« Extrémisme catholique » : la charge de France TV contre les cathos tradis 

Comme par hasard, les cathos « tradis » sont violents et sectaires et le curé en basket, chaleureux et accueillant...
Capture écran France Télévisions
Capture écran France Télévisions

Fiction « événement ». Ce 5 février, Bénie soit Sixtine, une fiction librement inspirée du roman homonyme de Maylis Adhémar (2020), sera diffusée sur France 2. Au programme : poncifs sur les catholiques dits « tradis » - comprendre génuflexions, encens, soutane et messe en latin -, dérives sectaires et violence politique. Sans surprise, le raccourci entre rite tridentin et violence fasciste est rapidement fait. Le tout coproduit par France Télévisions avec le soutien du Centre national du cinéma (CNC), aux frais du contribuable.

L’abbé en soutane contre le curé en basket

Le décor est vite planté. Sixtine, jeune étudiante en histoire de l'art, tombe éperdument amoureuse de Pierre-Louis Sue de La Garde. Tous deux sont catholiques pratiquants et assistent à la messe en latin. Mais une fois mariée, la jeune femme découvre que son époux est un membre actif de la « Milice », une organisation violente connue pour ses actions lors de l’opposition au mariage pour les couples de même sexe et présentée comme catholique. Sixtine, femme soumise à son mari violent, accepte et se tait jusqu’au décès brutal de celui-ci lors d’une rixe. Enceinte, elle commence alors à s’interroger sur son milieu de plus en plus oppressant. Suivront une fuite et un long chemin pour se défaire de cette « emprise ». Sixtine, devenue Sophie, aura finalement la chance de se reconstruire au sein d’un village accueillant.

Dans ce téléfilm de 1h30, que BV a pu visionner en avant-première, l’attaque contre les catholiques, bien que subtile, est réelle. Certes, Sixtine demeure pratiquante après sa fuite, trouve refuge dans une paroisse catholique et obtient le soutien d’un curé dynamique. Ces cathos-là, qui ne portent plus la soutane - encore moins le col romain - et chantent du gospel, jouissent d’ailleurs d’une belle mise en lumière. En revanche, les cathos « tradis », qui perpétuent le port de la mantille, communient à genoux, récitent le chapelet et prient en latin, pâtissent d’un portrait bien plus sombre. Quand les premiers apparaissent chaleureux, les seconds tombent rapidement dans des dérives sectaires.

L’amalgame est d'ailleurs rapidement fait entre ces cathos « tradis » bourgeois et l'extrémisme politique. Ils sont décrits comme racistes, homophobes, misogynes et violents. Tout est jeu d’opposition. Le mère au foyer « intégriste » « fait peur », là où la mère célibataire peu pratiquante inspire la confiance. Le mari « tradi » apparaît violent et sexiste, là où l’amoureux athée semble tendre et compréhensif. L’époux violent ne prend même pas soin de sa femme enceinte, là où la militante antifa devient un soutien. Et pour finir, le curé en soutane ressemble à s’y méprendre à un gourou, là où le curé en chemise et basket est toujours souriant. À croire que la nuance pour les tradis n’existe pas sur le service public…

Soutien financier du service public

Ce téléfilm, salué par la critique, a pu bénéficier du soutien du service public. L'adaptation de Bénie soit Sixtine profite de la participation financière de France Télévisions et du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), deux organismes publics. Contacté par nos soins pour connaître les montants précis des participations publiques, le groupe France Télévisions n’a pas donné suite. À noter que ce film est également produit par Storia Television, une société de production privée certes, mais qui appartient au groupe Mediawan, lequel bénéficie de nombreuses cases dans la grille des programmes de France Télévisions (C à vous sur France 5, Ça commence aujourd’hui sur France 2, fictions sur France 3…).

