[EXCLUSIF] Duel Bardella-Attal sur France 2 : dans les coulisses d’un choc décisif

Le jeune président du RN s'est entraîné, enfermé, il a annulé des visites dans le Midi et libéré sa journée du 23 mai.
© Jordan Florentin
© Jordan Florentin

C'est l'affiche de la campagne. Ce jeudi 23 mai à 20h15, sur France 2, Jordan Bardella, leader du principal parti d'opposition et « Premier-ministrable », affrontera le Premier ministre Gabriel Attal durant une heure et trente minutes… au moins. Le débat sera animé par la journaliste Caroline Roux. Bardella a allégé son agenda : pour se préparer, le jeune président du RN a annulé plusieurs visites, notamment dans le Midi, et libéré sa journée entière du 23 ainsi qu'une partie de la journée du 22. « C'est très important qu'il n'y ait pas de parasitage : tout le monde attend ce débat, ce peut être le tournant de la campagne », explique la députée en charge de la communication Caroline Parmentier, jointe par BV ce 21 mai. Bardella a, cependant, maintenu le débat de mercredi soir 20 mai sur LCI

Ce n'est pas une première. Bardella et Attal se sont confrontés sept fois. Les deux hommes se tutoient. Ils ont fait connaissance dans un avion, lors des européennes de 2019 : « Tous les deux avaient changé de place pour discuter paisiblement durant une demi-heure, entre jeunes engagés en politique », raconte Caroline Parmentier. Ils étaient alors encore inconnus du grand public.

Pas du même bois

Cette fois, la rencontre fait jaser : une forme de duel au sommet entre ceux qui font de l’Europe l’aboutissement d’un projet politique et ceux qui appellent au retour de la nation. Entre ceux qui occupent le pouvoir et ceux qui veulent les en chasser. Dans cet exercice, Bardella comme Attal ont plus à perdre qu’à gagner. Ces deux jeunes surdoués de la politique remettront leur titre, leur image et leurs bons sondages en jeu, comme deux boxeurs. Sauf que Bardella défendra, face au bon petit soldat de la Macronie, le destin d’une France considérablement abîmée par l'Europe. De quoi réveiller une campagne qui assoupit un peu les Français.

Ils ne sont pas du même bois. Bardé de diplômes, passé par la très sélecte École alsacienne, par Assas et par Sciences Po Paris, Attal, 35 ans, coche toutes les cases du politiquement correct. Il avait les moyens de prendre des risques : en rentier de la politique, il a choisi le camp au pouvoir, celui du mondialisme sans frein. Nettement plus jeune (il a sept ans de moins), Jordan Bardella est né à Drancy, dans une de ces banlieues en sécession qui se multiplient en France. C’est un militant politique pur sucre, sans grand diplôme sinon la reconnaissance de Marine Le Pen qui lui a fait franchir toutes les marches du pouvoir, jusqu’à la présidence du parti. Un parcours de météore.

Solitaire

Tous deux sont cajolés par les sondages. Reste à réussir ce duel télévisé. Bosseur, le patron du RN organise régulièrement des entraînements au siège parisien, avec les plus fines lames du parti. Parmi elles, Marine Le Pen, bien sûr, Renaud Labaye, qui coordonne les députés, Jean-Philippe Tanguy, Alexandre Loubet, Philippe Olivier (le beau-frère de Marine Le Pen) et les équipes rapprochées de Bardella, comme Pierre-Romain Thionnet ou François Paradol. « Chacun lui pose une question ou avance un argument à brûle-pourpoint », raconte Caroline Parmentier, qui fait aussi partie de la bande. Jordan répond. Mais personne n'a enrôlé le rôle d’Attal ou de Macron », précise-t-elle. Au RN, ces séances se répètent de loin en loin : une la semaine dernière, une ce week-end, une peut-être ce jeudi, à quelques heures du débat. Mais Bardella reste un solitaire. Après ces entraînements collectifs, il s'isole et pioche seul, au siège et chez lui. Avant ce type de débat, Bardella dévore et... fait du sport. De son côté, Attal a choisi un sparring-partner : le chef de cabinet spécial du Premier ministre Maxime Cordier endosse le rôle de Bardella.

À quelques heures du débat, les thèmes sont fixés : Europe, défense, pouvoir d'achat, immigration. Il ne reste plus que les derniers détails à verrouiller. Ce jeudi, Caroline Parmentier ira avec une équipe du RN reconnaître le plateau de l’émission, vérifier la hauteur des chaises, la présence du verre d'eau, les choix du réalisateur, les plans de coupe. En clair, on s'assurera qu’aucun des deux candidats n'est privilégié.

Les deux équipes ont déterminé les lignes rouges, ces sujets qu'elles ne veulent pas aborder… sans garantie que ce vœu soit respecté. « On veut que France 2 se comporte de manière professionnelle », précise Caroline Parmentier, qui n’oublie pas les émissions très offensives contre Jordan Bardella diffusées récemment par France 2. La soirée, sans doute très suivie, déterminera la dynamique de la fin de campagne.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Ce débat pour rien, on connait les positions politiques des 2 candidats et en aucun cas ne risque de faire changer d’avis l’un des 2 participants et l’immense majorité des électeurs spectateurs, sauf quelques abstentionnistes peut être.

  2. Jordan Bardella part déjà avec un lourd handicap , il aura face à lui Attal ( un moindre adversaire) , mais avec lui tous ces supposés juges journalistes du service public , qui pour le coup ont déjà démontré leur « impartialité avérée »; je m’étonne de la décision de Bardella de se prêter à ce duel face à un « bretteur » qui n’ a aucune légitimité dans cette campagne , les affaires en déliquescence de la France sont plus prégnantes, il me semble ; aussi Attal pense t-il rétablir la piètre prestation de sa tête de liste .

    • Attention : « IMPARTIALITÉ » est synonyme de « NEUTRALITÉ » !
      Dans le cas des chaînes publiques (en particulier) il faut parler de « PARTIALITÉ » puisqu’il prennent parti pour l’un contre l’autre… (et toujours dans le même sens) et que fait l’ARCOM ?

  3. Franchement aucun intérêt..les deux jeunes sans expérience devraient juste nous impressionner par leur bagout ou leurs  » belles gueules »? Certainement pas! Leurs programmes sont connus voire convenus entre eux pour ne pas dire  » complices »…
    Pour moi ce sera reconquête ou rien…

  4. Je questionne l’intérêt de ce genre de débats. A l’heure de l’ultra-communication, les candidats sont ultra-connus. Leur programme également. L’exercice se résume alors à une sorte d’affrontement malsain après lequel les médias comptent les coups pour prétendre savoir qui l’a emporté. De la politique-spectacle sans grande portée et très éloignée des enjeux.

  5. Le but de cette rencontre c’est quoi uniquement faire baisser Bardella dans les sondages face à attal un moulin à parole dont j’espère que Bardella ne se laissera pas entourlouper dans cette magouille

  6. Attal est beau parleur, Bardella possède une solide bibliothèque de sujets mettant à mal Attal, toutes fois en politique tout est possible, face à face dangereux pour les deux.

  7. Il est à craindre que Bardella soit seul contre tous. Son avantage peut-être, n’avoir à son actif aucune promesse non tenue contrairement au camp Macron

    • Il est vrai qu’en macronie, on s’y connaît en économie : dette abyssale, déficits record de la balance commerciale et du budget, l’extrême gauche serait au pouvoir que ce ne serait pas pire.

    • Leur « Handicape » que vous nommez « méconnaissance de la chose économique » n’existe pas, les frontières, les oqtf, la réindustrialisation, l’arrêt des aides, suffiront largement à remonter le pays, ne les sousestimez pas svp

  8. Espérons que Jordan Bardelle n’aura qu’un seul adversaire et non deux comme c’est habituellement le cas avec l’organisateur du débat, en l’occurrence Caroline Roux dont on connait « l’impartialité » à vitesse invariable du « sévice publique », pour paraphraser G.W Goldnadel.

  9. Débat sur France 2 , débat sans moi. La neutralité (lol) de cette chaîne n’étant plus à démontrer je zappe.

  10. Un choc ? Pour avoir un choc, en politique, il faut un face à face entre deux personnalités ayant un vécu et une expérience forte du pouvoir, le cuir un peu tanné en quelque sorte.
    Entraîné (Jordan Bardella) par les fines lames du parti ? Marine Le Pen ? Celle qui a perdu largement ses deux confrontations avec Macron .
    Pour le moment, les faits d’armes de ces deux protagonistes du débat sont d’être les rois des sondages, des match amicaux si j’ose dire.
    Aussi, une question se pose, auront-ils pour modèle, tous les deux, Emmanuel Macron face à Marine Le Pen.
    Chacun sait que Jordan Bardella a déjà testé la méthode face à Valérie Hayer….

  11. Quel que soit le débat, cela ne changera rien à mon vote, on est convaincu par le parti que l’on soutient ou pas, et surtout quand celui qui va débattre fait partie du pouvoir et dont le bilan général depuis 7 ans est négatif ! être bardé de diplômes ne suffit pas quand on constate la catastrophe de la gestion du pays, nous ne gérons pas une administration et cela demande de la hauteur de vue ce que la plupart des ministres ainsi que leur maître n’ont pas !

  12. Pour les Calédoniens loyalistes, le RN les a trahi. Pour un parti qui proclame vouloir se battre ou résister, leurs propos sur la nouvelle Calédonie sont particulièrement choquants et lâches. En NC, ce sera Z et Reconquête.

    • Pour garder notre culture et nos origines, ce ne sera pas Reconquête dont le président est contre le Christ!

  13. Rencontre entre deux copains , rien de bien interressant ils roulent pour eux et non pour ce pays .

    • ne pas faire la différence entre les deux me consterne ! ne pas reconnaitre un arriviste d’un patriote, à ce rythme là c’est pas gagné pour cette pauvre France… je lis souvent vos commentaires et suis étonnée…….

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