Il est des adversaires que l’on respecte : Gérard Leclerc était de ceux-là

Rien de commun avec Gérard Leclerc... sauf le goût du débat. Mais c'est déjà beaucoup.
Gérard Leclerc

Gérard Leclerc, 71 ans, est mort tragiquement, le 15 août, aux commandes de son avion de tourisme alors qu’il se rendait à La Baule afin d’assister à un concert de son demi-frère Julien Clerc (Paul-Alain Leclerc, de son vrai nom).

« Vous ne savez ni le jour ni l’heure. » C’est dans la torpeur de l’été, une saison faite pour le plaisir où l’on s’imagine que rien de vraiment grave ne peut arriver, que cette phrase prophétique prend tout son terrible sens. La brutalité du drame a frappé le monde médiatique. Mais pas seulement : Gérard Leclerc, qui a officié, pêle-mêle, à Europe 1, à Radio Classique, à France 2, France 3, à LCP et, jusqu’à ces derniers jours, à CNews, était avant tout un journaliste politique, et de Jean Messiha à Anne Hidalgo en passant par Nicolas Sarkozy et Jordan Bardella, tout le spectre politique français lui a rendu hommage.

Au-delà de la compassion pour la famille - Gérard Leclerc était marié et père de trois enfants - qu’inspire ce décès, du respect naturel dû à tout défunt, et sans tomber dans l’hagiographie convenue à laquelle chacun se sent obligé de sacrifier lorsqu’une star disparaît, je tenais à dire quelques mots pour celui que j’ai eu souvent l’occasion d’affronter en débat et avec lequel, il faut bien l'avouer, j’étais à peu près en désaccord sur tout, et plus encore. J’ai trouvé ses analyses horripilantes aussi souvent qu’il a trouvé mes propos agaçants. Une brève recherche dans les archives de CNews nous montre invariablement, chacun dans un coin du plateau, lever au ciel des yeux excédés. Il me serait difficile de le qualifier d’ami. Mais il est des adversaires que l’on respecte : Gérard Leclerc est de ceux-là.

Peut-être - et même sans doute - n’aurais-je pas eu le même avis si CNews ne m’avait pas donné l’occasion de côtoyer celui que j’ai considéré pendant longtemps comme un mandarin condescendant et consensuel, épousant toutes les folies du temps et les défendant doctement sans se poser de questions.

J’ai découvert que Gérard Leclerc n’était pas « que » cela. Il savait aussi être courtois, ne considérant pas, à l’instar de certains, ses contradicteurs de droite comme des lépreux bas de plafond infréquentables quand il les croisait dans les couloirs, et surtout acceptant le débat. Sa présence à CNews en était la preuve.

Loin de raser les murs et de regarder le bout des ses pieds quand, d'aventure, il les croisait dans les couloirs, il trouvait un mot gentil. Surtout, il aimait le débat. Ce débat que ses compagnons de route exècrent dès qu'il sort des cinquante nuances de gauche. Aux yeux de nombre de ses amis de gauche qui, aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, lui tressent des couronnes de lauriers, cette simple participation faisait figure de tache indélébile. En un temps de sectarisme rarement atteint - que ne peuvent réellement mesurer que ceux qui baignent dans le monde médiatique -, elle était une indéniable preuve de courage. À sa façon, il a œuvré pour la pluralité de la presse et la liberté d'expression. Que Gérard Leclerc repose en paix.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/09/2024 à 16:00.
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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

78 commentaires

  1. Comme disaient les Romains “De mortibus nihil sine bene”. Gérard Leclerc appréciait les gilets jaunes et défendait les non vaccinés.

  2. Dans une situation inverse, si Gérard Leclerc avait dû vous rendre hommage, Chère Gabrielle, soyons sûr qu’il ne l’aurait pas fait dans des termes aussi élogieux. Gérard Leclerc était un arrogant personnage qui n’avait rien d’attachant comme vous tentez de le faire croire. Mais il appartenait à la caste…. alors paix à son âme.

  3. Je le détestais comme tous ces gens de goooooche qui prennent un avion pour faire 300 kms et qui nous font la morale à longueur de temps.
    J’arrête là tout ce que je n’aimais pas chez cet homme. Une mort tragique comme une autre, rien de plus.

  4. Je crois qu’il n’y a que la compassion le respect et le savoir vivre des gens de droite pour le regretter sans vraiment aimer son idéologie je doute que si il avait été a l’opposé de ces convictions politiques la gauche ce réjouirait

  5. Horripilant souvent, déconnecté de la réalité mais toujours courtois . Qu’il repose en paix.

  6. Si on ne peut que déplorer sa disparition et avoir une pensée pour ses proches, Leclerc était de mon point de vue tout sauf un journaliste. S’il était effectivement courtois, et c’est suffisamment rare pour le remarquer, il était un insupportable donneur de leçons, avec une remarquable absence d’esprit critique ce qui est un problème pour un journaliste, et n’avait souvent aucun argument à opposer à ses contradicteurs à part « mais c’est plus compliqué que ça » tout en levant les yeux au ciel. Par une triste ironie du sort, lui qui n’avait pas mots assez vibrants pour expliquer qu’à cause du réchauffement climatique et pour sauver les générations futures, il fallait que tout le monde change son mode de vie, arrête de consommer du carburant, ne prenne plus l’avion etc… il se tue au commande d’un avion de tourisme… L’homme privé était peut-être charmant et sa disparition un drame mais force est de constater que l’homme public était insupportable et non professionnel.
    Condoléances à ses proches.

  7. « Sa présence à CNews en était la preuve » ? On pourrait faire liste des parleurs que produit cette chaîne justement parce qu’ils sont opposés strictement à l’échange des idées .

  8. C’est un bel hommage. J’attends le mot de Pascal Praud. Gérard Leclerc faisait partie de la caste des bobos soixanthuitars. En l’écoutant, c’était rassurant, on savait que l’on avait raison de penser ce que l’on pense. Madame Cluzel, merci d’être revenue de vacances. La relecture d’articles anciens n’est pas passionnante.

  9. Ecouter ce journaliste sur tout un tas de sujets garantissait qu’il clôturait le débat finissait très très souvent par sa phrase magique: « c’est plus compliqué que cela ! … »

    Il n’a jamais fait un tout petit lien entre immigration ET délinquance malgré les faits réels de la vraie vie ! … Il semblait planer au dessus de tout cela comme s’il ne touchait pas le sol de la réalité …

    Il avait une vision très libérale pour un « homme de gauche » mais en fait se permettait cette « position sociétale » car sans grosses difficultés financières apparentes pour « sa personne »… Son parcours professionnel n’a été que poser des questions et se gargariser avec des idéologies nourries par le principe de goochos-bobos: « Faites ce que je dis … Ne faites pas ce que je fais ! … »

    Paix à son âme … Condoléances à sa famille …

  10. La mort brutale est toujours triste, une seule chose, pour un homme de gauche adepte de l’écologie, est-ce bien raisonnable de se déplacer en avion privé pour un si court parcours, ça fait un peu riche, et pas très de gauche.

    • Je me suis fait la même réflexion : pour faire un si court trajet, un gauchiste bien pensant a tout de même pris un avion privé… pas très « peuple » ça… G. Cluzel le respecte, moi, je ne le regretterai pas, il me tapait sur les nerfs et en tant qu’inconnue, je peux me permettre de le dire contrairement aux gens connus qui doivent tous, faire mine d’être attristés !

  11. Parfaitement résumé ! Il n’avait pas eu peur de participer aux débats sur Cnews, chaîne, ô, combien infréquentable ! Tout comme les autres intervenants Dartiguole, Joffrin qui est souvient insupportable, Dray, qui acceptent de débattre sur une chaîne qualifiée d’extrême-droite par les gauchistes ! Rien que cela, ils méritent le respect
    Condoléances à sa famille

  12. On rentre on crie et c’est la vie.
    On crie on sort et c’est la mort.
    Un jour de joie, un jour de deuil.
    Tout est fini en un clin d’œil.

  13. Triste qu’il soit décédé de cette façon, mais pour tout dire je ne l’aimais pas du tout, je peux dire qu’il m’énervait rééellement. D’accord, il débattat avec tout le monde, mais mêmes quand ses adversaires (plusieurs) lui démontraenit qu’il avait tort dans ses positons ll n’en démordait pas. C’était horripilant.

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