[LIVRE] À ma place : Échecs et bons sentiments en Macronie

C’est un petit exercice d’autocélébration bien huilé que s’offre Yaël Braun-Pivet, dans À ma place, publié le 10 avril dernier aux Éditions Buchet-Chastel. Un titre qui évoque le parcours personnel, méritocratique, courageux, évidemment exemplaire, de la présidente de l’Assemblée nationale qui défend en creux, dans son récit, les idéaux d’une Macronie qui, si elle a échoué à tenir ses promesses, n’en reste pas moins, à ses yeux, la seule voie raisonnable. Une autobiographie politique où le « en même temps » le dispute à l’autojustification.
Une histoire familiale brandie en modèle universel
Son histoire personnelle est en filigrane tout au long de l’ouvrage : des grands-parents juifs polonais et allemands réfugiés en France, tailleurs laborieux, une famille qui a « embrassé la France, sa culture », et un mot d’ordre transmis : le travail. Voilà pour la légitimité. « L’histoire de ma famille est une histoire d’immigration et d’intégration », écrit-elle. Très bien. Mais de là à en faire un étalon pour juger toute forme d’immigration actuelle ? On s’interroge. Car si ce modèle a pu fonctionner à une époque, il semble peu transposable à l’immigration massive, extra-européenne, parfois revendicative, qui défie aujourd’hui l’autorité de l’État et rejette ses symboles.
Elle déplore que certains, « les vautours habituels » du Rassemblement national, réclament « des incarcérations ou des expulsions sur le seul fondement du soupçon », tout en admettant que « oui, les Français ont besoin de sécurité », mais que « non, la réponse n’est pas si simple ». Un « en même temps » qui devient dangereux quand il s’agit de protéger les Français de la menace islamiste ou des violences commises par des étrangers en situation irrégulière. La députée dénonce aussi les « discours haineux » et « ceux qui détestent la différence », mais admet tout de même que « la France ne peut pas accueillir tout le monde ». « L’angélisme » qu’elle dénonce pourtant, maquillé en pragmatisme.
L’échec assumé, mais jamais interrogé
C’est l’un des rares mérites du livre : Yaël Braun-Pivet ne nie pas l’échec de la Macronie. « De ce point de vue-là, pari raté. » C’est ainsi qu’elle résume les résultats d’En Marche, citant un sondage CEVIPOF de février 2024 où 77 % des Français déclaraient ne plus faire confiance aux partis politiques. À propos des prisons, qu’elle voulait faire l’un de ses chevaux de bataille, elle concède : « Aujourd’hui, je ne peux pas le nier : nous n’avons pas réussi à faire de différence significative. » Et sur l’esprit révolutionnaire de ses débuts en politique. « Il faut bien reconnaître, aujourd’hui : […] nous ne sommes pas parvenus à tenir cette promesse. » Au moins, c’est dit.
Mais ces aveux sont toujours tempérés par l’autoportrait élogieux : elle, la débutante qui fuyait « les plateaux télévisés, les dîners et tout ce qui [lui] paraît relever des mondanités », n’a pas failli à ses principes. Les autres, peut-être. Elle, non.
Féminisme de posture
Sur son engagement féministe, même discours paradoxal : tout en prônant le mérite, elle se félicite d’avoir défendu la loi Rixain qui impose la parité dans les entreprises de plus de 1.000 salariés. Plus loin, elle prend pour acquis qu’il existe des inégalités salariales non identifiées : « Pour mieux les sanctionner et les corriger, il faut pouvoir les identifier précisément. » Une méthode scientifique inversée. Elle va jusqu’à souhaiter que les femmes aient accès aux bulletins de salaire des hommes, afin de « leur donner l’envie de mieux faire entendre leur voix » en niant donc, au passage, toute différence de compétence ou d’efficacité. Et de conclure qu’il faudrait priver d’aides publiques les entreprises qui ne seraient pas « exemplaires en matière d’égalité femmes-hommes ». Peu importe leur performance ?
Une autobiographie à l’image de la Macronie : bien mise, pleine de bons sentiments affichés, « cash » et « optimiste », mais réticente à regarder ses échecs en face et l'inefficacité de ses doubles discours.

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56 commentaires
Mme Braun-Pivet n’a pas de charisme, et ne brille pas par son autorité à l’A.N.
Sa dernière volte-face à propos de la minute de silence pour Aboubacar Cissé montre en outre qu’elle n’a pas d’idées propres.
Pas le niveau.
Un livre dont nombre d’invendus finiront à la broyeuse ou dans les brocantes.
Il ne doit pas y avoir beaucoup de boulot au perchoir si elle a le temps d’écrire un livre.
En effet !
Je me demande comment ces gens ont le temps d’écrire des livres pendant qu’ils occupent des fonctions tellement chronophages, paraît il, que la république, enfin le contribuable, finance une horde de serviteurs pour les aider dans leurs tâches quotidiennes. Espérons que cette personne ne fera pas la promotion de son bouquin sur les finances de l’assemblée nationale. Une certaine Chiapas l’avait bien fait avec l’argent de son ministère. La preuve en tout cas qu’il y a des domaines où l’on a pléthore de fonctionnaires dans notre pays.
Une certaine Chiapas l’avait bien fait avec l’argent de son ministère.
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Elle, c’est pardonnable, c’était des bouquins de luc, non?
un girouette sans mémoire et autorité
N’est-ce pas elle qui a refusé de serrer la main d’un député RN ?
Ca me rappelle cet homme qui tombait du 10 ème étage et quand il passait devant chaque étage les gens pouvaient l’entendre répéter » jusqu’ici ça va ..jusqu’ici ..ça va «
La macronie à permis aux songe-creux de se tailler un pouvoir. A ce jour, ils redescendent sur terre, le marionnettiste a rendu ses baguettes et souffle ses dernières ventriloquies. S’ils étaient honnêtes ils devraient disparaître du paysage politique. Nous en sommes à 7 ans de malheur. La France méritait mieux.
je ne l’aime pas, no comment
En tous cas , c’est pas Chaban-Delmas
Sans intérêt.
et cette histoire de parité qui est débile et qui plombe les entreprises on n’embauche plus sur les valeurs mais sur le sexe et elle est fière de son résultat je pense quelle n’est pas a sa place
Pas ma tasse de thé, cette personne.
Il est de bon ton d’être descendant d’immigrés, pauvres si possible.
Comment faire comprendre à ces personnes que l’on ne peut comparer l’immigration européenne d’autrefois et l’immigration africaine d’aujourd’hui ? Mentalité, religion, motivation, tout est différent.
Et « l’atavisme » ne se change pas en une ou deux générations mais au bout de plusieurs siècles et encore !
Elle le sait, ils le savent tous, ils font les idiots
Et dire que des gens vont acheter ça…
J ai vu l interview de mme braun sur cnews
Une succession de clichés et de bons sentiments. Un grand etonnement quand on sait que madame braun est presidente de l assemblée nationale et 4 eme personnage de l etat .::.on sent affleurer l autosatisfaction. Decidement le niveau de la classe politique s effrite a l image des niveaux scolaires et autres …!!!!
Pour l’entretien dans Face à l’Info, Christine Kelly s’est montrée très bienveillante. Un Mathieu Bock-Côté, incisif voire mordant, aurait été plus intéressant.
l’autosatisfaction, c’est contagieux..
Encore une de la « macrnie » qui se prend pour « écrivain » ! …
Après avoir presque TOUT rater, elle vient écrire son « vomitif » sur papier et espère en vendre des tonnes …
En complément de cet article bien « gentil », je propose à Alionor de communiquer la liste de tous les « écrivains » de la macronie depuis mai 2017 et leurs ventes ! …
Pas étonnant que l’assemblée fonctionne si mal, elle passe son temps à « écrire » ! Encore un pur jus macroniste