L’imam Chalghoumi face à Rima Hassan : l’islam modéré est-il minoritaire ?

À contre-courant de sa propre communauté, Hassen Chalghoumi a été la cible d'une énième campagne de haine.
Capture écran Radio J
Capture écran Radio J

Un torrent de haine et de boue. Depuis qu’il a critiqué les positions pro-Hamas de Rima Hassan et appelé à sa déchéance de nationalité, le président de l'association culturelle des musulmans de Drancy, Hassen Chalghoumi, subit une nouvelle campagne de cyber-harcèlement. Très violente. Beaucoup ne lui pardonnent pas de s’en être pris à la pasionaria de la cause palestinienne. « Depuis quand il fait de la politique, celui-là ? Il ne sait même pas aligner une phrase correctement », a ainsi commenté un certain Yass. « Il ne représente en aucun cas les musulmans de France », a ajouté Abidou. Les messages insultants se sont multipliés sur les réseaux sociaux, affirmant qu’Hassen Chalghoum « n'a plus rien d'un imam » (Mehdi), est « la plus grosse serpillière que j’ai jamais vue » (Ali), mais aussi le « paillasson des sionistes » (Mohamed), un « con » (Nazim) ou encore « un trou du cul » (Habib). Que de bienveillance, en ce mois sacré du ramadan !

https://twitter.com/CerfiaFR/status/1897249977845604746

Rima Hassan a également réagi sur X, appelant ses coreligionnaires à « dégager » l’imam. De quel type de « dégagement » parle-t-elle ? S’agit-il d’expulser Hassen Chalghoumi de sa mosquée, de lui retirer son statut de responsable religieux ou de se débarrasser de lui de façon plus permanente ? Comme toujours, avec Rima Hassan, les mots employés ont été choisis de manière à être parfaitement compris par leurs destinataires tout en restant juridiquement inattaquables.

Un imam honni au sein de sa propre communauté

Ce n’est, hélas, pas la première fois que l’imam Chalghoumi se retrouve dans le viseur des islamistes. Il a été maintes fois menacé de mort et vit depuis quinze ans sous protection policière. Traqués par les fous d’Allah, lui et sa famille ont dû partir s’installer dans un État du Golfe, sous un patronyme d’emprunt. « Mon nom circule partout », confiait-il, en 2020, au Parisien. Jusqu’en Tunisie, sa terre natale, où un assaillant s'est jeté sur lui, en 2013, en criant « Chalghoumi, traître ! » « J'ai eu quatre côtes cassées. Ma femme a eu une fracture du nez et il a mis un coup de poing à ma fille », se souvient-il.

Cette semaine, encore, l’imam a été violemment pris à partie alors qu’il était de passage à Bruxelles. « Chalghoumi, chien ! Fils de pute ! Israël ! », lui a lancé, en pleine rue, un groupe d’hommes mal intentionnés.

On se souvient aussi de ce sketch de Malik Bentalha qui parodiait, en 2023, l’émission L’Heure des pros. L’humoriste – qui ne manque jamais une occasion de dénoncer le racisme dont seraient victimes les musulmans en France - y avait étrillé l’imam Chalghoumi, dépeint sous les traits d’un abruti à la limite de l’illettrisme. De quoi provoquer l’hilarité dans tous les bars à chicha du pays.

Le représentant d’une infime minorité

Au-delà du combat d’Hassen Chalghoumi pour l’émergence d’un islam compatible avec les valeurs françaises, c’est surtout sa proximité avec la communauté juive qui lui vaut de violentes inimitiés. « Je paye très cher mon amitié avec les Juifs, observait-il, peu après le 7 octobre 2023. Vous savez, je suis l’imam d’une ville qui a connu la Shoah et l’exemple même du rapprochement entre la communauté juive et les musulmans. Mes détracteurs m’appellent d’ailleurs "l’imam des juifs". »

Cet œcuménisme n’est, en effet, pas très populaire au sein de la communauté musulmane. Les sondages à ce sujet se suivent et se ressemblent, démontrant tous un antisémitisme très profondément enraciné dans la « oumma ». En 2014, déjà, une étude réalisée par l’institut Fondapol confirmait que la proportion de personnes partageant des préjugés défavorables aux Juifs était alors « 2 à 3 fois plus élevée » dans la population française de culture musulmane que dans le reste de la population. Cette semaine, encore, un nouveau sondage effectué par l’IFOP nous apprenait que 45 % des élèves musulmans refuseraient d’avoir un ami juif.

Au sein des siens, l’imam Chalghoumi semble à contre-courant. Il fait partie de cette frange qui n’est ni dans le suprémacisme ni dans la haine du non-croyant, en décalage avec une bonne partie de la communauté musulmane, de plus en plus acquise aux thèses et préceptes rigoristes.

On a coutume d’entendre que les islamistes ne représentent qu’une « infime minorité » des leurs. Une chose est sûre, les musulmans modérés ne font pas l'unanimité.

