Nos arboriculteurs en difficulté : mangeons des fruits français !

L'arboriculture française a perdu 40 % de ses vergers en vingt ans !
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L'hiver des arboriculteurs fut rude. Pris en étau entre des charges (d'énergie, notamment) insoutenables et des prix de vente à la grande distribution non rémunérateurs du fait de la concurrence étrangère, certains ont été contraints d'arracher leurs vergers.

Après celui des boulangers, des restaurateurs, des artisans et de toutes les TPE et PME-PMI, voici le désarroi des arboriculteurs. Étranglés, comme eux, par l'inflation stratosphérique de leurs coûts de production : car, pour faire une pomme, il faut de l'engrais, des traitements, du carburant, de la main-d'œuvre, des palettes. Christophe Belloc, un producteur de fruits de Montauban, de l'Association nationale pommes poires, détaille, au micro d'Europe 1, cette inflation dramatique : « Le prix du bois pour faire des palettes ou des plateaux a été multiplié par deux. L'électricité par quatre » et « que ce soit les engrais, le gasoil pour les tracteurs, c'est entre 30 et 100 % de plus ! »

Mais le malheur des arboriculteurs est d'être pris en tenaille entre l'inflation d'un côté et les distributeurs de l'autre. Actuellement, la grande distribution, par la voix des PDG de Lidl, ce jeudi, ou de Leclerc, se présente comme la grande alliée du consommateur en mettant en scène sa lutte contre les augmentations demandées par l'industrie agroalimentaire, contrainte de répercuter ses coûts pour survivre. Ces grands philanthropes oublient de préciser qu'ils contribuent à la ruine des producteurs en leur imposant des prix d'achat qui les obligent à vendre à perte.

Ce samedi, les arboriculteurs se sont mobilisés pour crier leur désespoir et attirer l'attention du gouvernement. Dans le Tarn-et-Garonne comme dans le Vaucluse, grands départements producteurs de fruits, les constats sont les mêmes et les images spectaculaires : les arboriculteurs sont contraints d'arracher des vergers entiers, désormais non rentables.

La revendication des arboriculteurs pour survivre est simple : 20 centimes de plus le kilo, comme l'explique Françoise Roche, cette arboricultrice de Moissac, à France 3, qui pointe l'autre gros problème des fruits français, la concurrence étrangère déloyale : « Des pays comme la Pologne ou l'Italie sont capables de produire beaucoup moins cher que nous avec des conditions sociales bien plus dégradées qu'en France, des conditions de production qui n'ont rien à voir avec la France. »

Pour le moment le gouvernement semble aux abonnés absents. Sur Twitter, le député RN Grégoire de Fournas, lui-même viticulteur, n'a pas manqué de rappeler le rôle de la concurrence étrangère :

Ces arrachages de vergers entiers sont une nouvelle manifestation du déclin français et d'une crise économique et sociale qui s'annonce dévastatrice : l'arboriculture française a perdu 40 % de ses vergers en vingt ans ! L'équivalent de la surface de quarante terrains de foot tous les mois...

Dans ce secteur comme dans les autres, la crise actuelle ne fait que souligner les graves erreurs économiques de ces vingt ou trente dernières années. Il faut souhaiter que ces images chocs réveillent enfin consommateurs, grande distribution et gouvernement.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:19.
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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

94 commentaires

  1. Encore une catégorie professionnelle qui a veauté avec ses pieds et qui en pleure les conséquences, et bien pleurez !

  2. Le consommateur se doit de consommer ces produits locaux et de boycotter ces fruits et légumes bourrés de pesticides dont les grandes surfaces innondent le marché . S’ils n’en vendent plus ils se tourneront vers nos producteurs les paieront décemment en baissant leurs marges . Celui qui vend gagne plus que celui qui produit et qui ne compte pas ses heures , incroyable .

  3. C’est au consommateur d’acheter des fruits et légumes « made in France » et accepter de payer 20 centimes de plus leur kilo de pommes. Si nous voulons garder notre agriculture il faut faire l’effort financier nécessaire et ne rien attendre du gouvernement d’incapables qui détruisent le pays depuis plus de 10 ans car ils ne feront rien qui déplaise à l’europe.

    • Le consommateur fait avec ses moyens qui ne sont pas extensibles comme vous paraissez le suggérer ! Acheter français est beaucoup trop cher pour nombre de raisons et pour beaucoup de Français.

      • Malgré leurs moyens non extensibles ils trouvent l’argent pour remplir les stades de foot, jouer aux jeux de la FDJ , au tiercé ou fumer des paquets de cigarettes à 10 euros ou plus……dépenses qui ne sont pas indispensables pour bien vivre.

  4. Notre coût social est tel que chaque production qui nécessite beaucoup de main d’oeuvre est condamnée.
    Et tant que l’Europe interdira la préférence nationale et la taxation des produits importés (les 20 centimes /kg manquant pourraient être compensés par une taxe sur les pommes importées) il n’y a aucun espoir pour que cela change.

  5. S’ils coupent leurs arbres c’est parce que « pas rentable » . Mon fils est producteur de pommes et poires, il a dû se séparer d’une bonne partie de son verger, un choix s’imposait à lui, vendre une misère aux grands groupes ou se mettre au bio avec moins d’arbres et vendre localement, mais beaucoup plus de travail sans compter le gel, la grêle, les parasites à gérer.
    Je lui répéte souvent qu’es tu allé faire dans cette galère. Je ne parle même pas du salaire !! Il a du mal à se sortir un SMIC…
    Quand aux « y’a qu’à, faut qu’on » qui suggèrent de vendre sur les routes et qui trouvent que c’est trop cher, je préfère les ignorer, sans doutes n’ont-ils pas fait grand chose de leur vie !!

  6. Je ne comprends pas très bien dans quel but on tronçonne/arrache ces arbres. On peut les laisser même si on ne cultive plus, non ?

    • mettre d’autres cultures sur le terrain. Bon, on pourrait aussi y laisser paître chèvres et moutons, voire chevaux ( ils raffolent des pommes ) , mais c’est un autre métier..

    • Les terrains seront occupés pour d’autres activités plus rentables ; éoliennes, panneaux solaires, parking et grande surface……

    • C’est la question que je me pose. Mais j’imagine que sans soins, ces arbres dépériront tout en occupant des terrains…

    • Exact j ai vu le reportage où ils tronçonnaient et brûler leurs arbres c est un saccage et comme vous dites ils auraient très bien pu les laisser sans les exploiter je ne comprends pas non plus cette logique du profit bien que je ne nie pas leurs problèmes mais n ont ils pas des aides de l Europe ?

  7. Il faut que notre économie du quotidien s’affranchisse du système progressiste et européen . Les metiers de bouche doivent se raprocher des producteurs et eleveurs. Le boulanger doit retrouver une autonomie et une independance. Le fournil doit être replacé au centre du village, du quartier. Il n’yba plus de place pour la variété artificielle de pains. Un seul suffit.

  8. « Il faut souhaiter que ces images chocs réveillent enfin consommateurs, grande distribution et gouvernement. »
    Le « sinitre de l’agriculture » il est où ? … On va leurs proposer de planter des éoliennes ? …
    Ayant été élevé dans un village de 50 habitants, je peux vous dire que nous ne coupions pas un arbre qui donnait des fruits ! … Le milieu agricole est en train de crever lui aussi ! … Et il y aura encore des coucous politicards issus de la ville ( pour ne pas dire de Paris ) que c’est « l’évolution normale d’un arbre que d’être abattu après avoir été exploité » …
    Il va être grand temps que les français soient conscients de ce qui se passe dans les campagnes:
    – Plus d’énergie à « bas prix »
    – Plus de soins proches
    – Plus d’administration efficace
    – Plus de sécurité
    – Plus de justice
    – Plus d’industries

    mais encore plus de ces « néo-ruraux » prétendus « écolos » qui ne savent pas faire la différence entre une carotte et une betterave ! …
    Les banlieux « éclatent » depuis des dizaines d’années malgré des milliards pour « retaper » tous ces clapiers … L’autre « déconstruite » de bachelot ne veut plus que quelques monuments « essentiels » sans les églises rurales … macron a « élévé » des enfants plus vieux que lui en compagnie de celle qui aurait pu ( ? ) être sa mère …
    Après un tsunami, on peut « reconstruire » mais là il faut tout atomiser, aseptiser au napalm pour envisager « une reconstruction » …

  9. Ils ont qu à les vendre au bord des routes , mais ceux qui le font vendent encore plus cher que les supermarchés

    • Sauf que les supermarchés s’approvisionnent en Europe centrale ..vous me direz que vous vous en fichez car une pomme reste une pomme , c’est pas faux , quoique…? Pour la viande bovine , porcine c’est pareil , les céréales suivent le même schéma ainsi que la volaille . Par contre je connais des exploitants agricoles qui touchent des primes européennes pour leurs productions bio et parfois il vaut mieux , une fois les primes touchées , ne pas dépenser les budgets à récolter mais labourer les cultures . Sinon la culture d’éoliennes rapportent bien plus que de mettre des pommes de terre . Je suis cynique forcément, mais je connais assez le monde agricole pour savoir que pour rien au monde je n’aurais repris l’exploitation familiale , je toucherais actuellement une retraite de 860 € mensuelles !!

  10. ils avaient décidé de tuer la France, ils y arrivent, les laches qui se sont succédés aux différents gouvernements et soumis à la politique destructrice européenne envers la France, nous conduit à se priver de plus en plus de denrées alimentaires pour être dépendant des pays de l’Est européen voir asiatique. Pas un bruit du côté de l’Elysées, quand au ministre de l’agriculture il doit être en vacances dans les pays « chauds ».

  11. Il est craindre que les cultures de panneaux solaires remplacent rapidement les cultures vivrières.
    Le message de la grande distribution qui combat l’inflation est une énorme escroquerie et la présence de Michel Edouard Leclerc, quasi quotidienne, sur les plateaux TV est insupportable.

    • Les vendre au b ord des routes ? C’est vrai qu’en janvier , c’est fou le nombre de touristes qui fréquentent les nationales!!!

  12.  » Dans quel pays sommes-nous ? » s’interroge Frédéric Sirgant. Mais dans un pays du tiers-monde, pardi ! Et la dégringolade ne fait que commencer …

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