[LIVRE] Et vous, quels sont vos « hauts lieux de chrétienté » préférés ?

Et si, à Pâques, pour soigner votre âme et votre foie, vous offriez une douceur spirituelle plutôt que du chocolat ?
Hauts lieux de chrétienté

C’est le cadeau parfaitement idoine pour ceux - j’en connais - dont le foie fait une overdose des lapins mafflus et des œufs garnis. Certes moins adapté à la traditionnelle chasse dans le jardin mais tout autant à la période liturgique. L’album Hauts Lieux de chrétienté (Via Romana), commenté par le mystérieux Defendente Génolini - l’auteur du saint du jour dans Direct Matin et Direct Soir, dont l’identité est aussi bien gardée que celle du Masque de fer - et illustrée par Gilles Bexon (bien connus des lecteurs de France catholique) est un véritable « pèlerinage spirituel », selon les mots du cardinal Bustillo qui l’a préfacé. Il nous emmène « de la Terre sainte aux confins de l’Occident ». L’avantage est que si on peut difficilement, dans le cadre d’un « vrai » pèlerinage, faire des zigzags et commencer par la fin, les étapes qui jalonnent celui-ci sont consultables dans l’ordre et dans le désordre, on y vient et y revient, on s’y arrête, on lit et on contemple. Il n’est pas besoin d’être croyant pour trouver ces pages magnifiques. Sauf à considérer qu’admirer, c’est déjà un peu prier.

Le choix des auteurs en est forcément subjectif, celui du lecteur encore plus. À chacun ses hauts lieux préférés. Dans le catalogue qui nous est proposé, on peut faire son marché et je citerai pêle-mêle, pour ma part :

Parce que c’est Pâques, mais pas seulement… la basique du Saint-Sépulcre, que j’ai vue pourtant, au pas de course, pressée par des popes orthodoxes peu amènes, soucieux de fluidifier le trafic, mais il est vrai que le lieu, aussi bondé qu’une station de métro un jour de grève, nécessitait un peu de discipline. Qu’importe. De ces lieux dont on se demande comment on a pu vivre aussi longtemps sans les visiter et qui vous muent illico en vieillard Syméon : et Nunc dimittis.

Parce qu’elle défrise toute la gauche, mais pas seulement : le Sacré-Cœur de Montmartre qui trône, dans le paysage parisien, à côté de la tour Eiffel, dont elle est quasi contemporaine. L’une ressemble à un clou noir et sec dans le ciel de Paris. L’autre est gironde et claire dans les nuages. D’aucuns, qui la détestent, la qualifient de « chou gras ». Mais entre le clou et le chou, mon choix est fait. Elle est surtout la preuve en pierre blanche qu’une France chrétienne que l’on croyait éradiquée (par la Révolution) n’a pas mis un siècle pour refleurir. À bon entendeur (de la libre-pensée), salut ! Le quartier a cette caractéristique d’être à la fois populaire, gentrifié et touristique. Trois typologies qui ne partagent rien, sinon (en général) une grande pauvreté spirituelle. La basilique, de ce fait, ne tombe pas mal. Vous y rentrez parce qu’elle est dans le guide (vert), et quand vous sortez, c’est elle finement qui vous guide.

Parce qu’elle vient de se refaire une beauté, mais pas seulement : Notre-Dame de Paris. Je n’y suis pas encore retournée. Le nouveau mobilier liturgique m’en dissuade. Je me sens comme la descendante d’une vieille maison vendue dans une succession qui n’a pas envie de pousser la porte des nouveaux propriétaires : trop peur d’y voir les gros canapés Roche Bobois. Elle préférait la version défraîchie et les meubles de famille. Mais que Notre-Dame ait suscité tant d’admiration de la part de Vance, Trump et Musk (le bon, la brute et le trublion) me remplit de fierté. Eh oui, les gars, la France, c’est ça, des bâtisseurs de cathédrales ! Que sont vos fusées à côté de leurs flèches, qui vous emmènent aussi vers le ciel, mais pour l’éternité.

