Il amasse 300.000 euros en prison : quand le crime prospère derrière les murs

Depuis leurs cellules, les voyous continuent leurs affaires : trafics, proxénétisme et meurtres s’orchestrent en prison.
©Ron Lach/Pexels
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Alors qu’il se trouvait déjà en prison, un homme de 28 ans a été mis en examen pour « association de malfaiteurs en vue de commettre un meurtre », a rapporté, ce lundi, La Dépêche du Midi. L’opération dont il est soupçonné - l’organisation d’un braquage qui s’est soldé par la mort de Dylan, 15 ans - aurait donc été orchestrée… depuis sa cellule de prison, où il n’avait jamais cessé ses agissements criminels.

« Mowgli », de son surnom, avait été incarcéré dans la prison de Béziers en 2018 pour des violences commises sur sa compagne, et condamné à 25 ans de réclusion. Il avait, par la suite, été mis en examen pour proxénétisme, soupçonné d’avoir monté, depuis sa cellule, un réseau de prostitution incluant des filles et des rabatteurs mineurs. Une activité très lucrative, puisqu’elle lui aurait rapporté près de 300.000 euros en l’espace de huit mois, a estimé la Justice. Mais lorsque ses jeunes recrues avaient décidé de se passer de sa supervision, continuant leurs activités indépendamment de son autorité, « Mowgli » avait alors voulu se venger en orchestrant un guet-apens au cours duquel un jeune de 15 ans avait reçu une balle dans la tête. Un exemple parmi tant d’autres de la perméabilité des prisons face au crime organisé, que les détenus continuent très fréquemment d’exercer depuis le confinement de leurs geôles.

Le grand banditisme, loin de s’arrêter aux portes de la prison

En septembre dernier, Ouest-France rapportait qu’un trafic de drogue orchestré par un prisonnier, détenu depuis cinq ans à la prison de Nantes, avait été démantelé. Cinq personnes, dont des membres de sa famille, avaient été condamnées pour l’avoir aidé dans sa démarche, depuis l’acheminement de la marchandise jusqu’à sa livraison et son stockage. Le caïd poursuivait son activité grâce à la plate-forme Telegram et les téléphones qui lui étaient livrés lors des visites au parloir.

En février 2024, La Dépêche du Midi rapportait l'arrestation de douze personnes suspectées d'importer de la drogue depuis l'Espagne vers la Haute-Garonne. Le chef de ce réseau organisait des dizaines de go fast depuis sa cellule, d'abord à la prison de Seysses (Haute-Garonne) puis à celle d'Albi (Tarn). L'enquête, lancée en 2022, avait permis de saisir du cannabis, de la cocaïne et de l'argent.

Un constat pour quelles mesures ?

Face à ce phénomène constaté dans de très nombreux établissements pénitentiaires, Gérald Darmanin avait même déclaré, en décembre dernier, au lendemain de sa nomination au ministère de la Justice, vouloir mener une « opération place nette dans les prisons ». À la suite de celle qu’il avait lancée d’octobre 2023 à avril 2024, lorsqu'il était à l'Intérieur, cette opération a pour objectif de s'attaquer au narcotrafic qui prospère dans ces établissements, notamment en stoppant la prolifération des téléphones portables, interdits aux détenus, qui leur sont très utiles pour commanditer leur trafic et continuer les intimidations à l’extérieur. Darmanin avait annoncé 53.000 saisies, en 2023, et 40.000, pour l’année 2024. Les agents pénitentiaires, dont ces trafics sont l’un des fléaux, doutent, pour certains, de l’efficacité de cette simple mesure. « Ils ont toujours un coup d’avance », confiait, en ce début d’année, un surveillant au journal Le Monde, en parlant des détenus. Entre le détournement du brouillage, la corruption de certains agents pénitentiaires, le manque de moyens de surveillance et une surpopulation carcérale alarmante, difficile de voir le bout de ce qui semble être une submersion du crime organisé dans le seul endroit censé prévenir ce genre de maux. Dur constat que celui de voir que l’autorité et l’ordre ont déserté le pays, même dans les lieux qui en ont le plus besoin…

Vos commentaires

41 commentaires

  1. C’est quand même hallucinant. On arrive en France à repérer automatiquement des véhicules en stationnement qui ne sont pas assurés, en stationnement gênant ou qui rentrent dans une zone à faible émission, alors qu’on est pas capable soit disant d’interdire des téléphones portables ou le trafic de drogue dans les prisons. On se moque de nous et les français ne sont plus dupes. Quant aux complicités dans les prisons, matons, avocats ou familles, il est très facile d’y remédier et surtout de dissuader les possibles corrompus. Seulement voilà, il faut une volonté gouvernementale. C’est tout simple. On en est à se demander si le système ne profiter pas quelque part au sommet de l’état.

  2. Nous venons de tout comprendre pourquoi la justice hésite de mettre les malfrats en prisons, c’est là qu’ils prospèrent le mieux. Alors que la prisons est nécessaire et sous employé, donc il faut de toutes urgence pour éviter de nouveaux crimes et délits modifier les conditions désincarcérations en les rendant plus dure et au plus vite.

  3. Une commission d’enquête sur les responsables du délitement du pays. Un petit coup d’œil sur la patrimoine de nos ex dirigeants permet de voir que tout le monde n’est pas perdant.

  4. En fait qui est en prison en France?
    Un racaille qui réside tout frais payé dans une résidence pénitentiaire, nourri, logé, soigné avec nos impôts tout en continuant ses affaires juteuses et illégales ou le petit français honnête qui travaille, ne peut plus circuler librement à cause des zones de non droit, doit veiller sur ses enfants pour qu’ils évitent les lieux de deal et les balles perdues, qui doit faire attention à la vitesse à laquelle il roule,V sinon les juges rouges seront intraitables avec lui etc..
    Il est temps que le peuple français reprenne en mais sa justice

  5. existera t’il un jour dans ce pays des prisons qui seront de vrais bâtiments pour lesquels ils ont été érigés ?

  6. Si l’état voulait se donner la peine de regarder la vérité en face au sujet de la corruption des fonctionnaires, ces voyous seraient muselés. Rétablir les fouilles, isoler les gros bras du trafic, protéger les fonctionnaires non corrompus mais victimes du chantage. Le tandem policier/justice actuel a de bonnes intentions, mais cela ne suffira pas.

  7. Comme d’habitude on découvre on constate on commente, mais ou est l’action? ou est la punition?
    C’est désespérant. Que fait notre cher président ? Il inaugure les chrysanthèmes, et s’occupe de retaper le Louvre, une priorité!!

  8. Et dire qu’il y a encore des incrédules pour douter du succès de la start-up nation lancée par M. Macron lors de sa première campagne présidentielle. Il faut reconnaître que c’est là une belle réussite du macronisme épaulé par nos pépites de banlieues.

  9. Il faut commencer par fouiller les visiteurs, interdire les portables et internet. On est en prison la, pas au club med.

    • Il faut surtout avoir une politique plus sérieuse. Actuellement, pour bonne conduite vous êtes libéré plus tôt. Il faut passer à un système où si vous vous conduisez bien, vous faites la peine prévue, et pour la moindre infraction vous faites du temps supplémentaire. Un téléphone introduit illégalement, deux ans de plus.

    • On l’espère bien . Le commerce de drogue fait partie du PIB. Désormais la croissance française dépend aussi des travailleurs en prison. Toutes les énergies sont mobilisées.

  10. Deja plus de parloir .
    Une vitre avec un interphone , plus de contact physique avec les détenus.
    Fouille des détenus quand ils sortent pour voir leur avocat .
    Et faire tourner les gardiens de prison dans leur affection

    • Rétablir le grillage au dessus des cours de prisons et au fenêtres, fouille systématiques et passage au scanner pour les visiteurs.

  11. J’ai lu récemment qu’il est interdit de fouiller les visiteurs en prison. La solution ? Qu’ils se déshabillent entièrement et revêtent une combinaison jetable (tant pis pour le coût et pour les écolos). Comme ça, finis les téléphones portables et les messages écrits. Ils trouveront peut-être d’autres astuces, mais ça pourrait les freiner un certain temps. Un bon coup de torchon aussi parmi les personnels pénitentiaires complices des détenus.

  12. Il y a trente ans, je tirais déjà la sonnette d’alarme ! L’administration et une certaine hiérarchie préféraient « mettre la poussière sous le tapis » et pratiquer la politique du « pas de vague » ! On voit ce qu’est devenue cette administration et cette foute dernière « bonne fausse » idée de regrouper les 100 plus gros caïds dans un seul établissement !
    « on ne change pas un système avec ceux qui l’ont mis en place » (Einstein)

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