Malika Sorel quitte le RN, mais sans désaccord idéologique

Révélée le 18 avril par Libération, la désaffiliation de Malika Sorel de la délégation RN au Parlement européen a été confirmée par l’intéressée dès le lendemain, sur X, où elle indique quitter « la délégation du Rassemblement national au Parlement européen ». Rappelant n’avoir « jamais été membre du Rassemblement national », elle justifie sa décision, il y a un an, de s’engager en deuxième position sur la liste RN aux élections européennes par le fait qu’elle pensait alors « pouvoir être utile à la France au sein de cette délégation ».
« J'ai été déçue »
Si son mutisme lors de la récente condamnation de Marine Le Pen a pu étonner, aucun signe de fâcherie ne transparaissait. « J'ai été déçue », explique-t-elle, « mon inconfort est allé croissant à mesure que je me retrouvais confrontée à une logique de groupe oppressante qui impose de renoncer à tout degré de liberté et annihile toute possibilité de réflexion intellectuelle. » Prenant de la hauteur, elle conclut alors que « la gravité de la situation actuelle de la France impose de ne pas se soumettre à des logiques partisanes quand elles empêchent de travailler au redressement de notre pays, de notre patrie ».
Comme l'a évoqué un article de presse, je quitte la délégation du Rassemblement National au Parlement européen.
Je n'ai jamais été membre du Rassemblement National mais pensais pouvoir être utile à la France au sein de cette délégation. J'ai été déçue.
Mon inconfort est allé… pic.twitter.com/dArlWAyMSG— Malika Sorel (@MalikaSorel) April 19, 2025
À l’heure où nous écrivons, Malika Sorel n’a pas répondu à nos sollicitations pour des compléments, à la fois sur les raisons de son retrait et sur ses projets d’avenir. Précisons que si sa page sur le site du Parlement européen indique bien qu’elle est désormais « sans parti » et qu’elle a donc quitté la délégation RN à Strasbourg, il y est toujours fait mention de son appartenance au groupe parlementaire Patriotes pour l’Europe, lequel est présidé par Jordan Bardella. Par ailleurs, sa déclaration sur X ne fait aucune mention, même implicite, d’une volonté de démissionner de son mandat de député. Rien n’indique, pour l’instant du moins, une quelconque intention chez elle de rompre avec son engagement parlementaire, et la conclusion de son message semble même infirmer une telle hypothèse. En attendant d’en savoir plus, son silence peut donc s’expliquer par la volonté de réfléchir à une réorientation de son activité à Strasbourg.
Pas de désaccord de fond
Par ailleurs, si sa déclaration évoque une déception, notamment face à la logique de fonctionnement d’un groupe parlementaire, il n’est fait mention d’aucun différend idéologique avec le RN. Et aucune des réactions de ses colistiers, rudes pour certaines, comme celle du député national Christophe Barthès, n’indique de désaccord de fond. Et Le Monde, qui a depuis longtemps Malika Sorel dans le collimateur, expliquait déjà, le 5 avril 2024, que « ses livres ne mentent pas, comme son discours depuis plus de quinze ans : Malika Sorel-Sutter a toujours récité le bréviaire identitaire et porté des concepts-clés de l’extrême droite ». Propos qui témoigne d'une certaine continuité idéologique, même s'il doit être relativisé, Malika Sorel ayant longtemps côtoyé MM. Sarkozy, Fillon et de Villepin, et ayant même sollicité Emmanuel Macron, avant de rejoindre Jordan Bardella,
C’est drôle, j’étais persuadé depuis le début que vous agiriez comme caje dois être devin. je ne vous ai rencontré qu’une fois pendant la campagne et j’avais deviné d’emblée
Rendez votre mandat espèce de malhonnête— Christophe Barthès (@BarthesChristop) April 20, 2025
La raison du divorce serait donc à chercher ailleurs, comme le prédisait le même jour Libération, qui titrait alors : « Européennes : au RN, Malika Sorel, une recrue qui "va être dure à gérer" ». Si les deux quotidiens de gauche n’hésitent pas à déglinguer celle qui est indéniablement leur bête noire, il n’en reste pas moins qu’il en ressort une vraie question : la personnalité de Malika Sorel n'explique-t-elle pas, en grande partie au moins, son échec européen au RN ? Autrement dit, le mode de fonctionnement d’un parti au sein du Parlement, qui contraint à privilégier la solidarité, voire la discipline collective, au détriment de l’expression personnelle, pouvait-il lui convenir ? Ses mots en disent finalement plus qu’il n’y paraît, lorsqu’elle parle de « logique de groupe oppressante » qui l’aurait obligée à « renoncer à tout degré de liberté » et qui « annihile toute possibilité de réflexion intellectuelle ». Joint par BV, l’eurodéputé Alexandre Varaut, qui était comme elle un nouveau venu sur la liste RN aux dernières européennes, n’a pu que constater « qu’elle n’a jamais réussi, ou peut-être jamais voulu s’intégrer dans le groupe ».

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44 commentaires
Le Danger du RN c’est d’être partisan ce qui exclut une ouverture intellectuelle voire une réflexion c’est plutôt Ballot
Petite perte, déjà faudrait qu’elle apprenne à s’exprimer et à discourir utilement
Son but était d’être élue……. un job bien rémunéré , le reste c’est pour amuser la galerie…!!
En cela elle ne denotait pas au RN..
Comme macron ne lui a pas donné la réponse qu’elle attendait , elle s’est tournée vers le RN comme roue de secours , sait elle ce qu’elle veut ? .
C’est le lot de tout grand parti politique qui hélas exclu les actions isolées par souci de cohérence , d’électorat et de résultat.
Soit on s’y plie soit on le quitte en sachant qu’hélas, seul on ne fera rien avancer.
« Elle avait sollicité Macron avant . » Tout est dit. Il ne faut plus que le RN soit un parti « attrape tout ».
C’est bien connu, il faut être deux pour danser le tango. Malika Sorel n’a peut-être pas l’enthousiasme, la ferveur patriotique et l’abnégation que l’on attend d’un militant, parce qu’elle n’a jamais été une militante. Et ça, ça se voit rapidement dans le huis clos du groupe.
Lorsqu’on est un intellectuel qui veut se distinguer et surtout briller, on s’exclu invariablement du vulgum pecus. Ce qui ne facilite pas l’acceptation par le groupe. Alors oui, Malika Sorel ne s’est pas intégrée, mais honnêtement, il est très probable que le groupe non plus n’a pas voulu l’intégrer.
Trop facile on se met sur une liste qui a le plus de chance d’être élue et ensuite on emmerde ses électeurs rappelez moi elle vient des LR non ?
Quelle malhonnêteté, dans un groupe il faut une cohésion d’équipe, si elle n’a pas su s’intégrer c’est qu’elle n’avait pas envie. Elle rejoindra B. Retailleau où Wauquiez pour 2027,c’est bien connu les LR sont des traites.
Tous les partis politiques sont de véritables paniers de crabes où il est souvent difficile d’avoir une écoute
Elle est un électron libre qui sera plus utile a la France comme cela que bridée par le carcan du parti. Respectons madame Sorel. Tout ce qui se fait de grand se fait seul a dit qqn.
J’ai quitté un parti qui ne voulait pas de mes propositions de travail mais je garde mes convictions, et je sais aussi qu’il est difficile de travailler dans un parti ceinturé par un fondateur soupçonneux de son importance ou travaillé par une famille au départ, c’est évident, du vécu pour moi. Du vécu aussi, tous ces gens qui vont grenouiller dans les partis de préférence bien placés et nantis, pour y faire carrière et trouver des avantages autres qu’une insulte sur internet ou un bagnole incendiée, un permanence taguée…On peut comprendre mais pour l’électeur c’est tout de même un sérieux souci. Que dire de cet homme « issu de la société civile » qui entre dans un parti par la grande porte, vu l’aura et l’importance du monsieur, et quitte le parti un an plus tard, dégouté par la politique, ou cet autre qui claque la porte suite à une dispute avec le président et fonde alors un autre parti, etc. Dans les grands partis, ces situations sont courantes comme partout, mais là, c’est moins prégnant que pour les partis moins étendus et tenus par des personnes qui craignent pour leur situation de responsables ou chefs de partis.
Je suis d’accord sur ce constat, j’ai moi-même démissionné d’un parti parce qu’on m’avais confié une fonction (je dis tout de suite que je n’avais d’ambitions particulières ayant déjà suffisamment de travail dans mon cabinet) mais à chaque fois c’est la fille du conseiller général qui était mise en avant pour des actions qui me revenaient, j’ai donc démissionné en parlant vrai comme à mon habitude et en mettant des gens en cause, ce qu’ils n’aiment pas beaucoup, Je ne savais pas que j’étais si important, mon téléphone n’a pas arrêté de sonner pendant une semaine, même à ma grande surprise un ancien ministre du Général De Gaulle m’a appelé, trop drôle. Par la suite au hasard des rencontres professionnelles, j’ai été à l’origine de deux textes de loi dont l’un est devenu 2 articles du CGI alors que je m’étais éloigné de la politique, ceci dit celui qui m’avait demandé des idées et de faire des rapports (aimablement bien sur) les a pris à son compte ce qui lui a permis d’avoir l’ordre national du mérite, trop drôle encore une fois, quel panier de crabes, et en plus il m’avait dit que c’était destiné à un syndicat de commerçants alors que lui faisait parti d’une commission organisée par le ministère de l’artisanat, la politique c’est ça aussi.
Sorel n’a pas compris que le RN avait pris la place du PC du siècle dernier. Or, il se disait que le PC était « comme l’armée en pire », à savoir l’obéissance « passive et immédiate » à la direction avec la devise « chercher à comprendre, c’est déjà désobéir ». Le RN applique cette méthode depuis longtemps et ne peut supporter d’esprits libres et d’opinions (même légèrement) divergentes.
Totalement d’accord avec vous, ça n’est pas la première fois que le RN perd de grands talents pour la même raison; Seul le chef de ce parti a le droit de penser, les autres doivent être incolores, inodores et ne se distinguer d’aucune manière.
Je sens comme une odeur de magouille… Malika Sorel a trop fait de politique pour ne pas savoir comment fonctionnait le RN. Faire semblant de le découvrir après 6 mois d’investiture fait penser à une manœuvre grossiere. Sur la liste Bellamy, avait le risque de ne pas etre élue. En se vendant au RN qui, tout heureux de cette « prise », lui offrait une 2e place sur sa liste, elle était sûre de l’être. En fin de compte elle a trompé ses électeurs et la moindre des honnetetés serait qu’elle démissionne. Mais… Le poste est trop juteux… c’est bien une LR !
Dans une équipe, normalement, on ne joue pas « perso »