Horreur ! Retailleau a osé ranger Boyard parmi l’« extrême gauche »…

Vous n'y êtes pas : LFI n'est pas d'extrême gauche...
Capture d'écran LCP
Capture d'écran LCP

Le résultat du premier tour des élections municipales de Villeneuve-Saint-Georges, plaçant la liste de Louis Boyard en tête, a immédiatement fait réagir Bruno Retailleau : « Aucune commune de France ne mérite d’avoir à sa tête un maire de La France insoumise. » Et le ministre de l’Intérieur de féliciter « chaleureusement Kristell Niasme, candidate LR, pour son très bon score », ajoutant : « L’union, derrière elle, doit être la plus large possible pour faire battre l’extrême gauche à Villeneuve-Saint-Georges. » Et le média en ligne Le HuffPost de se jeter aussitôt dans la faille qu’il croit avoir découverte : « Bruno Retailleau dénonce "l’extrême gauche" (en désaccord avec son propre ministère) », titre le quotidien de gauche. Parce que « à la différence du Nouveau Parti anticapitaliste ou de Lutte ouvrière, La France insoumise n’est pas classée à "l’extrême gauche" de l’échiquier politique », rappelle-t-il. Donc ? Donc, Retailleau a tout faux, évidemment !


Administration et Conseil d’État : arbitres des élégances politiques

Et l’on revient avec ce fameux nuancier publié par le ministère de l’Intérieur qui fait régulièrement polémique à l’occasion des élections. Notamment aux dernières législatives. Ledit nuancier a été conforté par le Conseil d’État. La France insoumise est classée à gauche quand le Rassemblement national et les ciottistes sont cataloguées à l’extrême droite. On y avait vu la malignité de Darmanin, alors à l'Intérieur. On ose imaginer une telle mesquinerie. Mais bon, visiblement, la marque d’infamie « extrême droite » n’a pas l’air d’avoir beaucoup ému les onze millions d’électeurs qui ont voté pour les candidats RN ou LR tendance ciottiste (l’UDR a été créée à l’automne 2024) à ces législatives. Même pas sensibles, tous ces ploucs, aux subtils arrêts du Conseil d’État venant conforter cette catégorisation qui vaudrait jusqu’à la fin des temps. L’administration, le Conseil d’État, arbitre des élégances politiques, en ayant décidé, LFI n’est donc pas d’extrême gauche. Sauf qu’on a peut-être encore le droit de penser ce que l’on veut, dans ce pays. Un droit pour tous les citoyens, et même pour Bruno Retailleau, qui peut avoir une opinion. Sauf à considérer que dire que LFI est une « fausse opinion », pour reprendre l’expression maladroite de sa collègue Clara Chappaz, et qu’il faut donc l’interdire…

LFI sur le banc-test des « spécialistes »...

Mais au-delà de la définition administrative qui vaut ce qu’elle vaut, il y a celle des sachants, des spécialistes, des politologues qu’on ira plutôt chercher à gauche, tant qu’à faire. Ainsi, très savamment, Le HuffPost explique : « L’extrême gauche est un concept politique qui a une définition bien précise, qui ne correspond pas à ce que défendent La France insoumise et leurs (sic) alliés du NFP. Et pour cause, sont rangées dans cette catégorie les organisations révolutionnaires et anticapitalistes qui se fondent sur le rejet des institutions et qui considèrent que le changement n’interviendra pas forcément par les urnes. » Très bien. Alors, sur ces critères, c'est parti pour le test.

