Faut-il s’en étonner ? Les cathos n’écoutent plus les évêques pour aller voter

Les catholiques pratiquants ont voté à 42 % pour des listes situées à l’extrême droite...
@Arnaud Jaegers/unsplash
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« Nous n’avons pas le droit de construire notre Europe comme un ensemble d’États repliés sur leur identité, soucieux de leurs seuls intérêts […] Alors que nous nous préparons à élire, dimanche, nos représentants au Parlement européen, ne nous trompons pas de questions ni d’enjeux. » À trois jours des élections européennes, la Conférence des évêques de France avait tenu à adresser une déclaration à ses ouailles, à l’occasion de la célébration des 80 ans du Débarquement. Fustigeant, donc, le repli identitaire, elle s'était demandé, entre autres : « Comment l’Union européenne peut-elle nous aider encore davantage à faire émerger un projet national qui donne le goût de vivre et la confiance nécessaires pour être capables d’accueillir celles et ceux qui voudraient nous rejoindre ? » Une déconnexion manifeste des évêques qui ne voient pas ou font semblant de ne pas voir « cellezetceux » qui ploient aussi sous le joug de toutes ces lois imposées par Bruxelles et qui n’en peuvent plus de subir, quotidiennement, les conséquences d’une immigration non maîtrisée voire désormais imposée. Les cathos allaient-ils entendre ce message et voter en conséquence ?

Marion Maréchal a doublé son score chez les catholiques

« On peut noter le peu d’influence de la parole magistérielle sur ce type de comportement électoral malgré des textes très clairs des évêques », répond, sobrement, le sociologue des religions Philippe Portier, à La Croix. Et le quotidien de s’alarmer : « Les catholiques pratiquants ne font plus barrage à l’extrême droite. » De fait, selon une étude IFOP pour La Croix, « les catholiques pratiquants ont voté à 42 % pour des listes situées à l’extrême droite lors des élections européennes, dimanche 9 juin ». Un score qui a doublé, par rapport aux européennes de 2019. Marion Maréchal, qui n’a eu de cesse de défendre les racines chrétiennes de la France et s’opposer à la constitutionnalisation de l’avortement, à l’euthanasie, à la GPA, a doublé son score chez les cathos. Ils sont 10 % à lui avoir fait confiance, quand Reconquête totalise 5,5 % à l’échelle nationale. Preuve que même minoritaire, ce vote existe et doit être entendu.

Les évêques ont-ils conscience que le RN est le seul parti qui ferait passer le projet de loi fin de vie à la trappe ? Eux qui ont milité ardemment contre l’euthanasie et organisé des veillées de prière pour la vie ? Ont-ils bien entendu Emmanuel Macron réaffirmer en conférence de presse, ce 12 juin, qu’il souhaitait que ce projet puisse aboutir ? La défense de la vie « depuis sa conception jusqu’à sa fin naturelle » n'est-elle pas ce principe non négociable érigé par l’Église pour éclairer l’action des chrétiens en politique ?

Quant à la fameuse question migratoire, puisqu'elle demeure au cœur des préoccupations des électeurs, il serait bon de relire les propos de Benoît XVI rappelés en ces colonnes par Georges Michel, récemment, pour arrêter enfin de culpabiliser les catholiques qui voteraient trop à droite de l'échiquier politique : « Les États ont le droit de réglementer les flux migratoires et de défendre leurs frontières en garantissant toujours le respect dû à la dignité de chaque personne humaine. »

Hélas, dans un communiqué publié au lendemain des élections, trois évêques du Nord ont réitéré leur appel. S’ils ne nous ont pas fait le coup du sentiment d’insécurité, ils décrivent, cependant, « des profonds malaises ressentis » et un besoin de sécurité décrit comme « ambigu, car il peut verser dans la nostalgie, la victimisation de soi ou la quête d’un bouc émissaire » (suivez leur regard !). Un appel à la « tradition humaniste » et la « solidarité universelle » qui raisonnera peut-être encore chez quelques bonnes consciences de gauche sensibles à ce jargon. Mais chez une espèce en voie de disparition, faute d’avoir su transmettre sa foi : une génération qui a vidé les églises à coups de Pierres vivantes et de guirlandes en papier crépon...

Picture of Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

36 commentaires

  1. Renoncer aux femmes est une chose impossible. On en demande trop à nos curés. Alors les évêques…Du coup ils se vengent sur leurs paroissiens.

  2. Au lieu de se préoccuper de politique, les évêques feraient mieux de revenir aux fondamentaux . Evangéliser en se transformant en missionnaires, une activité totalement négligée.

  3. Ce qui est remarquable avec l’ église catholique issue de Vatican II c’est qu’elle n’a pas totalement renoncée à l’argument d’autorité, mais encore faut-il voir à l’ encontre de qui elle l’applique; contre les Catholiques traditionnalistes attachés à la vrai messe tridentine en Latin; contre les Français opposés à l’Islamisation et au Gauchisme, à l’ immigration transformant leur espace public par la criminalisation en un enfer sur terre! Par contre elle ne l’applique jamais pour sermonner les homosexuels, les Wokistes, les transsexuels, les adeptes de l’avortement et de l’euthanasie, de la violence de rue gauchiste etc. etc. tout ce qu’ abhorre le peuple catholique! Comment prendre encore au sérieux une telle autorité contraire à toutes les valeurs catholiques?

  4. Du Pape à Macron, des membres du gouvernement jusqu’aux haut fonctionnaires ces gens là vivent dans une tout d’ivoire. Au mieux ou alors ils nous prennent pour ce que nous ne sommes pas.

    • Les évêques ces nantis qui ont abandonné leur peuple et vide nos églises feraient mieux en balayant devant leurs églises.

  5. Pourrait on rappeler aux évêques qu’ils sont là pour porter l’évangile et non pour faire de la politique, vous connaissez: « rendre à César etc.. »

  6. Quand donc tous ces mêle-tout présentant des récits d’héroïc fantasy comme des vérités historiques cesseront-ils de vouloir à tout prix interférer dans l’éthique ? Tout en se vautrant dans un confort princier.

  7. Conclusion :
    Le clergé de France, derrière le Saint-Siège, d’accord avec l’Islam de France contre un parti français de tendance plutôt catholique !
    Gageons que le Saint-Siège saura trouver les mots pour présenter ce choix éminemment politique, ne serait-ce qu’aux chrétiens d’Orient.
    (Dimite nobis debitas nostras …)

  8. Parce que vous pensez vraiment que ces évêques servent vraiment Dieu ? Ils servent plutôt leur ventre, et le Vatican si riche, qu’attend il donc pour ouvrir sa frontière, accueillir tous les migrants et leur donner toutes ses richesses ? Quelle bande d’hypocrites ces religieux…

  9. Il serait temps , pour toutes les religions, que la loi de 1905 soit entièrement appliquée, sur le principe de séparation de l’église et de l’état. Aucune religion ne devrait pouvoir s’exprimer sur ce qui relève du politique. Il devrait en être de même pour les syndicats dont ce n’est pas l’objet !

    • La liberté d’expression existe encore un peu en France et pour tous homme Eglise et syndicat, la loi de 1905 ne concerne pas ce périmètre. Ce qui n’empêche qu’il serait bon que chacun se concentre sur l’objet de sso existence, les syndicats sur le droit du travail et les églises sur l’évangile et les lois sociétales. Aucun n’a à dicter ni à contester le vote de quiconque.

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