Le premier faux pas de Marine Le Pen
Mettre sur le même plan, sous le vocable de « chapelles remplies de personnages sulfureux », les catholiques traditionalistes et les nazis, même Marlène Schiappa n’aurait pas osé, confie un vieil adhérent, ulcéré.
Marine Le Pen déroulait, jusque-là, une belle campagne. Le mot flatteur et à la mode de « résilience » était celui qui la qualifiait le mieux. Les départs semblaient peu l’ébranler ou, en tout cas, elle semblait avoir la capacité de les encaisser. Seul celui de sa nièce l’avait visiblement atteinte, elle avait su le montrer sur CNews face à Laurence Ferrari, sans le surjouer, d’une façon propre à toucher le téléspectateur. Au point que L’Express, il y a quatre jours, titrait : « Ralliements à Zemmour : et si Marine Le Pen en sortait grandie ? » Elle semblait garder ses nerfs et de la hauteur quand Éric Zemmour l’attaquait avec une morgue un peu maladroite : « Elle, c’est les chats, moi, c’est les livres » ou encore « Marine Le Pen, c’est l’Arlette Laguillier de la droite nationale » (BFM TV).
Puis patratas ! L’entretien qu’elle vient d’accorder au Figaro est le premier faux pas. Et il est de taille.
Après avoir déroulé un programme familial que n'aurait pas renié Viktor Orbán, elle taxe soudain le zemmourisme de « communautarisme », ce mot qu’on accole habituellement à « islamique » : « Je retrouve chez Éric Zemmour toute une série de chapelles qui, dans l’histoire du FN, sont venues puis reparties remplies de personnages sulfureux. Il y a les catholiques traditionalistes, les païens et quelques nazis. Tout cela ne fait pas une posture présidentielle. »
User, à l’encontre d’Éric Zemmour, du champ sémantique reductio ad hitlerum, cette arme de dénigrement massif qui permet, depuis quarante ans, de museler le « camp national », comme se plaît à l’appeler Jordan Bardella, est vécu comme une trahison chez les zemmouristes et trouble jusque dans les rangs du RN. Sur les fils Telegram des fédérations départementales, les messages atterrés sont allés bon train, toute la journée.
Mettre sur le même plan, sous le vocable de « chapelles remplies de personnages sulfureux », les catholiques traditionalistes et les nazis, même Marlène Schiappa n’aurait pas osé, confie un vieil adhérent, ulcéré.
Et le faire, en sus, dans Le Figaro est pour le moins curieux. Il est d’usage, quand un candidat à la présidentielle répond à un média, de prendre en compte la sociologie des lecteurs pour les gagner à sa cause. Or, s’il se trouve, parmi les lecteurs du Figaro, un vivier d’électeurs potentiels pour elle, ce sont des catholiques conservateurs. Pas sûr qu’être qualifiés de sulfureux et être assimilés à des nazis les ait totalement séduits...
Ce faisant, elle donne par ailleurs raison en creux à ceux qui viennent de la quitter et qu’elle a accusés d’être partis non en raison de sa ligne, comme ils le prétendent, mais moins glorieusement parce qu’ils seraient frustrés de ne pas avoir décroché la place qu’ils souhaitaient. Marion Maréchal, icône du « camp national » dont l’étoile avait un peu pâli sur fond de trahison familiale désapprouvée par son grand-père lui-même, voit, grâce à cette sortie, son honneur lavé : comment pourrait-elle soutenir une candidate, fût-elle sa tante, qui associe tranquillement dans la même phrase, par une apposition, les catholiques traditionalistes et les nazis ?
Cerise sur le gâteau en forme de boomerang, Marine Le Pen accrédite, a posteriori, les accusations portées par le passé contre son propre mouvement et celui de son père : ce que la gauche dénonçait était donc vrai ? Il y avait donc bien des « personnages sulfureux », et même des « nazis » ?
Il est désormais établi qu’une bonne partie du très jeune et très puissant maillage militant « Z » que ses concurrents lui envient, tant sur le terrain que sur la Toile (au point que Le Monde les a pris pour des « robots »), est constituée pour grosse partie de jeunes catholiques issus, pour faire vite, des rangs de la Manif pour tous. Dans un monde individualiste où trouver des militants désintéressés ne comptant pas leur temps est difficile, cette société « holiste », habituée à donner de son temps à sa paroisse, au caritatif ou à de grandes causes sociétales, répond présent quand on lui dit qu’il s’agit de sauver son pays et sa civilisation. Si, d’aventure, Marine Le Pen parvenait au second tour, elle aurait besoin de leur énergie et leur savoir-faire de digital native. Les électeurs des milieux catholiques conservateurs seraient aussi un appoint nécessaire. Après avoir été ainsi étrillés, leur enthousiasme pour aller voter risque d'être quelque peu émoussé.
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste
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Il faut faire des confettis avec le cordon sanitaire
198 commentaires
Les déçus de la nouvelle image du RN se rabattent sur la candidature de Zemmour qui attire par la violence de ses propos et la brutalité de ses propositions tout ceux et toutes celles qui ont la nostalgie de l’ancien FN et du « menhir ».