D'abord, on en parle, des alliés du NFP, aux dernières élections législatives ? Poutou, ça vous dit peut-être quelque chose ? Passons. Pas anticapitaliste, Mélenchon ? Meeting du 13 février 2022 à Montpellier. Un système capitaliste qualifié de « parasitaire », se nourrissant « des désastres qu’il provoque ». Que faire, face à ce désastre ? « Il faut que tout change, j’y suis prêt. » Tout changer : c'est-à-dire ? Sur son blog, à la même époque, l’expression « rupture avec ce système » est clairement employée. Et le rejet des institutions ? Mélenchon veut les changer et fonder une VIe République. Et ses propos plus ou moins ambigus sur « la rue », laissant à comprendre que le changement n'interviendrait pas forcément par les urnes ? En 2017, à l’occasion de la manifestation de La France insoumise contre la réforme du Code du travail, Jean-Luc Mélenchon avait répliqué à Emmanuel Macron, pour qui « la démocratie, ce n'est pas la rue », en déclarant : « C'est la rue qui a abattu les rois, les nazis, le plan Juppé et le CPE... » Propos qui avaient soulevé un tollé, d'autant que leur exactitude historique était particulièrement contestable, s'agissant de la chute du nazisme. Rejet des institutions, encore : on en parle, du fameux slogan « La police tue » ? Et LFI, qui compte dans ses rangs des Raphaël Arnault ou Rima Hassan, on dit quoi ? Qu'ils sont des socio-démocrates, comme Hollande ?

Mais à part ça, on est bien d'accord, LFI n'est pas d'extrême gauche...

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

66 commentaires

  1. Petit rappel. Darmanin a eu le culot de classer tous les partis de la vrai droite à l’extrême droite. Par contre à un Parti de gauche qui soit extrémiste n’a été classé par lui : extrême gauche. Fallait oser. LFI et autres révolutionnaires font pour parti de la gauche! Leeds C…s ça ose tout!

  2. Le qualificatif « extrême » est destiné à sortir le qualifié du champ de la « normalité ». Perso, j’ai toujours voté à l’extrême gauche, pour Zemmour, parce que je n’ai personne de plus à droite que lui. Dommage !

  3. Je me trompe Retailleau est un LR , je me souvien d’un présidentiable qui doit sont poste de députés grâce au désistement et au voix de cette extrême gauche n’est pas monsieur Wauquier grand soutien de Retailleau un peut de mémoire svp

  4. Dans le fond classer un parti comme étant de droite, de gauche, d’extrême ou du centre est totalement inutile et ridicule. C’est comme lorsqu’on trouve quelque chose beau ou moche.

  5. « Extrême droite », au fond ce n’est qu’un concept. Sa définition est simple : Expression de gauche signifiant le réel. L’extrême droite historique (antisémite, raciste et antiparlementaire) ayant disparu, en 2025, il ne reste que le concept flatteur inventé par la gauche pour définir toutes les personnes qui disent le réel tel qu’il est. Il ne faut donc plus s’en cacher ni en avoir peur. Il faut même le revendiquer. Alors la gauche aura définitivement perdu.

  6. Retaillaud à oublié qu il y a eu des LR qui ont voter pour le NFP pour faire barrage au RN Les LR vont payer l addition de leur lâcheté
    LFI c est l extrême gauche islamo gauchiste n en déplaise au huff post

  7. Et on en est encore là, en France, pendant que le reste du monde AVANCE.
    Qui est « extrême » ? Qui ne l’est pas ? Et patati, et patata… On jacte, on débat, on conclave, on repasse les cahiers de doléances des citoyens enterrés tout froissés. La France reste le pays des coqs, mais il sont trop nombreux, trop petits, ils chantent faux et tous, tous, se complaisent dans la m…. noire qui les engraisse…

  8. Le rêve français, n’importe quel guignol peut se faire élire en France avec des boniements de caniveaux. Comment as t’on pu en arriver là ?

  9. Il est bien, ce ministre. Mais il faut maintenant qu’il brise les clôtures et décide à la place du président.

  10. Il s’est trompé M.Retailleau son prédécesseur avait inventé « l’ultra droite « pour privilégier l’extrême gauche dans ses  » dissolutions » a droite.
    Il suffit d’utiliser le terme « ultra gauche.. »..quoique tous ces gens soi disant repiblicains auto oroclames progressistes sont les mêmes…

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