Parce qu’elle est appelée Notre-Dame de l’Espérance et qu’elle est intervenue juste à temps, quand la France était si mal barrée, et seulement cela : Notre-Dame de Pontmain. On en a tant besoin.

Et vous, quels sont vos hauts lieux de chrétienté ?

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

26 commentaires

  1. En dehors de Notre Dame de Paris qui compte pour moi, je n’ai pas visité tous les hauts lieux de la chrétienté qui me sont chers. Je pense au Mont Saint-Michel, à Saint-Jacques de Compostelle. Mais, en dehors de ces lieux emblématiques de la foi chrétienne, il y en a bien d’autres qui parle de Dieu, de la simple chapelle oubliée, modestes églises, aux grandes cathédrales de nos cités. Difficile de faire un choix s’en paraître injuste envers le patrimoine et notre foi.

  2. Au delà de la beauté de ces édifices, ce sont les hommes qui les ont construits qu’il faut saluer. Tous, du promoteur et de l’architecte au dernier des tailleurs de pierres savaient que le chantier qu’ils démarraient ne serait pas achevé de leur vivant. Ils s’inscrivaient dans le temps long et savaient qu’ils n’étaient que des maillons d’une longue chaîne. Plus de deux cents ans pour construire Notre Dame de Paris… (plus de 7 générations d’artisans s’y sont succèdées – à l’époque l’espérance de était courte…) quand il n’a fallu que 4 ans pour construire la tour Monparnasse… Mais que sera-t-elle dans 800 ans ?

  3. Devant ces monuments qui font penser a un hypothétique créateur universel personnellement mes pensées sont captivés d’admirations pour ces gens et leurs capacités a avoir créer par leur mains ces chefs d’œuvres, çà impose le respect de la plus petite chapelles perdues dans la nature jusqu’aux magnifiques cathédrales et basiliques. Quelle bonheur d’y pénétrer on se sent en dehors du temps.

  4. Je vais sans doute vous surprendre, comme je fus moi-même « saisie ». J’ai eu l’occasion de visiter, il y a une vingtaine d’années, l’église Notre-Dame de Royan, vaisseau de béton armé, érigé après-guerre. Ce n’est pas le style d’architecture qui, habituellement, me bouleverse. Et pourtant, j’ai été saisie par la présence d’une Grandeur qui nous dépasse… Elle était, à l’époque, très dégradée, ce qui ajoutait encore à son mérite de servir le Très-Haut avec des morceaux de béton qui se détachent et une armature rouillée. Il y avait à l’entrée un écriteau avec la citation d’un écrivain (F. Mauriac, je pense, qui l’avait visitée) qui se terminait ainsi « … et pourtant, Dieu était là ». C’est aussi ce que j’ai ressenti dans cette église particulière, qui n’est pas un haut-lieu de la Chrétienté mais qui m’a bouleversée…

    • Eh oui nous ancien se sa va ient tout petits devant l’éternité de Dieu ils participaient à sa grandeur et voulaient témoigner pour leurs descendants. Aujourd’hui, époque du tout, tout de suite, on ne construit plus que « pour demain », comme la « cathédrale de Royan, « vaisseau de béton armé, érigé après-guerre »… et qui, 80 ans après commence à tomber en ruine. Elle aura disparu quand ND de Paris sera toujours là mille ans après… mais l’âme de ses concepteurs n’était pas animée par le même foi…

    • Lorsque j’ai visité la Familia sagrada en Espagne, moi aussi, malgré le bruit encore présent des ouvriers, et des touristes,  » j’ai été saisie par la présence d’une Grandeur qui nous dépasse… « 

  5. La petite chapelle romane de Ste Germaine, sur le chemin de Saint-Jacques dans le Gers, entre cent et mille de ces petits lieux de culte, au détour d’un chemin, discrets et intimes, où l’on peut tutoyer le Bon Dieu…

  6. la chapelle de Villarubia de Santiago (Espagne) et sa Vièrge « Nuestra Señora del Castellar ‘

  7. Dommage que le lien nous envoie sur Amazon et pas sur le lien de l’éditeur qui a une boutique en ligne.

  8. Une simple promenade en forêt nous rappelle, pour celui qui sait regarder et écouter, que Dieu est partout. Un émerveillement sans cesse renouvelé. En ce qui concerne les édifices religieux, j’apprécie les petites églises romanes du sud de la Bourgogne, en dehors des périodes touristiques bien sûr et , plus au nord , Notre Dame du haut , la chapelle de Le Corbusier , à Ronchamp .