Un certain nombre d’adhérents, de militants, de membres de bureaux ont été prié de quitter le parti, d’autres l’ont fait d’eux même considérant les nouvelles méthodes de MLP trop ramollies, estimant qu’elle manquait de vigueur, devenait trop « social(iste). (comprenons trop humaniste…).
L’omerta des media envers le FN était du à sa position anti-avortement. Or, les media avaient massivement soutenu l’avortement avant et après le vote de la loi Veil. L’abandon pur et simple du droit à la Vie, pourtant inscrit dans le programme, a été déterminant pour cette « dédiabolisation » (bizarre, non?) du FN. Bien entendu, hémorragie de cathos, les militants les plus motivés, mais aussi de protestants, militants non moins motivés. Comme MLP n’a jamais été ni l’un, ni l’autre…
Maladresse de langage, idées mal exprimées? ben oui il faut convenir qu’au FN il y eu bien au départ des personnes excessives, dans la violence verbale, dans les actes aussi parfois…elles étaient qualifiées à tort ou a raison de « nazis » racistes… ce qui rejaillissait sur l’ensemble du parti. Devenu RN le parti fait depuis tout son possible pour être « dédiabolisé » et pouvoir être accepté non pas comme un parti ordinaire, mais comme un parti à part entière avec ses convictions…
Faute grave de la part de MLP!! Elle vient d’enclencher la « machine à perdre »! elle ne sera pas au 2ème tour….
Ne cherchons pas les « faux pas » de tel ou tel candidat, c’est un « détail »…
PAS un candidat ne battra E.MACRON, s’il ne s’engage pas , en cas d’élection le 24 avril à lancer un référendum – début mai – donc AVANT les législatives, pour septembre, donnant la réalité du Pouvoir aux citoyens. En leur attribuant – à eux aussi- l’initiative de la révision de la Constitution qui ne pourrait être modifiée que par référendum. Le référendum présentera les détails de l’article 89 proposé .
En fait, après relecture de l’ article, qu’ a-t-elle dit de si honteux? Depuis avant sa candidature EZ la critique quand c’est elle qui renvoi la balle haro sur la bête.
EZ fait quand même sa campagne en la coulant régulièrement, donc en roulant pour Macron, celui que nous aurons pour un deuxième mandat grâce à lui
Quand aux cathos ils sont assez intelligents pour voter pour la France française
La machine-à-perdre fonctionne toujours…
France, « fille aînée de l’église »…drôle de façon de la défendre que de dénigrer ceux qui portent ses valeurs et qui sont, quasi par définition, l’exact opposé des « nazis » auxquels Madame Le Pen les accole sans la moindre vergogne…
Si on fait abstraction des clowns de la gauche candidats à la présidentielle, il y a deux candidates qui n’ont plus leur place pour représenter la droite dans cette campagne : MLP et Pécresse.
MLP, inutile car Zemmour la remplace puissance 10, sachant qu’en plus MLP fait office de has been et éternelle seconde (dans le meilleur des cas)
Pécresse, inutile car électoralement écartelé entre M et Z. Elle ne prend plus rien à M au centre et les électeurs de droite ont compris qu’elle les trahira.
Merci Madame Cluzel
Marine le Pen a eu le mérite de dénoncer des dérives fondamentales de la gauchosphère.
Dommage qu’ils ne sachent pas reconnaitre qu’ils ne font pas le poids pour mener à bien la « reconquète ».
Il serait souhaitable qu’ils reconnaissent la stature de Monsieur Zémour afin de réaliser l’Union de la droite conservatrice qui est majoritaire en France.
Il y aurait de la grandeur à laisser la place à un homme plus compétent.
C’est souhaitable et encore possible.
A.Lerte
Madame Le Pen prétend défendre la France…Elle avait déjà, comme certains de ses alliés d’ailleurs (Dupont-Aignan), manifesté son opposition à la vénerie, pourtant vieille tradition d’un pays qui l’inventa en quelque sorte (et non, ce ne sont pas, pour une fois, les anglais…mais de vieux gaulois… »réfractaires » ?). Elle fustige aujourd’hui la tradition catholique. Je me souviendrai, pour ma part, du vieux cantique « Catholiques et Français toujours », lors de la prochaine échéance électorale.
Madame je me demandais pourquoi en 2017 vous vous étiez liquéfiée devant le béjaune qui nous sert de président, et avec mes regrets pour votre faux pas vous aviez encore à mes yeux, une certaine valeur pour les Français comme moi Chrétienne, plutôt traditionaliste, amoureuse de mon pays et de ses coutumes, fière de mes ancêtres et de leur nom. Aussi bien dans ma famille que dans celle de mon époux il y eu des combattants contre les nazis (les vrais). je ne vous permets pas de les insulter.
J’ai comme l’impression qu’elle veut se couler elle même , elle dit des mots qui n’ont rien à voir avec la présidentielle à part essayer de matraquer Eric Zemmour inutilement
Elle vient de faire une très grande faute. Je ne comptais plus voter FN mais là, aucune raison d’aller voter si elle est au second tour. Ce qui m’étonnerais. Elle manque d’intelligence, Je resterai dans mes pantoufles.