[PATRIMOINE] L’hôtel de Magny en triste état : des décennies de négligence

Le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN) lance une campagne de dons pour sauver l’un des bâtiments de son domaine, l’hôtel de Magny, en très mauvais état. Fin janvier, c’était la présidente du Louvre qui alertait sur le « niveau d’obsolescence inquiétant » du Louvre. On s’interroge sur cette gestion qui consiste à laisser pourrir le patrimoine institutionnel, puis à tirer la sonnette d’alarme.
Un bâtiment signé Bullet
L’hôtel de Magny a été dessiné et élevé à la toute fin du XVIIe par l’architecte Pierre Bullet (1639-1716). Élève de Blondel, il est aussi l’auteur de la porte Saint-Martin, qui n’a pas la majesté et les beaux morceaux de sculpture de la porte Saint-Denis. Pour autant, il n’est pas un architecte négligeable. Il a dessiné l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau, une des beautés du Marais, ou l’impressionnant château de Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne). Homme de grande pratique, Bullet est l’auteur de l’Art de bâtir, du Traité du nivellement ou encore des Observations sur la nature et sur les effets de la mauvaise odeur des lieux ou aisances et cloaques.
Directeur du Muséum, Buffon achète peu avant la Révolution l’édifice et son jardin qui forment une enclave gênante dans le domaine. On y aménage des logements pour les chercheurs, puis des bureaux, tandis que Buffon fait construire un amphithéâtre à quelques mètres de là (de style néo-classique et dont le fronton représente « l’Histoire naturelle »). L’hôtel de Magny et les vieilles maisons alentour ont connu Buffon, Saint-Hilaire, Gay-Lussac, les deux Becquerel, Cuvier, Lamarck… La fine fleur des savants naturalistes et chimistes, excusez du peu. Quelques-unes de ces maisons ont dû être détruites à la fin du XIXe siècle, avant qu’elles ne s’effondrent d’elles-mêmes. N’abandonnons pas l’hôtel à un tel sort !

© Samuel Martin
Une invitation à l’urbex
En ce début avril, avec les arbres en fleurs, la façade sur jardin de l’hôtel de Magny peut faire illusion. De loin. En s’approchant, on déchante. Le fronton triangulaire, orné d’une coquille, est en sale état, ainsi que la corniche. Les passants sont protégés des chutes de pierres par un filet. Idem sur l’autre fronton, côté nord-ouest. La grande façade sud-ouest, remaniée au XIXe siècle avec un avant-corps central d’un effet peu gracieux, est dans un état pitoyable. Les gouttières défectueuses ont provoqué des infiltrations. On s'étonne que les fenêtres aient encore leurs carreaux. Certaines parties semblent une invitation à l’urbex, l’exploration clandestine de bâtiments abandonnés, tellement elles sont sales et dégradées.
Il y a encore peu, le MNHN proposait l’hôtel de Magny comme lieu de tournage cinématographique idéal, vantant « cet hôtel particulier aux façades patinées par le temps ». La frontière est parfois mince, entre la patine et la ruine. « Le passage du temps a gravement endommagé ce bâtiment », explique désormais le MNHN. Le temps est-il seul en cause ? Pourquoi l’a-t-on laissé s’abîmer à ce point ? Un rafraîchissement de façade ne suffira pas : les fuites d’eau continues ont affaibli les fondations, déjà fragilisées par les mouvements du sous-sol. L’hôtel de Magny s’enfonce.
L’actuel président du Muséum national d’histoire naturelle, Gilles Bloch, en poste depuis un an et demi, a hérité d’un édifice dont l’état est le résultat d’une longue négligence. Aujourd’hui, le coût estimé des travaux est de 11,5 millions d’euros. Il y aura des subventions, du mécénat et, donc, les dons des particuliers pour sauver « un joyau architectural », comme le dit Gilles Bloch. Associé à la Fondation du patrimoine, le MNHN a récolté 24.400 euros, pour le moment. L’objectif est d’atteindre un million d’euros de dons. On en est là, en France, à demander la charité pour sauver un édifice classé monument historique.

La façade sur cour. © Samuel Martin

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26 commentaires
L’économie socialiste soviétique a montré et démontré que l’Etat est le pire gestionnaire qui soit. La raison est d’une simplicité biblique. L’Etat c’est nous ! Comprendre nous tous ! Or quand quelque chose appartient à tout le monde cette chose n’appartient à personne et tout le monde s’en fiche. Les bureaucrates d’un ministère n’ont ni les compétences et encore moins l’envie de s’intéresser à un hôtel particulier symbole d’une monarchie révolue et guillotinée par les ancêtres de LFI. La solution est de vendre ce patrimoine à des compagnies foncières ou des compagnies d’assurances ou des banques qui le transformeront en placements. à charge pour celles-ci de le restaurer. On peut transformer ce genre de bâtiments en restaurant ou hôtel de luxe type Relais Châteaux.
Pour refaire cette rénovation, il suffit de couper les cordons de la bourse servant à payer hôtel, maison de luxe et casino au grand copain de macron, à savoir le joueur de piano debout.
Avec les 2 milliards prévus pour ce type, il y a largement de quoi refaire cet immeuble à l’identique!
Il est loin le temps où Malraux faisait racheter tous les trésors qui risquaient de disparaitre. Nous avons en Etat qui est incapable d’entretenir son patrimoine mais qui taxe le propriétaire qui bientôt ne pourra plus non plus entretenir le sien.
La première chose à faire en France c’est de rénover nos joyaux chateaux,hotels au lieux de donné des milliards à l’Ukraine et à d’autres pays.
…….3 400 milliards ……..bientôt 4 000 milliards de dette …. pour en arriver à ça…….. BBbbrrrr.
C’est une curiosité de voir le flot d’argent provenant de la poche des Français qui s’envole vers des cieux mystérieux, on parle par les paroles d’un personnage de premier plans, un pognon de dingue, pendant ce temps là des secteurs typiquement Français sont laissé à l’abandon tels les hôpitaux, les bâtiments du patrimoine Français ou encore bien d’autre secteurs en souffrance qui se meurent.
En effet ! totalement effarant !
Eventuellement pour une destruction , faire appel à des squatters qui le feront gratuitement .
Ce jour le gouvernement annonce réorienter les dépenses de l’AFD , pour les pays vraiment dans le besoin.
La France est le 6ème contributeur dans le monde pour les donations au tiers monde .
Je rappel que l’UE fait également des donations au frais du contribuable européen.
Dire que la France vient de dépenser 25 millions pour rénover le palais du roi d’Éthiopie.
Parlons des 15 millions dépensés au Sénégal en 2019 , pour rénover les digues de saint louis du Sénégal.
On préfère la Zambie a la corréze
Le méchant « colonial français » est tout de même très généreux avec ces pays qui ont voulu à tout prix leur indépendance, ils l’ont eu , qu’ils se débrouillent ! Charité bien ordonnée commence par soi-même !
A ce rythme là c’est la France qui vas rejoindre le tiers monde.
Sans compter les milliards que l’on a balancés à Zelenski qui en aurait dépensé une partie pour son patrimoine… Quoiqu’avec Zelenski, on est toujours dans la restauration des œuvres en péril…
Le problème de la France, c’est sa trop grande richesse en chapelles, en cathédrales, en « hôtels’, en « folies », en châteaux (la France en conserve, je crois, autant que tous les autres pays européens réunis). Et que seules des entreprises agréées, employant des compagnons très qualifiés, peuvent intervenir… Avec le temps la charge va devenir de plus en plus insupportable, il suffit de voir combien d’églises sont rasées ou, au mieux, vendues chaque année. Y’aurait bien une solution : supprimer le Cnrs et récupérer les naturalistes, anthropologues, biologistes, spécialistes des grenouilles rouges et des bigorneaux terreux, et les former aux métiers de la restauration de bâtiments historiques, ils trouveront peut-être dans les fentes humides des salamandres…
Il est « amusant » de voir pendant ce temps des héritiers (affreux) se saigner parfois aux quatre veines, pour maintenir en état le patrimoine privé tout en payant des impôts. Il semble donc que dans ce domaine là, aussi, l’état soit un piètre gestionnaire!
Tout à fait
Mon refrain actuellement : Que voulez-vous? On est en France. Rien ne marche.
11 millions, il doit être possible de faire baisser le coût des travaux en restaurant plus modestement,
Des que ce sont des fonds publics ou des mécènes les architectes et les entreprises ont la folie des grandeurs.
Ce n’est pas faux, comme disait l’autre.
Il faut sauvegarder notre patrimoine!
11,5 millions d’euros ?
C’est une broutille ! Que dis-je, une misère !
À l’aune de ce que flambe notre président en MILLIARDS, ce n’est que de la roupie de sansonnet.
Encore un cas de très mauvaise gestion. D’autant plus que des travaux en temps opportun auraient réduit sensiblement la dépense. « A stitch in time saves nine », disent les Anglais. Et ils ont bien raison.
Il suffit tout simplement de les prendre sur les milliards (!) distribués chaque années aux médias publics de tout poil, en pure perte. Ca ne coûtera rien aux français et ça bénéficiera à la qualité de l’objectivité de l’information.
Suggérons d’en faire un centre d’accueil pour migrants.
Il sera promptement rénové.
L’argent consacré depuis des décennies à accueillir toute la misère du monde et autres, auraiet pu servir à sauver des milliers de batiments de notre Histoire nationale !
Le coût de l’immigration est un sujet