Envoyés en mission… dans le sud de la France

La France est, de fait, devenue une terre de mission
©MarieDelarue
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Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 06/04/2023.

Il fut un temps où les missionnaires étaient envoyés aux confins du monde pour évangéliser. Désormais, c'est dans le sud de la France, « en terre musulmane », qu'ils sont appelés. 

On les surnomme parfois gentiment « les judokas », parce qu’ils vont en soutane blanche et ceinture noire. Ils surprennent par leur jeunesse et par leur dynamisme. Ils viennent à votre rencontre sur le marché, au café du coin, sur les plages en été. À la dernière fête de la Musique – celle d’avant-Covid –, ils ont battu tous les records d’affluence : des prêtres en soutane qui jouent (bien !) du Pink Floyd sur le parvis de l’église, ça n’est pas très courant.

Ce sont les Missionnaires de la Miséricorde divine, une communauté fondée en 2005 par l’abbé Loiseau. Ils remontaient hier, mercredi des Cendres, le cours Lafayette à Toulon. Encadrée par des militaires en armes, une longue procession s’étirait depuis l’église Saint-François-de-Paule jusqu’à la cathédrale où tous s’en allaient concélébrer la messe chrismale.

Il faut fréquenter le cours Lafayette pour comprendre ce qu’est, aujourd’hui, le sud de la France (et pas seulement le sud, hélas). Le joli « marché de Provence » chanté autrefois par Gilbert Bécaud est une sorte d’enclave dans la ville où les terrasses de café ne sont occupées que par des hommes, où la moitié des femmes qui font le marché sont voilées, où les jeunes filles sont passées en quelques mois du crop-top à l’habaya ouvertement militante et viennent vous donner des leçons de décence quand vous remontez du bain sur la plage… Quant à l’accent « qu’on vous donne en étrenne », celui « qui se promène et qui ne finit pas », c’est un accent méditerranéen, certes, mais de l’autre côté de la Méditerranée. Bref, en terme de pratique, la langue française est ici loin derrière l’arabe.

Alors, au-delà de la question religieuse, cette procession rythmée par le chant des litanies, fermée par l’évêque mitre sur la tête et crosse en main, est apparue à ceux qui s’étaient massés là comme une démarche de « reconquête culturelle ». Tout comme la bénédiction des rameaux sur le port, le dimanche précédent.

Dans une Église qui a depuis longtemps viré à gauche et fait de l’immigré l’intouchable figure christique, la communauté des Missionnaires de la Miséricorde divine n’a pas bonne presse. On n’ose pas traiter ouvertement ses membres de fachos mais on sent que ce n’est pas loin. Ainsi la revue Golias qui, en 2022, se réjouissait de ce que les dix ordinations prévues fin juin à Toulon soient annulées à la demande du Vatican, et écrivait : « Cette décision met en lumière la méthode particulière du baron local (sic), Dominique Rey, à la tête du diocèse depuis vingt-deux ans, dont les dérives ont été dénoncées par Golias à maintes reprises, et jamais relayées par la presse catholique : La Croix, en particulier… »

Et de dénoncer, chez l’évêque, « une certaine propension à ordonner des profils que d’autres diocèses auraient "remerciés" ». Golias oublie de préciser que « les autres » n’ont à remercier personne, faute de candidats ! Bref, Mgr Rey trouverait dans ce vivier de vocation une manière de « compléter les mouvements qu’il a contribué à mettre en avant, comme la communauté des Missionnaires de la Miséricorde divine qui pratique la messe en latin, soutane blanche et ceinture noire, et a pour mission première d’évangéliser les musulmans façon processions de rues, chapelet et prières en arabe… » Une horreur pour Golias, qui préfère sans doute la méthode islamiste…

Car oui, il se trouve en effet que la mission de ces missionnaires de la Miséricorde divine est triple, à savoir « Miséricorde, Messe dans la forme extraordinaire et Mission spécialement auprès des musulmans ». C’est leur raison d’être et le sacerdoce auquel ils se consacrent, car la France est, de fait, devenue une terre de mission. Et oui, il y avait foule, hier, pour accompagner la procession d’une Église fière d’elle-même et de ses valeurs. Pour les chrétiens, le bonheur de retrouver un rituel depuis longtemps sacrifié et, pour les autres, le sentiment d’un honneur retrouvé.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:21.
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Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

68 commentaires

  1. Oui Marie, les tradis sont porteurs de la foi et du sacré, avec courage, contre vents et marées. Chahutés mais résistants par l’humilité. Prions pour eux. Dans notre contrée provinciale, deux églises tradis, très proches l’une de l’autre. A l’occasion des cérémonies religieuses, les églises sont pratiquement pleines. Il y a donc un besoin du retour au spirituel, le matérialisme se révélant progressivement à bout de souffle. C’est un bien pour notre société.

  2. Pauvre Église de Rome qui exclut ces enfants, et qui, sous la houlette de « François-l’antéchrist-descendu-sur-terre », s’éloigne chaque jour encore plus de Dieu.
    Ceci, malgré ses lavages de pieds « cathodiques » en prison à des repentis (?) pas très « catholiques » eux.
    Mais, que voulez-vous, ça fait bien pour les cathodes des caméras de Radio Vatican.
    Quand à la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, ultratraditionnelle, elle aussi, qui après excommunication en 1979, à retrouvé les Grâces Romaines 10 ans plus tard, ses institutions faisant le plein… Elles !
    Aussi, la « Mission de la Miséricorde divine », crée par Monseigneur Rey, qui elle aussi fait le plein, gène elle aussi Rome, au moins le Vatican, car elle promeut une pratique du Religieux très traditionnelle… Celle de mon enfance.
    Je regarde souvent sur YouTube des vidéos et sur la Mission de la Miséricorde Divine, et sur la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, et je suis toujours étonné par la très grande vitalité, la jeunesse, et surtout évidemment la Foi qui émane de ce retour à l’Église traditionnelle d’avant le Concil Vatican II.
    Que ce soit dans la prêtrise ou dans le retour des pratiques monacales, le nombre de moines et de moniales augmentant dans les congrégations très traditionnelles elles aussi, devraient donner à réfléchir au fameux François, l’Église n’est forte qu’au travers de sa pratique qui passe par La Tradition.

      • La liberté d’expression s’applique également croyants, et même aux traditionalistes !
        Bon Vendredi Saint, quand-même.

  3. Plus besoin de faire un grand voyage pour aller faire les « croisades » !! Il suffit d’habiter en FRANCE et nous avons tout sur place !!

  4. n’ayez pas peur , disait st Jean-Paul II
    n’ayons pas honte et soyons fiers de notre foi et de notre Dieu :
    Jésus , Dieu fils de Dieu , fait homme , est entré en sacrifice pour restaurer notre filiation divine
    courage et joie et surtout bonne et sainte fête de Pâques que vous soyez croyant ou non

  5. C’est la première fois dans mon pays, qu’une fête religieuse qui existes de puis des centaines d’années, au moins plus de 1000 ans vue les écris anciens, qu’elle soit encadré et protégé par des militaires armés au sein d’une ville que j’ai bien connus il fut des années. Lamentable, grave. Nos bien pensants protègent furieusement certains port et signes ostentatoires d’une religion, si nous pouvons la nommer ainsi, qui était extrêmement rare, pratiquement inexistante, après guerre et venus du Nord de l’Afrique, alors que celle de France on lui détruit ses églises. Curieux.

  6. Rien d’étonnant à ce que cette congregation soit dans le collimateur du pape rouge. Admirable de courage en terre occupée. En dehors de Saint Nicolas du Chardonnet pour les parisiens seule église fréquentable il doit bien exister d’autres lieux où il est possible de prier sans entendre de discours en faveur de l’invasion.

  7. On ne peut qu’admirer ces prêtres extraordinaires .
    J’ai la chance de voir et d’entendre chaque année monseigneur Rey à Cotignac le 15 aout …cet évêque fait vraiment partager sa foi lorsqu’il prêche .L’attitude du pape à son endroit est attristante .

    • « L’attitude du pape à son [Monseigneur Rey] endroit est attristante . »
      Oh, pour moi, son attente est attristante dans tous les domaines et sur tous les sujets.

  8. Bravo à eux qui n’épousent pas les thèses islamo gocho de ce pape qui préfère défendre la religion d’amour musulmane !

  9. Monseigneur Rey est dans l’oeil du Vatican, le Pape François étant gêné d’avoir à Toulon un évêque Catholique et fier de l’être et qui ne renie pas la tradition millénaire de l’Eglise, vivement que ce Pape rejoigne Saint Pierre si ce dernier veut bien de lui ce qui n’est pas prouvé.

  10. Les coupables de cette situation sont, comme toujours en France, les élites et tous les présidents de ‘droite’ (Giscard, Chirac, Sarkozy), de ‘gauche’ ( Mitterrand, Hollande), ou du néant toxique (Macron). Et, comme toujours en France, le salut vient du peuple. Ici du peuple du Christ comme ces magnifiques Missionnaires de la Miséricorde divine. Il faut aussi mentionner la Mission Ismérie dont les laïcs accompagnent les courageux musulmans convertis (des dizaines de milliers chaque année), dont personne ne parle et qui sont en danger de mort, ou au moins rejetés par leurs proches. Sursum corda !

  11. Que le souffle d’espoir renaissant à Pâques nous aide à trouver une satisfaction en toutes choses et à renforcer notre Foi en Dieu ! Sursum perge, vade ante, …

  12. Encadrés par des militaires en arme ici sur notre sol est ce une situation normale dans ce pays aux racines chrétiennes ? Voilà ce qui se passe dans ce pays ou fleurissent des mosquées partout , ou se promène en toute sécurité des femmes voilées .Abberant et inadmissible , nous devons reprendre le contrôle de ce pays et rappeler à ceux là qu’ils sont chez nous et nous doivent le respect .

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