[LIVRE] Pour Denis Olivennes, la France doit travailler plus : ce n’est pas gagné…

Un grand patron de gauche fustige le rapport de la France au travail, chiffres en main. À lire à gauche. Et à droite !
LA FRANCE DOIT TRAVAILLER PLUS

Il sera beaucoup pardonné à Denis Olivennes parce qu'il a beaucoup péché. Cet homme de gauche influent fut le patron de L’Obs et de Libération, entres autres. Il préside aujourd'hui aux destinées du groupe média très mainstream du financier Daniel Křetínský (propriétaire de Elle, Marianne, Télé 7 Jours, copropriétaire du groupe Le Monde...). Mais il n’aura pas le soutien de… Martine Aubry ! Le maire de Lille démissionnaire, « mère » des désastreuses 35 heures, devrait pourtant lire La France doit travailler plus… et les Français être mieux payés (153 pages, Albin Michel), qui vient de sortir. Normalien, énarque, patron d'entreprises, Denis Olivennes se penche sur l’étrange rapport de la France à la valeur travail. Il a mis en exergue de son livre cette phrase de Coluche : « La France va mieux. Pas mieux que l’année dernière. Mieux que l’année prochaine ! » On ne saurait mieux dire… Restait à ausculter le désastre, expliquer les causes et indiquer les recettes.

« On a beau retourner l’équation dans tous les sens, rappelle-t-il, le constat est sans appel : six Français sur dix ne travaillent pas, parce qu’ils sont trop jeunes, en formation, au foyer, en retraite, au chômage… Et ceux qui sont en activité ne reçoivent que… 45 % des sommes qui sont versées pour les payer, le reste étant alloué aux charges et impôts ! » Olivennes a fait le compte. Du lundi matin au mardi à midi, les Français travaillent pour eux, « et du mardi midi au vendredi soir, ils travaillent pour la collectivité ». L’Hexagone est devenu un gentil kolkhoze, la délinquance en sus. Comment en est-on arrivé là ?

La France, pays développé qui travaille le moins

L’auteur évacue d’un revers de main l’hypothèse LFI selon laquelle les patrons se gavent au détriment des salariés : les salaires ont crû de 15,6 % entre 1996 et 2021, relève-t-il. « Ce n’est pas le capitalisme mais plutôt le socialisme qui nous plombe », balance l’ancien patron de L’Obs et de Libé. La pensée gauchiste est devenue pour beaucoup une seconde peau. La France accumule 114 jours de grève par an pour 1.000 salariés, rappelle Olivennes, contre 91 en Belgique, 80 au Canada et un seul en Suisse ! « Les chiffres sont indiscutables : avec 664 heures de travail par an et par habitant, nous sommes le pays développé qui travaille le moins », constate l’auteur, implacable.

Il écarte aussi l'hypothèse RN pour l'avenir en lui prêtant des propos caricaturaux : « Dégagez les immigrés et le malheur français cesse aussitôt, car les comptes s’améliorent, l’angoisse identitaire s’apaise », simplifie-t-il. On pourrait lui retourner le compliment : « Améliorez le travail et la question migratoire (chômage, insécurité, islam…) disparaît comme par enchantement. » Cette facilité n'entame pas, cependant, la justesse de sa réflexion sur le travail. Elle s'accompagne de quelques surprises. Exemple : au fond du problème, si l’on compare la France à l’Allemagne, on trouve… le travail des femmes ! Une Allemande active sur deux occupe un emploi à temps partiel, contre une Française sur trois. De quoi arracher des torrents de larmes à nos féministes qu’on entend déjà entonner le chant crypto-marxiste de l’exploitation et de l'injustice. Sauf que les Allemandes… ne s’en plaignent pas : seuls 9 % des Allemandes qui travaillent à temps partiel souhaiteraient travailler à temps plein !

Le travail ne paie pas

À ce stade, Denis Olivennes se pose la question : « Suis-je devenu réac ? » Il ne rassurera pas ses lecteurs de gauche en démontrant la préférence ontologique pour la taxe du pays de l’égalité. Ni en moquant les militants LFI et consorts qui hurlent contre la France et la Macronie ultralibérale : « Quelle bonne blague ! La France est sur la première place du podium des dépenses publiques et des dépenses sociales », rappelle-t-il. Par ailleurs, ajoute l’auteur, « notre pseudo-libéralisme est extraordinairement amoureux des lois et des règlements : il y a vingt ans, le Code pénal des impôts comptait 300.000 mots ; il en compte 800.000, aujourd’hui ».

Résultat ? « En France, travailler rapporte beaucoup plus aux autres qu’à soi-même », constate-t-il. Drôle d'ultralibéralisme, en effet ! Il ajoute, lucide : « Les marchands de rêve [d'une société sans travail, NDLR] ont endormi les esprits et ralenti la machine économique, quitte à préparer un réveil difficile. » La solution pour revaloriser le travail tient du bon sens : « Si je travaille, la majorité de ma rémunération doit revenir dans mon escarcelle », écrit Olivennes. On en est loin, dans une France façonnée par une gauche paresseuse (les 35 heures), envieuse (les riches), haineuse (les patrons), ivre de dépense publique et d’immigration sans frein, sensible aux malheurs du monde mais sourde aux cris du peuple, enfin, dogmatique au-delà de la raison.

