J-18 avant le désastre : Macron en panne sèche d’idées

Le long monologue macronien, lors de sa conférence de presse, laisse l’impression que lui-même n’y croit plus.
Capture d’écran (49)

Impopulaire, boudé dans les sondages de popularité, accompagné d’un bilan désastreux sur le plan intérieur comme en économie ou en diplomatie, Macron occupe encore la scène. Surtout, ne pas disparaître. Mais après la surprise de la dissolution, vient l’heure du défi : il reste 18 jours avant le premier tour des législatives anticipées le 30 juin prochain. Le président de la République a donc fait, ce mercredi 12 juin à 11 heures, ses premiers pas dans son nouveau costume de candidat sur la sellette, lors d’une conférence de presse à Paris.

Il devait frapper fort pour tenter de renverser la table. Bousculer, troubler le jeu politique qui se fait désormais sans lui, voire sur les dépouilles de son parti. Inventer. Écouter. Il aurait pu lancer une forme de « J’ai compris ». Promettre d’assécher l’immigration illégale et de renvoyer, d’ici la fin de l’année, 100 % des OQTF. Inventer un choc des libertés en rendant aux Français une liberté par jour. Annoncer et organiser la fin de l’écologie punitive dans l’agriculture ou l’immobilier. Lancer l’idée d’un gouvernement de salut public avec le renfort de Rima Hassan à gauche ou de Robert Ménard à droite.

« Les masques tombent »

Mais Macron ressemble, jour après jour, davantage à sa silhouette du musée Grévin. C’est un centriste immobile, un Président impuissant pris aux pieds par son propre aveuglement mondialiste, usé par la pratique de l’agitation sur place, prisonnier de ses propres dogmes et de ses mensonges.

« J’ai pris acte d’un blocage qui empêchait le gouvernement d’agir, ce qui était dangereux pour la France », lance-t-il. De fait. Il y a tout de même une réussite, dans cette entreprise macronienne, majeure. « J’ai voulu clarifier les choses », a lancé Emmanuel Macron. À cet égard, le succès est incontestable. « Depuis hier soir, les masques tombent et la bataille des valeurs éclate au grand jour », dit-il.

Durant deux heures, le président de la République va s’appuyer sur cette idée pour rejeter dos à dos l’extrême gauche « antisémite » et « antiparlementaire » et qui n’est « d’accord sur rien », dit-il, et l’extrême droite qui renonce au projet écologique – les hérétiques ! – et qui va « coûter, selon lui, 100 milliards d’euros aux finances publiques ». Ces deux blocs vont « travailler à l’appauvrissement du pays et de nos compatriotes », prévient le Président militant. Quand le pompier pyromane fait la leçon du haut des 1.000 milliards de dettes supplémentaires, reste-t-il un habitant de l’Hexagone pour penser qu’il est le sauveur attendu ?

Soldats perdus de la gauche socialiste et de la droite LR

Car, en face, Macron n’a… rien à proposer, sinon un hypothétique « bloc uni et clair », « la République », « l’Europe », « la transition énergétique ». Vu, revu, entendu, testé et mesuré jusque dans ses effets les plus délétères. « Nous ne sommes pas parfaits, mais nous avons des résultats », lance encore le président de la République auquel, justement, toute l’opposition reproche… son absence de résultats dans les domaines du régalien. Pas d'axe, pas d’idées, pas de programme, pas de rupture mais une main tendue… dans le vide, ou presque. Emmanuel Macron invite les soldats perdus de la gauche socialiste et de la droite LR, en rupture avec le nouveau Front populaire ou avec le RN, à le rejoindre. Une réunion « autour de quelques axes clairs portés par la majorité actuelle », dans une forme de « fédération de projets pour gouverner », à condition de « se mettre d’accord sur l’idéal et la méthode ». À ce stade quasi pathologique du flou et du manque d’idées, la charité du rédacteur l’emporte sur la critique. Le long monologue macronien laisse l’impression que lui-même n’y croit plus. Il est question du « renforcement de l’axe régalien dans le cadre de la République et de ses valeurs », de laïcité, d’intégration... Le Président se surpasse dans le catalogue de mesurettes sans queue ni tête : l’égalité (« tous nos enfants ne sont pas accompagnés de la même manière »), valeur indispensable aux coûteux « quartiers pauvres », avant de donner plus de pouvoirs aux professeurs et directeurs d’écoles, notamment celui de supprimer les téléphones portables avant 11 ans.

« Qui pour gouverner la France ? », interroge Macron, qui veut provoquer le choc des crédibilités. Une bataille perdue d’avance, au vu du bilan gouvernemental. « Je ne veux pas donner les clés du pouvoir au RN en 2027 », martèle Macron, qui refuse d’envisager que l’échéance puisse arriver dès le… 7 juillet, au soir du second tour des législatives. Quant à l’évocation de sa démission, il entend « tordre le cou à ce canard qui n’a jamais existé ». Il y a comme un parfum de déroute dans ce lancement de campagne macroniste, comme une image de canard sans tête.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

76 commentaires

  1. Ne pas se repaître sur la bête avant de l avoir tuée. Macron sait très bien ce qu il fait et les querelles intestines au sein des droites ne peut que le satisfaire seule l extrême gauche a su se mettre en rang d oignons de là à y voir une possible victoire de ce parti aux législatives.

  2. Macron intelligent ? Encore une ou deux conférences de cet acabit et J.Bardella n’aura aucun soucis a se faire.

    • Macron est complètement hors circuit dans sa bulle et sa tour d’Ivoire. Il ne parle que pour lui, autosatisfait permanent ne voyant que sa brillante personne narcissique, affichant des succès et des promesses qu’ il ne tient jamais. Alors que depuis sept ans qu’il est au pouvoir la France sombre vers le chaos, avec un gouffre financier au bord de la faillite, un pouvoir d’achat qui rétrécit tous les jours pendant que les financiers se gavent, une immigration mortifere pour notre pays favorisant une insécurité digne des républiques bananieres. Ce pseudo président n’ a plus sa place à l’Elysee, il est beau parleur mais incompétent entouré de sbires qui ne tiennent qu’a leur portefeuille. Le temps du changement est arrivé.

  3. Tant de paroles pour au finales nous expliquer qu’il faut retirer les petits écrans aux enfants, que de temps perdu mais quel spectacle théâtral, faut reconnaitre qu’il cause fort bien mais on ne sait au final ce qu’il voulais nous dire. Bien sure il est très fort, lui qui devait nous faire oublier même le nom de rassemblement nationale.

  4. Ceux qui tiennent les ficelles de la marionnette « Macron » ont dû lui dire que maintenant, ça suffit.

  5. Pour essayer de gommer tous ses ratés et ses mensonge, il n’a trouvé…que le mensonge. La remise en question n’est pas au programme de son logiciel.

  6. Sondage figaro.
    Législatives: d’après la projection des européennes, les macronistes et LR menacés de disparition.
    Sur la base des résultats du 9 juin, 536 duels sur 577 pourraient opposer le parti nationaliste au «Front populaire».

    Les élections ne sont pas de même nature, et les modes de scrutin sont différents. On ne peut donc pas transposer les résultats des européennes du 9 juin aux législatives des 30 juin et 7 juillet. Les députés remettant leur mandat en jeu, la photo à l’échelle des 577 circonscriptions n’en est pas moins intéressante.
    Bardella est arrivée en tête dans 457 circonscriptions, soit huit sur dix, les autres se répartissant entre Manon Aubry (48), Valérie Hayer (39), Raphaël Glucksmann (30), François-Xavier Bellamy (2) et Marion Maréchal (1)

  7. Macron a présenté un programme brillant, réaliste et qui nous sortir de l’ornière. Quel dommage que cet homme n’ait pas été au pouvoir ces dernières années, la France ne serait pas aujourd’hui là où elle en est.

  8. Notre éolienne nationale a brassé de l’air sans générer un minimum d’énergie comme ses cousines haut perchées.
    Il a vu dans sa boule de cristal que ses 18% de votes aux européennes lui permettait d’ambitionner une prochaine majorité absolue dans un mois ! Il est plus fort que les plus grands des illusionnistes !!!
    Dans son jeu il lui est resté quelques cartes pour (exceptionnellement) taper fort sur LFI, sans oublier ses chouchous du RN.
    Il a surtout réussit à augmenter le chaos qu’il a déclencher et donc il doit se délecter.
    Bonne nouvelle, il commence à inquiéter ses amis européens…

  9. Non Macron , le Macron égal à lui même , monsieur moi moi moi qui n’admettra jamais que le peuple patriote ne souhait qu’une chose : qu’il disparraisse .

  10. Côté « canard sans tête », comptez sur la « droite la plus bête du monde » (comme le disait Jean-Marie Le Pen qui était encore en dessous de la vérité) pour transformer un boulevard en voie sans issue et une victoire quasi assurée en déroute. Ils sont en train d’en prendre le chemin avec empressement!

  11. Et si, ni Le Pen ni Mélenchon ne souhaitaient gagner ces législatives ? envoyer un des leurs à Matignon pour galérer jusqu’aux prochaines présidentielles serait contre-productif, pour leur ambition présidentielle.
    Mais , revenons aux élections européennes , les partis de droite et d’extreme droite vont progresser au Parlement européen , et des gouvernements des pays de l’UE vont aussi basculer à droite .
    Et l’UE se gouverne avec le Parlement et le Conseil des ministres .

  12. Imaginer qu’il va réaliser en 18 jours ce qu’il n’a pas pu, pas su ou pas voulu, réaliser en 100 jours, relève de l’utopie. Il ferait mieux de se taire et de se faire oublier pendant les prochaines semaines, les Français n’en peuvent plus et n’en veulent plus.

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