Faut-il vraiment régulariser 200.000 étrangers pour nos restaurants ?

Bruno Retailleau doit demander aux préfets d’accompagner la formation et le recrutement des étrangers dans ce secteur.
© Capture d'écran Public Sénat
© Capture d'écran Public Sénat

France, terre d’exceptions. La liste des métiers en tension regroupe les professions pour lesquelles les titres de séjour peuvent être délivrés plus facilement aux travailleurs immigrés sans papiers. Le secteur de l’hôtellerie-restauration devrait être ajouté à cette liste et le ministre de l’Intérieur doit écrire, prochainement, aux préfets et le ministre de l’Intérieur doit écrire prochainement aux préfets pour préciser les modalités.

Bruno Retailleau a ainsi écrit une lettre à Eric Abihssira, président de la commission sociale de l’UMIH, l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie. La Tribune du dimanche révèle le contenu de ce courrier dans lequel le ministre de l’Intérieur invite les responsables syndicaux du secteur de la restauration et de l’hôtellerie à travailler sur la régularisation et l’accès à l’emploi des ressortissants étrangers déjà présents sur le territoire français et désireux de travailler dans le secteur.

Une impulsion politique ?

L’hôte de Beauvau indique qu'« afin de donner une impulsion politique », il « proposera dans les prochaines semaines une circulaire co-signée avec madame Catherine Vautrin, ministre en charge du Travail et de la Solidarité, aux préfets de région pour qu'ils mobilisent localement des acteurs de l'emploi et de la formation pour travailler sur ce chantier ».

Thierry Marx, le président de l’UMIH, doit se frotter les mains. Le célèbre chef étoilé milite depuis longtemps pour la régularisation des immigrés qui travaillent dans les métiers de la restauration et de l’hôtellerie. « Si je regarde mon industrie, vous avez 20 % de travailleurs issus de l'immigration. S'ils ne sont plus là, je ferme un quart des établissements », déclarait-il, en novembre 2024.

Contacté par BV, l’entourage du ministre de l’Intérieur indique que la circulaire à venir évoquée par La Tribune du dimanche s’inscrit dans la stricte application de la loi Asile et Immigration votée en 2024. Elle sera plus exigeante qu’auparavant dans les conditions de régularisations des travailleurs sans papiers dans le domaine de la restauration. À Beauvau, on souligne le chiffre de 10.500 régularisations réalisées au titre du travail, en 2024. De plus, la liste des métiers en tension à paraître, qui se négocie actuellement avec le ministère du Travail, serait revue à la baisse.

En janvier, le ministre de l’Intérieur envoyait une circulaire aux préfets visant à durcir les conditions de régularisations des sans-papiers. Il souhaite que les régularisations exceptionnelles par le travail soient désormais recentrées sur les métiers en tension, alors que la précédente circulaire de son prédécesseur Manuel Valls laissait une marge de manœuvre plus importante aux préfets qui ont un pouvoir de dérogation.

Le secteur de la restauration était monté au créneau. « S’il est compréhensible que la régularisation d’un étranger doive rester l’exception, il est important que la procédure de régularisation d’un étranger qui justifie d’un emploi salarié reste possible », plaidait alors Catherine Quérard, présidente du Groupement des hôtelleries et restaurations de France.

200.000 emplois à pourvoir dans la restauration

L’hôtellerie-restauration assure depuis des années qu'elle a des difficultés à recruter. 200.000 emplois sont à pourvoir dans ce secteur, alors que la France compte 5,7 millions de demandeurs d'emplois inscrits à France Travail en janvier 2025, selon la DARES [Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, NDLR]. On peine à comprendre comment France Travail, avec ses 54.000 salariés et ses 43 milliards d'euros de budget, ne trouve pas les moyens de faire correspondre l’offre et la demande. Un dysfonctionnement global de l’agence de l’État en charge des chercheurs d’emploi que dénonçait, en février, l’eurodéputée Reconquête Sarah Knafo.

 

 

Les dossiers s’accumulent, ces dernières semaines, dans lesquels Bruno Retailleau fait face à de nombreuses oppositions. Confronté aux réalités du pouvoir, il maintient une ligne isolée au sein du gouvernement. Ainsi en est-il de la question algérienne sur laquelle Patrick Stefanini déclarait, il y a deux jours : « Sur l’Algérie, Bruno Retailleau est allé au bout de ce qu’il pouvait faire. » Idem lorsque le ministre de l’Intérieur nomme une ex-présidente de SOS Racisme sous-directrice de la gestion de crise et de la planification ou lorsque des imams algériens sont autorisés à venir en France, spécifiquement le temps du ramadan. La route est longue entre la volonté politique et la réussite d’une voie nouvelle pour la France.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 20/03/2025 à 14:25.
Picture of Yves-Marie Sévillia
Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

92 commentaires

  1. Le cinéma ne produit plus que des navets woke, je n’y vais plus que rarement , le théâtre je n’y ai pas mis les pieds depuis trente ans . Les restaurants des grandes villes veulent des clandestins dans leurs cuisines , je ne vais plus au restaurant que dans les campagnes . A suivre , c’est nous les cochons de payants ,qui règlent l’addition et les prix de l’immigration , on peut tous les taper au porte feuille , er voter de la manière qui les fait pleurer du RN à LFI.

  2. Ce que l’on appelle restaurants, ne sont en fait, que des gargotes débitant, pour la plupart, des plats « cuisinés ! » par des usines; alors, le personnel !

  3. Il faudrait déjà commencer par : 1) remettre tous les chômeurs au travail. 2) diminuer progressivement les indemnités chômage à ceux qui refusent des postes, mais, 3) en tenant compte des offres d’emplois par rapport à la situation familiale et géographiques des personnes. Tout est à revoir à l’ANPE. Tout le monde roupille…On prend vite l’habitude de ne rien faire ou de faire le minimum!

  4. Il n’y a pas une façon délicate de présenter la réalité du domaine de la restauration en France.
    Monsieur Retailleau devrait sortir de son chateau et retirer ses oeillères! C’est bien connu, la restauration en France sur plusieurs aspects c’est de l’esclavage. Des normes sanitaires ne sont pas respectées par les employeurs et les serveurs vivent dans un état de précarité absolue. De plus en plus de français de souche sont obligés d’y recourir dans l’espoir de pouvoir se nourrir. Je fais référence aux jeunes français diplômés ou ayant passé les concours d’état. Mon épouse fait partie d’une association de la mauraude où elle est attribuée un jour par semaine afin de préparer un repas de soir pour les personnes qui ont faim en France.
    Là elle sert les gens sans poser les questions sur leur nationalité. Mais, elle dit que beaucoup sont français et de plus en plus jeunes. Les personnes qui travaillent dans les restaurants en France doivent très souvent subir des patrons insupportables et indécents concernant ce qu’ils sont payés. Et Retailleau resemble de plus en plus à du rechauffé que les citoyens y gouttent depuis 2017.

  5. Il sait, monsieur Max ,que parce qu’il ne veut pas payer trop cher ses employés ,la mamie n’aura pas le droit à un logement social ,devra payer son loyer le double de ce qu’il vaut et dans un quartier qui n’assurera pas sa sécurité .C’est beau ,c’est grand la générosité surtout quand elle est assurée par les autres .

  6. Les agriculteurs et les éleveurs, quasiment tous les « paysans » ont bien des difficultés à se dégager un salaire. Dans le B.T.P. le rapport salaire/conditions de travail semble peu attrayant, comme dans l’hôtellerie-restauration. Cela voudrait-il dire que nous ne sommes pas prêts à payer suffisamment les autres pour qu’ils fassent le travail dont ne nous voulons guère? Dans l’hôtellerie Restauration, en tout cas, il semble que l’amélioration des conditions de travail et de la rémunération permette de fidéliser les employés.

  7. Monsieur Retailleau est entrain de se soumettre au chantage de certains restaurateurs au lieu de les envoyer à leurs fourneaux

    • C’est un soumis comme ses anciens du RPR UMP Lr qui firent venir des immigrés depuis 1963.

  8. Je trouve choquant ce chantage des restaurateurs. Cette activité est non délocalisable et n’a pas à craindre la concurrence étrangère. D’autre part le fait de ne plus régulariser des clandestins n’empêchera pas ceux qui sont en poste de continuer à se faire exploiter pour diminuer la note. Par contre pour remplacer un employé qui s’en va on sera obligé de mieux payer le suivant . À terme ce secteur serait assaini et les prix plus élevés mais c’est un choix de société.

  9. Naturellement ces gens seront employés aux tâches les plus ingrates et également les plus mal payées. Souvent d’ailleurs un Smic horaire, ou mieux, quelques heures au Smic par journée de travail. Pourquoi des heures mal payées, et bien pour les raisons sont nombreuses mais notamment pour causes d’impositions trop élevées, mais aussi pour des raisons d’accueil de l’immigation trop généreuses. En clair, pour financer tout ça il faut que l’esclavagisme fonctionne ! Et il fonctionne bien puisqu’il est maintenant inutile d’aller chercher les futures esclaves, ils vinennent d’eux même ! Que voulez vous, on ne peut pas être partout, gérer un pays et préparer une guerre.

  10. Avec 7 millions de chômeurs voilà la question ! Est ce que ça va s’arrêter un jour ? Quand les plongeurs seront payer correctement, quand les pseudos éternels demandeurs d’emplois « demandeurs » n’étant pas vraiment le bon terme toucheront moins d’allocs que celui qui travaille, le problème sera résolu ! Je veux bien m’en occuper !

  11. Dans quelques années , fini la blanquette et nous mangerons exotique !! Nous nous croirons en vacance à l’étranger !! Formidable !!

    • Ces chefs étoilés… qui vous font une assiette de décorateurs , deux pissenlits et trois marguerites, vous assomme au passage, préfèrent embaucher quatre migrants plutôt que deux autochtones car , ils sont payés au lance pierres et si ces intouchables remuneraient correctement leur personnel, la question ne se poserait pas.

  12. Ca commence à bien faire ce chantage de chefs étoilés à la fermeture de leur établissement ! 200.000 régularisations pour une poignée de restaurants étoilés, faites le ratio, une fois de plus on prend les français pour des idiots. Dans ma petite ville de province, c’est le covid qui a eu la peau des petits restaurants, près du cinéma, deux viennent de fermer, il ne reste que le mauvais fast-food du coin. Ce ne sont pas les immigrés qui vont faire repartir la restauration, dont le plan de destruction a été programmé, entre autres, par le WEF (qui a écrit que 70 % des commerces doivent fermer) !

  13. Comment peut-il rester au gouvernement s’il est « obligé » de poursuivre la même politique ? Ça promet pour l’après chaos actuel

    • Effectivement il va falloir qu’il choisisse son camp et une ligne de conduite compatible avec les idées de droite qu’il prétend incarner . Peut on demander ça à un LR? La réponse est dans la question .

  14. Si les salaires étaient à la hauteur de la pénibilité des emplois dans la restauration et l’hôtellerie, les employeurs n’auraient pas de difficultés à embaucher, j’ai travaillé comme cuisinier pendant 47 ans, mais j’ai vite compris que si je ne voulais pas être exploité, il me fallait quitter la restauration traditionnelle.
    ces restaurateurs veulent profiter de la misère humaine pour continuer à augmenter leur rentabilités.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois