Parité à tous les étages, aux municipales : progrès de la démocratie. Vraiment ?

Lundi, les députés ont voté la proposition de loi (PPL), déjà votée au Sénat, instituant la stricte parité des listes aux élections municipales, et ce, dès 2026. Aussitôt, Yaël Braun-Pivet se fend d’un message, sur X, qui résonne comme un communiqué de la Grande Armée ou du grand quartier-général durant la Grande Guerre : « On l’a fait ! La parité devient une réalité dans toutes les communes de France. À toutes les femmes : vous avez désormais toute votre place dans la vie politique locale. Prenez-la. »
On l’a fait !
La parité devient une réalité dans toutes les communes de France.
À toutes les femmes : vous avez désormais toute votre place dans la vie politique locale. Prenez-la. pic.twitter.com/JhQwUJ34eN
— Yaël Braun-Pivet (@YaelBRAUNPIVET) April 7, 2025
Où sont les femmes ?
Pourtant, ce n’est pas un triomphe romain : 206 députés ont voté pour, 181 contre. Est-ce à dire que l’Assemblée nationale compte 181 machos et sexistes de la dernière espèce (dont des femmes !). Évidemment, non. Car cette réforme, sans doute louable dans ses objectifs, n’est pas sans soulever des réticences et des objections, même si l’Association des maires ruraux y est favorable. Du reste, la présidente de l’Assemblée nationale s’emballe peut-être un peu vite en déclarant que « la parité devient une réalité ». Comme si la loi, d’un coup de baguette magique, pouvait tout régler. Un communiqué des plus féministes – Mme Braun-Pivet est une féministe convaincue – qui pourrait d’ailleurs laisser accroire que, jusqu’à maintenant, les femmes n’avaient pas leur place dans la vie politique locale. Rien, en effet, n’a jamais empêché légalement jusqu’à ce jour que dans une commune de moins de mille habitants, une liste composée exclusivement de femmes se présente au suffrage des électeurs. « Une réalité » qui veut faire fi de « la réalité ». Lundi soir, au JT de TF1, un journaliste recueille dans une petite commune la réaction de plusieurs personnes sur cette loi, globalement la bienvenue. « Une bonne chose », dit en l’espèce, une femme. « Vous vous présenteriez ? », lui demande alors le journaliste. « Moi, non », répond la dame. Tout est dit.
Fin du panachage
Une parité à tous les étages, donc, qui oblige à mettre fin à une tradition vieille de 140 ans : le « panachage », qui sentait bon la campagne et permettait, dans ces communes de moins de mille habitants, de rayer des noms sur une liste afin de vraiment choisir nominativement leurs élus. Scrutin de liste obligatoire dans toutes les communes. Quand on sait que beaucoup de petites communes ont un mal de chien à trouver le nombre de volontaires pour se présenter aux municipales, on voit mal comment elles pourront aligner sur la ligne de départ plusieurs listes. C'est ce que fait remarquer le député RN de l’Oise Michel Guinot : « Et si vous supprimez le panachage des candidats isolés, comment voulez-vous qu’une seconde liste se constitue pour manifester une opposition qui a le droit d’exister ? »
Élire un maire ou une équipe ?
Mais le rapporteur de la PPL à l’Assemblée, la députée MoDem du Puy-de-Dôme Delphine Lingemann, affirme, enthousiaste, que ce scrutin de liste « va permettre de donner un nouveau souffle à la démocratie locale en attirant de nouveaux talents, qu’ils soient féminins d’abord, puisqu’il faudra nécessairement augmenter la part des femmes dans les conseils municipaux, mais aussi masculins, par le renouveau profond du mode de fonctionnement des équipes municipales qu’il induit ». C’est un vœu louable, peut-être pieux, qui reste à exaucer au contact de la réalité. La députée ajoute : « Dans toutes les communes, une équipe solidaire sera élue pour porter un projet politique ; l’élection se fera autour du triptyque "une commune, une liste, un projet". » Un slogan qui en rappelle un autre, mais en allemand ! Comme si la personnalisation du scrutin municipal n’existait pas déjà à tous les niveaux : de Paris, en passant par Lyon, Marseille, jusqu’à la plus petite commune de France ! Quoi qu'on en pense, les Français élisent d'abord un maire.
S'occuper de la voirie
Ce à quoi le député LR Philippe Gosselin, qui fut maire d’une commune de moins de mille habitants durant 21 ans, a rétorqué, durant les débats houleux qui précédèrent le vote : « Vous êtes-vous déjà rendus dans des communes de 200 ou 300 habitants ? » Et de mettre le doigt, lui aussi, sur cette fichue réalité : « La constitution d’une liste est déjà extrêmement compliquée. Oui, le panachage est nécessaire. » Quand au beau triptyque évoqué par Mme Lingemann, le député de la Manche invite à redescendre sur Terre. Le « projet politique » d’une petite commune ? « Soyons clairs : dans beaucoup de petites communes, le seul projet politique est d’instaurer le meilleur état d’esprit possible et, avec les rares fonds disponibles, de s’occuper de la voirie, d’encourager les associations ou les clubs d’anciens et de jeunes et d’assurer la vitalité, quand il y en a un, du groupe scolaire… » Bref, la réalité de la vie de tous les jours dans ces communes qui représentent, comme le rappelle Michel Guinot, « 71 % des communes françaises et dans lesquelles vit près de 13 % de la population ».
Climat de fatigue
Le même Michel Guinot fait remarquer que « l’objectif affiché est d’encourager la vitalité démocratique, mais il n’y a aucun problème en la matière, dans nos campagnes. Le scrutin municipal est d’ailleurs celui qui mobilise le plus la population avec, hors Covid, une participation constamment comprise entre 60 et 80 %. » Et d'ajouter que le problème est ailleurs : « Les difficultés ont trait à l’engagement et au statut de l’élu, non au mode de scrutin. » En effet, faut-il rappeler, comme le faisait l’Association des maires de France (elle aussi favorable à cette loi), en s’appuyant sur une étude du CEVIPOF de 2023, qu’entre 2020 et 2023, c’est plus de 1.300 maires et plusieurs dizaines de milliers de conseillers municipaux qui ont démissionné ? On n’avait jamais vu ça. « Climat de fatigue, parfois agacement à l’égard de la puissance publique, tans les réponses attendues par les services de l'État peuvent tarder... » Une réalité pour laquelle, depuis six ans, rien n'a vraiment été fait pour la faire changer.
Un but inavoué ?
Mais peut-être y a-t-il un but inavoué (ou inavouable), comme l'affirme le député RN Jean-Philippe Tanguy : « Énième mensonge de la Macronie et la gauche en manipulant le droit des femmes. Le vrai objectif ? Forcer les communes rurales à disparaître et remplacer les élus BÉNÉVOLES et INDÉPENDANTS par des salariés appliquant des consignes. » Rappelons, en effet, qu'en cas d'absence totale de candidats au scrutin municipal, le Code général des collectivités territoriales (CGCT) prévoit la nomination d’une « délégation spéciale » chargée de remplir les fonctions du conseil municipal. La loi est bien faite. Après tout, sous Vichy, c'est l'État qui nommait les maires qui sont, rappelons-le, les premiers représentants de l'État sur leur commune...
Énième mensonge de la Macronie et la gauche en manipulant le droit des femmes.
Le vrai objectif ? Forcer les communes rurales à disparaître et remplacer les élus BÉNÉVOLES et INDÉPENDANTS par des salariés appliquant des consignes.
Dans ces communes, les candidatures étaient… https://t.co/PMLSTQE4e9
— Jean-Philippe Tanguy Ⓜ️ (@JphTanguy) April 8, 2025
Mais bon, en attendant, « on l’a fait ! » Et on l’a fait à moins d’un an des élections municipales, alors qu’en principe, cela ne se fait pas. Alors que nous sommes déjà entrés en précampagne, que dans les villages, on part à la chasse aux candidats qui ne se bousculent pas, on imagine ce que ces maires de petites communes vont devoir dire à certains de leurs collègues hommes qui faisaient le job, notamment lorsque, le week-end, il fallait prendre la tronçonneuse pour dégager un chemin communal obstrué par un arbre, après un gros coup de vent (chose vue). « Désolé, tu ne repars pas avec nous, il va falloir que tu laisses la place à une femme. » « D’accord, mais tu en as trouvé une ? » « Ça, c’est une autre paire de manches… » La réalité.
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91 commentaires
Chaque problème a sa solution : dans une liste où il n’y a que des hommes, il suffit que la moitié des hommes se déclarent trans ( ou qeer ) , comme certains soldats espagnols le font juste pour avoir une chambre perso ou des sportifs pour affronter des femmes et avoir un avantage physique.
Q,: QUI empêche(rait) qq’un ( une femme) de se présenter ?
Comme toutes les mesures sociétales et assimilées, le résultat de cette histoire de parité proposée dans les meilleures intentions (quoique…) est totalement négatif. Moins de candidatures, des candidatures pour faire nombre mais fantomatiques, des candidatures de personnes motivées et compétentes laissées de côté etc… Encore une déstabilisation Woke.
Dommage qu’il ni ait pas de parité des QI au gouvernement, si on en avait quelques uns supérieurs à la moyenne nous ne serions pas dans cette galère…
Et pourquoi pas un pourcentage jeunes vieux, beaux, moches, , binaires non binaires, blanc, noirs, bien portants, handicapés… Ben oui pourquoi juste les femmes ? Ce n’est pas une espèce en voie de disparition….
Quelle belle décision de citadins. Tout comme la météo qui donne les températures de la journée tout en négligeant celles de la nuit qui intéressent particulièrement tout les exploitants de la terre. Dans nos petits villages, ces élus viendront-ils nous aider à tirer par le bras ces femmes réfractaires qui se refusent à s’engager, qui ne s’estiment pas du niveau souhaitable, qui refusent les responsabilités, qui craignent les tensions et agressions, qui ne disposent pas de temps à consacrer à cette « pantomime « ? La France tombe d’absurdités en absurdités. Reflet de son niveau culturel. Macron et ses ouailles, de vrais gosses.
Pour avoir connu le monde politique au point d’avoir formé une section locale pour un parti nouveau et organisé les listes au niveau supérieur, je puis exprimer que ces histoires de parités sont sans doutes nouvelles en France mais en Belgique c’est une vieille affaire et pour constituer une liste avec autant de femmes que d’hommes ce n’est pas une mince affaire, il faut presque forcer les femmes, et on en vient, pénurie oblige, à placer sur les listes des dames qui n’ont rien à y faire, déjà qu’un certain nombre de types sont ineptes et inaptes. Je me demande comment il se fait qu’il y a tant de femmes en haut lieu alors que c’est une misère pour les trouver au niveau local. Je suppose que pour les grands partis habituels c’est différent, mais pour les petits, c’est encore une difficulté en plus. Pour l’association des habitants dont j’ai fait partie et président, toujours des hommes, de rares femmes, il faut dire que les réunions en soirée, c’est un peu le couac pour ces dames, je comprends. Je crois que cette parité est encore une mesure pour contrarier les petits partis.
Pour moi c’est la compétence et la motivation qui comptent, que ce soit un homme ou une femme ,cela m’est égal !! Si on commence à faire de l’arithmétique pour désigner un conseil municipal cela revient à dire « soit belle et tais toi » !! Et cela me semble une insulte pour les femmes !!
comme le faisait remarqué Elisabeth Lévy hier soir, c’est une insulte aux femmes, mettre une femme à un poste parce qu’il en faut une, et non pour ses compétences, cherchez comment finir les fins d emois bonnes gens nous on s’occupe de vous pourrir le reste, voilà ce qu’aurait du écrire madame Pivet, et là on ne tient pas compte du fait que le vote a été refait puisque le 1 er vote il avait été rejeté, mais les communistes qui avaient voté contre lors du 1er vote ont voté pour dans le second.
Encore une LOi DEBILE pondue par des HORS SOL . Mais c’est vrai c’était une Vraie URGENCE dans cette France qui va si bien !
Comme dans beaucoup de petits villages (le mien 839 habitants) les femmes actives sont déjà Surbookées par le travail + les contraintes familiales, médicales et administratives alors aller tronçonner un arbre la nuit !!!!
De toute évidence si la parité est à l’image de celle de nos deux assemblées , il est à craindre que les réunions des conseils municipaux vont être mouvementées , on peut voir çà et là déjà les empoignades des « poissonnières » dans les salles municipales à l’image de celles de Paris ; les hommes en reflet de l’omnipotent du haut perchoir du Sénat écouteront quant à eux ces joutes verbales . Voilà où la parité tant chérie à Mme la présidente du perchoir aura une forte résonance .
Ah, la parité, c’est beau, c’est louable, il suffit de constater les résultats, mais allons plus loin : parité des origines, avec le droit de vote aux étrangers, puisque c’est probablement une idée sous-jacente ; égalité des mœurs, pendant qu’on y est, un hétérosexuel pour un homosexuel ou un transgenre. Pour l’abnégation, le talent voire les sacrifices à l’encontre de la communauté, il faudra attendre l’égalitarisme et la priorité.
Vous voyez juste…
Encore une décision idiote. Ce sont les gens les plus compétents et pouvant se rendre régulièrement disponibles qu’il faut sur les listes municipales sans s’occuper de la parité.
Dans certains villages si on ne va pas chercher des mamies qui commencent à perdre la tête il sera impossible de monter une liste…
Sans vouloir, très très loin de là, me mettre à dos le seul et unique autre genre… « Le féminin », car il y a des femmes très responsables en politique, sauf Élisabeth Borne, entre autre…
Cette proposition aussi irréfléchie et saute que grenu…, j’sais pas pourquoi, mais : « Parité à tous les étages », ça me fait penser à une autre différence : « sauf pour les français » !
Ils n’ont rien d’autre de woke à faire au Sénat et à l’Assemblée nationale, au prix où ils et elles sont payé(e)s ?
Et les listes musulmanes elles vont faire comment pour appliquer cette parité ?
Encore un projet décalé de la réalité , comment feront ils le décompte entre les trans , les cis et les indécis quant à leur identité de genre . On se marre ( enfin plus vraiment ) à regarder tous ces clowns s’agiter dans leur bocal d’ivoire.
Le sexe est devenu un diplôme