bon que nos évêques réfléchissent autrement qu’en proclamant des interdits qui sont stériles.. La meilleure preuve c’est que depuis Vatican 2, à de rares exceptions prêts, les séminaires se vident au point que ce sont des prêtres venus d’Afrique qui viennent en France pour assurer un certain service!
    j’espère que le nouveau Pape mettra de l’ordre dans cette conception de l’exclusion!

  5. Honte au primat des Gaules de refuser cette messe en latin qui est l’image parfaite de ce qu’on imagine de la chrétienté

  6. Le clergé devrait, à l’image du Pape premier représentant de Dieu sur terre, devrait incarner la spiritualité divine au plus profond de ses cellules. Mais ses composantes sont avant tout des humains, avec les faiblesses d’humains. Certains membres de ce clergé sont sans nuances, intolérants, le petit doigt sur la couture de la soutane, ils obéissent au doigt et à l’œil, sans discernement. Mgr de Germay veut très certainement devenir cardinal.
    Au delà de cette considération bassement carriériste, avec de telles positons réfractaires spirituellement injustifiées, l’Eglise se discrédite, s’affaiblit d’elle même. Le mal, si mal il y a , vient du sommet de l’Eglise.
    Les tradis respectent tous les dogmes fondamentaux. Leur différence qui reste à justifier, réside dans la simple volonté de perpétuer ce qui s’est pratiqué pendant des siècles. Où est le mal ? Il est chez ces fidèles à tradition ou chez ceux qui veulent casser cette tradition par simple exigence d’adaptation à l’air du temps, par superficialité ? Nous sommes loin des fondamentaux.

  7. C’est bien souvent avec son frère ou son conjoint que les disputes font le plus mal . A l’heure de l’inclusion tout azimut ce genre « d’interdiction » a du mal à passer .Néanmoins je ne connais ni Mgr de Germay , ni les raisons qui l’ont conduit à cette décision , ni l’association Via Lucis . Ce que je sais en revanche c’est que nous avons besoin de nous apprivoiser les uns les autres , que la certitude de la foi n’empêche ni délicatesse ni cette forme de ruse acceptée par Jésus lui-même et qu’il y a « de nombreuses demeures dans la Maison du Père » . Je crains hélas que la présentation faite dans cet article ne soit prétexte à certains commentateurs pour déverser leur fiel sur ce qui ressemble de près ou de loin à la catholicité alors que Jésus nous dit sans cesse : »venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi je vous soulagerai ! » Que la joie de Pâques nous convertisse , qu’elle nous aide dans les difficultés pour ne jamais cesser de chanter la Gloire de Dieu . ( je suis « fidèle laïc » par opposition à « prêtre » ) pour répondre à @ dudu .

    • Je rajouterai à votre commentaire qui a tout mon assentiment  » Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé »

  8. Que le primat des Gaules aille se rhabiller ; Pourquoi les catholiques se laissent-ils faire ? A leur place, envers et contre tous, j’organiserais quand même cette messe.

  9. Que vous en soyez encore à ignorer (ou refuser de voir?) que « les fumées de Satan sont entrées dans l’Eglise avec la maçonnerie, ou les 1000 militants communistes entrés au(x) séminaire(s) en 1945, vous disqualifie comme les autres auteurs de cette « opposition contrôlée » qu’est devenu B.V. Dommage. Bonne continuation.

    • Si agir pour le bien commun c’est obligatoirement être étiqueté « communiste », tous les chrétiens sont communistes selon votre vue de l’esprit. Il va sans dire que la chrétienté ne puise pas ses valeurs dans une idéologie terrestre mais dans la seule digne d’être universellement représentée et développée sur notre planète, celle enseignée par Jésus dont les racines sont la bonté, idéologie de paix, de tolérance. BV , à sa manière, participe à cette tolérance par ses efforts à nous présenter une vérité aussi proche que possible de la Vérité existencielle.

      • LE « communisme » est « athée et matérialiste », raison pour laquelle il est condamné définitivement par plusieurs papes. La charité chrétienne n’a rien à voir avec le « communisme ». Discussions de bistrot, bonjour le niveau spirituel…

  10. Dimanche de Pâques, Abbaye de Lagrasse (Aude) l’église est pleine et des centaines de chaises avec un écran géant sont installés dans le cloitre. La messe est en latin avec orgue, chorale et chants grégoriens. La moyenne d’âge des participants se situe entre 35 et 40 ans avec de très nombreux enfants (sages !). Après l’office rassemblement dans la cour principale pour la cérémonie qui consiste à bénir les œufs et un agneau. J’ajoute que le clergé rentre et sort de l’église en procession avec cierges, Croix, enfants de cœur et nombreux chanoines.
    Et comme chaque année il y avait beaucoup de participants venus parfois de loin!
    Comme disait le Renard au Petit Prince : » Il faut des rites! »

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