La droite pèse deux fois plus que la gauche mais va encore laisser passer le train…

Brûlez le cordon sanitaire ou faites-en des confettis, mais de grâce, cessez d'être la dinde de Noël qu'il ficèle !
@Remi Mathis Celestin Goldrstein/ Wikimedia Commons
@Remi Mathis Celestin Goldrstein/ Wikimedia Commons

Faut-il puiser dans la longue histoire de la gauche (« Prolétaires du monde entier, unissez-vous ») et de la droite (le drapeau blanc du comte de Chambord) pour expliquer la facilité de la première à faire bloc et l’incapacité de la deuxième à briser ce cordon sanitaire qui la ficèle depuis des décennies comme la dinde de Noël que l’on ne fêtera, si cela continue, bientôt plus ?

La droite pèse deux fois plus lourd que la gauche, dans l’opinion. C’est ce que montre un sondage IFOP Fiducial pour Le Figaro et Sud Radio. Sauf que la droite est parfaitement désunie, tandis que la gauche, bien que faible, pense déjà à unir ses forces. L’électorat de droite est-il maudit, éternellement condamné à perdre ?

Les dynamiques électorales ne sont pas qu’arithmétique, mais on remarque qu’en additionnant Arthaud, Mélenchon, Roussel, Faure et Tondelier, on obtient 26,5 % ; le centre, en la personne d’Édouard Philippe, représente 21 %, et la somme de Retailleau, Dupont-Aignan, Bardella et Zemmour parvient à 52,5 %.

D’après Michel Audiard, « quand les types de 130 kilos disent certaines choses, les types de 60 kilos les écoutent ». Pas en politique, visiblement : c’est la droite qui se tait et la gauche qui impose ses vues.

60 ans ou le sexe des anges

Certes, pour d’aucuns, le RN ne serait pas de droite. Pour Bruno Retailleau, il serait même d’extrême gauche. Notons que du temps du RPR et de l’UMP, on ne pouvait pas s’allier avec le FN parce que c’était des fachos d’extrême droite. Aujourd’hui, on ne peut pas s’allier avec le RN parce que ce sont des salauds d’extrême gauche. Le changement de pied est assez radical.

L'autre argument avancé est que Marine Le Pen récuse elle-même cette étiquette. Sauf que l’institut de sondage, dans la présentation de son classement, ne s’y trompe pas. Rajoutons qu'on peut faire une dissertation en trois parties en convoquant Raymond Aron pour définir ce qu’est vraiment la droite, mais l’essentiel, c’est l’acception commune du mot dans l’opinion publique : pour le vulgum pecus, sont de gauche l’immigrationnisme, le wokisme, le laxisme judiciaire, le progressisme échevelé, l’écologie punitive, la détestation de la France et la volonté de la dissoudre dans un grand tout. À l’inverse, lorsqu’on est contre l’immigration, pour l’ordre, la sécurité, l’autorité, l’enracinement, la grandeur de la France, la préservation de notre culture, de notre civilisation, de notre patrimoine matériel et immatériel, de nos terroirs, de nos frontières et de nos limites, que l’on promeut la natalité et la souveraineté, que l’on pense que l’immigration n’est pas une chance et qu’il faut lutter de toutes nos forces contre la montée d’un islam conquérant en France, on est qualifié, à tort ou à raison, de droite.

Le nœud de la discorde serait l’âge de départ à la retraite. Les Byzantins qui discutaient du sexe des anges pendant que les envahisseurs étaient à leurs portes. Notre sexe des anges, à nous, s’écrit en deux chiffres : 60 ans. Pendant que les Frères musulmans étendent leurs ramifications et mettent en coupe réglée nos quartiers, on ratiocine. Je rassure déjà les femmes si, d’aventure, la charia s’installe un peu rudement en France, façon Afghanistan : il n’est pas certain que nous autres ayons encore le droit de travailler, la question sera donc réglée pour la moitié de la population. La maison brûle ; les Français sont là, à la fenêtre, à appeler au secours, et nos politiques de droite, en bas, voient bien le feu, mais font leur mijaurée, se demandent s’ils peuvent porter ensemble la grande échelle sans se salir les mains par trop de proximité.

Sarah Knafo s’est dite prête, ce mercredi matin, sur Sud Radio, à travailler avec Retailleau. Mais s’il est une qualité que chacun reconnaît à Sarah Knafo, c’est sa grande cohérence. Comment celle-ci s’accommoderait-elle, et c'est du reste ce qu'elle précise peu ou prou aussitôt, d’un rapprochement avec Édouard Philippe - puisque Bruno Retailleau a déclaré, entre le maire du Havre et Marine Le Pen, préférer le second -, celui-là même qui refuse d’interdire complètement le voile islamique dans le sport et a appelé à voter communiste plutôt que RN aux dernières législatives ?

Entre deux Philippe...

Ces flirts politiques contre-nature sont tout ce qu’Éric Zemmour déteste et qu'il a résumé dans la célèbre formule « On nous avait promis le Kärcher™ et on a eu Kouchner », sur l’air du « Je voulais voir ta sœur et on a vu ta mère » de Brel. Aujourd’hui, gageons qu’aux côtés du Vendéen Retailleau, une partie majoritaire de l’électorat de droite, entre deux Philippe, préférerait voir Villiers qu’Édouard.

La gauche, elle, fourbit ses armes. François Ruffin propose d’organiser une primaire à gauche ayant pour périmètre tout le NFP allant « de Poutou à Hollande ». Que le Poutou ait accusé la police de tuer ou qualifié l’attaque du Hamas, deux jours après le 7 octobre, de « lutte nécessaire contre la colonisation menée par un État belliqueux et guerrier » importe peu, il est convenu, à l’approche des élections, de se découvrir une mémoire de poisson rouge.

Pendant ce temps, avec des minauderies de chaisières, la droite refuse de s’allier autour d’un dénominateur commun. Ils sont pourtant d’accord sur le diagnostic, ont identifié la matrice de notre délitement et, ô surprise, ce n’est pas l’âge du départ à la retraite. La droite la plus bête du monde ? Non, c’est encore trop gentil. Le vrai adjectif est « criminelle ». Voilà ce que pensent nombre de Français de droite. Philippe de Villiers (puisqu’on en parle) exhorte la droite à se libérer enfin des chaînes du piège mitterrandien qui a trop vécu et à brûler ce cordon sanitaire. De fait, le destin de la ficelle autour de la dinde de Noël, c’est, in fine, la poubelle, sous les détritus.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

109 commentaires

  1. Bravo Mme Clusel
    En effet quand donc la droite va t elle comprendre que l’union fait la force

  2. Le principal obstacle à l’union des droites c’est MLP, que son autoritarisme empêche de traiter en partenaires ses alliés potentiels.

  3. Il me parait bien plus courageux de faire partie d’un gouvernement, au demeurant plutôt opposé, même si l’on ne peut intervenir qu’à la marge, que de se cantonner dans un rôle d’opposant stérile. Retailleau ne fait rien, n’obtient rien disent ses détracteurs, mais oublient, par exemple, qu’il vient au grand dam de Macron, de lever le voile sur un rapport relatif aux Frères Musulmans enfoui depuis des mois au fond d’un tiroir. Détail diront certains, non, opération salutaire, car obligeant désormais le pouvoir à sortir du bois. Ces opposants ne veulent pas de Retailleau, ils auront Phillippe, ou pire un homme de gauche, étant considéré que le RN est une clef qui n’ouvre aucune porte et qu’il se heurtera comme d’habitude à son plafond de verre.

  4. Excellent Gabrielle, bravo et merci de représenter vos lecteurs avec cette qualité de raisonnement. Du bon sens, des réalités qui claquent les visages et frappent les consciences . A une réserve près, pour ceux qui « veulent comprendre » . Ceux qui ne sont pas obscurcis par leur idéologie ringarde, ceux qui ne privilégient pas leur égo au détriment de l’évolution positive de la France, de son redressement.
    Notons au passage ces positions ambiguës de Retailleau, ce qui ne plaident pas en sa faveur, ce que perçoivent bon nombre de français, ce qui sera souligné par ses adversaires, à son encontre.
    Quant au RN, effectivement, ce parti a une position insoutenable à propos de l’âge de départ à la retraite. Et surtout, cette position n’est pas solidement étayée par des arguments considérant, le vieillissement prolongé donc un volume de pensions à considérer, le potentiel d’actifs en réduction continue. Donc une position très fragile qui n’augure rien de bon sur la gestion économique de la France entière s’ils venaient à la diriger.
    Au bilan, à ce jour, la droite n’est pas très bien cotée. Trop d’incertitudes dans les comportements. Les français engorgés de magouilles attendent du vrai, du sincère, du soutenu, du gouleyant. En un mot, attendent une unité .

    Cependant, nous avons des « têtes » en réserve dont on parle peu. Madame Lagarde par exemple, patronne de la banque eurpéenne. Philippe de Villiers s’il se laissait convaincre. Et pourquoi pas un grand patron du privé. Ces patrons sont critiqués pour leur soit-disante méconnaissance des « choses » de la politique. Mais une entreprise n’est que gestion politique, des choix continuels à peser soupeser dans les risques des environnements national et international.

  5. Quant on trie les politiques supposés de droite plutôt inclassable tels Attal ou E Philippe et autres supposés RPR mais qui appellent a voter extrême gauche LFI, tout ces gens là qui ont participé a des gouvernements précédents ne sont que bon a être mis dans la grande poubelle de l’histoire, quant a une certaine droite pro Européenne capable de participer a une élection semblable a la Roumaine, il est sage de s’en méfier.

  6. La droite c’est le RN,ciotti,LR,dupont aignan,zemmour,un peut du centre,surtout pas Philippe communiste et nous représentons 52% et quelque renaissance de droite car la majeure partie est socialiste.

  7. Qui disait il y a quelques années, que nous avions la droite la plus bête du monde ? Visiblement, l’auteur de cette phrase avait vu juste.

  8. Tout ce joli monde n’évoque guère pourtant le point crucial, qui n’est ni de droite ni de gauche, car c’est la réalité toute bête : l’endettement de la France.
    En tout cas, bravo à cette plume aussi acerbe qu’alerte.

  9. Marion Maréchal
    Sarah knafo
    Fidèles à leurs idées depuis des années !
    Les autres nous soûlent avec leurs blablas !

  10. Unir les Droites est un beau rêve, mais les différences sont beaucoup trop importantes.
    D’un côté, coûte que coûte, tout, jusqu’aux communistes, sauf le RN.
    De l’autre, un RN dangereux avec un programme économique qui achèverait le Pays.
    C’est insoluble.

  11. C’est hélas simple : le collectivisme face à l’individualisme. A gauche la haine des opposants et le désir collectif de les battre, et à droite le désintérêt des autres avec le souci prioritaire de ses intérêts particuliers.
    Seul un honnête intellectuel Français de droite ayant compris la raison de ces échecs et vraiment au-côté d’une volonté du peuple bafouée par l’oligarchie politico financière mondialiste ultra-libérale . S’il sort enfin du rang, il sera élu.

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