Picture of Jean Kast
Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

32 commentaires

  1. J’ai la faiblesse de penser que c’est plutôt Abidou qui ne représente pas les musulmans de France. Si le gouvernement se donnait la peine de virer tous ces suppots du HAMAS, qui prêchent la haine, la majorité de des mulsumans sincères se sentiraient libérés et beaucoup de femmes pourraient enfin retirer le voile qu’on les oblige à porter par la menace.

    • bravo! plus logique de libérer les musulmans sincères de tous ces suppôts du Hamas prêcheurs de haine… que d’avoir à soupçonner tous les musulmans de sentiments anti-France. Tout le monde respirait beaucoup mieux. C’est au gouvernement de le comprendre et d’intervenir pour virer tous les nocifs…

  2. La pression de « l’Ouma » est extrêmement forte, pour une religion pourtant majoritairement sans clergé : j’ai souvenance de l’introduction progressive du hijab au Maghreb, qui n’était pas un de ses lieux de tradition. Il s’agit d’une question identitaire qui diffuse par capillarité (si j’ose dire…), avec une position de force et non de raison, dont bénéficient toujours les plus enragés.

  3. Une fois de plus, je ne comprends pas comment cela est-il possible dans une démocratie qu’une telle traitre à la nation puisse continuer à sévir, grassement financée par l’argent public du contribuable spolié, contribuables qui, pour la plupart, vomissent ce personnage indigeste et dangereux pour notre patrie, ou du moins pour ce qu’il en reste. Et même l’arcom ne semble pas gênée que cette amie des terroriste, membre de groupes terroristes, puissent autant prendre la parole dans nos médias d’Etat subventionnés.

  4. Les musulmans dits modérés, curieux ce terme, je dirais pour ma part les musulmans respectant et faisant leurs les lois et l’identité française, sont une minorité, surtout dans les deux dernières générations. Cela a commencé sous Giscard et s’est amplifié sous Mitterrand. Voilà le résultat.

  5. Une preuve de plus que l’islam est RATP religion d’amour de tolerence et de paix, theorie si chère à nos zélites

  6. Cette religion est un triptyque , une spiritualité , une loi suprême à la loi démocratique , et un mode de gouvernement totalitaire contraire à la démocratie .
    Il suffit de regarder tous les pays ou cette religion est majoritaire.

  7. Dans l’histoire , ce sont toujours les minorités violentes qui ont pris le pouvoir .

  8. La bienveillance face à la haine. Cette femme n’évoque la France que pour la dénigrer. Parfaitement toxique pour le pays.

  9. « Au-delà du combat d’Hassen Chalghoumi pour l’émergence d’un islam compatible avec les valeurs françaises ». Je ne sais pas dans quelle entreprise cet imam veut bien s’embarquer. Peu importe il ne réussira certainement pas. L’islam modéré est une utopie. Il y ‘a l’islam tout court. En revanche, il y’ des musulmans qui pratiquent modérément la religion et c’est très différent dans le sens qu’ils se contentent d’appliquer les quelques préceptes de base (application tronquée). c’est à dire ceux qui relie l’homme avec dieu (le spirituel); pas ce qui relie à l’homme à l’homme ;surtout les non musulmans (le temporel) là où les conflits ne manqueront certainement pas de surgir.
    La volonté des élites occidentales à façonner l’islam à l’image de leurs sociétés modernes et tolérantes est vouée d’avance à l’échec. Leur raisonnement repose peut-être sur Napoléon qui,l’espace d’un jour, a réussi à apprivoiser le Christianisme et le Judaïsme.
    Si un pays s’engageait par exemple à appliquer l’islam (modéré), la branche radicale de la religion finira tôt ou tard à l’emporter. L’islam est comme le wagonnet d’une montagne russe qui ne s’enraie jamais au milieu. Il arrive toujours à l’autre extrémité; les bons mécaniciens ne manquent jamais.
    On voie ça actuellement en Syrie où le nouveau « chef » El Djoulani promet, à toutes les élites européennes qui se sont empressées à le « normaliser », que les minorités et les droits de l’homme seront respectés, alors que deux semaines à peine après son accession au pouvoir, il a déjà effacé, des livres d’histoires de la Syrie, toutes les figures historiques à l’exception de l’époque islamique bien évidement; et ce n’est que le début. Alors monsieur Chalghoumi: « salli warfaa sabbateq » (prie et prends tes baskets) vous savez bien que vous vous engagez malheureusement dans quelque chose d’impossible.

    • On l’a vu avec les talibans d’Afghanistan, de soit disant modéré pour récupérer l’argent bloqué, les femmes ont désormais été évincée de toute vie civile.

  10. Bien sur que l’Islam « modéré » est plus que minoritaire, d’abord parce que l’Islam n’est pas modérée.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois