Opacité des financements des ONG par l’UE : négligence ou système ?

Pour l'eurodéputé Philippe Olivier, « l’opacité est organisée, offensive, sur un fond de mépris des peuples »
cour des comptes UE

Le titre du rapport que vient de publier la Cour des comptes de l’UE est explicite : « Transparence des financements accordés par l’Union européenne à des ONG : malgré des progrès, la vue d’ensemble n’est toujours pas fiable ». Concrètement, on parle de 7,4 milliards d’euros que l’UE a versés, sur la période 2021-2023, à des ONG en lien avec l’inclusion sociale, l’égalité des chances, l’égalité de genre, le climat et l’environnement, la recherche et l’innovation. Soit un mélange de progressisme sociétal, de lobbying et de recherches technologiques, pour des programmes tels que « Citoyens, égalité, droits et valeurs » (CERV), Euratom, Erasmus+, Europe Creative (programme culturel), Fonds social européen… Notons, au passage, le paradoxe qu’il y a à financer d’une part le FAMI, un fonds pour l’asile et les migrations et, d’autre part, le FSI, un fonds pour lutter contre le terrorisme et la radicalisation.

Les ONG, des entités mal définies

Problème, l’expression « organisation non gouvernementale » recouvre des réalités diverses. Une ONG est définie différemment suivant les pays et certains pays n’en ont pas de définition. Autre problème : les ONG sont par nature opaques, ne serait-ce que parce que « les ONG ne sont détenues par personne. C’est pourquoi il est difficile d’identifier les personnes "qui sont derrière elles" » (p. 30). Or, rien n’oblige l’UE à vérifier « qui est derrière », autrement dit : qui les finance, quelle cause elles servent réellement.

Pour l’eurodéputé Philippe Olivier (RN, groupe Patriotes pour l’Europe), joint par BV, les ONG sont « le bras armé d’un pouvoir politique qui n’assume pas ». Cela remonte aux années 1990, quand l’UE a vu qu’elle était de plus en plus décriée. « Les ONG sont alors devenues la courroie de propagande pour contrer les oppositions, avec tous les poncifs de l’UE — propagande payée par le contribuable ». Car, continue l’eurodéputé, « les ONG ne sont pas Mère Teresa. On y trouve les recalés du système politique de gauche et d’extrême gauche. Pour en rester à des exemples français : Benoît Hamon, Najat Vallaud-Belkacem, Cécile Duflot… »

Informations éparpillées façon puzzle

Sur la question des fonds alloués par l’UE à ces ONG, « les données ne sont ni homogènes ni exhaustives », note le rapport (p. 20). Il y a bien des informations, mais elles « sont publiées sur de nombreux systèmes, sites Internet et bases de données ». Qui plus est, ces données fragmentaires sont peu réactualisées.

Plus gênant, si cela se peut : les rapporteurs ont constaté, en consultant les formulaires, que plus de 90 % des entités qui ont touché des subventions n’étaient pas étiquetées ONG, ni autre, « car ce champ était resté vide ». Curieuse omission, qui n’est pas sans rappeler certaines découvertes faites par le DOGE, aux États-Unis, dans des systèmes comptables administratifs où certaines cases n’étaient pas renseignées. Si on ajoute à ces constats que l’UE ne vérifie pas, en aval, à quoi ont servi réellement les fonds alloués, on s’interroge : est-on en présence d’une négligente désorganisation ou d’une illisibilité organisée ?

La réponse de Philippe Olivier à BV est sans ambages : « L’opacité est organisée, offensive, sur un fond de mépris des peuples. Ursula von der Leyen est coutumière du fait, avec les SMS qu’elle a cachés, avec les contrats des vaccins que nous, eurodéputés, n’avons pu voir qu’après force réclamations — et encore : dans une petite pièce, sans téléphone, et une bonne partie des contrats étant caviardée ! »

« Un système totalitaire »

Volontaire ou non, cette opacité tranche avec le soin jaloux que le Parlement européen a porté aux cinq millions d’euros de l’affaire des attachés parlementaires du RN. Ces cinq millions représentent 1.480 fois moins que les 7,4 milliards d’euros distribués aux ONG. « L’UE est une machine idéologique sans états d’âme, commente Philippe Olivier. Elle est impitoyable pour la moindre faute de ses adversaires mais s’autorise tout. C’est le propre d’un système totalitaire. » Cependant, les tensions financières étant générales et la manne n’étant pas inépuisable, il est probable, nous dit l’eurodéputé, « que la Commission européenne devra rendre des comptes un jour ou l’autre, après que von der Leyen sera partie ». En attendant, les ONG sont la preuve qu'on peut être à la fois « sans but lucratif » et toucher gros d'argent public.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Tant qu’on n’aura pas pu vérifier les comptes et les activités de Van Der Truc je n’aurais plus confiance dans cette UE ( tant nous avions refusé par référendum, ça commençait bien!!)

  2. Quand à la tête de la Commission , on trouve pour un deuxième mandat une personnalité évacuée de son pays suite à des soupçons de corruption , qui a refusé de communiquer ses mails pendant l’épidémie , dont la famille à des liens avec des laboratoires américains , on est dans un système corrompu jusqu’au sommet .

  3. Il y a quelques mois , lors d’une perquisition , on a découvert au domicile d’une député socialiste grecque , des centaines de milliers d’euros en espèces . Les suites de cette affaire ?

  4. Pourquoi après le départ de VDL et pas des maintenant. Lorsqu’elle sera à l’abri dans un paradis fiscal avec sa famille ce sera trop tard.

  5. Il ne devrait pas être du ressort de l’UE de financer des ONG !
    Entre autre…
    Vive l’UExit !
    Le plus tôt sera le mieux !

  6. On dit que plus on vieillit, plus le temps semble passer vite. À 70 ans, j’ai jamais autant espéré être en 2027.

  7. C’est vrai que taper sur le RN c’est plus facile que sur les « ONG ».
    Je suis pas tout a faire sur que si « vraiment » on regardait les comptes de l’UE on tomberait pas sur des choses illegales.

  8. Dans l’état il ne reste qu’une solution dissoudre l’UE il n’y en a malheureusement plus d’autres.

  9. A la lecture de cet article il semble s’agir d’un système de corruption à c=grande échelle. A quand les inculpations? Vite?

  10. Des sommes colossales refilées sans contrôle des comptes: espérons qu’il y aura de « l’inégibilité avec exécution immédiate ».

    • Heu … Mais est ce que la VDL est élue ? …
      La réponse est « NON » ! …
      DONC rien ne changera sans « révolution démocratique » ! … SAUF que nous ne sommes plus en « démocratie » ! …
      Mr VANCE l’a dit dès son premier voyage dans l’UE ! …

      • Si Vance l’Américain l’a dit, alors c’est que ça doit être vrai, mais passons ! L’UE est à réformer sur énormément de sujets, n’en déplaise à ceux qui tireraient profit de nos divisions. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain  : l’avenir de ce vieux continent et d’un petit pays, la France avec ses 68,6 millions d’habitants au 1er janvier 2025, passe par une union d’intérêts et d’influences. Nul besoin d’une révolution dont on ne connaît jamais les conséquences !

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