Macron en cicérone de l’Élysée : art contemporain à gogo pour les gogos

L’art contemporain est l’art officiel d’une élite globale, sans identité, et cela se vérifie à l'Elysée.
Capture d'écran © CNN
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Les bureaux français de la chaîne américaine CNN ont obtenu, en exclusivité, une visite de l’Élysée avec, pour cicérone, Macron lui-même. Une ode à l’art contemporain au cours de laquelle le présentateur Richard Quest frétille d’une émotion esthétique injustifiée.

Le parcours commence par le salon Cléopâtre, avec une tapisserie d’Yves Oppenheim - que Macron nomme Oppenheimer, mais après tout, on peut confondre Manet et Monet. Elle a remplacé La Rencontre d’Antoine et Cléopâtre d’après Natoire. L’œuvre avait donné son nom à la pièce. Elle a été remisée au profit de l’énorme gribouillage. L’Élysée précise qu’il est composé de 173 couleurs. Un peintre a toujours « trop de couleurs sur sa palette », disait Cocteau. D’autres œuvres contemporaines se laissent apercevoir. Une lampe en forme de rayons de ruche. Une sorte de bouteille Thermos™ sur une commode.

Passons au salon Pompadour, le clou de la visite, puisque la pièce a été « entièrement recréée avec de l’art contemporain », indique Macron. Des tables d’appoint dessinées par Bismut et Bismut. Une tapisserie d’après Miro (La Femme au miroir) écrase les boiseries XVIIIe. Ou est-ce le gigantesque canapé blanc signé Thierry Lemaire ? Il a remplacé « l'ensemble mobilier en bois doré Louis XV […] recouvert de lampes bleu et or à décor de fruits exotiques ». Pauvre table, pauvres chaises, reléguées comme des malpropres !

S’approprier un meublé

Le journaliste est enthousiaste sur cette combinaison de classique et de moderne. « C’est la démarche », lui répond Macron, en se rengorgeant. Dans ses rêves ! Une fenêtre gothique dans un mur roman, un baldaquin baroque dans une cathédrale gothique, oui, cela combine l’ancien et le moderne. L’art contemporain, lui, n’est à sa place qu’avec lui-même. Il se veut en rupture avec tout art du passé, et il l’est en effet. Il n’est pas d’ordre contemplatif ni décoratif, mais intellectuel (conceptuel).

« Vous impliquez-vous dans le choix des œuvres ? » « Complètement », répond Macron. Qui n’a pas envie d’embellir son intérieur ? D’enrichir un meublé tristounet où l’on traîne un second mandat ? Le Mobilier national est là, 130.000 biens où piocher (« tapisseries, tapis, meubles, pendules, lustres, céramiques, textiles historiques, dentelles... »). Mais l’abondance ne fait pas le goût.

L’art officiel d’une élite sans racines

L’art contemporain est l’art officiel d’une élite mondiale, sans identité et transnational, qu’a très bien décrit Aude de Kerros. À cette élite appartient le couple Macron. Dès une interview d’octobre 2017, le Président avait accroché de l’art contemporain aux murs de l’Élysée et tenait à ce que cela se voie. Il en met partout, jusqu'au Panthéon, avec une volumineuse commande à Antoine Kiefer qui faisait dire à Didier Rykner que, « privé de sa flèche contemporaine sur Notre-Dame, le Président a tenu absolument à poser sa marque sur un monument français emblématique, comme un enfant capricieux ».

Faute de flèche, Macron s’entête avec les vitraux contemporains à Notre-Dame de Paris. Va-t-il aussi défigurer la colonnade de Perrault avec un guichet « contemporain » pour entrer au Louvre et accéder à La Joconde ? Caprices, certes, mais aussi volonté incessante de parasiter le patrimoine avec un art, un design, une architecture sans racines - comme à l’Élysée.

Ultime question en fin de visite, Richard Quest demande à Macron quelle œuvre il emporterait en quittant l’Élysée. Aucune. « Vous savez quoi, je prendrais juste mon stylo et je recommencerais. » Il recommencerait ! Au secours ! Qu’il emporte plutôt avec lui loin, très loin, son petit musée qui vieillira mal.

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Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Authentique ! Il y a qlq temps… je visitais (dans une station balnéaire) une « exposition » de la « production » d’un « artiste contemporain » (avec mes enfants (j’en ai huit !) ) … ledit « producteur » ( sans doute admiratif de mes cinq filles, trois garçons ) m’avoua goguenard que sa fille avait « produit » certaines « œuvres » qu’il avait réussi à « fourguer » à des « amateurs » ( de la tendance « bite-couilles à titre décoratif uniquement » !) pour la somme de 2.500 €…. Cela le faisait plus que sourire ! Bien évidemment il a rien essayé de me vendre …. comprenant que « mon argent » servait uniquement …

  2. Macron, pathétique et consternant… Il erre dans son monde imaginaire, oubliant qu’il est le Président et qu’une telle fonction l’oblige. Il erre, seul, futile, coupé de l’immense majorité de Français qui n’en peuvent mais de son insouciance, de sa légèreté, de son égotisme. De son incompétence.

  3. L’art contemporain oscille entre le sublime (eh oui ça peut exister même dans l’art contemporain) et l’escroquerie pure et simple dans la lignée de Duchamp ou de Basquiat le peintre (ou plutôt le barbouilleur).
    Mais jamais ! Oh grand Jamais il ne faut mélanger les styles ! Macron montre ici son véritable visage. Celui d’un Trissotin socialiste inculte (double pléonasme !).

    • Quand il n’y aura plus que ça, on aura déjà fait un pas de géant. Je comprend que ça irrite, mais franchement c’est peanuts comparé au budget alloué aux association pro-migration, pour ne parler que de cela.

  4. Mon petit-fils faisait les mêmes barbouilles qu’Oppenheim quand il avait 2 ou 3 ans et tout naturellement pour un enfant de cet âge, on trouvait ça très beau. Mais venant d’un adulte pour garnir les salles de l’ELYSEE, c’est choquant tant c’est moche. C’est normal, Macron ne connaît rien de mieux. N’a-t-il pas dit qu’il n’y a pas de culture française, en revanche, on sait que lui en a une, c’est la culture du « pognon » surtout quand il s’agit du « pognon » des contribuables.

  5. Je pensais que la France avait touché le fond avec Sarko et surtout Hollande mais là, cette chose a vraiment réussi à détruire la Nation Historique, Notre pays FRANCE et tout ce qui faisait sa beauté !!!
    Ô rage, Ô désespoir…Dieu, délivre nous du mal. STP.

  6. Je ne suis pas du tout d’accord avec l’expression « heureusement que le ridicule ne tue pas », car dans le cas contraire, s’il tuait, il n’y aurait de meurtrier que l’intéressé lui-même.
    Responsable et coupable.

  7. On pensera ce que l’on veut de cette pseudo décoration. Celle mise en place à l’époque par le couple Pompidou avait, à mon sens, beaucoup plus de goût et de classe

    • Je suis d’accord avec vous, mais le niveau intellectuel et artistique du couple Pompidou est de très loin nettement supérieur à notre tête de noeud.

      • Tout à fait d’accord…Georges Pompidou était agrégé de lettre classiques….l’autre a fait l ‘école nationale des ânes….de façon , d’ailleurs , pas très claire ….

  8. Et dire que certains disent qu’il est intelligent. On se demande à qui ils se référent pour affirmer une chose pareille. Je ne vois, moi, en ce petit président, que de l’esbroufe, de l’agitation primaire due sans doute à un égo démesuré dont la frustration fait encore tant de mal à notre beau pays. Vivement que tout ça se termine et que l’on retrouve un peu de raison après son passage. Mais Dieu que c’est long !

    • Je suis entièrement d’accord avec vous, s’il était si intelligent, cela se verrait, même dans sa façon de s’exprimer il ne brille pas . On ne fait pas d’un âne un cheval de course !

    • Ou qui n’a pas été perdu pour tout le monde , combien d’objets, de meubles, de tableaux ont dû disparaître du palais à chaque changement de déco et occupants ? De plus, madame nous a coûté aussi un pognon de dingue en renouvelant la vaisselle, parquet , piscine à Bregançon etc..

  9. Ignobles tableaux et autres dans ce décor magnifique. Pitié, pas les vitraux de notre dame avec ce goût déplorable.

    • Je pense comme vous, ce genre de tableaux ne rien a voir dans ce décor et pour les vitraux de Notre Dame si il les faits mettre j’espère qu’un quidam y jettera un pavé et que l’on remettras les originaux.

  10. Nous savons que cela fait perpète qu’il a dépassé son seuil de compétence. De goût, il n’en a pas . Maintenant, nous savons que sa seule capacité est de dilapider un argent qui ne lui appartient pas, celui du contribuable.

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