« On dirait qu'ils n'aiment pas le travail », chantait Souchon dans son Poulailler's Song. Pour Olivennes, les Français se remettront au travail lorsque leur emploi paiera. Un livre utile, à lire par ceux qui rêvent à gauche. Et aussi à droite.

Picture of Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

57 commentaires

  1. Les 35h ont fichu en l’air toute l’organisation sociale et toute motivation . Nous sommes désormais prisonniers de ce système, et il sera très difficile d’en sortir.

  2. En bon socialiste, il préconise l’augmentation des salaires. Parfait, mais rejette l’idée que l’immigration massive permet de les tirer vers le bas. Il va peut-être trouver qu’il faut encore augmenter les taxes et impôts, et comme notre ministre de l’économie, suggérer que les entreprises doivent apprendre à faire moins de profit. Pour vendre un livre, ils sont prêts à tout

    • Il serait mieux de lire l’article avant de le commenter !
      Il préconise effectivement de travailler plus pour être plus payé au lieu de travailler à 60% pour la communauté… des improductifs.

  3. « Pour Olivennes, les Français se remettront au travail lorsque leur emploi paiera » !
    Oh que non, les Français travailleront (plus) quand les poules auront des dente. Et ça, ce n’est pas pour demain…………..

  4. lorsque j’ai commencé à travailler c’était de 7 à 12 he et l’après- midi de 13 à 19 he et le samedi matin et je n’en suis pas morte.

    • Moi aussi, j’ai survécu à des horaires chargés, travail + cours du soir, etc.
      J’ai du mal à supporter les flemmards-geignards.

  5. Encore un énième livre sur le même sujet qui raconte la même chose, rien de neuf sous le soleil.
    Il devient urgent que nos politiciens et leurs bras armés ( les bac +10) apprennent enfin à les lire et que nos enseignants tous plus démagogiques les uns que les autres plus ils enseignent dans les écoles d’élites leur apprennent ce que veulent dire les mots : courage, loyauté, franchise, responsabilité, humilité, etc.

  6. J’adore la description de la goooooche. Tout est dit , nous les avons depuis 60 ans au pouvoir et voilà les résultats.

  7. Fin 1961, je travaillais chez Bouygues sur un chantier nous faisions 54 heures par semaine. Du lundi au vendredi 50 heures et le samedi matin 4 heures. Ça changeait, mais est-ce mieux? Pas sûr.

  8. Il y a quelques années, j’ai entendu un personnage déclarer que notre société n’était plus une société de travail, mais de loisirs. L’andouille diplômée qui pérorait n’a pas expliqué comment on finance ses loisirs quand on ne travaille pas ou très peu.
    Il est un fait que le travail n’a plus la cote et je le déplore. La mentalité de nombre de mes compatriotes me désole. J’ai beaucoup travaillé et j’en ai retiré de grandes satisfactions à bien des égards. Je me sentais partie intégrante des sociétés qui m’employaient.
    Désormais, « le monde a changé ». Je ne suis plus dans le coup, mais je crois quand même qu’il faudrait revenir à certaines valeurs d’avant.
    Vivoter en comptant sur des aides diverses et variées n’est pas un projet de vie très honorable.

  9. Hier je suis parti en Alsace chercher quelques bouteilles de vin en passant par l’Allemagne. Passé la Frontière quelle vie, quelle activité, et des petits commerces dans tous les villages sans oublier restaurants et terrasses bondées des champs bien cultivés avec vente d’asperge tous les 100m en bordure des champs et de petites entreprises à chaque coin de rue. Agréable d’y rouler et un grand respect des autres. De retour en France à la hauteur de Colmar en prenant ensuite les petites routes, Quel désastre, quel vide dans les villages, des champs hors normes pour ne cultiver que du maïs avec des arroseurs gigantesques, personne dans les rues, des villages dortoir, mais quelle culture de ronds points, de ralentisseurs hors normes de routes défoncées et d’un irrespect primaire envers les autres surtout de la part des cyclistes et autres nouveaux engins électriques fort heureusement peu nombreux mais quelle jungle pour se déplacer. Rien que des visions de friches industrielles et de magasins fermés. Aux coins de communes plus grandes seul les Kebab et autre tripots de cette nature semblent rester éveillés. Nous étions 4 personnes dans la voiture et chacun y allait du même malheureux constat. Un Pays mort, ruiné et fainéant. Un avenir bien derrière quel que soit le sens dans lequel on se tourne. Désolé mais c’est un malheureux constat. Remonter la pente va être difficile et compte tenu de la nouvelle population qui majoritairement ne vient pas en France pour travailler et qui fait exploser tous les budgets sociaux et aux comportement des rejetons de 68, le retour à la belle France n’est pas pour demain.

  10. « Dégagez les immigrés et le malheur français cesse aussitôt, car les comptes s’améliorent, l’angoisse identitaire s’apaise ». Sans résoudre le problème à 100%, ça permettrait quand même l’économie de plusieurs millions par an ! Mais pour le reste, je suis d’accord avec Denis Olivennes. Il faut motiver les Français sans emploi à retourner au travail. Mais il y a quand même un gros pourcentage de « chômeurs professionnels » et là, c’est pas gagné ! J’ai commencé à travailler en 1965 : entre 45 et 50 heures. On est ensuite passé aux 40 heures (42 heures dans le bâtiment) puis en 1982 aux 39 heures payées 40. L’ineptie de cette mesure : en intérim 39 heures effectuées payées 39 — injustice — MAIS 40 heures effectuées payées 39 plus une heure supplémentaire. Aucune logique. Ensuite les 35 heures, mesure qui a beaucoup plombé l’emploi. À croire que les différents gouvernements griffonnent leurs projets sur des nappes de restaurant ! Ça rend bien sur le papier mais pas dans la vraie vie. Aucune projection dans le réel. Tous nos gouvernements, et surtout les gouvernements Macron, ont tué et tuent encore notre industrie, nos commerces, nos agriculteurs, en les écrasant sous des montagnes de charges et de normes incompatibles avec la réalité du terrain.

    • Et celui de Hollande/Taubira ? depuis 2012 la planche est savonnée nous glissons vers l’enfer. Comme vous j’ai travaillé 50 à 60h par semaine et après le passage de cette chère Martine, la descente vers le fainéantisme est apparue , il fallait déjà pour les cadres travailler comme des dingues pour maintenir de l’efficacité !!!

    • @Lily
      « … ça permettrait quand même l’économie de plusieurs millions par an ! »
      Je pense de des milliards, plutôt que des millions, ce serait plus réaliste.
      L’immigration continue de nous submerger. La volonté politique est flageolante.
      Je suis pessimiste quant à l’avenir de la France.

  11. Ha! Il est génial ce monsieur !
    Mais ce sont des gens comme lui qui ont amené notre pays dans la pitoyable situation où il se trouve aujourd’hui.
    Il devrait commencer par dire, je me suis trompé et demander pardon.

  12. A mes débuts: Horaire journalier: 9h. Pour améliorer l’ordinaire: 2h supplémentaires chaque jour et 7h le samedi matin. 62 heures par semaine. En changeant d’entreprise: 9h par jour plus 5h le samedi matin. 50 heurs hebdomadaires donc.
    Puis 40 heures ont été imposées, pas une de plus. Le personnel était volontaire mais le patron ne voulait plus rémunérer le travail.
    Puis sont venues les 35 h – c’était le temps de travail moyen en Europe à cette époque – et la France fut le premier pays au monde pour la productivité. A noter que VW travaillait 32h.
    Aujourd’hui c’est le chômeur qui est responsable du chômage…

  13. Travailler plus ? OK mais à condition qu’on sorte de l’UE (Je veux bien travailler pour la France pas pour VDL qui décide pour nous) ,qu’on arrête d’envoyer nos milliards à l’Ukraine, qu’on se calme sur l’éolien et qu’on relance vraiment le nucléaire, qu’on arrête la censure et que chacun puisse dire ce qu’il veut (absolument tout ce qu’il veut), qu’on arrête la propagande bienpensante,…oui travailler plus à condition qu’on sorte de ce régime totalitaire dans lequel nous nous enfonçons.

  14. « Pour Olivennes, les Français se remettront au travail lorsque leur emploi paiera ». Il me semble aussi nécessaire de cesser de toujours payer moins. Bon nombre de services sont aujourd’hui à la portée de toutes les bourses, ce qui, a priori pourrait être un bienfait. Pour avoir un repas complet au resto, il faut bien souvent un plongeur non déclaré! J’ai 64 ans et lorsque j’étais gamin, ma mère ne m’emmenait pas au resto. Ça n’était pas dans ses moyens! (et ça ne m’a guère manqué). Aujourd’hui, tout le monde tout, tout de suite, et le moins cher possible. Si les salariés des métiers « en difficulté » recevaient leur juste part (le vrai net), beaucoup moins de monde leur ferait appel. L’état a subventionné à tout va afin que tout le monde y ait accès. Certains agriculteurs (un de mes cousins) en sont arrivés à semer ce qui est subventionné par Bruxelles, ils sont devenus fonctionnaires sans s’en rendre compte. Les exploitants bio? certains touchent des subventions afin que nous soyons en meilleure santé. Les petits salaires? certains touchent un chèque de fin d’année pour faire leurs cadeaux de Noël. J’ai même lu (dans vos colonnes il me semble) qu’un maire du nord de la France avait mis en place un chèque (pour je ne sais plus quelle raison) pour ses administrés. C’est très beau, ça lui permet de se « dorer la pilule », pour autant n’aurait-il pas mieux valu qu’il baisse le montant des impôts? ça aurait peut-être permis de supprimer un poste de fonctionnaire et d’effectuer des économies durables.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois