Mort de Werenoi : le rap n’échappe pas à la censure islamique

De nombreux internautes appellent à cesser la publication de ses musiques, pour respecter la charia.
Capture d'écran Instagram.
Capture d'écran Instagram.

Rendre hommage à un artiste disparu en France, en ne publiant surtout plus aucune de ses musiques, pour respecter la charia... C'est la curieuse réaction des fans du rappeur Werenoi. Vous ne soupçonniez peut-être pas son existence. Et pourtant, il était l’une des figures majeures du rap français, l’artiste ayant vendu le plus de disques entre 2023 et 2025. Werenoi, né à Montreuil de parents camerounais, rassemblait depuis ses débuts, en 2021, des millions de fans autour de sa musique. Avec trois albums et de nombreux titres, il avait collaboré avec plusieurs grandes figures du rap populaire et cumulé plusieurs distinctions.

Un rappeur français sous la loi de la charia

C’est donc un véritable séisme qu’aura provoqué sa mort à 31 ans, ce samedi 17 mai, dans l’univers du rap et au-delà. Le Parc des Princes lui a même rendu hommage, lors du match le soir de son décès. Mais dans la religion musulmane, gare à la gloire posthume : elle pourrait bien mener tout droit à l’enfer. C’est cette conviction qui a déclenché une vive polémique dans les heures suivant sa disparition, lancée par son équipe de production elle-même et reprise sur les réseaux sociaux par les nombreux ayatollahs de la charia islamique.

Ainsi, sur le Web, les appels à ne plus écouter ni même partager ses morceaux fusent de toute part. « À partir du moment où l’équipe de Werenoi elle-même annonce la suppression de ses sons par respect pour certaines croyances, la moindre des choses, c’est de juste se taire peu importe ce qu’on en pense », peut-on lire sur X. Le média spécialisé Raplume, suivi sur Instagram par plus de 550.000 personnes, publiait sur ce même réseau social un appel « à écouter le moins possible sa musique à l’avenir, par respect pour sa foi ». La chaîne de radio Skyrock s’est même fait épingler sévèrement pour avoir diffusé les titres de Werenoi, pourtant musulman, lors d'un hommage dans l'émission Planète Rap : « Son entourage et sa famille demandent de ne plus partager ses sons, et le seul truc que ces connards trouvent à faire, c’est un Planète Rap en hommage à Werenoi. »

Mais quelle est la mystérieuse loi religieuse qui voudrait que les musiques d’un artiste tombent dans l’oubli à sa mort ? Pour répondre à cette question posée par de nombreux internautes, plusieurs musulmans ont tenté de livrer leurs explications : « Certains meurent en laissant derrière eux des vidéos extrêmement mauvaises, remplies de débauche. Ils meurent et leurs vidéos continuent d’être partagées, accumulant les péchés dans leur tombe », explique un prédicateur, dans une vidéo visionnée des centaines de milliers de fois.

Une fatwa numérique

Peu importe que Werenoi n’ait jamais fait l’apologie de la violence ou de la vulgarité. Il évoquait parfois la drogue, la rue, les failles de son époque. Dans Ordinateur, il lâchait : « J'fais la salade, pas la salat, mec, j'arrêterai quand j's'rai face à La Mecque. » Trop impie pour un internaute qui rappelle ces paroles. Et, donc, à faire taire à titre posthume.

Dans cette ambiance de censure religieuse, plusieurs artistes ayant collaboré avec lui ont pris les devants. Gims a retiré leurs vidéos communes de son compte TikTok. Le rappeur ZKR a appelé tous ceux qui « ont un son avec lui » à « faire les démarches au plus vite pour que le titre soit supprimé ». ROHFF a partagé une photo du défunt, visage flouté par pudeur, ajoutant : « La musique n’a plus aucun apport. »

On pensait que le rap, musique rebelle, tiendrait tête. Il s’est couché. Par crainte ou par adhésion, tout un pan du milieu a validé cette censure. Lui aussi, semble-t-il, a été englouti par une charia islamiste qui cherche à s’imposer dans notre société. Et, encore une fois, ils sont nombreux à avoir choisi ou accepté la soumission.

Vos commentaires

35 commentaires

  1. Je ne connaissais pas avant aujourd’hui, mais n’écoute pas la radio il est vrai et n’ai jamais aimé le « rap », paroles sur fond sonore…récurrent.
    Pour ce qui me concerne, pas de glorification de cet artiste qui m’était totalement inconnu durant sa courte vie, et que je viens de découvrir à la lecture de cet article après sa mort. Paix à son âme.

  2. La religion annihile la pensée.
    Un religieux ne pense pas, c’est la religion qui pense pour lui.
    C’est donc une secte.

  3. La logique de la charia voudrait qu’on oublie tout de ceux qui sont morts. Alors, plus aucun souvenir de l’Islam n’aurait survécu à leur décès et cette religion n’existerait pas car inexistante dans les mémoires.

  4. Werenoi ? connais pas, idole d’une jeunesse d’origine immigrée, africaine, musulmane et déconnectée.

  5. Alors, en France on ne peut plus écouter la musique que l’on aime ? Pour quelle raison ? La charia ? Mais ça ne va pas ?
    Perso, je n’aime pas le rap, mais je ne reconnais à personne le droit de me dire ce que je peux écouter ici dans mon pays

  6. alors déjà pour moi ce rapeur m’est totalement inconnu – mais pour le principe je n’adhèrerai jamais à ce que la musique quelqu’elle soit se taise en raison d’une loi qui ne me concerne en rien – La vie sans musique est une abherration totale pour moi –

  7. Perso je n’en ai jamais entendu parler, charia ou pas. Il a fallu qu’il meure pour que j’apprenne son existence.
    Si on veut respecter la charia ne faut-il pas ne pas écouter de musique du tout ?

  8. La musique rap adoucit les moeurs en les fouettant. La mort appelle le silence dans la charia. Tout est bénéfice. La France, sacrifiée, le permet dans le meilleur des mondes.

  9. Finalement n’est il pas mieux, pour respecter leur charia, de ne pas écouter, même de son vivant ?

  10. Ah ben pour un coup je vois que je respecte scrupuleusement la charia. Déjà de son vivant je n’écoutais pas sa logorrhée accompagnée de sons bizarres (difficile d’appeler le rap de la musique), et après sa mort, encore moins.

    • Franchement,je n’ai que faire de cette « musique »qui ne l’est que de nom. Très peu d’accords, mélodies dans grande recherche, remarquez celles qu’on entend autres que le rap sont à peine mieux.Je ne connaissais pas cet artiste et comme d’autres,je respecte la charia depuis que le rap existe car je ne l’écoute jamais.

    • Ce n’est pas grave, ils sont entre musulmans, après ils font ce qu’il veulent sauf à essayer de nous convertir et de nous obliger.

  11. J’ignorais que dans la charia même les péchés commis dans l’au-delà par d’autres pouvaient priver le défunt du jardin des délices aux soixante dix vierges,

  12. Ce soir un proche du rappeur annonce que les morceaux de musique sont retirés uniquement durant le temps du deuil…
    Façon de faire marche arrière.
    Et tourner le commerce

    • Oui, en France, c’est maintenant la charia qui fait loi. Mais la soumission s’arrête à l’heure de faire les comptes. Gagnants sur tous les tableaux, en plus d’influencer nos enfants, à commencer par ma dernière. Pendant ce temps, on pérore sur le vivre ensemble.

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