Après ses mandats, un poste international pour Emmanuel Macron ?

On reste effaré devant le dévoilement sans fard d'une ambition de carrière qui ne repose que sur de la com'.
macron
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 26/11/2022.

Cet hiver, alors que le long conflit sur les retraites n'avait pas encore commencé et encore moins les émeutes du début de l'été, Emmanuel Macron affichait dans la presse ses ambitions post-élyséennes : UE ? ONU ? C'est aussi cela, la Macronie : une certaine idée de soi-même et des plans... de carrière.

Jeudi, Gabrielle Cluzel épinglait Emmanuel Macron pour son culot : ne prétend-il pas « bâtir un travail de civilisation » tout en accélérant la disparition de la nôtre ? Le problème, avec notre Président, c'est qu'on peut le prendre en flagrant délit quasiment tous les jours : un jour avec Yseult et la francophonie, le lendemain avec les maires de France, le surlendemain sur McKinsey : « Je ne crains rien... » Il est une série à lui tout seul, ou un caractère de La Bruyère : la prétention avec un grand P.

Dernier gonflement de cheville en date : l'international. Le Point, qui, il y a quinze jours, avait osé pointer la déconnexion de Macron en titrant à la une « Un président-zombie ? », verse dans la complaisance en nous expliquant, à partir de témoignages plus macronistes les uns que les autres, qu'Emmanuel Macron vise plus haut, plus loin, plus fort que nos petites inquiétudes nommées inflation, insécurité, immigration, prix de l'essence et factures de chauffage. L'international, tel serait son « objectif caché ».

Emmanuel Macron, comme tout bon Président bénéficiant d'un second mandat, délaisserait la politique intérieure pour se consacrer aux grands enjeux internationaux, histoire de polir une statue, d'entrer dans l'Histoire, mais aussi, contrairement à Mitterrand et Chirac qui n'avaient plus que l'éternité devant eux, de préparer sa énième carrière : pourquoi pas un job à l'international, justement ? Un poste dans un organisme : UE, ONU, FMI ? Et, déjà, ce plan de carrière, où l'Élysée (et la France) n'est même pas une fin, un aboutissement, en dit long sur le bonhomme. Pour les bien informés cités par Le Point, ce serait le Nobel : « De plus en plus le soupçonnent de viser… le prix Nobel, comme Barack Obama, Jimmy Carter ou Nelson Mandela avant lui. » Rien que ça !

C'est ce qui expliquerait une bougeotte diplomatique permanente : voyage en Algérie, COP27, mise en scène de sa diplomatie dans la guerre en Ukraine, mais aussi soutien aux femmes iraniennes et, bien sûr, accueil des migrants de l'Ocean Viking. Un poste à l'international (comme ils disent) vaut bien un reniement de la parole présidentielle. Et ses partisans ne craignent pas de verser dans l'hyperbole - et dans le ridicule : « Président de la guerre », « Président de l'Europe », « une rockstar, pas un joueur d'accordéon... »

On reste effaré devant le dévoilement sans fard d'une ambition de carrière qui ne repose que sur de la com', sans que jamais ne se pose la question des résultats concrets de l'action internationale du chef de l'État : indépendance énergétique ? Situation de la France en Afrique ? Poids de la France en Europe ? Puissance économique ? État social du pays ? Performances de la recherche et de l'éducation ?

Effaré, aussi, à l'idée que, pour réussir son nouveau défi, le jury que cherche à séduire Emmanuel Macron et auquel il doit des comptes n'est plus le peuple français qui l'a élu mais les membres influents des réseaux internationaux qui l'adouberont le moment venu. Au moins, les choses sont claires, pour ceux qui en doutaient encore.

En réélisant Emmanuel Macron il y a six mois, les Français pouvaient croire à une maturation du personnage et nourrir un petit espoir pour la France. Non : ils l'ont simplement autorisé à poursuivre son plan de carrière, que son entourage vous décrit cyniquement : « Le Nobel, c'est opportun et jouable. On sent qu'il se réactive là-dessus, qu'il y met toute son énergie, comme quand il visait l'Élysée depuis Bercy. [...] C'est un objectif à sa hauteur, un viatique pour la suite, qui te permet de rentrer dans le club très fermé des grandes figures du monde, d'avoir ton passeport international pour être sur toutes les estrades. »

« Être sur toutes les estrades »... Il y a donc une vie après l'Élysée, et une carrière à faire : bateleur international.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:18.

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

129 commentaires

  1. En clair, pour ceux qui ne seraient pas totalement dégouttés de voter, ne pas élire un président jeunes, mais quelqu’un ou une qui n’a ensuite que l’éternité devant soi.

  2. C’est la France d’aujourd’hui, le pays des veaux en pleine béatitude. Et ça n’est pas terminé. A regarder avec détachement et vivre pour soi et les siens. Les autres ont ce qu’ils désirent. Grand bien leur face.

  3. Partout , n’importe ou , mais surtout loin de nous et de ce pays . Le pire c’est qu’il va nous couter un bras .

  4. Je l’ai annoncé il y a quelques mois avant les présidentielles: il ambitionne la place de VDL mais cela pose un autre problème dont il moque royalement: la règle non écrite que le président de l’UE ne peut être un ancien président ou un chef de gouvernement.
    le mandat de VDL court jusqu’en 2024 avec surement un renouvellement à la clé, donc 2029.
    EM finit en 2027, donc 2 ans de travail en sous-marin avec quelques conférence à 150 ou 200 000 et lui succéder ensuite… et repartir pour 10 ans.
    reste à savoir si les 25 autres (l’Allemagne est a priori acquise mais rien n’est moins sûr) seront du même avis.

  5. En essayant d’être factuel et impartial, j’aimerais que l’on me dise dans quel domaine Macron a eu un tant soit peu de réussite: la politique énergétique ? la sécurité ? l’éducation ? la santé ? la politique étrangère ? la position de la France dans le monde ? l’économie ? Je cherche

  6. Marionnette de Soros un jour, marionnette de Soros toujours ! (en compétition avec Trudeau et Zielinski,…. Biden étant hors concours)

  7. « le jury que cherche à séduire Emmanuel Macron et auquel il doit des comptes n’est plus le peuple français qui l’a élu mais les membres influents des réseaux internationaux qui l’adouberont le moment venu. » Preuve, s’il en était besoin, que la démocratie est morte, remplacée par une oligarchie anonyme et cachée. Dans ce cas, il n’est plus besoin de faire campagne, puisque l’élection est fixée avant le scrutin, exactement comme en 2021.

  8. Un Prix Nobel à créer : celui de destructeur de la France. Quelques-uns de ses prédécesseurs auraient pu se le voir attribuer.

  9. c’est gros « comme une maison  » il met ses hommes de mains aux bons postes , se fait un carnet d’adresse ..bref ! il se fout de la France ..il pense plus grand ..pour pouvoir continuer a exister après son mandat .. en + il pourra bosser dans des bureaux situés dans un quartier « aisé » de la capitale aux frais de la princesse ..

  10. le pire est que ses vœux puissent exhausser , sauf si le pétard « McKinsey  » ne soit pas mouillé et lui pète au nez. Après tant de magouilles et de destructions, la justice existe-t-elle

  11. Il a été diagnostiqué « pervers narcissique » par de nombreux psychiatres pendant sa première campagne pour l’Elysée. Diagnostique évidemment bien vité écarté, pour ne pas dire étouffé. Cette maladie ne se guérit pas sans soins appropriés, elle empire. Et ce n’est pas fini.

  12. Il serait temps de nous offrir un bilan honnête des initiatives de notre président à l’intérieur et à l’extérieur et d’en analyser les résultats tangibles, les conséquences sur la dette nationale sans oublier les déclarations offensantes pour la France et les français faîtes de préférence à l’étranger par ce même président qui semble justifier son qualificatif de fossoyeur rencontré parfois dans les posts.

    • Vous pouvez rajouter la désindustrialisation avec grande brderie de nos fleurons industriels, l’enterrement stupide du nucléaire qui fait que nous étions exportateurs d’éléctricité maintenant nous sommes importateurs grâce aux éoliennes et autres gadgets poluant, mais enrichissant tout un tas d’élus et leurs familles, car utilisant les 3/4 du rtemsp es centrales à gaz, à charbon et bien mieux à tourbes et à lignites comme en Allemange. Ils parait qu’en poluant plus ils suvent la planète.

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