  9. Tellement heureuse d’avoir retrouvé Notre Dame de Paris…oubliez le mobilier liturgique…que l’on ne voit guère tant cette cathédrale est belle . Retournez la voir , elle vous attend . Elle est encore plus priante qu’au passé.

  10. L’église San Pedro Apostol, à Andahuaylillas au Pérou, surnommée la chapelle Sixtine des Andes, le St Sépulcre ou plus près de nous l’Abbaye du Mont St Michel, ou encore Conques sur le Chemin de Compostelle, sans les commentaires obligés sur le jeu de lumière qui anime les vitraux de Soulages et qui n’éveille chez moi aucune émotion artistique ou religieuse, Conques qui me remet immanquablement en lumière ces mots que Maurice Barrès écrit dans la merveilleuse préface de  » la Colline Inspirée  » : il est des lieux où souffle l’Esprit, des lieux élus de toute éternité pour être le siège d’une émotion religieuse…Mais comment faire l’impasse sur la Cathédrale de Chartres, comment ne pas se laisser transporter quand le soleil illumine sa sublime rosace ? En vérité, tous ces hauts lieux et bien d’autres vous imprègnent à tout jamais, mais ma préférence va aux chapelles de l’Armor ou de l’Argoat, héritage de l’histoire bretonne, qui témoignent non seulement du travail et du génie de l’homme, mais aussi d’une grande piété, que l’on retrouve aujourd’hui, en particulier lors des pardons, troménies ou pèlerinages.

  11. J’aime la tranquillité et l apaisement que l on ressent quand on pénètre dans une église ou une cathédrale, mais je n apprécie pas du tout la soumission et la passivité des représentants de la religion catholique qui tend toujours l autre joue quand elle prend une claque , qui laisse ces lieux se faire envahir par des hordes haineuses qui s y installent sans aucun respect, jamais cela ne se passerait dans une mosquée

  12. Pour moi, le Mont Saint-Michel que j’ai visité 4 fois et puis bon en tant qu’ancien para il est mon protecteur.

  13. Toujours la belle plume , Madame Cluzel !
    Mon haut lieu, j’aimerais que ce soit cette petite église de la campagne périgourdine où je vis. Une messe par an. Des éléments d’un ancien monastère , les Hospitaliers, ici et là aux murs des granges. J’aimerais….

    • Je viens de commander l’album.
      Mais je suis interloquée par le délai de livraison : fin juin – fin octobre !!!

    • En effet. Ou une erreur de l’ IA qui peut dépasser.
      Attention à ne pas être trop basique et considérer que le populaire ( de Montmartre ou autre) manque « en général « de spiritualités.
      Ce propos de Mme Cluzel peut choquer. Le royaume des cieux appartient aux pauvres en esprit. Certains habitants des « beaux quartiers » ont tort de plaindre la « grande pauvreté spirituelle » des habitants des quartiers populaires. Chacun doit s’ occuper de sa poutre avant d’ aller chercher la paille dans l’œil du voisin, c’est la meilleure façon de l’ aider.

    • En effet. Ou une erreur de l’ IA qui peut dépasser.
      Attention à ne pas être trop basique et considérer que le populaire ( de Montmartre ou autre) manque “en général “de spiritualités.
      Ce propos de Mme Cluzel peut choquer. Le royaume des cieux appartient aux pauvres en esprit. Certains habitants des “beaux quartiers” ont tort de plaindre la “grande pauvreté spirituelle” des habitants des quartiers populaires. Chacun doit s’ occuper de sa poutre avant d’ aller chercher la paille dans l’œil du voisin, c’est la meilleure façon de l’ aider

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