Le film bénéficie, en outre, d’une belle visibilité sur le service public. Ce 31 janvier, il était ainsi promu lors de la quotidienne de C à vous, sur France 5. Il sera par ailleurs diffusé en prime time sur France 2. Après avoir mis autant de moyens pour s'attaquer aux cathos « tradis », France Télévisions envisage-t-elle de s'intéresser aux véritables extrémismes qui menacent la France ?

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Evidemment ceux qui critiquent les « tradis » n’ont jamais suivi une Messe de Saint Pie V avec les prières au bas de l’autel et le pardon des péchés. Le Signe de Croix fait lentement, ils ne veulent pas le connaître, ils préfèrent se balayer la figure et le torse, c’est triste. Quant aux sacrements, les connaissent-ils? Et le Pape, savent-ils au moins s’il y a encore un Pape. Les journalistes et autres donneurs de lecons ont beaucoup à apprendre avant de s’exprimer. Ils devraient avant tout apprendre le respect des hommes et de Dieu.

  2. Ayant quitté l’église moderne je ne peux que constater la chute de la pratique religieuse qui n’a pas tenu compte des réformes nécessaires pour faire un ravalement de façades aussi incongru qu’inutile. . Et j’en veux pour exemple l’ abandon du latin.
    Croyant rallier les autres religions les catholiques ne se défendent pas et ne se font pas respecter. Le Christ a chassé les marchands du Temple et nous leur ouvrons les portes. Le Pape est plus sévère envers les tradis.

  3. Elevé dans une famille catho traditionnelle, j’ai suivi l’évolution de la pratique religieuse…
    Qu’il y ait un rajeunissement et un rapprochement vers le naturel et la simplicité me parait plutôt positif, sans que ce soit vital car j’avoue ne plus fréquenter l’Eglise, comme les églises sauf pour les visiter et admirer au passage ces magnifiques réalisations.
    Pour moi la religion a toujours été une affaire totalement personnelle, et j’avoue que la pratique répétitive de la messe m’est devenue insipide.
    Je me qualifie comme un non-pratiquant bienveillant et ne m’arroge pas le droit de critiquer ni encenser une pratique ou une autre, en fait je m’en fiche, par contre je tiens à l’adéquation entre les principes affichés et le comportement au quotidien.
    J’avoue être assez interpellé par certains de mon entourage proche qui passent leur temps en séminaires, réflexion, décoration de l’Eglise sans manifester la moindre humanité ou attention en plus dans leur vie avec leurs proches.
    Alors « A l’ancienne ou moderne… ». me parait une question tellement secondaire et dérisoire !

    • Moi , j’ai été élevé dans une famille catho non pratiquante, j’ai retrouvé la pratique chez les modernistes vers 35 ans, il y a quelques bons curés (= qui se soucient des âmes de leurs ouailles, avant leurs corps …), et aussi lucides sur la société et l’Eglise.
      Depuis depuis 5 ans ( confinement …),nous fréquentons une paroisse de rite traditionel, (à 30 km quand même, mais des gens viennent de plus loin…) nous y avons été très bien accueilli avec mon épouse, et je constate beaucoup d’initiatives caritatives (St Vincent de Paul, Arméniens, Chrétiens orientaux, …, scouts, ) menées par des paroissiens, encouragées par notre curé (FSSP). Plus de la moitié des paroissiens réguliers viennent de paroisses « non tradi … ». Et surtout nous sommes nourris spirituellement. Les messes sont soignées, décoration et chorale sont bien menées par les paroissiens. Nous (re)trouvons la cohérence de notre foi, ce qui est devenue rare dans les paroisses modernistes. Nous allons encore parfois à des messes de Paul VI, comme une bonne partie des paroissiens. Et nous constatons que l’inverse est très rare, découragé publiquement par les curés concernés. Et pour cause, …
      Connaissant les fidèles des deux communautés, avec qui nous avons gardé des liens d’amitié, et parfois de soutien spirituel, je constate néanmoins, que la méconnaissance et les préjugés sont beaucoup plus du côté des « modernistes », ou disons des habitués du rite officiel, que l’inverse. Et quand un curé du rite ordinaire pratique l’ouverture, (accepte de prêter une salle à un groupe de fidèles du rite tradi par exemple), il se fait taper sur les doigts, par sa hiérarchie et plusieurs collègues, …

  4. Il est bien connu que les extrémistes chrétiens sont à l’origine de beaucoup d’attentas en france, un peu d’humour .

  5. Ben voyons. France TV financé par les contribuables oublie que nous sommes une civilisation judéo-chrétienne et tape sur les cathos. Et France TV oublie de donner la parole aux cathos, privilégiant les pseudo humoristes. Et pendant ce temps, l’Arcom dort ou a piscine ?

  6. Réalisez plutôt un film sur ce martyr pour la foi, le Père Benoît Jullien de Pommerol, aumônier du 2e régiment étranger de parachutistes, puis coordinateur JMJ du diocèse aux armées, excommunié de l’armée pour avoir pris en Afghanistan la défense de sous-officiers féminins, atteint d’un cancer de la moelle osseuse, parachuté à ND des Français de Lisbonne, qui sautait en parachute … et en soutane !

    • Oh que oui ! Un homme exceptionnel et exemplaire : un « pur et dur », néanmoins empli de patience, bonté, écoute, générosité : Tel, en son temps, celui qui chassa les marchands du temple. Lumière pour notre temps de brumes..

  7. Qu’ils fassent gaffe tous ces gauchistes, il y a « la Bonté Divine, mais il a aussi « le purgatoire », voire « l’enfer » !

  8. Ce film ne semble pas être un divertissement. Or c’est quand même l’intérêt premier d’une fiction. Le public ne sera pas au rendez-vous.

  9. A bien vous lire, une caricature des catholiques. Ne dit-on pas de plus en plus « tout ce qui est excessif est dérisoire ». La gauche habille l’excessif. Ils en deviennent obsessionnels tout en affichant leur inculture et leur méconnaissance de ce qu’est la foi. Les catholiques traditionnels ne s’affichent pas pour paraître originaux ou marginaux. C’est leur foi qui les guide. Un laïc ne peut pas comprendre cela, surtout s’il se cantonne à son étroitesse d’esprit et se limite à son militantisme.

    • tout à fait d’accord, je n’aurais pas mieux dit – l’inculture et les obsessions largement fondé sur l’ignorance ne peuvent rien produire d’autre que de l’excès –

      • Bêtise, ignorance, jalousie et rancoeur : coktail détonnant ! Et on donne « ça » à « bouffer » à nos ( majorité) piliers de canapé-télé. Edifiant !

  10. Si le scénario, ou tout du moins la charge caricaturale contre les catholiques attachés à la liturgie traditionnelle et ses riches enseignements, est inspiré par le nombre grandissant de participants au pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté par exemple, sait-on jamais, c’est que cela sent l’hallali ! Bref, le chien aboie et la colonne poursuit son chemin de sanctification et de sainteté! « Que rien ne te trouble, Dieu seul suffit »

  11. A quand un film sur l’Islamisme radical opposé à des musulmans pratiquants modérés. Car il y en a, et c’est même je pense la majorité, silencieuse, comme l’exemple Marocain, ou tolérants, comme certains villages tunisiens qui possèdent mosquée, temple, synagogue et église romaine pratiquement sur la même place.

  12. Je ne savais pas que célébrer la messe en latin était un délit. Les prêches à la mosquée sont bien souvent faits en arabe et France TV ne fait pas films là-dessus. Bizarre. L’intégrisme existe dans toutes les religions, cela peut poser problème quand cela conduit à des actes violents ou nuit l’intégration d’individus au sein de la société (refus de soins, scolarisation des enfants, non respect des lois). Au nom de quel intégrisme radical aujourd’hui conteste-t-on les lois françaises, commet-on des attentats ? C’est à cette question que France TV devrait s’attaquer.

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