Laisserons-nous détruire nos églises du XIXe « sans grand intérêt » ?
La cancel culture, c’est aussi cela : entre faire vaciller une statue, une église, à grands coups de butoir et la laisser à l’abandon jusqu’à ce qu’elle s’effondre, il n’y a qu’une différence d’horloge.
Faut-il (sérieusement) s’inquiéter pour nos églises de campagne (et d’ailleurs) ? Cela s’est passé dimanche, sur le plateau de France 5. Invitée à s’exprimer sur le patrimoine, l’ancien ministre de la Culture Roselyne Bachelot annonce tout de go qu’il va « falloir choisir ». Selon elle, « il y a un patrimoine cultuel du XIXe siècle qui n’a pas un grand intérêt ». La journaliste la pousse dans ses retranchements : « Il faudra donc les raser ? » Roselyne Bachelot ne dit pas non. C’est une option… qu’elle complète néanmoins par une alternative : « Ou il faudra que les citoyens intéressés se prennent par la main et décident de sauver telle ou telle église », car « on ne pourra pas demander à l’État ». « Il faut que l’État et les collectivités publiques se recentrent sur un patrimoine notoire », conclut-elle.
Ancienne ministre de la Culture, Roselyne Bachelot annonce qu’on a construit trop d’églises en France et qu’il va falloir se résoudre à en raser (ou à les vendre à des particuliers), en particulier celles du XIXe siècle !pic.twitter.com/m05df32dPv
— Eric Anceau (@Eric_Anceau) January 8, 2023
Sauf que l’État, par deux fois, s’est emparé de ces biens religieux : en 1789, puis en 1905. Les faisant sa propriété, il s’est engagé contractuellement à les entretenir. Maintenant qu’il les a laissés se dégrader, il parlerait pudiquement de se « recentrer », les « citoyens intéressés » (sic) n’ayant qu’à se débrouiller avec le reste ? Mais qu’est-ce, au juste, que le « patrimoine notoire » ? Et les « citoyens intéressés », par leurs impôts, ne participent-ils pas déjà largement à l'effort et même au-delà du raisonnable ?
On le sait, à l’instar de Roselyne Bachelot, il est de bon ton d’affirmer dédaigneusement que « le XIXe n’a pas grand intérêt ». À côté du XVIIIe, peut-être, selon les puristes. Mais comparé au XXe et au XXIe, c’est au contraire un siècle de splendeur architecturale et artistique. Les touristes ne s’y trompent d’ailleurs pas. Le Paris haussmannien est XIXe, le palais Garnier est XIXe, la flèche de Notre-Dame est (était) XIXe… la grande mosquée de Paris est XIXe ! Entre acquérir des « chefs-d’œuvre » d’art contemporain pour ronds-points moches et entretenir l’église qui, avec le petit château local, constitue la curiosité historique de leur patelin, le choix des locaux sera vite fait. Sauf qu'ils ne seront pas consultés. En guise de clochers et de donjons, la France périphérique est-elle condamnée à avoir pour tout horizon un bouquet d’éoliennes ? Rutilantes, elles, et pour lesquelles on ne regarde pas à la dépense…
Roselyne Bachelot a déjà joint l’acte à la parole : c’est sous « son règne » que les pelleteuses ont détruit, à Lille, la chapelle Saint-Joseph construite par l’architecte Auguste Mourcou en 1886. Une pétition de 12.400 signatures, la mobilisation de personnalités comme Stéphane Bern, les déclarations d’un inspecteur général honoraire des monuments historiques selon lequel cet édifice, « en bon état », était « un exemple unique en terme architectural, un conservatoire de savoir-faire et un témoignage historique de la présence des jésuites à Lille » n’y ont rien fait.
Sur un budget de plus de 10 milliards, le ministère de la Culture n’en alloue qu’un seul au patrimoine. Un autre est dévolu à la « création » et 3,7 milliards sont consacrés… à l’audiovisuel public. France Télévisions capte à lui seul près de 2,5 milliards. Deux fois et demi le budget consacré à notre patrimoine.
Dans sa phrase « il va falloir choisir », on comprend qu’il y a lieu d’établir des priorités. Chiche ! Inversons les budgets : 3,7 milliards pour un plan Marshall du patrimoine. Un milliard pour l’audiovisuel public sera déjà amplement suffisant. Pour ne pas dire bien trop.
La cancel culture, c’est aussi cela : entre faire vaciller une statue, une église, à grands coups de boutoir et la laisser à l’abandon jusqu’à ce qu’elle s’effondre, il n’y a qu’une différence d’horloge. Si, en l’an mille, selon les célèbres paroles du moine Glaber, la France s’est « couverte d’un blanc manteau d’églises », l’Histoire retiendra qu’à compter de l’an 2000, elle s’en est peu à peu débarrassée. Coïncidence ou vases communicants, la courbe du nombre de mosquées en France est inversée. Certains maires pragmatiques iront-ils jusqu’à proposer des accommodements ? Imaginer, à moyen ou long terme, pour plusieurs de nos églises, le destin de Sainte-Sophie d'Istanbul est-il complètement délirant... ou finalement assez plausible ? En un sens, Roselyne Bachelot, qui a toujours été saint Jean bouche d’or, n’a pas complètement tort : « Aux citoyens intéressés » et, donc, au premier chef, aux catholiques, de « se prendre par la main » en réinvestissant leurs lieux de culte. Ou ils seront perdus.
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste
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70 commentaires
Dérives de notre société. Le dérisoire, l’insignifiance, le consommé jeté, la superficialité participent au profond matérialisme individuel. Les âmes se dessèchent. Les fibres souples qui permettaient des élans de bonne conscience par générosités pratiquées sont devenues raides au profit du narcissisme, du plaisir. Dans tous nos villages pointait vers le ciel un clocher, signe d’une communauté présente, d’un ralliement autour d’une cause commune, d’un savoir faire au profit d’un bonheur possible, soutenu. Mais à la tête de ces villages, éducation déficiente accompagnant, des personnes sans aucune formation économique ont été portées. Ne pas s’étonner si nos églises sont tenues abandonnées, sans entretien, sans esprit d’initiatives. Une règle élémentaire de bonne gestion recommande de provisionner chaque année des subsides en vue de futurs travaux. Ce qui est totalement négligé par beaucoup de maires mais qui se pratique obligatoirement dans les entreprises dans un objectif de modernisation de l’outil de travail ou de son entretien périodique. On en vient donc à la formation de nos maires, laquelle devrait prendre naissance dans l’Education nationale, d’une façon généralisée. Mais on sait à peine compter….Quant à certains maires, ils préfèrent subventionner un forain qui apportera deux ou trois jours de distraction à quelques personnes au détriment de l’entretien de leur église. L’esprit du temps se résume dans cette position.
Cette dame se montre la sous son vrai jour.
Manque de volonté et de culture et prête à tout pour plaire aux médiocres.
Pauvre France ! Le stalinisme a tout fait pour détruire les églises, Poutine les a remises debout ! Chez nous, on fait le contraire, on détruit nos églises, les âmes de la France pour les remplacer, construire des mosquées !
Vive Poutine , le reconstructeur !
Des milliards pour l’Ukraine et pas un rond pour notre patrimoine .
Et le pape François grand copain de notre valeureux président défenseur de l’Afrique, de l’Ukraine etc , il en pense quoi ?
la réponse est dans votre question !
C’est parce qu’elle sort un torchon qu’on a droit tous les jours à la Bachelot ? Les églises ont une âme et sont toutes belles, de plus elles nous enterreront tous.
Bachelot reflète la médiocrité de nos politiques en France.Si les français continuent de laisser prospérer ces idiot,la France disparaitra
La conclusion est d’une logique presque imparable. En effet, les édifices religieux témoignent d’une humanité et les pierres ont une âme.
Et quid des mosquée du XX et XXIème ?
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Alors même si, elle, elle se prononce pour raser certaines églises on constate que nous sommes vraiment à la fin d’une civilisation. Elle fait le jeu des musulmans.
Pauvres de nous !
Bachelot s’était fait connaître « positivement » il y à 25 ans environ pour son franc parler…autant constater que c’était avant car elle est devenu pathétique de conformisme et de servilité volontaire, finalement, à l’image des français.
Il n’y a pas une journée sans que les Macron, Bachelot ou un autre creuse le trou de la France. Pour eux tout doit disparaître, la France et les français. On dirait que les « élites » de ce pays sont toutes engagées par une puissance étrangère (les mondialistes et ploutocrates anglo saxons) pour détruire notre pays. Mais ce qui me sidère le plus c’est de voir que, lors des élections, les français reconduisent leurs bourreaux. La voie démocratique nous asservi, les français ne se révolteront pas pour préserver leur petit confort ; seul le chaos général et la misère peut finalement faire réagir et … nous sauver.
« Ca » fait très longtemps que toutes les images et représentations qui ont « construits » la nation française sont détruites par les politicards français …
cette « croque-mort » est omnibulée par sa déchéance politique qui va la faire disparaître des ors de la « république française » toute autant en décrépitude que ce genre de coucous politicards …
Elle vient de prendre « CON-science » qu’elle n’aura plus de poste dans un ministère malgré sa capacité de caméléon venimeux alors elle crache dans tout ce qu’elle trouve à sa « portée » de « langue de vipère » … même aux « grosses têtes, elle s’y croit drôle …
C’est dire à quel point elle a, elle aussi, un mépris de « ce qui a fait LA FRANCE »: le christianisme ! …
c’est sans doute pour faire place aux mosquées ……
Si vous vouliez illustrer la faillite et la chute abyssale du niveau du personnel politique français vous pourriez parfaitement prendre comme exemple Roselyne Bachelot.
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